"Les victimes que j'accompagne annulent leur rendez-vous parce qu'elles ont peur": Johanna Rozenblum, psychologue-clinicienne, fustige la défense des accusés du procès des viols de Mazan

  • il y a 10 heures
"Pas une seconde, je n'ai donné mon consentement!". Pour la première fois depuis trois semaines et le début du procès des viols de Mazan, la principale victime Gisèle Pelicot exprime sa colère ce mercredi 18 septembre. Elle fustige les soupçons à son égard distillés, selon elle par des avocats de certains accusés, sur une éventuelle complicité dans les agressions sexuelles qu'elle a subies entre 2011 et 2020.

Category

🗞
News
Transcript
00:00J'ai tellement honte de cette défense, si vous saviez, j'accompagne tellement de victimes de violences sexuelles,
00:07mais de voir qu'on puisse parler des photos de Mme Pellicot, de ses parties intimes, qu'on puisse suggérer
00:14qu'il peut y avoir une confusion entre le fait de dormir et le fait d'être sédatée, qu'il puisse y avoir une confusion entre
00:20elle était consentante, c'était une mise en scène et il n'y avait pas de consentement, mais c'est pas monsieur tout le monde,
00:26c'est quoi ces hommes qui arrivent à des âges mûrs, qui ne savent pas savoir si une femme est consentante ou pas,
00:32si elle prend du plaisir ou pas, qui fait passer le site Coco pour un site de rencontre, mais pas du tout,
00:37c'est une plateforme de toutes les dérives de défiance sexuelle qui dit qu'il était sous le coup de la folie ou de l'impulsion,
00:43mais mince, à un moment donné, quand on est chez soi, sans sa femme, qu'on va sur un site comme Coco, qu'on prend rendez-vous,
00:48qu'on prend sa petite voiture, qu'on va se déshabiller ou qu'on viole une femme en uniforme de pompier, mais c'est pas un coup de folie,
00:54c'est quelqu'un qui parle, et moi j'ai super honte et je suis super triste parce que les victimes que j'accompagne,
00:59mais il y en a, elles me décrochent même plus le téléphone, elles annulent leur rendez-vous parce qu'elles ont peur,
01:04elles font des parcours qui durent parfois 15 ans pour sortir de l'amnésie traumatique, pour se rappeler de ce qu'elles ont vécu,
01:09pour prendre un peu de courage, pour parler, pour témoigner, pour avoir une voix qui porte, et là, elles se confrontent à des phrases comme
01:16« elles ont peut-être pris du plaisir, mais elle était peut-être consentante, mais c'est quelqu'un de libertine »,
01:20mais ça veut dire quoi ? C'est à quel moment on va parler des dérives de ces hommes-là, des personnalités clivées, déviantes de ces personnes-là,
01:28et on va écouter une fois pour toutes les victimes, c'est vraiment cette défense, moi elle me dégoûte.

Recommandée