"C'est comme un massacre qui n'arrête pas": Maya Chams Ibrahimchah, libanaise, témoigne en direct du Liban

  • il y a 4 heures
Maya Chams Ibrahimchah, libanaise et présidence d'une association caritative témoigne des conséquences des frappes israélienne au Liban, au quotidien. 

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Transcription
00:00Bonjour, merci d'être avec nous. Vous êtes libanaise, vous êtes aussi présente d'une association caritative qui s'occupe des réfugiés du Sud.
00:06Racontez-nous, vous habitez Beyrouth, racontez-nous ces dernières heures.
00:11C'est absolument catastrophique. Alors on parle de 211 319 réfugiés qui sont arrivés en l'espace d'une nuit à Beyrouth.
00:20C'est des gens qui ont quitté le Sud avec juste les avis qu'ils portaient, donc ils n'ont même pas eu le temps de se préparer.
00:27Ils ont passé 19 heures en voiture, en moyenne, alors que le chemin, le trajet en général ne prend pas plus que 45 minutes.
00:34Ce qui se passe au Liban, malheureusement, est absolument atroce. Il y a un silence total autour de nous.
00:41C'est comme un massacre qui continue, qui n'arrête pas et qui, malheureusement, les seules victimes de ce massacre,
00:49ce sont les populations libanaises de toutes les nationalités, de toutes les confessions, de toutes les communautés et de toutes les confessions.
00:56Ils payent le prix très fort. Aujourd'hui, plus de 200 000 personnes sont divisées entre 341 écoles à travers Beyrouth.
01:05Ce sont des écoles publiques. Donc encore une fois, on a l'éducation au Liban, qui est principalement francophone, qui paye le prix.
01:12Donc là, j'en profite pour lancer un petit message au Quai d'Orsay d'essayer de trouver une solution pour le long terme.
01:18Un autre grand problème que nous avons, c'est que les familles qui sont installées aujourd'hui dans les écoles n'ont pas de lit.
01:24Ce sont des écoles, donc elles ne sont pas équipées pour recevoir des familles.
01:29Donc il n'y a pas de lit. Il n'y a pas de nourriture. Il y a un grand problème d'hygiène parce qu'il n'y a que des toilettes pour enfants.
01:34Il n'y a pas de douche. La population est mobilisée à 100 % pour aider tout le monde.
01:40Il y a un sens de solidarité qui est absolument exceptionnel.
01:44Vous savez que le peuple libanais est un peuple têtu, qui adore sa terre, qui est très attaché à sa terre et qui ne lâchera jamais un mètre carré de sa terre.
01:52Donc on est tous là. On s'entraide pour nous en sortir.
01:54Mais les frappes d'hier ont été, si vous voulez, le coup de massue.
01:58Parce que déjà, le gouvernement, qui depuis dix mois est prévenu qu'il va y avoir une frappe, n'était pas prêt,
02:04n'a rien fait pour recevoir éventuellement, en cas de frappe, toutes ces familles, toutes ces populations.
02:10Et donc voilà, on a été pris d'assaut par des milliers de personnes qui arrivent dans Beyrouth.
02:16Et suite à la frappe d'hier, il ne reste plus aucun endroit pour recevoir toutes les familles qui ont dû quitter la banlieue de Beyrouth,
02:22qui a été très lourdement touchée hier par les bombardements incroyables, sauvages.
02:28Il n'y a même pas de mots pour expliquer ce qui s'est passé hier.
02:31Et pendant que vous nous parlez, on voit en direct ces images à Beyrouth de cette fumée au-dessus de Beyrouth.
02:36Certains ont choisi de partir, notamment d'aller se réfugier dans les montagnes.
02:39Est-ce que vous vous sentez toujours suffisamment en sécurité aujourd'hui pour rester à Beyrouth ?
02:45Nous devons rester à Beyrouth. Je suis présidente d'une association aujourd'hui qui s'occupe de milliers de familles du Hakkar,
02:52l'extrême nord du Liban, à l'Abeka.
02:54Nous avons aussi des familles, on a quatre grandes écoles desquelles on s'occupe.
03:00On a une autre école à Damour qui est au début, début du sud.
03:04Donc je ne peux pas quitter toutes ces familles et on doit travailler.
03:09Personne n'a aujourd'hui le luxe d'aller se cacher et d'attendre que ça passe.
03:14Votre réaction à la mort d'Hassan Nasrallah, vous êtes extrêmement inquiète, vous craignez des représailles ?
03:23Je ne peux pas parler au nom de Bet el-Baraka parce que ça c'est un sujet politique.
03:26Mais à titre personnel, ce n'est pas quelque chose que je crains.
03:31C'est quelque chose que nous ne pouvons pas commenter maintenant parce qu'on ne sait pas comment la rue chiite va réagir.
03:37C'est sûr que tous ces gens, les partisans du fast-food sont maintenant en deuil.
03:43Qui va profiter de ce deuil à niveau international ?
03:47On va voir comment les choses vont se répercuter sur les autres parties du Liban.
03:54Reste à voir, c'est trop tôt pour juger, trop tôt.

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