Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité.
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00:0011h-13h, Pascal Praud sur Europe 1.
00:03Alors ce n'est que Vincent Gembrun, bien sûr, le porte-parole des Républicains qui a dit cela,
00:08mais on peut imaginer qu'il soit bien informé.
00:11Le procès de l'horreur, le procès des viols de Mazan,
00:14subi par Gisèle Pellicot.
00:16Vendredi soir, nos confrères de Paris Match ont sorti la vidéo qui a tout changé,
00:20celle du mari, Dominique Pellicot, interpellé par un vigile,
00:23alors qu'il filmait sous les jupes de clientes d'un supermarché à Carpentras dans le Vaucluse.
00:27C'était le 12 septembre 2020, je vous propose d'écouter cette vidéo.
00:31Il prend des bonnes prises de vue, votre téléphone, il est en train de filmer sous votre robe.
00:35Non, non, non, non.
00:35Si, si, si, vous portez plainte.
00:37Je suis là pour rigoler, on le suit à la caméra, ça fait 4 fois.
00:39Allez, police, police direct.
00:41Vous êtes un gros dégueulasse, vous, en fait.
00:43Oui, vous êtes un gros dégueulasse.
00:44Vous avez de la chance, je vous jure, c'est ma mère, je vous arrache la tête.
00:47On rappelle que c'est grâce à ce vigile
00:52que l'information, que toute l'affaire va sortir.
00:54C'est-à-dire qu'après, il sera mis en garde à vue,
00:57un policier regardera sa vidéo, aura des doutes,
01:00il y aura une perquisition, on ira dans l'ordinateur
01:03et on verra le drame qu'a subi madame Pellicot
01:09avec la multiplication des fichiers vidéo.
01:11C'est absolument, c'est un hasard total.
01:13Donc, du matériel informatique saisi, les policiers découvrent des vidéos,
01:17photos de Joselle Pellicot droguées par des anxiolytiques inconscientes,
01:21violées par une cinquantaine d'individus identifiés,
01:24recrutés sur internet pendant dix ans.
01:26Des, entre guillemets, monsieur tout le monde, des maris, des pères de famille.
01:30Que se serait-il passé si ce vigile n'était pas intervenu dans le supermarché ?
01:36L'audience a été à nouveau suspendue en raison de l'absence de Dominique Pellicot,
01:39toujours souffrant.
01:40Gisèle Pellicot a remercié ce matin les manifestants
01:43qui lui donnent la force de mener ce combat.
01:45Camille Kouchner a écrit une tribune dans Libération.
01:48« Ce sont simplement des hommes », a-t-elle dit.
01:51Le mot « simplement », ça sera intéressant de l'écouter, évidemment, Camille Kouchner,
01:56mais on peut imaginer ce qu'elle veut dire à travers cela,
01:59c'est que tous les hommes, peut-être, sont des violeurs, peut-être le pensent-elles.
02:04Nous serons dans une seconde avec Ernestine René,
02:07qui est responsable du premier observatoire de violence envers les femmes.
02:10Mais avant cela, je vous propose d'écouter Béatrice Savarro,
02:13qui est l'avocate de Dominique Pellicot.
02:15Elle était ce matin sur CNews.
02:17C'est un homme qui veut comparaître, c'est un homme qui veut répondre aux questions,
02:20c'est un homme qui veut participer à son procès et qui n'attend que ça.
02:25Donc je voudrais qu'on écarte les idées un petit peu nauséabondes
02:29selon lesquelles il fait ça à dessein ou qu'il est...
02:33Pas du tout, pas du tout, c'est pas une fuite.
02:35C'est pas une fuite, il y a un diagnostic posé.
02:37Si on me disait aujourd'hui, à cet instant,
02:39que le diagnostic posé est le fruit de l'imagination de M. Pellicot,
02:43je vous dirais « don't act ».
02:44Il a pris tout le monde imbécile, mais ce n'est pas le cas.
02:49Un diagnostic est posé.
02:50Un début d'infection du rein, droit, et un caillot dans la vessie,
02:54ça ne s'invente pas et ça ne se fabrique pas, comme par magie, par l'individu.
02:59Madame Zavarro, avocate de Dominique Pellicot,
03:01elle était ce matin au micro de Romain Desarbres sur l'antenne de CNews.
03:05Je vous propose de l'écouter une deuxième fois.
03:08C'est un homme qui a compris immédiatement le mal qu'il a fait.
03:11C'est un homme qui, dès sa garde à vue, a compris le mal qu'il a fait.
03:14Et il y a même une petite phrase qu'il dit aux services de police
03:17quand il est entendu « vous m'enlevez un poids ».
03:19Donc ça, ça sera étudié, ça sera analysé dans le cours des débats.
03:23Mais quoi qu'il en soit, bien évidemment que c'est un homme qui a compris le mal qu'il avait fait.
03:27C'est un homme qui est très peiné du mal qu'il a fait.
03:29C'est un homme qui regrette amèrement d'avoir brisé cette famille.
03:33C'est tout ça, Dominique Pellicot aussi.
03:36Ernestine René est avec nous.
03:38Bonjour madame.
03:39Bonjour.
03:40Et merci d'être sur l'antenne d'Europe 1.
03:44Je voulais d'abord que vous nous disiez comment vous analysez ce qui s'est passé
03:52dans cette famille, entre cette femme et ce mari,
03:57et quelles conclusions vous en tirez sur notre société ?
04:00D'abord, j'ai envie, je vous entendais dire, c'est un hasard que le vigile n'ait pas banalisé
04:09le fait que Dominique Pellicot regardait sous les jupes.
04:13Ce n'est évidemment pas un hasard.
04:16Il n'a pas banalisé, et c'est ça qui est important à entendre.
04:19Les policiers qui sont intervenus n'ont pas banalisé l'acte.
04:24Et c'est pourquoi on se retrouve avec ce procès.
04:26Ça c'est la première chose que je voulais dire, un hommage à ces personnes.
04:29Souvent on dit que les policiers ne font pas leur travail.
04:33Là ils ont fait magnifiquement leur travail, et aussi avec ce vigile.
04:36Pardonnez-moi, j'ai dit que c'est un hasard si ces policiers étaient intervenus
04:46et qu'ils l'avaient surpris dans ce supermarché.
04:50Il y a une forme de hasard à prendre quelqu'un sur le fait.
04:55C'est ça que j'ai voulu dire.
04:56Et que s'il n'y avait pas eu ce heureux hasard, si j'ose dire,
05:03on n'aurait pas tiré le fil, et peut-être que Mme Pellicot serait encore violée à l'heure à laquelle je vous parle.
05:10C'est ça que j'ai voulu dire.
05:11Nous sommes d'accord. Ce que je voulais dire, c'est que souvent, on banalise ces actes.
05:16Et là, ce qui a été quand même assez magnifique, c'est que tous ces actes,
05:20notamment le fait qu'ils regardent sous les jupes, n'aient pas été banalisés.
05:24Ça c'est la première chose.
05:26La deuxième chose que je veux dire, on est assez horrifiés par la soumission chimique
05:32à travers ces produits que Monsieur donnait à Gisèle Pellicot.
05:37Et je trouve que c'est intéressant à entendre, parce que ce n'est pas seulement dans les bars,
05:41dans les lieux festifs, que les agressions sexuelles ont lieu.
05:45Ce ne sont pas que les jeunes qui sont des agresseurs sexuels.
05:48C'est essentiellement dans les familles, et dans cette famille-là,
05:52Gisèle Pellicot d'abord, mais les petits-enfants, la fille aussi de Monsieur,
05:57tout cela concerne toute la famille.
05:59Et ça, c'est la deuxième chose que je veux dire.
06:01Et la troisième chose que je veux dire, c'est que ces 50 agresseurs,
06:06ce sont tous des hommes, donc il s'agit bien d'un crime sexuel,
06:10d'un crime sexuel, ou de délit sexuel sexué en tout cas, tous des hommes.
06:16Et par l'ampleur de ces agresseurs, ça nous dit aussi, en effet, comme vous le disiez,
06:22que toute la société est concernée.
06:25Et ce qui est très important, c'est de ne jamais banaliser aucun acte,
06:30ni le voyeur, ni l'exhibitionniste qui ouvre son imperméable,
06:36ni le frotteur, ni celui qui commet des attouchements sur une personne,
06:42ni, bien sûr, le viol.
06:44Et c'est cela que nous dit ce procès.
06:48Et le courage de Gisèle Pellicot, c'est justement d'avoir refusé le huis clos
06:53pour que la honte change de camp et que nous puissions dire
06:56que c'est toute la société qui est concernée,
06:59parce que ces agresseurs, c'est des maris, des pères de famille,
07:02c'est Monsieur Tout-le-Monde, ce ne sont pas des hommes exceptionnels,
07:07c'est vraiment Monsieur Tout-le-Monde.
07:08Alors effectivement, moi je souscris à tout ce que vous dites,
07:12il y a une tribune ce matin de Camille Kouchner,
07:17procès des viols de Mazan, elle dit que ce sont simplement des hommes,
07:21et elle souligne effectivement l'aveuglement patriarcal.
07:26Est-ce que vous en tirez également une conclusion sur notre société ?
07:32Bien sûr, ce que dit Camille Kouchner, c'est que ces agresseurs,
07:37ce sont des hommes qui s'autorisent tout ça d'abord
07:40parce qu'ils croient qu'ils vont rester dans l'impunité,
07:42et quand même, je rappelle que 74% des agressions sexuelles et des viols
07:49sont classées sans suite par la justice,
07:52donc ils s'opposent dans l'impunité, ça c'est la première chose,
07:56la deuxième chose, c'est que ce sont effectivement,
08:00notre société, la violence sexuelle c'est dominer l'autre,
08:05considérer l'autre comme un objet, le réduire à l'état d'objet,
08:09ce n'est pas être dans une relation sexuelle,
08:12c'est être dans un acte sexuel où j'impose à l'autre cet acte,
08:18et c'est pour ça que c'est un crime patriarcal,
08:22c'est-à-dire que notre société est encore trop tolérante à tous ces actes,
08:28et finalement ce que nous dit ce procès,
08:31c'est qu'il faut vraiment aller vers davantage de travail
08:36sur ces violences sexuelles au niveau de toute la société,
08:39donc aussi de la pensée, de la représentation de ce qu'est un acte sexuel,
08:43donc l'idée que ça n'est pas une relation dans laquelle on partage,
08:49par les mots, par le corps, etc, cet acte,
08:53mais où c'est un acte imposé de domination, de pouvoir sur l'autre.
08:58Ernestine René est avec nous, elle est responsable du premier observateur de violences envers les femmes,
09:02on va continuer notre discussion, et notamment vous me direz si vous êtes tout à fait d'accord
09:07avec ce qu'a écrit Camille Kouchner ce matin lorsqu'elle dit qu'elle voudrait que ce procès,
09:12elle parle de Gisèle Pellicot, elle voudrait que ce procès soit celui de la soumission chimique,
09:16et qu'il le sera, il faut l'espérer, mais il devrait être aussi celui de la violence patriarcale,
09:21de cette société qui n'en finit pas avec la culture du viol,
09:26et elle ajoute que, moi je conteste ce qu'elle dit,
09:29elle dit qu'au fond la séquence MeToo n'a pas changé grand chose,
09:33et je ne partage pas cet avis, je pense que la société MeToo a changé les choses,
09:39et que les comportements aujourd'hui, heureusement, de tous ces hommes déviants,
09:44sont différents, parce qu'ils savent qu'ils sauront aujourd'hui que les femmes parleront,
09:49que les femmes témoigneront, et que cette séquence me paraît essentielle.
09:54Maintenant j'interrogerai madame René sur ce point de vue, à tout à l'heure.
09:56Europe 1, Pascal Praud.
09:5911h49, c'est très intéressant, moi je dis toujours à l'antenne ce que nous disons parfois hors antenne,
10:05et on est ce matin avec Ernestine René, responsable du premier observatoire de violences envers les femmes,
10:10et Géraldine Hamon qui est avec nous chaque matin, qui a pris le métro ce matin,
10:17et que nous disiez-vous avant de revenir à l'antenne à l'instant ?
10:21Eh bien j'ai senti un monsieur, un jeune homme, me frotter, voilà.
10:26Et qu'est-ce que vous faites dans ce cas ?
10:27Alors en fait c'est très bizarre, parce qu'on en est sûre,
10:31mais sans être vraiment certaine de ce qui se passe, donc je me suis décalée,
10:35je l'ai regardée avec des yeux méchants, j'ai voulu l'afficher et lui dire d'arrêter,
10:40j'ai pas osé, j'aurais dû, et je me suis écartée, et après il arrêtait pas de me regarder,
10:45et j'ai trouvé ça immonde en fait, et donc voilà ce qui se passe.
10:49C'est le quotidien de beaucoup de personnes malheureusement.
10:51Mais je suis d'accord avec vous, et moi j'ai souvent dit que les hommes ne savent pas la vie que vous avez.
10:59Souvent j'ai dit à l'antenne, il se trouve que j'ai quatre filles,
11:02et qu'elles me racontent leur vie au quotidien, que je trouve toujours sidérante.
11:08Parce qu'effectivement, tous les hommes en même temps ne sont pas comme ça.
11:13Donc ce sont des pratiques qui peuvent m'étonner, me choquer, et plus que cela.
11:20Je voulais qu'on termine avec madame René, parce que je n'étais pas d'accord sur une chose
11:24avec la tribune de Camille Kouchner, je voulais vous demander ce que vous en pensez.
11:29Elle continue son papier, et il y a une antienne, ou en tout cas une anaphore,
11:33elle dit régulièrement qu'elle s'appelle Gisèle Pellicot,
11:35elle s'appelle Gisèle Pellicot, et dans cette société française où le mouvement MeToo ne prend pas ou si peu,
11:41elle ne doit plus être la seule à avoir du courage.
11:44Je ne partage pas cet avis que le mouvement MeToo prend pas ou prend peu.
11:48Qu'en pensez-vous madame ?
11:50Moi je pense que ça n'a pas changé suffisamment.
11:54Là je serais vraiment d'accord à 100% avec Camille Kouchner.
11:59Parce que tout de même, il y a davantage de plaintes pour violences sexuelles,
12:04et même que c'est assez impressionnant, puisqu'on a plus de 164% de plaintes pour viols ou agressions sexuelles sur conjoints entre 2018 et 2022.
12:15C'est-à-dire que les femmes, elles se sentent autorisées, entre guillemets, à porter plainte, et que les plaintes sont prises.
12:22Malheureusement, les classements sans suite, eux, restent massifs, et là il y a un souci.
12:28Oui, mais convenez qu'il y a beaucoup d'hommes qui sont freinés aujourd'hui,
12:32et de ce fait d'ailleurs, il n'y aura même pas de plaintes, parce qu'ils ne font plus ce qu'ils faisaient il y a 5 ans, 10 ans, 15 ans.
12:38Je pense que dans l'entreprise, dans les grandes entreprises, et Europe 1, CNews font partie de ces grandes entreprises,
12:43chaque homme qui franchirait la ligne blanche, serait immédiatement, immédiatement madame, mis à l'index et sortirait de l'entreprise.
12:56Oui, peut-être, mais on voit bien qu'il y a beaucoup de révélations encore dans les médias, par exemple, puisque vous parlez d'Europe 1,
13:05où les femmes disent « j'ai été victime », donc ça veut dire qu'ils se prennent...
13:09Sur ce qui s'est passé il y a quelques années, vous avez raison.
13:11Oui, il y a quelques années, et je suis sûre encore aujourd'hui.
13:16Je vous assure, alors tout est possible, mais dans une entreprise, je le répète, dans une grande entreprise comme celle-là,
13:22où il y a des contre-pouvoirs, je ne parle pas des petites PME, c'est encore autre chose dans une entreprise de 4 ou 5 personnes,
13:28mais dans des grandes entreprises où il y a des contre-pouvoirs importants, et puis il y a une sensibilisation qui est faite par les ressources humaines,
13:37c'est un travail au quotidien.
13:39Ça c'est très positif, et je suis d'accord avec vous.
13:41Et ça, ça a changé les choses, je peux le vérifier.
13:43Votre collègue a été victime.
13:45Qu'est-ce qu'elle doit faire d'ailleurs, à votre avis ?
13:47C'est extrêmement fréquent, lorsqu'on utilise les transports en commun quand il y a beaucoup de monde, le frotteur reste quelqu'un de commun.
14:01Alors, vous savez que la RATP, en région en Ile-de-France, a un numéro, le 3177, où on peut par SMS prévenir qu'il y a un frotteur,
14:15pour que sur la ligne, il soit arrêté.
14:17Et puis, moi je pense qu'il y a quelques années, nous avions fait, dans les métros, il y avait, sur les affichages télé, là,
14:28il y avait, frotter est une agression sexuelle passible de 5 ans d'emprisonnement.
14:34Je trouve qu'il faudrait continuer cela, parce que dire à un agresseur, moi ça m'est arrivé dans le métro,
14:40attention, là, vous êtes en train de commettre une agression sexuelle, ça aide, si vous voulez.
14:47Et en fait, madame, ce que vous avez subi est très fréquent, et on peut imaginer que les gens autour disent,
14:54attention, monsieur, là, arrêtez.
14:56Parce que ce qu'on voudrait, c'est que toute la société se mobilise contre ces agresseurs,
15:01que ce soit les frotteurs, les voyeurs, les égvisionnistes, les agresseurs sexuels et les viols.
15:06On a besoin que toute la société se mobilise, et bien sûr, de moyens supplémentaires,
15:11et pour les policiers, les gendarmes, et pour les forces à la justice, et puis pour les associations, et pour tout le monde.
15:18Il faut que toute la société dise, non, ça, ça suffit, il faut que ça s'arrête.
15:22Et bien merci, et puis nous avons, nous, Média, un rôle à jouer, et c'est en tout cas un rôle que nous menons régulièrement
15:30pour une société qui oublie, effectivement, ces comportements qu'il faut combattre matin, midi et soir.
15:39Merci beaucoup, madame.
15:40Je vous remercie pour votre travail, monsieur.
15:42Ben non, merci, madame René, vous êtes responsable du premier observatoire de violence envers les femmes.