Débat sur le film : "Le procès du chien".
Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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00:00Le procès du chien de et avec Laetitia Doche, une avocate des causes perdues,
00:05accepte de défendre le chien d'un marginal joué par François Damien.
00:08L'animal a mordu à plusieurs reprises et toujours des femmes,
00:11et en a notamment défiguré une.
00:13Il doit donc être euthanasié, mais l'avocate veut le sauver
00:16et à travers lui peut-être réconcilier les humains et les animaux, cher Ava ?
00:21Eh ben c'est pas une mince affaire.
00:23Moi ce que j'ai trouvé assez malin de la part de Laetitia Doche,
00:26c'est que ce postulat farfelu, donc une avocate qui défend un chien
00:30et qui aimerait qu'il soit jugé comme n'importe quel autre justiciable,
00:33en fait elle prend ce postulat au sérieux.
00:35Elle n'essaie pas de tirer l'absurdité de la situation à l'extrême
00:39comme aurait pu le faire par exemple un Quentin Dupieux.
00:42En fait...
00:44J'adore Dupieux, vous le savez bien.
00:46Non mais pour Avril, ce procès n'est pas qu'une plaisanterie,
00:49parce qu'évidemment il bouscule beaucoup de choses chez elle,
00:52mais il met aussi sur la place publique tout un tas de questions de société,
00:55de questions philosophiques, de questions éthiques, morales,
00:57sur le statut de l'animal, mais plus globalement sur les rapports de domination,
01:01sur la misogynie intégrée, sur les maltraitances, la violence de notre époque.
01:05Et en fait elle se saisit de cette occasion, ce portrait, ce chien,
01:08pour raconter le portrait d'une femme...
01:12Comment ?
01:13Qui n'a pas trop confiance en elle, qui déborde beaucoup,
01:16qui a plein de convictions, mais comme elle le dit,
01:18qui n'arrive pas à parler comme elle est.
01:20Alors moi c'est une névrose que je partage,
01:22donc évidemment tout ça me parle beaucoup,
01:24et elle va voir de plus en plus qu'elle est soumise à tout un tas d'injonctions,
01:27et elle va essayer de déconstruire ces injonctions,
01:29et elle se voit, d'une certaine manière, en miroir de Cosmos,
01:33le chien qu'elle va défendre.
01:35Alors je ne vous ai pas ramené une scène du procès du chien,
01:37ça aurait été trop facile.
01:39Donc ce que je vous ai ramené, c'est une virée en voiture,
01:41en train d'essayer de nous charmer.
01:43Cosmos, ce chien charmeur, effectivement.
01:45L'éducateur canin, le comportementaliste canin,
01:48joué par Jean-Pascal Zadi,
01:50et Laetitia Doche, donc Avril.
01:52Alors ce qui m'intéresse dans cette séquence,
01:54c'est qu'on va essayer de chercher l'humanité de l'animal.
01:57Et par quoi elle va passer cette humanité ?
01:59Par l'appréciation de la musique.
02:02Et en fait ils ont un point commun,
02:04Marc, le dresseur et le chien,
02:06ils aiment Véronique Sanson.
02:22...
02:51Vous avez vu cette expression mêlée
02:53d'humour, de tendresse.
02:55C'est un condensé, je pense, de l'univers de Laetitia Doche.
02:58Cette séquence parle d'elle-même.
03:00Vous étiez charmé ?
03:01Oui, j'ai été charmé par ce film.
03:03Parce que c'est un film qui n'a pas l'air de...
03:05comme ça, qui a l'air un peu bordélique, un peu chaotique.
03:07C'est un film où elle ne fait pas sa maligne du tout.
03:10J'ai l'impression vraiment qu'elle filme ses scènes, ses situations.
03:13Et en même temps, elle veut mettre beaucoup de choses dedans.
03:15Et j'ai vu sans cesse quelqu'un qui cherchait une forme.
03:18Qui le dit dès le départ.
03:20Pour faire quelque chose qui soit un cinéma
03:22où, à la fois, elle pourrait faire de la comédie,
03:24parfois de la comédie burlesque.
03:26On voit François Damiens, par exemple, qui en fait des caisses dans le film.
03:28Et en même temps, elle pourrait trouver le moyen
03:30de parler de ses peurs,
03:32mais également des interrogations philosophiques
03:34qui vont l'intéresser.
03:35Il y a une scène, par exemple.
03:36À un moment donné, elle va au supermarché,
03:37elle va acheter à manger.
03:38Il y a un type qui arrive.
03:39Ça se peut faire bip-bip à ce moment-là.
03:40Et soudain, on l'entend et elle dit au type
03:42« Bon, ben, on ne peut pas se rencontrer,
03:44parce que si on se rencontre, à ce moment-là,
03:45je vais m'effacer pour toi. »
03:46Et c'est des petites choses comme ça.
03:48Ça n'a l'air de rien.
03:49Je trouve le film imparfait.
03:50Mais je trouve qu'il y a beaucoup de volonté
03:53d'essayer de tisser une forme
03:55pour faire quelque chose
03:56qui serait une sorte d'autofiction
03:58réfléchie, philosophique, sur le monde.
04:01On voit beaucoup d'autofictions dans le cinéma français.
04:03Mais j'ai l'impression qu'elle essaye
04:05de trouver ses propres moyens.
04:06Elle essaye d'inventer ses propres moyens.
04:08Je ne pense pas qu'elle les a complètement trouvés.
04:10Mais je trouve qu'il y a, en tout cas,
04:12quelque chose qui diffère.
04:14Ce qui est singulier, là-dedans.
04:15Ce n'est pas la première fois qu'on voit au cinéma
04:17la question du dressage d'un chien être central.
04:20Oui, alors, en effet, il y a une séquence.
04:22Je suis assez d'accord avec ce que dit Fred,
04:24dans l'ébullition,
04:26ça va un peu dans tous les sens.
04:27Il y a une séquence qui est presque reprise
04:29mot pour mot,
04:30enfin, très adaptée,
04:31de dresser pour tuer White Dog,
04:33le film de Samuel Fuller de 1982,
04:35qui était adapté de Romain Gary,
04:37où c'était un chien qui avait été dressé
04:40pour attaquer les Noirs.
04:42Et donc, pour le rééduquer,
04:44il était avec un dresseur noir
04:46qui, à un moment, lui dit
04:47« Il va falloir quand même que tu mettes du tien
04:49parce que si tu continues à être comme ça,
04:51on va te taser ».
04:53Et là, il y a la séquence exactement la même
04:55avec les femmes.
04:57Et c'est intéressant parce que
04:59ça renvoie aussi à la nature de filmer le chien.
05:02Parce que le chien, vous l'avez vu,
05:04dans cette séquence-là,
05:05c'est adorable.
05:06On a envie de le câliner, tout ça.
05:07En même temps, quand on voit...
05:09Il a mordu.
05:10Il a mordu, mais il a défiguré la femme.
05:13Ce n'est pas simplement une petite niaque.
05:16C'est vraiment horrible.
05:17Il attaque spécifiquement les femmes.
05:19Et donc, il y a quand même...
05:21Et il y a toujours ça.
05:22Le statut du chien au cinéma est passionnant.
05:24Il faudrait faire toute une émission.
05:25On pourrait convoquer Baxter,
05:26on pourrait convoquer Cujo,
05:27on pourrait convoquer...
05:29Même Benji Lamalis.
05:30Mais oui !
05:31On est allés jusqu'à Benji Lamalis.
05:33Il y a une ambivalence du chien
05:35qui, à mon avis, est très bien captée.
05:37Il est chelou, ce chien.
05:40Mais ce n'est pas la première fois.
05:41Il est chelou, mais il est complètement enfermé
05:43dans une forme qui se cherche trop.
05:45Et en effet, par-dessus le procès,
05:47il y a des bouts de comédie romantique.
05:49Moi, honnêtement, j'ai presque...
05:51Je n'adore pas les chiens, j'avoue.
05:52J'ai presque oublié le chien.
05:54C'est-à-dire qu'on ne le voit plus vraiment.
05:56Alors que Laetitia Dodge,
05:57c'est quelqu'un qui a bossé avec des animaux.
05:59On se perd sans cesse dans des débats.
06:01Elle a bossé avec des animaux,
06:02notamment au théâtre, plusieurs fois.
06:04J'ai vu, par exemple, une pièce...
06:06Alors, il y avait le cheval,
06:07qui était formidable.
06:08Après, il y a le truc du spectacle vivant, évidemment.
06:10On lâche un cheval sur une scène.
06:11On voit des images.
06:12C'est incroyable, parce qu'on ne sait pas
06:13ce qui va se passer.
06:14Et j'avais vu, pareil, un spectacle
06:16où elle était en marionnettiste.
06:17Elle faisait parler.
06:18Donc, on ne la voyait pas.
06:19Des corbeaux, au Festival d'Avignon.
06:21C'était un des trucs les plus drôles
06:22que j'ai jamais vus.
06:23Là, le vivant n'existe pas,
06:24parce qu'il est complètement neutralisé
06:26par le trop, trop plein de motifs,
06:28trop plein de formes de cinéma
06:30un peu classiques,
06:31qui viennent écraser ce pot de chien.
06:33Moi, je n'ai pas vu le chien.
06:35Trop problématique sociale.
06:37Un dernier mot.
06:38Je pense que c'est ça.
06:39Peut-être sur le casting aussi,
06:40l'hétérogénéité.
06:41Sur le casting,
06:42à la limite, c'est peut-être
06:43la dimension qui me plaît le plus
06:44dans le film.
06:45C'est sa dimension cartoon.
06:46Tous les personnages sont réduits
06:47à leurs traits les plus saillants,
06:48notamment François Damiens,
06:49qui lui en fait des caisses.
06:50On sent qu'il se fait plaisir
06:51à faire la grimace.
06:52Dorval aussi.
06:53Mais Zaddy aussi.
06:54Anne Dorval aussi.
06:55Anne Dorval aussi.
06:56Elle a la volonté, en fait,
06:57de trouver une voix
06:58qui lui est assez propre
06:59quelque part entre la fable
07:00et la bande dessinée.
07:01Et ça, je trouve
07:02que c'est assez singulier.
07:03Mais malheureusement,
07:04comme tu disais,
07:05un peu enfermé par trop de tout.
07:06Trop de problématiques sociales.
07:07Il y a plusieurs films,
07:08je pense.
07:09Il y a trop de films.
07:10Mais c'est un peu
07:11ce qui se passe toujours
07:12sur les premiers films.
07:13Il y a plusieurs films
07:14dans un film.
07:15Oui, il y a un ton quand même,
07:16une singularité.
07:17C'est ce que tu disais.
07:18Et puis moi,
07:19j'aime bien ces couleurs acidulées.
07:20Elles me plaisent bien.
07:21En ce moment,
07:22on n'a pas tellement
07:23d'occasion de rire.
07:24C'est quand même un film
07:25qui fait rire et en partager.
07:26C'est un film qui fait rire
07:27et en partager.
07:28C'est un film qui fait rire
07:29et en partager.
07:30C'est un film qui fait rire
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