Israël a annoncé ce samedi 28 septembre avoir tué le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah dans une frappe la veille sur la banlieue sud de Beyrouth. Les autorités européennes recommandent aux compagnies aériennes d'éviter les espaces aériens du Liban et d'Israël.
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00:00Vous parlez des conditions de sécurité, parlons surtout de celles des milliers de réfugiés
00:03qui ont rejoint la capitale Beyrouth, qui ont fui les bombardements dans le sud
00:09et même dans la région de Dahrké, la banlieue sud de Beyrouth,
00:12qui est pilonnée sans relâche depuis le début de la semaine
00:14et surtout depuis hier après la mort d'Assad Nasrallah.
00:16Et bien ces réfugiés sont pour la plupart accueillis dans des écoles
00:20qui ont été fermées, réquisitionnées, transformées en centres d'hébergement d'urgence,
00:24c'est-à-dire que chaque classe est transformée en chambre de fortune
00:27et on sent toujours qu'il y a des matelas au sol pour accueillir toute la famille.
00:31Ce soir, ce que nous avons pu observer, c'est que chaque école a devant sa grille
00:37un camion rempli de soldats, rempli de soldats libanais prêts à défendre toute intrusion
00:41parce que la population libanaise est un cran comme jamais elle ne l'a été
00:45après la disparition du leader du Hezbollah.
00:48Un camion de militaire devant chaque école
00:50et puis aussi des camions de militaire devant les quartiers chiites
00:53où on pourrait craindre des débordements, je m'explique.
00:56On a pu se rendre dans le quartier d'Arié, c'est la banlieue sud, le fièvre du Hezbollah,
01:01interdit à la presse étrangère.
01:02On a pu s'y rendre quelques instants aujourd'hui avec Juan Palencia à la caméra
01:07et ce qu'on a pu apercevoir, c'est un quartier quasiment déserté par ses habitants.
01:12Seuls ne restent des hommes, des hommes qui rôdent en scooter.
01:17Quand je dis rôdent, c'est parce qu'ils regardent qui entre et qui sort et ils scrutent
01:20pour voir s'il n'y a pas des étrangers parce qu'ils sont, il faut bien le dire,
01:23paniqués, paranoïaques par rapport évidemment aux nombreuses frappes très ciblées
01:27de la part de l'armée israélienne, frappes qui ont tué hier soir Hassan Nasrallah.
01:33Les habitants qu'on a pu rencontrer dans d'autres quartiers,
01:35parce que là, ce dont je vous parlais était impossible pour nous d'échanger avec ces habitants-là.
01:40Dans d'autres quartiers où la situation était un petit peu plus calme,
01:44on a pu échanger avec des habitants qui venaient de Darié,
01:47qui avaient fui la nuit dernière les bombardements
01:49et qui s'étaient abrités dans d'autres quartiers de la ville.
01:52Ce qu'ils nous disent, ayant appris la mort d'Hassan Nasrallah,
01:55c'est que c'était évidemment pour eux quelque chose de très triste.
01:58Certains nous disaient par exemple qu'Hassan Nasrallah était celui qui leur avait rendu leur fierté.
02:04Pourquoi ils disent ça ?
02:04Parce qu'à Hassan Nasrallah, à la tête du Hezbollah,
02:06il a permis à certaines personnes, certaines familles de la communauté chiite en grande partie
02:10d'avoir accès à des écoles, à des hôpitaux, parfois même à du travail
02:14parce qu'il faut bien le dire ici, depuis le Liban,
02:17le Hezbollah est plus qu'un mouvement militaire considéré comme terroriste par la France et par l'Union Européenne,
02:22il est aussi, il faut le dire, ce mouvement,
02:24un mouvement qui permet à des familles de vivre et ça structure leur vie quotidienne.
02:29Donc évidemment, elles, elles ont, ces familles, elles ont tout perdu.
02:31Elles ont perdu leur leader, celui qui leur donnait de la force
02:35et elles ont perdu pour certaines, tout simplement, leur stabilité, si on peut en parler ainsi.
02:40Et c'est comme ça que certains nous en parlent.
02:42Et je vous traduis ce qu'ils nous disent, même si ça peut paraître dérangeant,
02:44c'est comme ça que certaines personnes voyaient ce leader.
02:47Et d'autres, d'autres, ces hommes qui abordent des t-shirts noirs,
02:51qui ont la tenue que revêtent les partisans du Hezbollah,
02:55ces hommes qui avaient le regard noir, que l'on a vu pleurer,
02:58que l'on a vu frapper sur leur voiture, frapper contre des grilles
03:01lorsqu'ils ont appris la confirmation de la mort de leur leader,
03:04et bien ces hommes nous disaient, pour certains, leur détermination à éventuellement se battre,
03:09à éventuellement vouloir se venger, c'était un esprit de vengeance qui dominait.
03:13Voilà pour ces témoignages que l'on a recueillis.
03:15Mais il faut bien le dire, ici à Beyrouth, la communauté est très divisée.
03:19Et certes, la majorité chiite est en soutien du Hezbollah,
03:23en tout cas pour les personnes qu'on a rencontrées.
03:24Mais il y a évidemment beaucoup de personnes, beaucoup de Libanais,
03:27qui, eux, ne rejoignent pas l'idéologie du Hezbollah, ne veulent pas l'escalade militaire,
03:31ne veulent pas de la guerre totale entre le Liban et Israël.
03:34Et certains nous disaient à demi-mot, parce qu'il y a beaucoup de tensions ici à Beyrouth,
03:37nous disaient à demi-mot être soulagés par la mort d'Assad Nasrallah.
03:40Pourquoi ? Parce qu'Assad Nasrallah, excusez-moi,
03:43c'est celui qui, dès le 8 octobre, au lendemain du 7 octobre,
03:45a lancé l'offensive du Hezbollah avec ses roquettes en direction du territoire israélien.
03:51Et donc, beaucoup de Libanais avec qui on échange nous disent évidemment
03:55refuser l'emprise d'Assad Nasrallah et du Hezbollah sur leur pays
03:59et donc être soulagés en espérant peut-être une désescalade qu'ils appellent de leur vœu.