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00:00Analyse avec David Rigollet-Rose, rédacteur en chef de la revue Orient Stratégique, chercheur à l'Institut français d'analyse stratégique, chercheur associé à l'IRIS.
00:07Bonsoir, merci d'être avec nous ce soir. On vient d'écouter Syavosh Ghazi, notre correspondant à Téhéran.
00:13On a l'impression que l'Iran ne souhaite pas, en tout cas vous allez me dire si c'est le message également du président iranien hier aux Nations Unies,
00:20ne souhaite pas s'impliquer dans une escalade, mais en même temps est-ce que le Hezbollah pourrait agir sans un feu vert explicite de l'Iran ?
00:30Oui, c'est très compliqué pour l'Iran. Il y a une forme de dilemme perçant en fait par rapport à la situation actuelle parce qu'effectivement l'Iran ne souhaite pas rentrer dans une logique escalatoire.
00:41Téhéran mesure bien les risques que ça impliquerait, notamment par rapport aux États-Unis qui sont le principal soutien des Israéliens, d'Israël.
00:53Mais en même temps c'est difficile de ne pas aider le Hezbollah. L'erreur peut-être qui a peut-être été commise de la part de Téhéran,
01:04c'est de ne pas avoir arbitré en demandant un recul au moins partiel au Hezbollah au-delà de la ligne bleue pour donner l'impression qu'il y avait une possibilité transactionnelle.
01:15Aujourd'hui c'est devenu canuque et ça explique l'opération israélienne. En même temps le président iranien a dit qu'il n'était pas possible de laisser le Hezbollah seul.
01:25C'est pour ça que je parle de dilemme parce qu'effectivement il y a un appel à l'aide, un appel au soutien effectif de la part du Hezbollah qui paye un prix très lourd
01:36pour avoir été indexé sur l'agenda géopolitique iranien. En même temps Téhéran ne veut pas manifester un soutien trop prononcé de peur de rentrer dans une logique escalatoire.
01:49Donc il y a un arbitrage en ce moment qui est fait. Téhéran considère que ce n'est pas le bon moment pour l'instant. Il n'y a pas de moment opportun pour l'instant
01:58dans la mesure en plus où le président iranien est à l'ONU et essaie de disqualifier en termes d'image justement la politique israélienne au niveau de la région.
02:07David Rigaud-Lerose, est-ce que le Hezbollah peut agir, envoyer donc ses missiles sur Israël de manière plus intensive sans un feu vert explicite de l'Iran ?
02:16C'est peu probable. Pour l'instant ils s'en sont tenus effectivement à des roquettes et à l'exception du missile que vous venez d'évoquer sur Tel Aviv
02:26dans le quartier de Glylot visant le site du Mossad, il n'a pas encore utilisé à grande échelle ses armes de moyenne voire de longue portée, notamment des missiles de précision.
02:38C'est une option qui n'est pas exclue. Ça demandera évidemment l'aval de Téhéran mais en même temps ça va être difficile pour le Hezbollah de tenir comme ça en encaissant sans réagir,
02:49sans utiliser effectivement une contrepartie pour alléger la pression militaire d'Israël. Donc c'est ce qui fait que la situation est particulièrement dangereuse.
02:59Est-ce qu'il y a justement une ligne rouge ? Est-ce que si effectivement l'armée israélienne entre dans le sud du Liban, ce qui est une option possible en tout cas selon son chef d'état-major,
03:10est-ce que là ça voudra dire escalade, c'est-à-dire que l'Iran soutiendra le Hezbollah dans une riposte beaucoup plus forte ?
03:18C'est le grand point d'interrogation. Ce qui est vraisemblable c'est que l'Iran demandera aux autres mandataires de manifester leur solidarité avec le Hezbollah,
03:26ne serait-ce que pour alléger la pression sur le front nord, comme le Hezbollah l'avait fait d'ailleurs vis-à-vis de Gaza pour soutenir en solidarité avec le Hamas.
03:36Mais ça ne sera certainement pas suffisant compte tenu de l'ampleur de l'opération israélienne et là se posera effectivement la question, même en termes de crédibilité pour Téhéran par rapport à ses mandataires,
03:46d'une implication plus importante, voire directe. Et ça demeure pour l'instant le point d'interrogation, mais qui suscite les plus grandes inquiétudes évidemment au niveau régional, sinon international.
03:58Est-ce qu'il y a encore place pour la diplomatie, pour la discussion là entre les partis, autour de cette frontière entre Israël et le Liban ?
04:08Il y a une initiative américaine qui essaie justement de réunir la problématique de Gaza et du front nord.
04:16Le problème c'est que les choses sont déjà allées très loin, c'est-à-dire que l'initiative diplomatique qui avait été favorisée par les Américains, c'était effectivement
04:24auprès du Hezbollah, lui demander au Hezbollah de se retirer à minima de 10 km, c'était la proposition française d'ailleurs, et puis de manière évidemment plus importante,
04:37éventuellement jusqu'à 30 km, c'est-à-dire jusqu'au fleuve Litani, ce que n'a pas fait le Hezbollah. Et c'est pour ça que je dis qu'il y a peut-être eu une erreur d'ajustement de la part de tactique en tout cas,
04:48de la part de Téhéran qui n'a pas considéré, qui a dit au Hezbollah de maintenir sa posture là où il était. Et le problème c'est que ça a justifié du point de vue d'Israël
05:00de considérer caduque l'option diplomatique et donc de privilégier aujourd'hui manifestement l'option militaire.
05:07Biden dit, attention, l'escalade est possible, la guerre totale est possible, mais elle n'est pas inévitable au Moyen-Orient, donc est-ce qu'il y a une option du côté de la diplomatie américaine ?
05:20C'est ce que les Américains vont essayer de faire par tous les moyens. Le problème des Américains, c'est le calendrier, parce que les Américains rentrent dans une période électorale.
05:28Et il y a trois mois qui sont très très compliqués justement, parce que c'était un moment intermédiaire en fait, avant la prise effective en janvier prochain d'un nouveau président,
05:41même s'il était élu en novembre. Et donc évidemment, le poids américain s'en trouve considérablement réduit durant cette période. Et c'est ce qui effectivement rend la situation encore plus dangereuse.
05:55– Merci beaucoup David Rigollet-Rose d'avoir été avec nous ce soir, rédacteur en chef de la revue Orient Stratégique et chercheur à l'Institut français d'analyse stratégique,
06:03également chercheur associé à l'IRIS.

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