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Les chroniqueurs du Cercle débattent autour d'un film sortant en salles ou en diffusion sur CANAL+
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Transcription
00:00Beetlejuice, Beetlejuice de Tim Burton est le second volet de l'histoire de Maison Hanté
00:05qui a valu au réalisateur son premier succès en 88.
00:08Dans cette nouvelle aventure, Michael Keaton reprend son costume de Beetlejuice,
00:12Winona Ryder et Catherine O'Hara sont toujours là.
00:16Elles sont entourées cette fois de Jenna Ortega et de Justin Teru.
00:20Alors, Philippe, Philippe, Philippe, est-ce que la magie fonctionne ?
00:23On est content, content parce qu'en fait, on n'attendait pas à cette suite.
00:26C'était 36 ans après.
00:27On n'espérait plus.
00:29On pensait qu'il était passé à autre chose.
00:30Et en fait, je pense que ce qui s'est passé, c'est qu'il est tombé amoureux.
00:33Il est tombé amoureux de Monica Bellucci.
00:36Et d'ailleurs, c'est une des scènes les plus belles.
00:39Ce n'est pas celle que je vous amène, mais son apparition dans le film sur Tragédie des Beetlejuice,
00:43c'est quelque chose de magnifique parce qu'on voit tout d'un coup un cinéaste amoureux de sa comédienne et tout ça.
00:47Et ça lui a donné un coup de peps génial.
00:49Et donc, l'envie de retrouver, vous l'avez dit, Michael Keaton, Winona Ryder, de mettre,
00:57parce que vous savez, Winona Ryder, elle a pris 36 ans, donc ça ne peut pas être l'adolescente.
01:01Il y a de nouveau une adolescente, c'est Jeanne Ortega.
01:05Et il y a une passation entre les deux qui est très belle.
01:07Et puis surtout, il y a une inventivité débridée, c'est-à-dire que vraiment,
01:13on reprend tout et on secoue la baraque parce qu'on retrouve la baraque et sa maquette à l'intérieur.
01:18Et justement, dans l'extrait que je vous ai apporté, on va retrouver ça parce qu'il y a Justin Theroux,
01:24donc un nouveau personnage qui tourne autour de Winona Ryder,
01:28parce qu'elle est devenue une sorte de prêtresse de la télé.
01:30Ça, c'est aussi très, très marrant.
01:32Et lui, c'est les thérapies, c'est-à-dire que tu as un complexe.
01:35Je vais te régler ça.
01:37On voit bien.
01:38Puisqu'il t'a peur de Beetlejuice, je l'appelle.
01:40Et vous savez, quand on l'appelle trois fois, je vais t'aider à sauter le pas et crac !
01:54Vous voyez, l'inventivité, c'est-à-dire qu'à chaque plan, il se passe un truc.
01:57Il n'y a pas de numérique.
01:58On revient aux effets anciens, animatroniques.
02:02Et ça, ça fait aussi très plaisir.
02:05Et au besoin, des bricolages à Béliès.
02:09Comme ça, tout d'un coup, c'est les ailes.
02:11Et puis, il y a encore le côté musical avec le jeu de mots sur Saul, la musique,
02:17et puis les âmes avec le Soul Train.
02:21Et on retrouve la chanson d'Harry Belafonte déclinée autrement qu'elle était dans le premier film.
02:26Non, mais c'est vraiment une bonne ambiance.
02:29Et alors, il y a un truc qui est très sympa par rapport aux suites.
02:32C'est parce que je pense qu'ils ne l'avaient pas prévu comme suite.
02:34C'est que si vous n'avez pas vu le premier, vous n'êtes pas perdus.
02:37Et ça, c'est très, très gentil.
02:38Est-ce qu'il y aura un Beetlejuice, Beetlejuice, Beetlejuice ?
02:40Ça, on ne sait pas.
02:41Mais justement, on a beaucoup vu ce recyclage dans le blockbuster.
02:44Là, ça vous a plutôt charmé ou ça vous a plutôt agacé à l'utile ?
02:48En fait, c'est ça qui est très fort dans ce deuxième opus.
02:51C'est que ça commence avec une mise en abîme.
02:53C'est-à-dire qu'en effet, l'héroïne est devenue une présentatrice de télé.
02:56Donc, le plateau télé est en fait la maison mise en abîme dans un plateau télé.
03:02Et là, moi, j'ai très peur parce que moi, les prequels, les séquels, les toutquels, j'en ai ras-le-bol.
03:07Je ne peux plus voir ça.
03:08Je trouve que ça assèche le blockbuster hollywoodien à fond.
03:11Et là, en fait, très vite, on se rend compte que ce n'est pas ça la question,
03:14que la mise en abîme, en fait, on s'en fout
03:16et que la fantaisie de Tim Burton, qui est vraiment à son meilleur et ça fait du bien
03:20parce que moi, je trouve que ça fait longtemps qu'on ne l'a pas vu comme ça, aussi en forme.
03:23Peut-être que c'est Monica.
03:24Mais c'est vrai qu'on l'attendait, on l'attendait.
03:26Et là, en fait, il reprend cette ampleur de pure fantaisie.
03:29C'est vraiment un film plein de fantaisie qui est dans le gag permanent.
03:34Moi, en fait, j'ai beaucoup pensé à The Mask.
03:36Je ne sais pas si vous y avez pensé aussi.
03:37Le personnage de Beetlejuice, qui est en fait paradoxalement à presque plus d'ampleur que dans le premier opus,
03:42est une sorte de metteur en scène parfait.
03:44Comme The Mask l'est dans le film avec Jim Carrey.
03:47Et la plasticité de ses costumes, de ses gueules, des trucs qui sortent de ses poches,
03:52la vulgarité qui est vraiment... Les curseurs sont poussés à fond.
03:55Ça donne un film d'une vivacité absolue.
03:58C'est vraiment très bien.
03:59Mais je sens qu'Arthur, qui fait la mouille, il boude quand vous parlez.
04:02Qu'est-ce qui se passe ?
04:03Je vais faire le rabat-joie, mais je trouve que ce film, c'est vraiment l'occasion de mesurer, en fait,
04:06ce qui s'est passé pendant ces 36 années pour Tim Burton.
04:08Et à l'époque, on le louait pour son amour des monstres,
04:11son côté marginal revendiqué.
04:14Et en fait, en 36 ans, je trouve que le focus s'est déplacé.
04:18Et d'un marginal, il est devenu l'extrême centre d'Hollywood.
04:20Et c'est un film, moi, qui me paraît...
04:22Ça fait longtemps, Arthur.
04:23Oui, ça fait longtemps. Bien évidemment, ça fait longtemps.
04:25Mais c'est un film qui se pense transgressif, mais qui ne l'est absolument pas.
04:28Mais je ne crois pas qu'il veut vraiment faire quelque chose de transgressif.
04:30En fait, il retrouve quelque chose qu'il avait perdu.
04:32Je pense vraiment que le revenant, c'est Burton dans cette histoire.
04:34Je pense que Burton, il a fait 20-25 ans qu'il faisait des films
04:38où il racontait qu'il avait un manque d'inspiration total.
04:40Et ses films rapparlaient de ça.
04:42Sweeney Todd est un film sur comment je me recycle,
04:44parce que je ne sais pas quoi faire.
04:45Et soudain, en faisant appel à Beetlejuice,
04:48il fait appel à quelque chose qui lui manquait depuis longtemps,
04:50c'est du mauvais goût.
04:51En fait, c'est le mauvais goût qui le sauve.
04:53Et le film en a plein.
04:54Là, cette séquence, si Philippe l'avait étirée jusqu'au bout,
04:57je veux dire, il y a les viscères qui tombent sur la table.
04:59Il n'était plus allé, il était devenu propre avec le numérique.
05:01Il reprend de l'animatronique, il revient un peu dans la chair.
05:04Pour moi, ça, c'est une griffe vintage, en fait,
05:06le recours aux animatroniques, aux effets pratiques.
05:08Je vois juste une boutique fluo,
05:10siglée 80's, avec des néons partout,
05:12qui dit « Regardez, vous avez aimé le film de 90's ».
05:14Ava, comment vous l'avez ressenti ?
05:15Parce que vous l'avez vu en salle, avec un vrai public.
05:17Absolument.
05:18Alors, c'est vrai qu'il y avait moins de têtes grises
05:20que d'adolescents qui mangeaient du popcorn.
05:22Mais en même temps, je trouve ça assez logique,
05:24puisque c'est un film qui tend la main à la jeune génération,
05:27qui a apprécié d'ailleurs sa série Mercredi.
05:30Donc, il y a comme ça une volonté de renouveler ses publics,
05:33de renouveler son audience.
05:34Moi, je trouve que ce n'est pas du tout un film désagréable à regarder,
05:36qu'on s'entende.
05:37Et surtout, je trouve que tout le monde s'y amuse vraiment beaucoup.
05:39Mais c'est vrai que, comme Arthur,
05:41je ne trouve pas que ça apporte quelque chose de relativement neuf
05:44à la filmographie de Tim Burton,
05:46qui, certes, joue à fond, et pour le plaisir,
05:48la carte du fan service.
05:50Mais je trouve que la magie et le charme
05:54opèrent, en tout cas, un peu moins bien sur moi aujourd'hui.
05:56Et je trouve que c'est un peu la faute
05:58à un scénario...
05:59Tellement de intrigue !
06:01Le scénario originel, il avait été écrit
06:03par une star de la littérature.
06:05Là, peut-être que le problème du film,
06:06c'est qu'il y a deux films en un, en fait.
06:08Il y a un mariage comme ça, au moins.
06:10Non, mais au-delà de...
06:12Mais il y a deux films en un.
06:13Il y a un film sur le deuil du père,
06:14et il y a un film sur les rapports conflictuels
06:16entre mère et fille.
06:17Ça ne va pas fort entre Lydia et sa fille,
06:19comme ça n'allait pas fort, déjà, à l'époque,
06:20entre Lydia et sa belle-mère.
06:21Et il y a un revenge movie impliquant Dolores,
06:24donc, du coup, l'ex-femme de Beetlejuice.
06:26Mais je trouve que le mariage entre ces deux films,
06:27certes, il crée du rebondissement,
06:29certes, il crée beaucoup d'effervescence à l'écran
06:31et il mobilise visuellement,
06:33mais en réalité, ça disperse beaucoup l'intérêt.
06:35Mais c'est ce qui fait que le film n'est pas propre
06:37et qu'il n'est pas bien au-delà du fan service.
06:39Je ne suis pas du tout d'accord,
06:40parce que précisément, ça part dans tous les sens.
06:43Il y a quand même des surprises énormes.
06:44Il y a un personnage dont on n'a pas parlé,
06:46le petit fiancé de Mercredi.
06:48Il ne faut pas le smuggler.
06:50Quand même, on part sur une espèce
06:51de comédie romantique ultra convenue
06:54qui vient réparer quelque chose.
06:56Je ne suis pas d'accord.
06:57C'est parce que je ne suis pas de bête.
06:59Non, parce que je suis comme toi.
07:01Parce que ce qu'il faut quand même voir,
07:03c'est que le grand thème de Tim Burton,
07:05c'est la vie et la mort et le passé de l'un à l'autre.
07:07Et du coup, on croit que cette romance
07:09va marcher crème dans ce truc-là.
07:11On est branché de notre funèbre et ce n'est pas ça.
07:13Mais on n'a pas arrêté de tourner autour,
07:14mais il y a quand même une séquence, effectivement,
07:16c'est la résurrection du personnage de Dolores
07:18qui marque absolument tout le film
07:20et qui est presque même une métaphore
07:22du cinéma de Burton.
07:23Et rien que pour ça, on y va !
07:25C'est vrai que c'est un cinéma qui a été charcuté.
07:27Et là, par lui-même, il essaye de recoller les morceaux,
07:29de reconstituer les choses.
07:30Mais ça fait 30 ans qu'on n'a pas vu de grand film de Tim Burton.
07:32Oui, et ça fait du bien.
07:33Et ma fille m'a dit qu'elle avait passé
07:34la meilleure soirée de sa vie devant Beetlejuice.

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