La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon était l'invitée de "Tout le monde veut savoir", ce mercredi 2 octobre. Elle évoque la situation au Proche-Orient, le report de l'augmentation des pensions de retraite ou encore la "méthode Barnier". Cela au lendemain du discours de politique générale du Premier ministre devant l'Assemblée nationale, et alors que l'armée israélienne a engagé des combats contre le Hezbollah dans le sud du Liban.
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00:00Alors que l'invité du jour, la porte-parole du gouvernement, arrive sur ce plateau, bonsoir Maude Bréjon.
00:07Bonsoir Benjamin Duhamel.
00:09Merci d'être avec nous ce soir dans Tout le monde veut savoir.
00:11On va parler dans un instant de ce qui a été annoncé par le Premier ministre hier.
00:14Beaucoup de choses sont encore très floues à préciser sur les impôts sur l'immigration,
00:17mais d'abord sur la situation internationale au lendemain de l'attaque iranienne sur Israël.
00:21L'Elysée a fait savoir hier soir que la France avait mobilisé des moyens militaires au Moyen-Orient
00:25pour parer la menace iranienne.
00:28Est-ce que ça signifie concrètement que la France a intercepté des missiles, a envoyé des avions pour aider Israël à se défendre ?
00:34D'abord la France a redit sa ferme opposition et a condamné de façon unanime et sans équivoque les attaques de l'Iran contre Israël.
00:43Et moi je vous le dis, il faut que ces attaques cessent.
00:46L'Iran se rend coupable de l'escalade dans la région.
00:50Les pertes civiles sont dramatiques et la France et le Président de la République, le chef de l'État,
00:55se placera toujours du côté de la désescalade.
00:58On ne renie pas et on affirme le droit d'Israël à se défendre.
01:01On sera à ses côtés pour les détails concernant les moyens armés.
01:04Mais donc vous aidez Israël ?
01:06Je vous renverrai vers le ministre des Armées Sébastien Lecornu.
01:09Et c'est de sa responsabilité de se prononcer et de s'exprimer sur la question.
01:14Moi ce que je veux vous dire, c'est qu'on se place du côté de la désescalade et du dialogue politique.
01:20Vous savez la diplomatie, c'est difficile, c'est exigeant.
01:24Ça ne fonctionne pas toujours, on l'a vu.
01:25Parfois on a fait des appels au cessez-le-feu qui n'ont pas été entendus.
01:29Mais c'est la seule voie de sortie possible.
01:31Il n'y a pas d'avenir dans la région si on continue dans cette escalade-là.
01:35Vous dites la diplomatie, c'est difficile.
01:37Je voudrais qu'on s'arrête un instant sur la façon dont la diplomatie française
01:40a réagi à la suite de l'élimination du leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, par Israël.
01:45La vérité, c'est qu'il n'y a pas eu de réaction française.
01:47Là où le président américain, Joe Biden, a parlé d'une mesure de justice.
01:50Là encore, une question très précise.
01:52Est-ce que vous, comme porte-parole du gouvernement,
01:53vous portez la voix de la France dans les médias ?
01:56Est-ce que vous vous félicitez de l'élimination du leader du Hezbollah par l'État d'Israël ?
02:03Mon rôle n'est pas de nous féliciter.
02:06Mon rôle, c'est de dire que la France ne nie pas le rôle qui a été celui du Hezbollah
02:12de façon extrêmement délétère, ne nie pas les attaques…
02:16Délétère, notre région, le mot est faible.
02:18Ne nie pas les attaques terroristes qui ont été perpétrées par la branche armée du Hezbollah,
02:23qui ont fait souffrir certains de nos concitoyens
02:26et qui ont fait profondément du mal, notamment au Liban.
02:29Mais ce n'est pas notre rôle de se féliciter ou de ne pas se féliciter.
02:32Quand le président américain dit que c'est une mesure de justice,
02:34est-ce que vous considérez que c'est une mesure de justice
02:36que le leader du Hezbollah qui a fait couler du sang français
02:39les attentats du Draka ait été éliminé ?
02:42Encore une fois, on ne met pas sous le tapis la responsabilité du Hezbollah dans la région.
02:48Ce que je vous dis, c'est que le rôle du chef de l'État,
02:50c'est de tout faire pour travailler à la désescalade dans la région.
02:53Et qu'il n'y ait pas un mot sur l'élimination d'Assad Nasrallah de la diplomatie française,
02:56est-ce que c'est normal ?
02:56Notre rôle, c'est de tout faire pour assurer la désescalade
03:00parce que derrière, ce sont des civils, ce sont des civils,
03:03ce sont des femmes et des hommes qui meurent là-bas.
03:06Et nous avons perdu des ressortissants français sur place.
03:09Vous le savez, vous en avez probablement parlé.
03:11Notre rôle, c'est de travailler à cette diplomatie sur place.
03:16Vous savez, le chef de l'État, Emmanuel Macron,
03:18est aujourd'hui le seul à pouvoir parler avec toutes les parties dans la région.
03:23On a un rôle…
03:24Dans l'Hezbollah ? C'est parce que la France parle d'Hezbollah
03:26que vous n'avez rien dit sur l'élimination d'Assad Nasrallah ?
03:29Ce n'est pas ce que je dis.
03:30Ce que je dis, c'est que la France a un rôle central sur place en matière de diplomatie
03:34et que c'est ça qu'on joue aujourd'hui.
03:36Maud Bréjon, on en sait désormais un peu plus sur l'effort pour redresser les finances publiques.
03:40Le gouvernement qui a annoncé que l'indexation des retraites sur l'inflation
03:44sera reportée du 1er janvier au 1er juillet.
03:46Très concrètement, ça veut dire que les pensions de retraite
03:48ne seront pas indexées pendant six mois.
03:51C'est donc les retraités qui vont payer pour les économies ?
03:54Pourquoi ? Ce sont des privilégiés, les retraités ?
03:56Non, les retraités ne sont pas des privilégiés.
03:59Vous les faites payer ?
04:00Pardonnez-moi, regardons deux petites secondes la situation.
04:04On a une situation budgétaire qui n'est pas inquiétante, qui est grave.
04:09On va dépasser les 6% de déficit.
04:11C'est-à-dire qu'on est le deuxième plus mauvais élève de l'Europe après l'Italie.
04:15On a le choix.
04:16Soit on accepte d'avoir un budget de redressement et de redressement massif,
04:22soit on laisse filer le déficit.
04:24Moi, je pense qu'on est tous d'accord pour dire aujourd'hui qu'il y a urgence à agir.
04:28Et je voudrais dire deux mots sur ce qui se passerait si on ne fait rien.
04:32Oui, mais Maud Bréjon, je sais que l'exercice de porte-parole
04:34est un exercice compliqué, en particulier dans la situation.
04:36Mais là, ma question très précise est sur la question des retraités.
04:39Ceux qui nous regardent ont appris aujourd'hui,
04:41les retraités qui nous regardent, que leur pension de retraite
04:43ne serait pas indexée pendant six mois.
04:45Je vais vous répondre.
04:46Pas indexée sur l'impression.
04:47Je vais vous répondre, Benjamin Duhamel.
04:48Comment expliquez-vous le fait que vous faites porter à ces retraités
04:51une partie du poids des économies qui sont à faire ?
04:53Ce que je vous dis, c'est que le premier levier qu'on utilise,
04:56c'est la réduction des dépenses.
04:58Vous l'avez vu, on est à expliquer que l'effort nécessaire total,
05:03c'était d'économiser 60 milliards.
05:0560 milliards.
05:06Sur ces 60 milliards, 40 milliards passeront par une réduction des dépenses.
05:09Et vous savez, ce sera difficile,
05:11parce que ce n'est pas évident de réduire les dépenses.
05:12Et donc, les retraités ?
05:13Ensuite, on demandera à certaines catégories de population des efforts.
05:19On ne désindexe pas, c'est très important,
05:22on ne désindexe pas les retraites sur l'inflation.
05:24D'ailleurs, c'était une promesse de campagne
05:27que nous avons formulée auprès de nos électeurs.
05:28Pendant six mois, ces pensions ?
05:30Nous décalons, nous décalons effectivement de six mois
05:33l'indexation des retraites sur l'inflation.
05:35Pardon, mais ça veut dire que pendant six mois,
05:38elles n'augmenteront pas avec l'inflation ?
05:39On demande des efforts à tout le monde.
05:41On ne peut pas uniquement…
05:42Et donc, ça veut dire qu'un retraité qui touche 1200-1300 euros par mois,
05:47pendant six mois, sa pension ne sera pas indexée sur l'inflation.
05:51Est-ce que vous considérez que dans la justice des efforts réclamés
05:54aux uns et aux autres, il est juste que les retraités,
05:56notamment les plus modestes,
05:58soient en quelque sorte touchés par ces efforts que vous demandez ?
06:01D'abord, je considère que c'est très difficile
06:04et que c'est un budget qui sera à bien des égards très difficile.
06:07Il y aura ensuite d'autres sujets.
06:08Ensuite, ce que je voudrais vous dire, c'est qu'en France,
06:11l'année dernière, les pensions de retraite ont augmenté
06:15davantage que le salaire des actifs.
06:18Les pensions de retraite ont été revalorisées en début d'année dernière,
06:22enfin en début 2024, de 5,3%.
06:26D'accord ? 5,3%.
06:28C'était la revalorisation en début de cette année.
06:31En moyenne, les salaires ont augmenté de 4,2% dans 70% des entreprises.
06:36Donc vous dites que les retraités sont déprivilégiés
06:37et c'est pour ça qu'on les fait payer.
06:39Non, je vous dis, mais n'essayez pas de me faire dire
06:41des caricatures que je ne pense pas.
06:43J'essaie de traduire ce que vous dites.
06:44Je vous dis que c'est d'abord un rééquilibrage
06:47entre l'augmentation qu'on observe des pensions de retraite
06:50et l'augmentation du salaire des actifs.
06:51Et ensuite, je ne peux pas faire autre chose
06:54qu'assumer que c'est un budget qui sera très difficile.
06:59Vous ne pourriez pas par exemple épargner les retraités les plus modestes ?
07:01On aura l'occasion de discuter, encore une fois, je vais vous dire.
07:03Donc c'est une piste ?
07:05La méthode Barnier, c'est qu'on assume de ne pas arriver
07:08avec des solutions qui soient fixées, figées,
07:11sur lesquelles nous n'accepterions aucune discussion.
07:14La méthode Barnier, c'est l'écoute, c'est la lucidité et c'est le pragmatisme.
07:18C'est aussi le respect du Parlement.
07:20On dit rarement d'une méthode qu'elle n'écoute pas,
07:22qu'elle n'est pas lucide et qu'elle n'est pas pragmatique.
07:23Il y aura un débat qui se fera au sein du projet de loi de finances
07:27et c'est normal que le Parlement ait ce débat,
07:29c'est complètement constitutionnel.
07:31Mais encore une fois, j'en reviens à ce qu'est aujourd'hui la situation française
07:36avec plus de 3 000 milliards de dettes
07:39et le risque, pardonnez-moi, en deux mots,
07:42qui est qu'on devienne la Grèce de 2010.
07:44Et donc, vous demandez des efforts aux Français.
07:47Et donc, on va demander des efforts.
07:48Je voudrais qu'on avance, mot de Bréjon,
07:49pour vous interroger sur une autre annonce de Michel Barnier hier
07:52qui annonce la hausse du SMIC de 2% au 1er novembre.
07:55Est-ce que vous savez qui a dit la chose suivante ?
07:56Pourquoi seulement 2% d'augmentation du SMIC
07:59sans augmenter à 1 600 euros position irresponsable de la gauche extrême ?
08:02Nous pourrions demander de faire plus en discutant avec le patronat.
08:05Ouvriers, employés, salariés doivent être davantage soutenus.
08:07Oui, c'est Gérald Darmanin, je le sais.
08:08Je crois savoir que vous étiez proche politiquement de Gérald Darmanin.
08:13Bon, ce n'est pas un gauchiste, Gérald Darmanin.
08:14Là, il est en train de dire que 2%, franchement, ce n'est pas assez.
08:17Vous savez, moi, j'adorerais annoncer qu'on augmente le SMIC de 10%,
08:20Benjamin Duhamel.
08:21Je vous promets que ce serait plus facile.
08:23Vraiment.
08:24J'aimerais qu'on ne touche pas aux pensions de retraite.
08:26J'aimerais qu'on ne touche pas aux plus fortunés.
08:27J'aimerais qu'on ne touche pas aux entreprises,
08:29qu'on puisse ne pas réduire la dépense.
08:31Mais on a une situation qui est face à nous aujourd'hui.
08:35Et donc, qu'est-ce qu'on fait, en fait ?
08:38Là, c'est les entreprises qui payent le SMIC, ce n'est pas l'État.
08:39Est-ce qu'on choisit de redresser la barre
08:44ou est-ce qu'on choisit de laisser filer le déficit ?
08:46Là, ça reviendra avec le déficit, le SMIC,
08:47puisque c'est les entreprises qui payent si le SMIC augmente.
08:49Mais on demande des contributions à tout le monde.
08:51Et je pense que les Français, pour le coup, trouvent ça parfaitement normal.
08:55Et en même temps, on ne fait pas des promesses
08:57qu'on ne saurait pas tenir de main
08:58ou qui entraîneraient le pays dans un chaos économique.
09:01C'est aussi ça, la responsabilité.
09:02Vous savez la grande force de Michel Barnier ?
09:05C'est qu'il n'a rien à gagner, qu'il n'a rien à perdre.
09:07Michel Barnier, il a 73 ans, il aurait pu rester chez lui.
09:10Il décide de relever le gant.
09:11Il le fait, je crois, avec un style qui est à lui,
09:15qui fait du bien et il fait preuve de courage.
09:19Alors, un style qui fait du bien.
09:21Je ne suis pas sûr que Gabriel Attal,
09:22le président de groupe d'Ensemble pour la République,
09:25pense exactement la même chose.
09:26Regardez cet échange, c'était hier à l'Assemblée nationale,
09:29en fin de journée, après les discours à l'Assemblée nationale.
09:31Écoutez.
09:33Monsieur Attal, je serai très attentif à vos propositions d'économie supplémentaire.
09:41Très attentif pour faire face à un déficit
09:47que j'ai trouvé en arrivant.
09:50Sympa. Bonne ambiance, comme disent les jeunes.
09:53Vous dites, le style Barnier, c'est formidable.
09:55Vous pensez que Gabriel Attal pense la même chose ?
09:56Je pense que Michel Barnier prend le temps d'écouter
10:00et de respecter l'ensemble des groupes parlementaires.
10:03Après, on va se dire les choses.
10:05Il y a un tacle à votre bilan.
10:06Vous étiez parlementaire avant votre gouvernement.
10:08Michel Barnier dit quelque chose de très factuel.
10:10Il dit qu'il est Premier ministre depuis une vingtaine,
10:15et qu'il a à gérer une situation budgétaire.
10:18Il insiste sur le déficit qu'il a à gérer et que Gabriel Attal lui a laissé.
10:21Il propose à la famille politique dont je fais partie de faire des propositions.
10:27Je vous assure que le groupe EPR, je n'ai aucun doute là-dessus,
10:31sera amené à faire des propositions.
10:33Vous voyez bien la pique.
10:35Je vais faire un peu de langue de bois,
10:37mais là vous voyez bien que ce n'est pas un mot extrêmement sympathique de la part de Michel Barnier.
10:41Je ne vais pas commenter les échanges les uns avec les autres.
10:43Après, vous avez raison sur une chose,
10:45c'est que la colocation avec les Républicains,
10:49elle n'est pas évidente et elle n'est pas limpide.
10:53Parce qu'on a besoin, on a besoin,
10:55on a besoin d'apprendre à s'apprivoiser en fait.
10:59Vous savez, ça fait sept ans maintenant qu'on s'affronte lors des élections,
11:04qu'on a des divergences, qu'on n'est pas d'accord surtout au sein de l'Assemblée nationale.
11:07Parfois on est d'accord, parfois on n'est pas d'accord.
11:09Et donc, il y a un temps de rodage.
11:11Vous savez, je regardais, vous avez sorti un sondage, si je ne me trompe pas,
11:15je peux en parler en plateau, il est public,
11:17et là pour BFMTV,
11:19qui disait que plus d'un Français sur deux était satisfait des premiers pas de Michel Barnier
11:24et que presque neuf Français sur dix,
11:28au sein des électeurs de Renaissance et des Républicains,
11:31étaient également satisfaits des premiers pas de Michel Barnier.
11:33Ça veut dire quoi ?
11:34Ça veut dire exactement ce qu'on entend dans nos circonscriptions,
11:36à savoir que les gens veulent que ça marche et qu'on s'entende.
11:40Merci beaucoup Maude Bréjon, porte-parole du gouvernement,
11:42d'avoir été l'invité de Tout le monde veut savoir.