Julie Delpy dévoile les inspirations de son dernier film "Les Barbares".

  • il y a 14 heures
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Transcription
00:00Alors votre film raconte le choc culturel entre un village breton et des réfugiés syriens qui auraient dû être des réfugiés ukrainiens.
00:12Et donc c'est la première fois que vous vous affrontez de l'actualité à chaud comme ça.
00:17Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire ça ? De vous jeter dans la bataille ?
00:20Qu'est-ce qui m'a donné envie ? L'actualité.
00:23Ça a commencé il y a pas mal d'années déjà de voir la crise des réfugiés dans la Méditerranée entre autres
00:31et qui essayaient de passer les frontières désespérément pour survivre et échapper à une dictature.
00:38Et après il y a eu la guerre en Ukraine qui a provoqué une autre idée par-dessus.
00:44J'ai remarqué que les gens recevaient pas mal les Ukrainiens, qu'il y avait plein d'organisations,
00:49plein de demandes de recevoir des Ukrainiens.
00:51Et nous on était en train de gérer avec mes co-scénaristes toutes les assauts qui dealaient avec les Syriens
00:59et on s'est rendu compte à quel point il y avait une différence et ça a inspiré le point de départ du film.
01:03Vous nous avez amené un extrait qui se situe au début du film, on le regarde, on en parle après.
01:08Tout à fait.
01:09Là avec Blanche-Neige, la belle mère, c'est la même situation, la même histoire toujours.
01:14Dès qu'une femme a plus de 30 ans, c'est une sorcière, une femme superficielle, diabolique, enfin voilà.
01:19Alors on nous dit que c'est en train de changer mais...
01:31Zvoboda, Rivnitz, Brat, Zvo.
01:34Ça veut dire liberté, égalité, fraternité en ukrainien.
01:39Alors on est très heureux d'accueillir ces réfugiés.
01:45Attendez monsieur le maire, il y a l'institutrice là qui...
01:51Je suis en interview là Joëlle.
01:52Je sais justement, il faut que je vous parle.
01:54Bonjour, bonjour.
01:56Bon bah de toute façon on va la refaire ça.
01:58Bon, une minute, excusez-moi.
02:00Non mais c'est deux secondes, vraiment deux secondes.
02:02Pas de problème, on va faire des points de coupe.
02:04Du point à l'épaule.
02:05Il y a eu un petit changement.
02:07On va filmer les canards.
02:08Non, en fait voilà, j'ai appris ça ce matin.
02:10C'est qu'il y a eu tellement de demandes de réfugiés ukrainiens qu'en fait, il y en avait...
02:15Attendez, vous me faites peur là Joëlle.
02:17Il n'y en a plus.
02:18Comment ça, il n'y en a plus ?
02:21Toute l'Europe leur a ouvert la porte.
02:24Donc voilà, il n'y en a plus à disposition.
02:26Comment vous avez pensé cette séquence ?
02:28En fait, j'ai entendu parler des amis etc.
02:32qui disaient qu'ils avaient fait une demande de réfugiés.
02:34En effet, il n'y en avait vraiment plus.
02:38Il y a eu vraiment une ouverture, ce qui est génial.
02:40Il y a eu une mobilisation formidable de toute l'Europe pour ouvrir la porte aux Ukrainiens.
02:44Mais comme nous, on était en train de gérer quelque chose avec des Syriens
02:47et qu'on voyait que personne n'ouvrait la porte, ça nous a beaucoup marqué.
02:51Alors maintenant, nous allons explorer le code génétique de votre film.
02:55Et justement, vous parliez, vous avez beaucoup amusé avec le faux documentaire.
02:58Est-ce qu'il y a des faux documentaires qui vous ont marqué ?
03:01J'aime beaucoup « C'est arrivé près de chez vous »
03:03parce que vraiment là, c'est un truc tellement drôle,
03:07c'est tellement dingue, c'est vraiment totalement surprenant.
03:13Quand c'était sorti, c'était vraiment un film totalement surprenant.
03:16Et puis il y a aussi évidemment « Spinal Tap »
03:18qui est le roi du faux docu.
03:22Et d'ailleurs, la première fois que j'ai vu « Spinal Tap »,
03:24c'est un copain américain qui me l'a montré, qui m'a dit
03:26« Regarde ce documentaire ! » sans me dire que c'était un faux documentaire.
03:29Et au bout d'un moment, je me dis « Mais je deviens folle ! »
03:31« Je deviens folle ! C'est quoi ces mecs, quoi ? »
03:33Et là, au bout d'un moment, je me dis...
03:34Mais je crois qu'il y a beaucoup de gens qui l'ont mal interprété,
03:36qui l'ont vu au premier degré.
03:37Non, mais moi, la première fois...
03:38Non, moi, j'ai compris au bout d'un moment que c'était n'importe quoi,
03:41mais c'est tellement à mourir de rire.
03:42Mais évidemment, on me l'a présenté comme si c'était un vrai documentaire.
03:45Et là, évidemment, on devient fou parce qu'on se dit
03:47« C'est pas possible, ces gens... »
03:48Et c'est le dérapage qui vous intéresse dans le faux documentaire ?
03:51C'est quand les gens disent des conneries,
03:53quand ils ne sont pas supposés,
03:54ou que, justement, on les entend parler au loin.
03:56L'idée du truc où tu as encore le micro
03:58et qu'on t'entend parler au loin
04:00alors qu'ils sont en train de filmer des canards.
04:01Enfin, en tout cas, dans la séquence-là,
04:04ils filment des canards.
04:05Ça continue, après, évidemment.
04:06Ils filment des canards
04:07pendant que les autres sont en train de parler.
04:08On entend toute la conversation.
04:09Il y a quelque chose de très comique dans ce truc de faux doc
04:13qui m'amuse beaucoup, quoi.
04:14Alors, votre film commence par « Il était une fois ».
04:17Comme dans un conte,
04:18est-ce qu'il y a un conte au cinéma
04:19qui est important pour vous ?
04:21Moi, j'adore un conte un peu décalé
04:23qui s'appelle « Peau d'âne »,
04:25qui est un conte un peu fou.
04:27C'est vraiment le film de mon enfance
04:29que j'adorais.
04:30J'adore Jacques Demy.
04:31Et voilà, c'était vraiment un conte
04:33avec cette histoire quand même un peu dingue,
04:35avec un père qui veut épouser sa fille
04:37avec des hélicoptères.
04:38Il y a tout un truc derrière
04:40qui est génial, quoi,
04:41pour un enfant qui est vraiment original.
04:44Est-ce qu'il y a un film sur la France
04:45ou sur les Français
04:46que vous avez su capter comme ça,
04:47à une époque ?
04:48Moi, j'aime beaucoup « La règle du jeu ».
04:51Déjà, j'aime beaucoup ce côté
04:52de différence de classe, etc.,
04:55et aussi d'énormément de personnages.
04:58Donc, c'est vrai que c'est un film
04:59que j'aime beaucoup.
05:00C'est une critique sociale dans l'humour
05:04et qui, à la fois,
05:06est extrêmement fine et intelligente,
05:09mais il y a beaucoup d'humour dedans
05:12et plein de personnages.
05:14Et ça, j'adore les galeries
05:15de plein de personnages
05:16qui sont tous haut en couleur,
05:17qui existent tous, etc.
05:19Renoir est au milieu de ses acteurs.
05:21Qu'est-ce que ça fait d'être
05:22au milieu de ses acteurs ?
05:23Oui, mais c'est vrai que je...
05:25Attention, je ne me compare pas à Renoir.
05:29On peut tout se permettre.
05:30On peut tous...
05:33Non, mais c'est vrai que c'est un film
05:34que j'adore.
05:35J'adore Renoir.
05:36J'adore son jeu aussi d'acteur.
05:37Donc, voilà, c'est un film
05:38un peu modèle pour moi,
05:40même si je fais des films
05:41extrêmement différents
05:42qui n'ont absolument rien à voir.
05:43C'est quelque chose
05:44que j'ai toujours aimé,
05:45cette qualité de capturer
05:47des petits moments
05:48et des choses importantes
05:50à travers la comédie, quoi, en fait.
05:52C'est quelque chose que j'aime beaucoup.
06:09Est-ce qu'il y a un acteur réalisateur
06:10ou une actrice réalisatrice
06:11qui vous a inspiré ?
06:13Qui vous aide pour travailler ?
06:14Alors, moi, ce que j'aime...
06:16Alors, j'aime beaucoup quelqu'un,
06:17c'est Kassavetz.
06:18Et ce que j'aime chez lui,
06:19c'est un acteur réalisateur.
06:21Ce que j'aime chez lui,
06:22c'est son côté où
06:24tellement de choses se passent
06:25en même temps,
06:26qu'il y a une sorte de folie,
06:27qu'il y a une sorte de bordel,
06:28une sorte de chaos dans ses films,
06:30mais magnifiquement organisé.
06:32Et du coup, pour moi, le chaos...
06:34En fait, c'est dans le chaos
06:35qu'on capture, pour moi, en tout cas,
06:37le plus la réalité de la vie.

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