La mort de Philippine n’est pas un fait divers
Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Eugénie Bastié livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Eugénie Bastié - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/eugenie-bastie-les-signatures-deurope-1
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00:00Et dans dix minutes, Pascal Pourleur des Pros sera avec vous également. Pour l'heure, 8h49. Bonjour Eugénie Bastier.
00:05Bonjour à tous.
00:06Vous souhaitez revenir ce matin, Eugénie, sur le procès en récupération, en instrumentalisation qui entoure justement
00:12ce drame de la mort de Philippine, tuée par un Marocain sous au QTF.
00:16Il y a la douleur, il y a la colère, il y a ceux qui pleurent, il y a ceux qui demandent des comptes.
00:21Mais il y a aussi ceux pour qui l'inquiétude que soulève cette affaire, si c'est possible, récupération par l'extrême droite.
00:27C'est le député Manuel Bompard de la France Insoumise qui se dit hier en colère contre l'instrumentalisation ignoble et honteuse que suscite cette affaire.
00:35Le même n'avait aucun problème à demander justice pour Nahel, quelques heures après le décès de l'adolescent, sans savoir rien de ce qui s'était vraiment passé.
00:43Ou la députée Sandrine Rousseau, dont le premier souci est de lutter contre la récupération de cette affaire par l'extrême droite.
00:50La même n'avait aucun problème la semaine dernière à qualifier les viols de Mazan de faits de société et à réclamer une prise de conscience collective à l'occasion du procès.
00:59Vous savez ce que disait La Fontaine, selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
01:06Et bien aujourd'hui c'est l'inverse, selon que vous soyez blanc ou racisé, votre crime méritera ou pas d'être récupéré.
01:13Pourtant Eugénie, le risque de récupération autour de cette affaire philippine, il existe bel et bien.
01:18Et alors j'ai envie de vous dire, il n'est pas choquant que les politiques se saisissent d'un sujet qui émeut la société tout entière pour faire évoluer la loi, changer les mentalités ou améliorer leurs actions.
01:27Ça arrive souvent de l'affaire Pierre Palmade à l'affaire Duhamel. La gauche d'ailleurs le fait tout le temps.
01:32Il y a quelques jours, l'affaire Pellicot était l'occasion pour les féministes de faire le procès du patriarcat.
01:37Alors oui, on peut déplorer que dans une France archipélisée aujourd'hui, chacun à gauche ou à droite réserve sa compassion pour les victimes qui servent son agenda.
01:45Mais remarquons tout de même qu'il n'y a que les affaires impliquant des délinquants issus de l'immigration qui suscitent ce procès en récupération.
01:52Souvenez-vous, après les manifestations qui avaient suivi la mort de George Floyd, Christophe Castaner, alors ministre de l'Intérieur, avait excusé les casseurs par cette phrase
02:01« L'émotion dépasse les règles juridiques ». Après les morts de Lola, de Thomas, de Philippine, rien n'a été cassé.
02:09Mais on demande aux Français de contenir leur émotion.
02:12Mais que répondez-vous aux féministes qui disent que ce n'est pas un problème d'insécurité mais de masculinité ?
02:18Ah oui, on a entendu beaucoup de choses ces jours-ci, par exemple la féministe Alice Coffin qui nous dit « ce n'est pas un problème d'OQTF mais un problème de masculinité ».
02:25Alors je veux bien, mais il y a quand même un paradoxe. Les féministes considèrent qu'il existe encore dans notre société progressiste, qu'il y a 40 ans de révolution féministe derrière elle, une culture du viol.
02:35Mais elles ne voient aucun problème à faire entrer dans notre pays chaque année des milliers de migrants isolés, des hommes précaires, souvent traumatisés et issus de cultures encore plus patriarcales que la nôtre.
02:45Elles qui traquent le patriarcat dans les dessins animés ne voient pas la violence systémique envers les femmes que constitue une justice défaillante avec les récidivistes.
02:54Elles qui veulent lutter contre les stéréotypes de genre à la maternelle abandonnent le premier droit des femmes, celui de circuler librement et en sécurité dans la rue.
03:04Il faudrait peut-être retrouver le sens des priorités et ouvrir enfin les yeux.
03:09Signature Europe 1, Eugénie Bastier. Merci beaucoup Eugénie.