Lors de l'audience de ce mercredi 18 septembre, des photos de Gisèle Pelicot ont été diffusées par les avocats de la défense. Une humiliation pour elle qui s'est sentie "piégée" par ces photos prises à son insu.
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00:00La Cour a d'abord fait sortir le public de la salle de retransmission,
00:04puis dans un silence de cathédrale, dans cette salle d'audience, sur deux grands
00:07écrans, elle a fait diffuser une vingtaine de photos à la demande d'une
00:12des avocates de la Défense, une vingtaine de photos montrant Gisèle Pellicot
00:16tantôt nue, tantôt en sous-vêtements, dans des positions explicites, parfois
00:20avec des jouets sexuels et pour la plupart du temps avec les yeux ouverts,
00:25parfois même souriantes. Alors interrogée à la barre, elle s'en est
00:28immédiatement expliquée, elle était catégorique, Gisèle Pellicot a dit qu'elle
00:32n'avait absolument aucun souvenir de ces photos, que jamais elle n'avait permis,
00:37dit-elle, Monsieur Pellicot de filmer ou de photographier nos relations et que
00:42ces photos ont forcément été prises, dit-elle, à son insu ou alors
00:47qu'elle était encore sous les effets d'une soumission chimique. C'est d'ailleurs
00:50aussi ce qu'a confirmé Dominique Pellicot, toutes ces photos ont été prises à
00:55l'insu de mon épouse. L'avocate de la Défense qui a fait diffuser ces photos
00:59s'en est expliquée, selon elle, si les accusés ont reçu une partie ou ces
01:05photos avant de venir au domicile des Pellicot, alors selon elle, aurait-il pu
01:10légitimement penser que Gisèle Pellicot pouvait être consentante, qu'elle aimait
01:14les jeux sexuels, qu'elle était libertine. Elle a dit ça à la barre et
01:18ensuite d'autres avocats de la Défense se sont succédés pour passer
01:23véritablement sur le gris Gisèle Pellicot. Il faut l'imaginer, dans cette
01:26salle, elle était avec son avocat à ses côtés, face à une salle d'audience
01:30comble avec les 50 accusés et tous leurs avocats et ces avocats se sont montrés
01:35extrêmement virulents, posant à la fois des questions violentes sur le fond et
01:40sur la forme. Sur le fond, pour vous donner quelques exemples, un des avocats
01:43lui a dit « Madame Pellicot, est-ce que ces photos finalement ne montrent pas que
01:47vous auriez des tendances exhibitionnistes, que vous n'assumez pas ? »
01:50Une autre avocate s'est mise à lui hurler dessus « Si Monsieur Pellicot vous a
01:55menti pendant 50 ans alors que vous étiez tout le temps avec lui, que vous
01:58n'êtes rendu compte de rien, alors peut-être peut-on imaginer que nos
02:01clients aussi ont été manipulés par Dominique Pellicot et on leur a
02:06menti. » Et donc tout ce ton-là était quand même très très très fort et à
02:12aucun moment le président de l'audience qui tient ce procès n'est intervenu
02:18pour calmer, apaiser ces tensions, c'était véritablement un moment
02:23extrêmement perturbant. – Est-ce que vous aviez d'ailleurs déjà vécu ça dans un
02:29tribunal, vous en couvrez des procès, cette tension, le fait que le président
02:33laisse faire en quelque sorte ? – Alors il peut y avoir des tensions dans les
02:40procès, des avocats de la défense, enfin pas que de la défense d'ailleurs, mais des
02:43avocats avec qui j'ai pu parler depuis hier me disent « c'est brutal mais c'est
02:48aussi notre rôle en défense d'être là pour notre client et de pousser
02:53parfois dans ces retranchements une victime ». Sauf que la question se pose
02:57quand même, jusqu'où peut-on aller pour défendre un client ? Moi ce que je
03:03retiens quand même de ce qui s'est passé hier, c'est qu'il y a quelque
03:05chose de vertigineux d'imaginer que la plupart de ces procès sont
03:09habituellement à huit clos, les procès pour viol, les procès pour violences
03:13sexuelles, c'est-à-dire qu'il n'y a jamais la presse pour rendre compte à la
03:17société de cette brutalité que tous les avocats décrivent comme habituelle
03:22en disant « c'est comme ça, c'est comme ça qu'on défend nos clients ». Et donc là on
03:26se demande jusqu'où on peut aller lorsqu'il y a eu un viol, deux viols, trois
03:31viols, 200 viols comme l'a vécu Gisèle Pellicot d'après l'accusation, jusqu'où
03:36on peut aller pour pousser dans ces retranchements une personne qui, on le
03:41rappelle, est partie civile et victime dans ce procès.