Titre emprunté au très bon livre de la productrice de France Culture Géraldine Mosna-Savoye, "La force du mou". Quoi de plus mou en effet que ce discours ?
L'édito Politique dans le 7/9 par Patrick Cohen (7h43 - 2 Octobre 2024)
Retrouvez toutes les chroniques de Patrick Cohen sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00L'édito-politique Patrick Cohen, Michel Barnier ou la force du mou ?
00:05Titre emprunté au très bon livre de la productrice de France Culture, Géraldine Mosnassavoy,
00:09« La force du mou », quoi de plus mou en effet que ce discours languissant, sans souffle,
00:15sans la moindre envolée, sans esbroufe certes, mais sans aspérité ni annonce de réforme,
00:19parce que désireux d'apaiser, de ne pas déplaire, un programme sans perspective ni
00:23échéance, d'un chef qui le restera, a-t-il dit au député, aussi longtemps que vous
00:27le déciderez, chef d'une majorité sans majorité, qui lui parle sans être applaudi,
00:32sauf sur les bancs et l'air, étrange spectacle, a-t-on déjà vu un Premier ministre laisser
00:36une telle impression de solitude et de fragilité pour sa séance inaugurale ?
00:40Oui, d'autant qu'il n'a pas été épargné par les colibés.
00:43Elisabeth Borne et Gabriel Attal ayant subi le même sort, plus personne ne s'émeut
00:47de ce ourvari permanent, entretenu par un petit groupe de vociférateurs insoumis, climat
00:53pourtant insupportable et scandaleux, le Parlement comme lieu de représentation du débat public
00:57ne devrait pas ressembler à une arène électrisée où personne ne s'écoute, où il est devenu
01:02réellement difficile de s'entendre, le niveau sonore de l'hémicycle est bien supérieur
01:07à celui restitué à la télévision, l'Assemblée ne devrait pas tolérer sa bordélisation.
01:13Cela dit, dans ce tumulte, Michel Barnier est resté impassible, stratégie de l'hédredon,
01:17du relâchement face à la tension, du calme contre l'énervement, la force du mou.
01:22Mais vous le trouvez peu courageux, Barnier ?
01:24Non, il ne s'agit pas de la mollesse qui s'oppose à la vigueur ou à la fermeté,
01:28mais de celle qui est contraire à la rigidité, émoue celui qui ne veut pas forcément imposer
01:33ses choix, mais appelle au dialogue, à la concertation, au compromis, à l'écoute
01:36du terrain, ce que le Premier ministre a promis d'un bout à l'autre de son discours,
01:40redonnant la main aux partenaires sociaux sur l'assurance-chômage, ouvrant la voie
01:44à des aménagements, à la réforme des retraites, lançant une réflexion sur la proportionnelle,
01:49relançant le dialogue sur la fin de vie, étudiant l'idée d'une « journée nationale
01:53de consultation citoyenne ». L'avenir dira si c'est de l'impuissance, une façon
01:58de gagner du temps, de bâtir un consensus mou ou un réel changement de méthode, d'autant
02:03que sur le plan budgétaire et fiscal, le propos était aussi flou que mou.
02:08Mais quelle que soit la bonne volonté du Premier ministre, il y a quelque chose de
02:11pathétique dans les postures qui ont accueilli son discours, dans la façon de refuser dialogue
02:17et compromis à celui qui dit les érigés, en principe de gouvernement, qu'il est doux
02:22et facile, qu'il est doux d'être dur avec les mous.
02:24Et ça nous rappelle, Patrick Cohen, comme hier, une citation de Pierre Dac.
02:28Oui, puisque le « mou », c'était le nom du pseudo-parti que l'humoriste avait lancé
02:32pour la présidentielle de 65 mous comme « mouvement ondulatoire unifié », dont le slogan était
02:37justement « les temps sont durs, votez mou ».