Francis Nachbar, ancien magistrat, revient sur un sondage reflétant la volonté des Français d'emprisonner tous les condamnés. «On est très loin de la certitude et de la sévérité de la peine», selon lui.
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00:00Oui, alors il a cité les Pays-Bas, il y a également l'Allemagne qui ont rétabli effectivement les courtes peines,
00:05voire les très courtes peines d'emprisonnement. Il y a pas mal d'expertises, d'analyses, de recherches, de thèses
00:12qui ont montré effectivement que ce genre de sanctions était efficace.
00:18Vous savez, ce n'est pas récent, au XVIIIe siècle, il y avait un criminologue italien, Beccaria,
00:23qui indiquait qu'en matière de politique pénale, ce qui comptait avant tout, c'était la certitude et la célérité de la peine.
00:29Aujourd'hui, on est très loin en France de la certitude et de la célérité de la peine.
00:33Ceci étant, la prison n'est pas l'alpha et l'oméga de toute politique pénale, ce n'est pas la solution, c'est une solution.
00:42Il y a aussi toutes les peines alternatives à l'incarcération, à condition qu'elles soient appliquées à certains types de profils de condamnés.
00:53Aujourd'hui, pour éviter l'incarcération, on fait des travaux d'intérêt général ou des bracelets électroniques
01:00à des gens qui manifestement ne remplissent pas les conditions pour que ce soit efficace.
01:06Et en plus, quand vous prenez par exemple la durée moyenne d'exécution d'un travail d'intérêt général, c'est 400 jours.
01:13Quel est le sens d'une condamnation à un travail d'intérêt général qui est exécutée plus d'un an après,
01:20non pas la commission des faits, mais la date du jugement.
01:23Imaginez, vous remettez quelques mois supplémentaires, ça n'a plus aucun sens.
01:28Il faut effectivement des courtes peines ou des très courtes peines d'emprisonnement.
01:32Un exemple est le refus d'Octemperet, qui est un véritable fléau actuellement,
01:36dont certains parquets ne sont même pas poursuivis.
01:40Et puis quand ils sont poursuivis, la solution n'est pas du tout à la hauteur de l'enjeu,
01:44parce que c'est une atteinte à l'autorité de l'État d'une part,
01:47et puis ça met en jeu la vie des forces de l'ordre, de police ou gendarmerie.
01:52Si c'était sanctionné par une très courte peine d'emprisonnement,
01:55dix jours, quinze jours, en fonction naturellement de la personnalité et de la gravité des faits,
01:59je suis absolument convaincu qu'on n'aurait pas cette augmentation spectaculaire de refus d'Octemperet
02:05pour des motifs complètement stupides.