• il y a 2 mois
Une série d'analystes ont émis des doutes sur notre capacité d'avancer sur le budget.

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00:00Nicolas, faut-il y voir un black swan, un signe noir ? Hier, la France et l'Espagne étaient dans le même bateau, le bateau du taux auquel la France sans dette a rejoint et même dépassé celui de l'Espagne.
00:12Ça paraît technique comme ça, mais c'est hyper important de l'expliquer. Qu'est-ce qui se passe en fait ?
00:17Il se passe que la crédibilité de la France s'affaiblit. Il se passe qu'en fait, ceux qui nous prêtent de l'argent, il y a une prime de risque, un prix au risque.
00:24Le risque français devient plus fort que le risque espagnol. Deuxième avertissement. On a déjà vécu ça avec le Portugal. On s'est mis un jour à emprunter plus cher que le Portugal.
00:32Hier, on a emprunté plus cher que l'Espagne. Alors, on a un gouvernement, c'est bien. Et vous voyez la fragilité du dispositif. Tout ça est quand même hyper incertain.
00:41Et donc, hier, une série d'analystes ont émis des doutes, des doutes sur la solidité et la capacité d'avancer sur le budget.
00:47Surtout que vous avez vu, on parle de quoi ? On parle d'impôts alors que le sujet, évidemment, c'est la dépense publique.
00:52Alors, il faut aussi rappeler ce que signifie ce taux d'emprunt, évidemment, pour la France. Mais la France, c'est aussi chacun d'entre nous.
00:57Absolument. Alors, ce taux d'emprunt, c'est le thermomètre de la confiance. Plus ce taux d'emprunt est bas, plus on a confiance en vous. Plus ce taux d'emprunt est élevé, moins on a confiance en vous.
01:07C'est une prime de risque. Un investisseur institutionnel, c'est qui ? C'est un banquier, un assureur, un fonds de pension, un fonds souverain.
01:13Il est obligé, dans son portefeuille, d'avoir une certaine quantité de dettes des États parce que ce sont les actifs financiers les plus sûrs, ceux sur lesquels on est sûrs d'être remboursés.
01:24Mais quand il a besoin d'acheter de l'euro, il a d'abord envie d'aller acheter de l'euro chez les Allemands. C'est les plus sûrs. Généralement, derrière, c'était la France.
01:31Ce n'est plus ça. C'est l'ordre des choses qui se transforme. C'est ça qui est important.
01:36Normalement, l'écart de taux entre le prix auquel l'Allemagne place sa dette et le prix auquel la France place sa dette, en temps normal, c'est 30 points de base, 0,3 points.
01:44Après la dissolution, on monte à 70 points de base. Hier, nous étions à 80 points de base. Donc ça, c'est quand même un signal important.
01:51Pourquoi c'est important pour nous ? Parce que si on n'arrive plus à vendre notre dette parce que la prime de risque est trop élevée, en quelques jours, c'est le défaut de la nation et la banqueroute de la nation.
02:01Ça veut dire des fonctionnaires plus payés. Ça veut dire des retraites qui ne sont plus versées. Ça veut dire des services publics qui sont à l'arrêt.
02:07Donc en 4-5 jours, l'exécutif doit prendre des mesures d'urgence ultra violentes pour rétablir la confiance de ceux qui nous prêtent et qui baissent de TVA, haussent de TVA, baissent des pensions de retraite, gèlent du salaire des fonctionnaires, baissent des indemnités chômage.
02:24Alors là, je peux vous assurer que ce genre de situation, c'est la vie concrète de tous les citoyens qui est impactée en moins d'une semaine. C'est ça, la réalité d'une nation qui vit au-dessus de ses moyens.
02:32Bon, mais là, c'est un scénario catastrophe que tu nous décris alors qu'on a emprunté hier sur le taux à 10 ans. Il reste sous les 3 %. On n'est pas encore la Grèce, quoi ?
02:40On n'est pas du tout la Grèce. Pour l'instant, tout va bien. Il n'y a pas de défaut. Seulement l'an prochain, on va devoir emprunter pour la première fois plus de 300 milliards d'euros.
02:46Donc il va falloir que la confiance du reste du monde soit bel et bien là. Et ce n'est pas en allant gratter quelques milliards dans les poches du CAC 40 ou des gros patrimoines qu'on va s'en sortir.
02:53Donc il va falloir se retrousser les manches sérieusement.

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