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L’économie iranienne semble prise au piège : fuite des capitaux, exil des cerveaux, monnaie dépréciée. Le taux de change est tombé de 1 dollar pour 10 000 rials à 40 000 entre le début des sanctions et aujourd’hui, soit une division par 4. Il s’agit du taux officiel. Il en existe un autre, le taux libre, 15 fois inférieur environ. Corolaire de cette dégringolade, le pays est en hyper-inflation depuis fin 2018. Autre tâche dans ce tableau conjoncturel, un taux de chômage des jeunes au-dessus de 20%, et un commerce extérieur devenu déficitaire avec la chute des exportations. [...]

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00:00L'économie iranienne semble prise au piège.
00:11Fuite des capitaux, exil des cerveaux, monnaie dépréciée…
00:15Le taux de change est tombé de 1 dollar pour 10 000 reals à 40 000 depuis le début des sanctions, soit une division par 4.
00:21Il s'agit du taux officiel.
00:23Il en existe un autre, le taux libre, 15 fois inférieur environ.
00:27Corollaire de cette dingue argolade, le pays est en hyperinflation depuis fin 2018.
00:32Autre tâche dans ce tableau conjoncturel, un taux de chômage des jeunes au-dessus de 20%
00:37et un commerce extérieur devenu déficitaire avec la chute des exportations.
00:41Mais établir un état des lieux, d'un état qui s'est construit dans les sanctions occidentales depuis près de 15 ans,
00:46hormis la parenthèse de 2016-2018, ne peut se réduire à l'alignement d'indicateurs conjoncturels.
00:53Il demande de s'immerger dans les fondamentaux du pays.
00:57En premier lieu, sa démographie.
00:59Quatre points sont à retenir.
01:00Avec plus de 85 millions d'habitants, l'Iran fait partie du top 20 des pays les plus peuplés au monde
01:06et se situe à la deuxième place régionale entre l'Égypte et la Turquie.
01:10Sa population est jeune, près d'un iranien sur deux à moins de 30 ans,
01:14mais vieillit comme le révèle l'augmentation de l'âge médian de la population.
01:18En cause, la chute du taux de fécondité.
01:21Tombé à 1,7 enfants en moyenne par femme, il est inférieur au seuil de renouvellement des générations.
01:27Le niveau d'éducation de la jeunesse est un autre aspect méconnu.
01:30Le taux d'alphabétisation des 15-24 ans est proche de 99% chez les hommes comme chez les femmes.
01:37Le système éducatif iranien a développé des points forts dans les domaines de la mathématiques, de l'informatique, de la médecine.
01:44La traduction économique de ces différents éléments peut se formuler ainsi.
01:48L'Iran dispose d'un grand marché domestique, d'une population en âge de travailler importante et formée,
01:54donc d'un potentiel de croissance élevé et devra à terme gérer les problèmes inhérents liés au vieillissement de ses habitants.
02:01L'exploitation de ce dividende démographique a longtemps été une réussite.
02:05Un succès facilité par le gonflement des revenus pétroliers,
02:08mais aussi par les retombées économiques sur la croissance d'une rente pétrolière
02:13réinvestie dans le développement des infrastructures et dans celui d'une industrie manufacturière performante,
02:19concernant aussi bien les secteurs traditionnels, textiles, pétrochimie,
02:23mais aussi les IA, l'automobile, l'électronique grand public et l'armement.
02:27C'est le sens à donner à la progression rapide du PIB par habitant jusqu'en 2011.
02:32Le choc est alors brutal.
02:33Les sanctions occidentales font plonger la croissance, révélant l'extrême dépendance du pays aux marchés occidentaux,
02:39en tant que débouché pour son pétrole, en tant qu'investisseur, en tant que fournisseur d'équipements essentiels à son industrie.
02:48La détente partielle avec les États-Unis et l'UE pendant trois ans permet de stopper l'hémorragie.
02:52Mais contre toute attente, malgré le retour à une situation conflictuelle sous la présidence de Trump puis de Biden,
02:58la situation du pays s'améliore à nouveau.
03:01Une solidarité de circonstance s'est en fait développée entre pays sanctionnés.
03:05Et plus leur nombre augmente, moins les sanctions sont efficaces et participent à la mise en place d'une économie alternative.
03:12Il y a embargo sur le pétrole iranien.
03:15Qu'à cela tienne, le brut trouve preneur en Chine ou en Inde.
03:18Certes, les exportations de brut se situent loin de leur dernier pic, mais elles augmentent à nouveau depuis 2020.
03:25Les Occidentaux n'investissent plus en Iran.
03:28Qu'à cela ne tienne, les Russes les ont remplacés et sont devenus les premiers investisseurs du pays.
03:34Les sources occidentales d'approvisionnement se sont starées.
03:37Qu'à cela ne tienne, la Chine, la Russie, l'Inde et la Turquie se sont substituées et sont devenues les premiers fournisseurs du pays.
03:43Les entreprises ont été contraintes de réorganiser leur chaîne d'approvisionnement,
03:47mais les cadences de production sont remontées soutenant la croissance d'ensemble prévue en hausse de 3,3% cette année selon le FMI.
03:56L'économie iranienne a trouvé des parades pour éviter de sombrer.
04:00Mais l'horizon pourrait à nouveau s'assombrir avec l'affaiblissement de ses nouveaux partenaires.
04:05La Russie s'enlise dans son conflit avec l'Ukraine, la Chine vacille, la Turquie ralentit et l'Inde n'est pas un moteur assez puissant pour l'entraîner seule.
04:14L'économie iranienne pourrait se trouver assez vite dans une nouvelle impasse, sans issue de secours cette fois-ci.

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