Cette semaine on va parler du fantasme ultime des militants, d’une partie de la gauche, des anarchistes, du cauchemar des bourgeois, d’un mot utilisé à tort et à travers, à tel point qu’on ne sait plus bien ce qu’il veut dire, on va parler de révolution.
Cette semaine on va parler du fantasme ultime des militants, d’une partie de la gauche, des anarchistes, du cauchemar des bourgeois, d’un mot utilisé à tort et à travers, à tel point qu’on ne sait plus bien ce qu’il veut dire, on va parler de révolution.
Cette semaine on va parler du fantasme ultime des militants, d’une partie de la gauche, des anarchistes, du cauchemar des bourgeois, d’un mot utilisé à tort et à travers, à tel point qu’on ne sait plus bien ce qu’il veut dire, on va parler de révolution.
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00:00Et comme tous les mercredis, c'est le moment de retrouver votre lutte enchantée, Cérile
00:12Durand.
00:13Cette semaine, on va parler du fantasme ultime des militants, d'une partie de la gauche,
00:16des anarchistes, du cauchemar des bourgeois, d'un mot utilisé à tort et à travers à
00:20tel point qu'on ne sait plus bien ce qu'il veut dire, on va parler de révolution.
00:23Bigre ! Quel programme !
00:25La semaine dernière, je vous disais que pour changer de jeu, souvenez-vous, nous jouons
00:29tous à une sorte de monopoly géant, il fallait à la fois choisir un autre jeu,
00:33grâce à une vraie démocratie, et faire la révolution, j'ai mis des guillemets parce
00:37que nous sommes tout de même sur France Inter.
00:39D'abord, changer de jeu, ça veut dire quoi ? Pour l'instant, on joue à gagner le plus
00:43d'argent possible, à faire de la croissance coûte que coûte, mais si on veut que cette
00:47planète reste habitable, il faudrait qu'on joue à autre chose, comme par exemple, défendre
00:51et perpétuer la vie sur cette planète, qu'on pourrait aussi appeler rester en bonne santé.
00:57C'est ce que propose d'ailleurs l'économiste Éloi Laurent dans son livre « Et si la santé
01:01guidait le monde ? », remplacer l'indicateur de la croissance du PIB par un indicateur
01:05de santé globale, considérant que les humains ne peuvent pas être en bonne santé sur une
01:09planète malade.
01:10Donc, la finalité de nos sociétés deviendrait de préserver la santé des humains, autant
01:14que celle des océans, des sols, des forêts, des animaux.
01:17Ça, c'est notre projet, notre destination, notre nouveau jeu, ce que le militant Zdrapopovich
01:23appelle « une vision pour demain ». Et c'est très important dans une révolution, il faut
01:26savoir où on veut aller, sinon on peut se perdre en chemin.
01:29C'est ce que j'appelle moi un nouveau récit, une nouvelle histoire que nous nous
01:33racontons collectivement.
01:34Car comme le rappelle régulièrement l'historien Yuval Harari, les sociétés humaines se structurent
01:40autour de grands récits, de grandes fictions.
01:42Et plus nous sommes nombreux à adhérer à la même fiction, plus nous sommes nombreux
01:47à adhérer aux mêmes règles, aux mêmes lois, aux mêmes normes.
01:50Opérer cette bascule d'un récit à l'autre, d'un monde où l'être humain est comme maître
01:55et possesseur de la nature, pour reprendre le mot de Descartes, à un monde où il est
02:00un vivant parmi les vivants, pour reprendre celui de Baptiste Morisot, c'est une véritable
02:04révolution copernicienne.
02:05Un bouleversement de nos représentations du monde, de nos échelles de valeurs, une métamorphose.
02:10Comparable à l'abolition de l'esclavage, à la fin de la ségrégation, au droit de
02:14vote des femmes, à la fin de la monarchie.
02:16Mais comment y parvenir ?
02:18Oui, on aimerait bien le savoir !
02:20C'est ça toute la question.
02:21On peut commencer par se demander quels ont été les ingrédients de ces bascules anciennes,
02:25pour réfléchir à quoi faire dans le présent.
02:27Alors, c'est quoi les ingrédients, justement, Cyril ? Quels ont été ces ingrédients ?
02:30Et bien, dans chacune des situations que je viens d'évoquer, trois ingrédients entraient
02:36en conjonction.
02:37D'abord, deux nouveaux récits, comme je l'ai évoqué.
02:39Des personnes capables d'imaginer une société différente, de se projeter dans l'avenir.
02:43Typiquement, Martin Luther King, quand il lance son « I had a dream », lorsqu'il dit
02:47« Je rêve d'un monde dans lequel mes quatre petits-enfants ne seraient pas jugés à la
02:50couleur de leur peau, mais à la teneur de leur caractère », il est déjà dans le
02:54futur.
02:55Il pointe un horizon.
02:56Capable de mobiliser des foules et leur désir de changement.
02:59Ces nouveaux récits peuvent être des contenus dans des discours, des livres, des films,
03:04mais aussi des pratiques, des initiatives pionnières, comme celles dont nous parlons
03:07dans cette émission régulièrement, qui cherchent d'ores et déjà à construire
03:11ce monde nouveau.
03:12Typiquement, par exemple, des paysans qui pratiquent la permaculture inventent un nouveau
03:15récit de l'agriculture.
03:16Ça, c'est le premier ingrédient.
03:17Le second, ce sont les rapports de force.
03:19Dans chaque bascule de l'histoire, il y a des progressistes qui cherchent à faire
03:23émerger un monde nouveau, et des conservateurs prêts à tout pour préserver le monde ancien.
03:27Ceux dont je vous parlais la semaine dernière, par exemple, qui cherchent à protéger leur
03:30intérêt coûte que coûte dans l'industrie pétrolière, chimique, etc.
03:33Or, les tenants du pouvoir ne lâchent jamais de leurs plaingrés.
03:36Qu'il s'agisse de la révolution française, de la lutte pour les droits civiques ou pour
03:40la fin de l'esclavage, à chaque fois, un flanc modéré qui organise des marches, des
03:45grèves, de la faim, des actions de désobéissance civile, et un flanc plus radical qui organise
03:49de l'action directe, des sabotages, des émeutes, sont partis à l'assaut du pouvoir.
03:54Ces rapports de force peuvent avoir lieu sur le terrain politique, en tâchant de défendre
03:57des idées et de se faire élire, sur le terrain judiciaire, en attaquant en justice, dans
04:01la rue, mais doivent être organisés pour atteindre des objectifs stratégiques et faire
04:05tomber ce que Popovic appelle les « piliers du pouvoir ».
04:09Ça, c'est le second ingrédient.
04:11Et le troisième, Cyril ?
04:12Le troisième vient agir comme un catalyseur des deux premiers.
04:16C'est la circonstance historique qui précipite les changements, comme en chimie.
04:19Par exemple, dans le cas du droit de vote des femmes en Angleterre, des personnes ont
04:23été capables d'imaginer un monde où femmes et hommes auraient les mêmes droits civiques,
04:27le récit donc.
04:28Les suffragettes ont engagé des rapports de force, très musclés, incendiaient des
04:33boîtes aux lettres, cassaient des vitrines, allaient se battre avec la police.
04:35Mais c'est la première guerre mondiale, donc la circonstance historique, qui a tout
04:39précipité, quand les femmes ont remplacé les hommes partis ou morts sur le front.
04:43Engager une révolution aujourd'hui, c'est donc imaginer un monde post-croissance, où
04:48notre économie serait régénératrice et respecterait les limites planétaires, et
04:52commencer à le faire exister à travers des initiatives pionnières.
04:55Mais c'est aussi engager un rapport de force puissant avec les entreprises fossiles, les
05:00gouvernements, les banques et tous ceux qui mettent en péril la vie sur cette planète.
05:03Tout en sachant qu'une circonstance historique va accélérer le processus, le changement
05:07climatique.
05:09Comment chacun et chacune de nous peut participer à cette révolution ? Vous le saurez la
05:14semaine prochaine !