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Replay de la table ronde Doc en Stock avec le Ceres à l’AFC 2024 sur la Chirurgie responsable et les actions pour un bloc durable.

Une seule intervention chirurgicale produit plus de déchet qu’une famille de quatre personnes en une semaine. Plus largement, le système de santé est responsable de 8% des émissions nationales de gaz à effet de serre. Face à ce constat, quelles actions mettre en place pour un bloc plus vert, durable et responsable ?
Pour répondre à cette question éminemment d’actualité, Dr Marie Selvy, chirurgien viscéral et thoracique au Centre hospitalier de Béziers et vice-présidente du Ceres, fait le point sur les actions concrètes à mettre en place dans son bloc. Pr Karem Slim, chirurgien viscéral au CHU de Clermont-Ferrand et Secrétaire général du Ceres, nous donne toutes les clefs pour réduire l’impact carbone du parcours de soin. Dr Pierre Ogeron, chirurgien orthopédique à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, nous livre les enseignements de sa thèse sur la production de déchets en chirurgie orthopédique.

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00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue à Doc en Stock pour cette deuxième journée du congrès de l'AFC et on va commencer cette journée avec un sujet
00:07évidemment d'actualité et qui, on l'espère, on n'en doute pas trop, on devrait vous intéresser
00:12comment verdir son bloc opératoire, comment le rendre plus durable, plus responsable.
00:17Donc ça va être le sujet de cette table ronde qui est organisée avec le collectif
00:21Éco-Responsabilité en Santé, le CRES. Nous avons ici deux de ses représentants, on y reviendra.
00:26Donc le système de soins, ça émet 8% des émissions nationales de gaz à effet de serre, une intervention
00:32produit plus de déchets qu'une famille de quatre personnes en une semaine, donc voilà, c'est pour ça qu'on va se demander aujourd'hui
00:37quelles sont les bonnes pratiques pour réduire cet impact et pour répondre à cette question, autour de la table, il y a d'abord le docteur
00:44Marie Célevi, bonjour.
00:45Bonjour. Donc vous êtes chirurgien viscéral et thoracique au centre hospitalier de Béziers et donc vice-présidente du CRES.
00:51Le professeur Karem Slim, bonjour.
00:54Donc vous êtes chirurgien viscéral au centre république et au CHU Clermont-Ferrand et secrétaire générale du CRES et enfin le docteur Pierre Rougeron, bonjour.
01:03Alors vous êtes chirurgien orthopédique à l'hôpital Saint-Antoine à Paris et vous vous êtes intéressé dans le cadre de votre thèse à l'impact aussi
01:10écologique de votre spécialité, on y reviendra. Alors on va commencer avec une première question très concrète.
01:16Vous, docteur Marie Célevi, quelles actions vous avez pu mettre en place dans votre bloc opératoire pour le rendre justement plus durable, plus éco-responsable ?
01:23Alors je vais parler, oui, de ce que j'ai pu mettre en place au sein de mon
01:26bloc opératoire et de manière plus générale comment mettre en place, comment verdir son bloc opératoire.
01:31Donc le premier point le plus important c'est d'avoir une bonne gouvernance, c'est-à-dire qu'il faut
01:35s'équiper d'une équipe autour de soi qui va, vous n'allez pas pouvoir y arriver tout seul, il va falloir
01:41mettre en place avec les quatre blocs, avec votre direction, il faut qu'ils soient assez ouverts
01:46à entendre que maintenant il va falloir qu'on fasse une transition et qu'on ait un développement durable qui soit actif au sein de notre
01:52bloc opératoire. Donc le premier point c'est une gouvernance, une équipe, être plusieurs à travailler sur ça. Le deuxième point c'est qu'il faut
01:59en premier faire un état des lieux de son bloc opératoire. Alors nous on a pu travailler avec une entreprise locale
02:04mais qu'on peut avoir au niveau national qui est primordiale dans notre série,
02:08qui nous a fait un audit pour faire un état des lieux, vous en êtes où,
02:11quels sont les points sur lesquels il faut que vous travaillez et quels sont les points sur lesquels c'est bien, vous travaillez déjà bien,
02:16vous avez une bonne action.
02:18Après, au sein du bloc opératoire, donc il faut aussi également faire un calendrier de savoir quels sont les objectifs à court terme,
02:25qu'est-ce que vous pouvez mettre en place avec le moins de moyens possibles et puis quelles sont les grosses actions qu'il faudra mener
02:31à plus long terme pour ne pas un petit peu se perdre parce que le développement durable, ça regroupe sur tous les points de notre bloc opératoire
02:39et donc il faut arriver un peu à sectoriser. Donc si je devais rapidement faire des points clés sur lesquels il faut avoir des lumières,
02:46donc il y a un premier point qui concerne la direction et qui est votre bloc, comment on peut optimiser les salles opératoires,
02:53faire des économies d'énergie, des économies de lumière, des économies d'eau. Donc ça, c'est le premier point.
02:58Il faut lancer la direction dessus pour... Alors moi, j'ai eu de la chance quand je suis arrivée, tout était déjà vert dans mon bloc opératoire,
03:03je n'ai pas eu à forcer.
03:05Quand vous dites, c'est par exemple, paquet de la climatisation tout le temps en bleu, par exemple, vous avez des...
03:09Exactement ça. La clim' pas tout le temps, les économies sur les salles qui ne servent pas.
03:13Garder une seule salle ouverte pour la nuit si vous avez des urgences. Toutes les autres, il ne faut pas qu'elles puissent s'allumer,
03:19les ordinateurs, enfin tout ce qui regroupe sur les économies d'énergie, les économies d'eau.
03:24Par exemple, il y avait le système Neptune pour les récupérateurs d'eau, pour les urologues, enfin,
03:28tout ce genre de choses. Mais vous n'allez pas pouvoir vous centrer sur toutes les questions.
03:32Après, il faut prioriser. Il faut prioriser, il faut sectoriser et il faut mettre des gens sur le coup pour chacune des grandes questions.
03:40Après, il y a la grande question des déchets. Je laisse sur mon collègue.
03:44Parce que vous, vous avez consacré votre thèse à la production de déchets en chirurgie orthopédique.
03:50Pouvez-vous nous expliquer cette thèse et les grands enseignements que vous avez pu en tirer ?
03:55Moi, initialement, je voulais une thèse un peu originale. Et quand on m'a proposé le sujet de la gestion des déchets au bloc en ortho,
04:02j'ai tout de suite dit oui. Sujet très intéressant. Et en gros, dans notre centre,
04:07on s'est intéressé à à peu près toutes les interventions de chirurgie orthopédique et on a pesé les déchets.
04:15On a moyenné pour avoir un ordre d'idées. Et donc, les déchets, une opération produit entre 2 et 15 kilos.
04:23Donc, ça va de la chirurgie de la main jusqu'aux arthroscopies de genoux et d'épaules.
04:28Et puis, on s'est aussi intéressé à la proportion de déchets à risque infectieux et du reste des déchets assimilés aux ordures ménagères.
04:36Et en fait, on s'est aperçu que plus la moitié des déchets étaient des déchets à risque infectieux.
04:42Or, quand on regarde vraiment la définition de ce qui devrait faire partie de ces déchets à risque infectieux, c'est complètement disproportionné.
04:49Donc, il y a un mauvais tri qui est réalisé à l'hôpital. Et ça, ça a deux conséquences.
04:54Déjà, une conséquence économique, parce que le traitement des déchets à risque infectieux est beaucoup plus onéreux.
04:59Et puis surtout, et puis, c'est le thème d'aujourd'hui, c'est un impact carbone beaucoup plus important jusqu'à 3 fois plus
05:06pour les déchets à risque infectieux. Voilà, il faut les réduire, c'est ça, c'est ça, il faut les réduire.
05:13Et puis en plus, ce qui est intéressant, c'est que ça, c'est pas très, c'est assez simple, je pense, de les réduire.
05:18C'est juste de l'information. Et puis aussi, ça, c'est dans la c'est les équipes d'hygiène qui doivent être qui doivent prendre aussi ce problème à bras le corps.
05:27Nous, dans notre centre, en fait, qui nous met à disposition principalement des conteneurs de déchets à risque infectieux.
05:32Donc, après une intervention de 2, 3, 4 heures, on ne va pas, on ne va pas s'amuser, on ne va pas.
05:39Après une opération un peu longue, eh bien, on met les déchets là où il y a des conteneurs.
05:46Bien sûr, vous n'allez pas faire votre tri.
05:48Réduire les poubelles jaunes dans les blocs opérateurs, c'est très important pour les rendre effectivement le moins accessible possible et obliger le personnel à se poser
05:57vraiment la question. Est-ce que c'est un réel d'Astry ou est-ce qu'on pourrait le mettre dans la poubelle de recyclage?
06:02Justement, sur la poubelle de recyclage, on a parlé des d'Astry, mais il y a un autre problème aussi au bloc pour la gestion des déchets.
06:07Je pense que c'est tous les packs qui vous sont donnés, tous les objets stériles qui ne sont peut-être pas nécessaires.
06:12Est-ce qu'il y a besoin de reconditionner un petit peu les outils?
06:16Alors, il y a 2 questions sur ça, c'est qu'effectivement, avec les déchets, les d'Astry, il y a une autre grosse question qui est les filières de tri.
06:25Donc, il faut mettre en place des filières de tri au sein de son bloc opératoire pour tout ce qui est le métal et les métaux que vous utilisez,
06:31tout ce qui est électronique, tout ce qui est vert.
06:33Et après, il y a sur les dispositifs médicaux, il y a des formules qui permettent d'éviter tous ces emballages qui s'appellent les custom packs et qui permettent pour une
06:43intervention donnée de faire un gros pack qui va rassembler tout le matériel nécessaire minimum et qui va permettre d'éviter justement d'ouvrir 10 fois des boîtes de
06:53compresse, etc.
06:55Ça, ça nécessite que tous les chirurgiens d'une même spécialité se mettent autour d'une table et disent bon, alors les gars, qu'est ce qu'on a besoin?
07:00Qu'est ce qu'on a tous besoin?
07:02Quels sont ceux qui n'est pas spécifique à chacun?
07:04Et à ce moment là, on crée un seul pack commun.
07:06Nous, on a mis en place le custom pack pour les césariennes qui a eu un avantage pour les sages femmes de les rassurer parce que les césariennes en urgence, ça permet
07:14d'ouvrir un seul pack, de ne pas courir partout alors qu'il faut sortir rapidement le bébé.
07:17On ouvre autant d'une fois, il y a tout à l'intérieur.
07:20Donc ça, vraiment, elles ont été très contentes et on a mis également le custom pack pour les chambres implantables qui était commun à plusieurs spécialités, avec des
07:27habitudes différentes des opérateurs qui nous a permis de réduire drastiquement le nombre de déchets.
07:31Juste pour donner un chiffre, les custom pack ont réduit de 30% les déchets, toutes spécialités confondues et ces custom pack.
07:39Très concrètement, vous dites faut des réunions, faut comment ça se passe pour les mettre en place?
07:43Vous pouvez se réunir, on parle de nos besoins, de quels instruments on a besoin et on fait un pack pour tout le monde.
07:49Donc, on se réunit, comme a dit Marie, on se réunit, on fait un pack qui est commun à tout le monde ou parfois un peu différent, mais où il n'y a pas ces instruments qu'on n'utilise pas,
08:07ces compresses qu'on jette, qui sont toutes blanches, etc.
08:10Donc, on évite ça. Et je vous ai parlé de 30%.
08:14D'accord, je vais crier.
08:16Essayez peut être de le coller comme ça.
08:17Oui, oui, oui.
08:19Le plus important, c'est de commencer par une intervention simple et assez stéréotypée.
08:24Pour recommencer à mettre en place des custom pack.
08:27Donc ça, je suppose que ça prend du temps.
08:29Il faut des bonnes volontés.
08:31Voilà, il faut dégager du temps, une équipe.
08:33Voilà. Est ce qu'il y a eu des freins aussi?
08:35Puisque là, on parle de ce qui peut être fait.
08:36Mais est ce que vous avez pu faire face à des freins pour changer un peu les choses?
08:40D'abord au bloc.
08:44Les freins, c'est la nature humaine.
08:45En fait, j'ai toujours fait ainsi.
08:48J'ai mes habitudes.
08:49Il faut leur prouver par A plus B qu'il faut évoluer.
08:53Il faut penser aussi à l'aspect.
08:57Tout geste est important et tout geste apporte quelque chose, même s'il semble futile.
09:03Et c'est un état d'esprit qu'il faut acquérir.
09:05Il faut quelques mois, parfois.
09:07Mais on finit par l'avoir au sein de l'équipe.
09:09Les freins financiers, c'est à dire que vous pouvez développer un petit peu.
09:13Ça coûte cher d'être vert, entre guillemets.
09:17Il y a certaines mesures où on va devoir investir des fois dans des matériaux pour pouvoir recycler,
09:21mettre à jour ces blocs opératoires.
09:23Ce genre de choses, ça peut demander des moyens financiers, d'où l'intérêt.
09:26Quand on veut avoir cette démarche là, de commencer par aller voir sa direction et voir comment un peu les sonder,
09:31à quel point ils sont ouverts à avoir une démarche vertueuse.
09:34Il y a l'aspect architecturel du bloc aussi architectural où les doubles vitrages, les ordinateurs,
09:40tout ça doit être pris en compte avec l'administration, avec les architectes.
09:44Donc on l'a bien compris déjà, avant de faire n'importe quelle action, il faut s'assurer qu'on est en soutien de sa direction.
09:50Il faut s'organiser, que chacun trouve un petit peu sa place.
09:53Et puis on peut mettre ensuite, on l'a dit, des initiatives, les déchets, l'énergie, etc.
09:57Ça, c'est vraiment pour le bloc.
09:59Et vous, professeur Karim Slim, vous êtes intéressé à autre chose, au parcours de soins spécifiquement, à son impact carbone.
10:06C'est ce que vous pouvez nous en dire.
10:08J'ai voulu avoir une vision un peu plus globale que le simple bloc opératoire.
10:12Vous savez que la chirurgie, ce n'est pas que l'acte opératoire.
10:15Il y a l'avant, il y a l'après.
10:17Et donc, on s'est intéressé, on a fait une étude récemment sur le parcours de soins en RAC.
10:22RAC, c'est réhabilitation améliorée après chirurgie.
10:24Vous savez que c'est une prise en charge qui tend à se développer maintenant.
10:28On a fait une étude en 2019 où 20% seulement des patients français avaient la RAC.
10:34Et quatre ans après, en 2023, on est passé à 40%.
10:38On n'est pas encore à 100%, mais ça a doublé.
10:41Donc, la RAC est en train de s'imposer comme le moyen de prise en charge des malades.
10:45Et si on prend l'exemple de la chirurgie colorectale et qu'on fait un parcours RAC, qu'on compare à un parcours non RAC,
10:51conventionnel, comme on faisait avant, on se rend compte que la RAC réduit de 6% l'impact écologique de ce que nous faisons.
11:006% à tous les niveaux, c'est-à-dire pas seulement en termes de réchauffement climatique, mais aussi en termes de consommation d'eau,
11:05en termes de radiation ionisante, etc.
11:08Ça réduit de 6%.
11:10Et on a vu aussi que les moments les plus impactants en termes écologiques, c'est le préop et c'est le pérop.
11:18Au niveau du préopératoire, c'est la préparation du malade à la chirurgie, ce qu'on appelle la préhabilitation.
11:23C'est aussi les déplacements multiples pour voir le chirurgien, le gastroenterologue, le kiné, pour avoir un scanner, etc.
11:32La chimiothérapie et tout, tout ça a été pris en compte et c'est très impactant.
11:36Le deuxième site où on est très impactant, c'est le bloc opératoire.
11:41On vient d'en parler.
11:42Il y a les déchets, mais il n'y a pas que ça.
11:45Il y a aussi les usages multiples, les instruments d'usage multiple ou d'usage unique.
11:51On utilise beaucoup d'usages uniques, alors qu'on pourrait parfaitement utiliser des usages multiples en termes de ciseaux,
11:56en termes d'instruments réutilisables.
12:00Et ça, ça réduit de pratiquement 30% l'impact du bloc opératoire.
12:05On a aussi calculé qu'on n'a pas l'habitude en France, contrairement à d'autres pays qui sont les Etats-Unis, le Canada, l'Allemagne,
12:14à reconditionner les instruments à usage unique.
12:18On ne fait pas, c'est interdit en France.
12:20Et il y a une équipe qui est en train de travailler.
12:22On va arriver probablement à utiliser plusieurs fois un instrument à usage unique.
12:28Donc ça, c'est l'aspect chirurgical pur.
12:30Mais à côté du chirurgien, il y a aussi l'anesthésiste.
12:33L'anesthésiste avec les gaz halogénés qui sont très impactants.
12:38Et on recommande d'utiliser l'anesthésie intraveineuse totale plutôt que des gaz halogénés qui sont très impactants.
12:45Donc, ces deux aspects, pré-opératoire et pré-opératoire, doivent être améliorés pour améliorer davantage l'impact écologique du parcours de soins dans sa globalité.
12:57Donc, on est avant, pendant, après l'opération.
12:59C'est vraiment une approche globale.
13:01L'après, le post-opératoire consomme moins de soins puisque les malades sortent plus tôt et qu'ils ont moins de complications générales.
13:11Et donc, le post-opératoire n'est pas très impactant en termes écologiques parce que la RAC fait qu'il y a moins de soins post-opératoires et les malades sortent plus tôt, rentrent plus tôt chez eux.
13:30Il y a un autre point aussi sur lequel je voudrais insister, c'est que l'écologie n'est pas le seul élément dont il faut prendre compte.
13:39Il y a aussi, en termes de développement durable, il y a aussi l'aspect social et la réhabilitation améliorée est très intéressante en termes social parce que les malades prennent soin d'eux-mêmes.
13:50Ils sont acteurs de leurs soins parce que le personnel qui prend en charge les malades est plus épanoui dans son travail.
13:57Et donc, ça, c'est l'aspect social.
13:58Il y a aussi l'aspect économique et que la RAC fait gagner par patient opéré, fait gagner 1.000 euros par patient opéré.
14:06Donc, le développement durable va dans le sens de la RAC.
14:10Donc, finalement, on le disait tout à l'heure, il faut peut-être un petit peu investir au début.
14:13Ça peut faire peur, mais finalement, on le récupère.
14:16Tout à fait.
14:17Vous vous parliez, par exemple, du reconditionnement.
14:19Vous parliez de l'usage unique, mais tout ça, ça passe aussi par de l'information, aussi peut-être le rôle des sociétés savantes, des études, etc.
14:27Est-ce que c'est un petit peu le rôle du CRS aussi de scientifiquement prouver que quand c'est écologique, quand c'est réutilisable, ce n'est pas mauvais?
14:36Oui, tout à fait.
14:37Alors, pour replacer le contexte, CRS est une association à but, bien sûr, non lucratif, qui est multidisciplinaire et qui a pour objectif de rassembler toutes les disciplines,
14:46mais également tous les acteurs, que ce soit également les infirmiers anesthésistes, les infirmiers de bloc, les hygiénistes.
14:53Ça ne se limite pas qu'aux chirurgiens.
14:55Et donc, l'objectif, c'est de rassembler, d'avoir une mouvance écologique, de permettre aux gens qui se posent des questions d'avoir accès à toutes les expériences locales qu'on fait dans les différents centres,
15:06d'avoir accès à de la formation.
15:08Et pour nous, c'est mettre en place des études qui vont pouvoir démontrer qu'il faut qu'on ait une action qui soit de développement durable.
15:15On a espoir de finir par mettre la pression aux industriels et au gouvernement parce qu'on est d'accord qu'on peut mettre en place plein de petites mesures à notre échelle.
15:24Mais il faut vraiment que les industriels nous aident parce que c'est quand même eux qui génèrent le plus de déchets.
15:28Et je pense particulièrement à la chirurgie robotique.
15:31Alors, je suis un chirurgien qui fait de la chirurgie robotique, mais c'est quand même assez écoeurant quand on finit nos interventions de voir tout le matériel qu'on gaspille, qu'on jette, qu'on ne réutilise pas.
15:40Et je pense qu'il y aurait matière à beaucoup progresser sur ça et il faudrait qu'ils fassent un peu plus d'efforts.
15:47C'est ce que j'allais vous demander.
15:48Qu'est ce qui peut être mis en place à l'échelle même d'un établissement ou même politique?
15:53Qu'est ce que vous pensez qu'il peut être fait de manière un peu plus globale?
15:57Pas simplement comme vous le disiez, vous et vos petites mains.
15:59Qu'est ce qui pourrait être fait pour faciliter un passage à un fonctionnement un peu plus écoresponsable dans les hôpitaux?
16:06L'écoresponsabilité est un mouvement qui est maintenant visible au niveau de la télé, des médias et tout.
16:14Donc, il faut essayer d'expliquer à nos concitoyens que la chirurgie représente une part importante.
16:21Vous savez que 8% de l'impact est dû à la santé et la chirurgie a sa place majeure.
16:29Et donc, il faut déjà expliquer aux citoyens et aux autorités que la santé a un impact et que pour cela, il faut y mettre les moyens.
16:39Et les moyens sont plutôt intéressants quand on les met rapidement, c'est à dire.
16:46CRS, par exemple, est en contact avec les sociétés savantes.
16:51Elle est en contact avec la tutelle, avec la DGOS, avec l'ANAP, etc.
16:55pour faire des recommandations.
16:57Nous avons déjà fait des recommandations sur la consommation énergétique au bloc opératoire.
17:02Il y a d'autres recommandations qui vont sortir, notamment sur le parcours dont je viens de parler, sur les médicaments, le circuit des médicaments et tout.
17:11Et donc, on va y aller petit à petit.
17:12Et n'oubliez pas que le logo de CRS, c'est un colibri.
17:16Et vous connaissez la légende du colibri, c'est à dire le colibri qui dit je fais ma part.
17:20Et donc, CRS fait sa part aussi et on y arrivera.
17:24Il ne faut pas lâcher, mais on y arrivera.
17:26Il faut du temps, mais on y arrivera.
17:30Juste, CRS est ouvert à tous.
17:31Donc, on a besoin de vous pour travailler ensemble.
17:36Justement, peut être une question peut être plus à vous, Docteur Augeron, c'est volontairement un peu provocateur,
17:41mais est ce que l'écologie, c'est simplement une question qui se pose par les jeunes médecins, les jeunes chirurgiens ou est ce que c'est plutôt une question d'époque que de génération?
17:49Qu'est ce que vous en pensez?
17:51Eh bien, c'est une bonne question.
17:54Après, moi, j'ai l'impression que tout le monde est assez réceptif, quelle que soit la génération.
17:59Moi, par exemple, ce n'est pas moi personnellement qui ai trouvé ce sujet là.
18:02C'est mon chef de service qui est au sommet de son art en fin de carrière.
18:08Et voilà après moi, peut être qu'on est plus réceptif et moi, ça m'a fait plaisir de parler de cette cause, mais je ne pense pas que ce soit un sujet que de jeunes.
18:17Et en tout cas, la réception de ces problèmes, de ces problématiques là, reçoit un écho chez tout le monde.
18:26On en a déjà un peu parlé, mais qu'est ce qu'on pourrait dire justement à des chirurgiens, à des médecins qui voudraient s'impliquer, qui voudraient verdir leur bloc opératoire?
18:34Qu'est ce qu'on pourrait leur dire pour les rassurer?
18:35Parce que ça fait un peu peur aussi.
18:38On peut peut être leur dire que c'est tout à leur avantage.
18:41Un petit exemple concret, par exemple, on n'en a pas trop parlé, mais la revalorisation des métaux à usage unique, comme les lames de laryngoscopie ou les câbles de bistrots électriques.
18:51Il y a certaines associations qui font ça sur leur temps libre, qui les revalorisent, qui les vendent à des ferrailleurs et avec l'argent retenu gagné, ils achètent des équipements pour les patients.
19:01Et notamment l'association des petits doudous qui fait ça pour dans les hôpitaux pédiatriques et avec l'argent reçu, ils achètent des tablettes.
19:08Et donc, les enfants au bloc, quand ils arrivent avec des tablettes, ils sont beaucoup moins bruyants.
19:12Ils sont. Ils vivent beaucoup mieux dans l'expérience et ça, c'est une répercussion sur les anesthésistes et sur les chirurgiens.
19:19Parce que opérer quand un enfant crie, quand il y a des cris partout, c'est fatigant.
19:22Donc, ils ont tout à y gagner.
19:25Et vous, alors, qu'est ce que vous pourriez leur dire?
19:28Moi, je pourrais leur dire que c'est l'avenir de nos enfants.
19:33Et en fait, cet investissement qu'on va faire, on ne fait pas tellement pour nous parce que le résultat, on le verra dans 10 ans, 20 ans.
19:40Mais c'est pour nos enfants.
19:41Il suffit de leur parler comme ça et leur dire que ce sont des petites mesures très simples à mettre en place et qu'une petite mesure plus une petite mesure fera un fleuve.
19:50Et donc, c'est important.
19:52Moi, j'ai vécu l'expérience des déchets.
19:55Justement, après, on est tellement content que ça marche et qu'on fait une action pour la planète et que ce n'est pas si difficile que ça.
20:05Voilà, le langage est très simple.
20:09Oui, je suis assez d'accord avec toi et surtout, il ne faut pas se décourager.
20:11C'est ce que tu disais.
20:12Il faut travailler à plusieurs.
20:14Je pense que ça intéresse vraiment tout le monde maintenant et que c'est une démarche qui est indispensable.
20:19Et il faut aller step by step avec des petites mesures, des petits objectifs.
20:22Et le plus important, c'est de faire un état des lieux de départ au sein de son bloc opérateur pour savoir dans quel sens aller en premier.
20:29Vous parlez d'être à plusieurs, de plusieurs spécialités, etc.
20:33Justement, vous, comment vous avez pu faire pour mobiliser un peu les gens autour?
20:37Si ce n'est pas facile toujours d'être celui qui évangélise ou qui veut motiver un peu toutes les équipes?
20:44C'est une démarche qui intéresse beaucoup.
20:47Donc, en général, quand on lance les personnes, on a toujours un référent par parcours de métier, c'est à dire un référent, un référent, un référent anesthésiste, un référent.
20:56On a on a à chaque fois une personne qui s'est qui s'est manifestée pour nous aider à travailler sur ça.
21:03Actuellement, on a trouvé la solution.
21:05Je crois que l'élément principal pour mettre en place un programme de développement durable, un programme écologique, ce sont le personnel paramédico.
21:15Les infirmières ont un rôle majeur.
21:17Elles sont très sensibles à cela et ce sont les infirmières qui amènent les médecins dans ce sens et comme pour plein d'autres cas, les infirmières sont celles qui trient les déchets à la fin d'intervention.
21:29Ce sont elles qui trient les déchets.
21:30Ce sont elles qui disent aux médecins que tu as oublié de fermer le robinet, tu n'as pas éteint l'ordinateur en partant et la lumière est allumée.
21:38Tu peux placardé sur les murs.
21:40C'est ça. Pensez à éteindre la lumière en partant.
21:43C'est très important et nous avons porté des calots en papier jetable et les infirmières nous ont imposé et les anesthésistes ont joué le jeu aussi.
21:57Et donc, petit à petit, le rôle majeur est celui de l'infirmière au bloc opératoire.
22:03Oui, elles sont beaucoup plus impliquées que nous dans cette démarche là, mais parce que je pense qu'elles le voient vraiment au quotidien.
22:09On a des interventions qui sont quand même très pouvoyeuses de déchets.
22:13Et justement, si vous aviez, on peut peut être terminer sur ça, mais un conseil ou alors une action concrète à conseiller pour commencer à faire ses petits pas,
22:24comme vous le disiez, commencer à mettre en mouvement ce petit colivrier du CRS, comme vous le disiez.
22:28Allez regarder le site CRS pour voir les expériences qui ont été faites à droite, à gauche, voir les recommandations, voir ce qu'on peut faire, savoir comment se former,
22:36quels sont les événements et commencer à réfléchir, comment mettre les choses en place.
22:41Moi, je dirais simplement, posez-vous des questions au quotidien sur ce que vous faites, sur l'impact écologique de ce que vous faites.
22:49Alors, ça peut être quoi, ces questions?
22:50La question, c'est je me lave les mains pendant 3 minutes. Est ce que vraiment, ça vaut le coup de se laver pendant 3 minutes?
22:57Est ce qu'une minute suffit? Très simple et vous?
23:01Et bien, restez ouvert à tous ces questionnements de développement durable, restez curieux et puis ça va venir.
23:13Ce n'est pas des choses très compliquées à faire. Il faut juste y aller de l'avant et tout ça va s'améliorer.
23:20Donc, vous l'avez dit, il y a un site du coup pour le CRS, si ça vous intéresse, on tape juste sur Internet, comment ça se passe?
23:28C'est restit récent. Merci beaucoup à vous de nous avoir donné ce temps là et merci à vous de nous avoir regardé.

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