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Placée en procédure pour déficit excessif, la France se retrouve face à un défi monumental : changer la trajectoire de ses finances publiques pour se rapprocher des critères maastrichtiens, à savoir un déficit public ne dépassant pas 3% du PIB et un taux d’endettement inférieur à 60%. Rien que ça ! Un sacré challenge, car à force de crier aux loups, le discours politique a perdu toute crédibilité. Pour ceux qui s’en souviennent, c’est la fameuse déclaration de 2007 du Premier ministre François Fillon : « Je suis à la tête d’un État qui est en situation de faillite ». Dix-sept ans après, le poids de la dette a quasiment été multiplié par deux, sans que cela n’effraie ni les agences de notation, qui classent toujours la France parmi les pays les plus sûrs, ni les investisseurs étrangers qui se ruent encore et encore sur les obligations d’État français avec autant d’appétit. [...]

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00:00Placée en procédure pour déficit excessif, la France se retrouve face à un défi monumental.
00:15Changer la trajectoire de ses finances publiques pour se rapprocher des clous mastrichiens.
00:20A savoir un déficit public ne dépassant pas 3% du PIB et un taux d'endettement inférieur à 60.
00:26Rien que ça ! Un sacré challenge, car à force de crier au loup, le discours politique a perdu toute crédibilité.
00:34Pour ceux qui s'en souviennent, c'est la fameuse déclaration de 2007 du Premier ministre François Fillon.
00:39« Je suis à la tête d'un État qui est en situation de faillite ».
00:4217 ans après, le poids de la dette a quasiment été multiplié par deux.
00:46Sans que cela n'effraie ni les agences de notation qui classent toujours la France parmi les pays les plus sûrs,
00:52ni les investisseurs étrangers qui se ruent encore et encore sur les obligations d'État français avec autant d'appétit.
00:59Alors vive la dette, et surtout à quoi bon faire des efforts pour la réduire ?
01:04Simplement parce qu'elle a été mal utilisée, gaspillée.
01:07Parce que l'étau zéro s'est terminé, parce que plus l'ajustement sera tardif, plus il sera violent et causera de la casse sociale.
01:14Certes, nul économiste ne sait calculer quel est le bon ou le juste niveau de la dette.
01:18Tout va dépendre de son utilisation.
01:21Or, depuis près de 20 ans, elle a essentiellement servi à soutenir le revenu des ménages
01:26et, en fin de période, à préserver le tissu productif des effets de la crise de la Covid pour éviter que l'économie collapse.
01:33En définitive, très peu de moyens ont été mobilisés pour accroître la productivité
01:38en investissant dans les infrastructures, en R&D, dans l'éducation.
01:42Finalement, les dépenses de soutien à court terme ont pris le pas sur les mesures de long terme,
01:47les seules pourtant capables de rehausser un potentiel de croissance rabougue.
01:51Bilan, l'économie française doit maintenant affronter un service de la dette,
01:55c'est-à-dire ce que l'État, le contribuable in fine, doit rembourser chaque année en forte augmentation
02:00alors que la capacité productive du pays est restée pratiquement achangée.
02:04La dette, c'est aussi un contexte économique et financier.
02:09S'il entend de se projeter dans un futur proche, 2024-2025,
02:12il faut anticiper le retour graduel de l'inflation vers 2% sur fond d'une croissance potentielle
02:19qui ne décollera pas de sa tendance de 1%.
02:22Être raisonnable en matière de projection de la dette, c'est donc miser sur une croissance nominale tendancielle de 3%.
02:29Or, à 3%, c'est précisément le niveau des taux que sert l'État français à 10 ans,
02:35un palier qui résiste et résistera à la décrue anticipée des taux courts.
02:40Partant de ces hypothèses, pour stabiliser la dette, le déficit doit être proche de zéro hors charges d'intérêt,
02:46ce qui dans le jargon économique s'appelle le déficit primaire.
02:50Il faut maintenant ajouter à cette estimation le poids des charges d'intérêt, entre 1,5 et 2%.
02:56Cela donne la cible de déficit à atteindre.
02:59A 5,6% fin 2023, à 5,1% encore prévu pour cette année, la France en est loin.
03:06L'État a besoin d'un ajustement de près de 4 points du PIB pour s'en approcher.
03:11Un ajustement va devoir s'engager, alors même que les probabilités de ralentissement l'emportent sur celles d'accélération de la croissance,
03:18et alors même que tous les pays développés sont confrontés au même agenda de consolidation.
03:23La dette publique française atteint des sommets vertigines et les chiffres actuels ne pourront pas être ignorés par le gouvernement.
03:31Si la France continue d'agir comme si tout allait bien,
03:33elle risque de se retrouver dans une situation où l'ajustement budgétaire nécessaire devient catastrophique.
03:39Non pas en raison de la dette elle-même, mais en raison de la façon dont elle est gérée.
03:43Crier à la faillite est peut-être prématuré,
03:46mais ignorer les signes avant-coureurs serait une erreur stratégique monumentale.
03:51A bon entendeur !

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