L’Italie est un véritable modèle de succès à l’export à tel point qu’elle dispute désormais au Japon la quatrième place au palmarès des plus grands exportateurs mondiaux derrière la Chine, les États-Unis et l’Allemagne. Vu de France, c’est de la science-fiction. Hormis l’ampleur de la corruption et du travail au noir, comment un pays en déclin démographique, avec une faible population active, totalement dépendant des pays tiers en matière d’énergie, où la productivité stagne, en instabilité politique quasi permanente, qui doit composer avec l’inefficacité de son administration et de fortes disparités régionales, parvient-il non seulement à dégager un solde extérieur positif, mais à réaliser des excédents de plus de 60 milliards d’euros encore attendus en 2024, quand la France sera archi-déficitaire ? Sur les 10 dernières années, l’Italie s’est retrouvée une seule fois en négatif, en 2022, conséquence de la flambée des prix de l’énergie qui avait suivi le déclenchement de la guerre en Ukraine. La France, elle, n’a connu qu’une seule couleur : le rouge. [...]
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00:00L'Italie est un véritable modèle de succès à l'export, à tel point qu'elle dispute
00:15désormais au Japon la quatrième place au palmarès des plus grands exportateurs mondiaux
00:21derrière la Chine, les Etats-Unis et l'Allemagne.
00:25Vu de France, c'est de la science-fiction.
00:27Hormis l'ampleur de la corruption et du travail au noir, comment un pays en déclin
00:32démographique, avec une faible population active, totalement dépendant des pays tiers
00:38en matière d'énergie, où la productivité stagde en instabilité politique quasi permanente
00:44qui doit composer avec l'inefficacité de son administration et de fortes disparités
00:48régionales parvient-il non seulement à dégager un seul extérieur positif, mais
00:54des montagnes d'excédents, plus de 60 milliards d'euros encore attendus en 2024, quand
00:59la France sera archi-déficitaire.
01:01Sur les dix dernières années, l'Italie s'est retrouvée une seule fois en négatif,
01:06en 2022 conséquence de la flambée des prix de l'énergie qui avait suivi le déclenchement
01:10de la guerre en Ukraine.
01:11La France n'a connu, elle, qu'une seule couleur, le rouge.
01:16Derrière le miracle italien se cache une erreur de diagnostic et trois facteurs clés
01:20de succès.
01:21L'erreur, c'est de prendre la productivité en moyenne sur l'ensemble de l'économie.
01:25Pas de doute, elle stagne depuis le début des années 2000.
01:28Mais l'analyse est en partie faussée par la prévalence des petites voire micro-entreprises
01:34peu productives.
01:35Plus de 90% des entreprises comptent moins de 10 salariés.
01:38Or ce ne sont pas elles qui se déploient sur les marchés internationaux, mais bien
01:42plus les quelques 27 000 sociétés de moyenne et grande taille dont la productivité est
01:47élevée et qui sont très compétitives.
01:49Sa capacité à exporter, l'Italie le doit d'abord à un tissu industriel décentralisé,
01:56ancré dans le territoire et organisé sous forme de districts industriels.
02:00Agroalimentaires, bois meublement, cuir et chaussures, industries mécaniques, navales,
02:05il en existe environ 200, principalement entre le nord et le centre du pays.
02:10Le concept repose sur une collaboration compétitive d'entreprises, à la fois alliées pour
02:16répondre à une demande internationale complexe par exemple, tout en restant concurrentes
02:21sur d'autres marchés, concentrées sur une aire géographique donnée, avec une forte
02:25spécialisation sectorielle, parfois liée à l'identité culturelle et économique
02:30de la région, comme les districts de l'agroalimentaire de Parme, de Marbre, de Carrard, etc.
02:36Deuxième atout de l'Italie, la diversité de sa base exportatrice.
02:40L'indice de concentration des produits exportés, l'indice Erfinghall-Hirschman,
02:45établit dans quelle mesure les exportations d'un pays sont concentrées sur une poignée
02:49de produits, donc très dépendantes des conditions économiques des entourants.
02:53Plus l'indice est faible, plus la palette des exportations est large.
02:57Or l'Italie est le pays au monde avec le plus faible niveau de concentration des produits exportés.
03:03Technologie et modernisation, bien compris comme des incontournables de la compétitivité,
03:08forment le dernier élément-clé de succès.
03:11Malgré ses faiblesses en recherche et développement, l'Italie a misé sur la modernisation industrielle
03:16avec le programme Impressa 4.0, visant à robotiser et numériser ses usines.
03:22Ce niveau de robotisation, supérieur à celui de la France, la place à la troisième position
03:27mondiale pour le nombre de robots installés dans l'industrie alimentaire et quatrième
03:32dans la mécanique par exemple.
03:34Fiscalité favorable aux entreprises, salaires horaires compétitifs, mobilité des salariés,
03:41rôle des banques coopératives dans le soutien au PME sont autant d'autres atouts.
03:46À l'heure où tout le monde s'empare de la question de la réindustrialisation de la France,
03:50peut-être devions-nous poser notre regard ailleurs que sur la seule industrie allemande.
03:54L'Italie peut être aussi une source d'inspiration.
04:02L'Italie peut être aussi une source d'inspiration.