Malgré plusieurs révisions des règles de calculs du Nutri-score, celui-ci reste toujours dans le viseur des industriels
Vous le connaissez depuis 7 ans, il nous informe avec ses lettres et ses couleurs placées sur certains produits alimentaires. Le Nutriscore s’est imposé comme une traduction simple de leur composition. Son but pour le consommateur: comprendre plus facilement la qualité nutritionnelle des aliments et pouvoir les comparer dans une même famille
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00:00Et on va justement en parler avec le professeur Serge Ergberg, bonjour.
00:03Bonjour.
00:04Vous êtes professeur de nutrition à l'université Sorbonne, Paris-Nord.
00:07En début d'année, le comité scientifique du Nutri-Score a annoncé une modification
00:11des règles de calcul.
00:12Suite à cela, on a des industriels qui ont décidé de se retirer ou de retirer certains
00:16produits.
00:17Quelle a été votre réaction ?
00:18C'est totalement regrettable, même lamentable, que des grandes sociétés ne veulent plus
00:22jouer le jeu de la transparence nutritionnelle à partir du moment que les règles du jeu
00:26scientifique, pourtant établies sur des bases scientifiques, ne vont pas dans l'intérêt
00:31de leurs produits.
00:32Donc c'est le marketing qui l'emporte sur la santé publique.
00:34Pourquoi avoir modifié ces règles ? Parce qu'en fin de compte, ça paraissait relativement
00:38simple, relativement clair.
00:39Qu'est-ce qui a changé dans l'évolution scientifique ?
00:41Il était prévu dès le départ du lancement du Nutri-Score qu'il devait être mis à
00:45jour parce que la science évolue, qu'il y a des nouvelles connaissances, parce que
00:48le marché alimentaire évolue, il y a des reformulations des nouveaux produits.
00:51Puis l'expérience a montré qu'il y avait quand même quelques imperfections dont certaines
00:55pouvaient être corrigées.
00:56Donc c'est le but de cette révision, c'est de rentrer avec une meilleure adéquation
01:01entre le Nutri-Score et les nouvelles recommandations nutritionnelles.
01:04C'est vous qui êtes à l'origine de ce Nutri-Score qui a vu le jour en 2017 et qui
01:09a été adopté par plusieurs pays européens.
01:10On peut parler de succès aujourd'hui pour le consommateur ?
01:13Alors c'est un travail d'équipe, c'est vraiment issu de la recherche scientifique.
01:17Alors c'est un succès puisqu'une bataille a été gagnée, malgré les lobbies.
01:20Il a été officialisé en France puis dans six autres pays européens.
01:24Mais la guerre n'a pas été gagnée puisqu'il faudrait qu'il devienne obligatoire, notamment
01:28pour forcer la main à ceux qui refusent ou qui souhaitent l'abandonner.
01:32Et pour ça, il faudrait changer la réglementation européenne, ça c'est très compliqué avec
01:35les lobbies au niveau de Bruxelles.
01:37Puis la valeur en fait a été confortée récemment avec cette étude qui montre que
01:40en fin de compte les produits les moins bien notés sont ceux qui donnent le plus de maladies
01:44cardiovasculaires.
01:45Absolument.
01:46Une nouvelle étude confirme des études précédentes, bien sur une grande échelle, 350 000 personnes
01:51suivies pendant 12 ans, et démontre que les gens qui mangent des aliments bien classés
01:55par l'échelle du Nutri-Score, en utilisant la nouvelle version du Nutri-Score mise à
01:59jour, font moins de maladies cardiovasculaires, ceci confirme des travaux sur les cancers,
02:04l'obésité ou le diabète précédent.
02:05Merci beaucoup professeur, on se retrouve dimanche prochain et d'ici là, prenez soin
02:09de vous.