Valérie Abecassis : «Je ne comprends pas ce palestinisme qui se fait au détriment de la raison»

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Valérie Abecassis journaliste française qui vit à Tel-Aviv, revient sur le 7 octobre et fait le point un an après les faits : «Je ne comprends pas ce palestinisme qui se fait au détriment de la raison». 

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Transcription
00:00Écoutez-moi, dans le livre, le départ du livre raconte aussi ma stupéfaction, ma sidération et puis aussi mes engagements politiques à l'époque, d'où je me plaçais.
00:10Je me suis placée à un point à partir du 7 octobre dans ce livre qui m'amène à un point où je ne sais toujours pas où je suis maintenant.
00:18En tout cas politiquement, ce qui a changé, c'est qu'il y avait une division, comment dire, il y avait un clivage, pour le dire autrement.
00:25Je suis partie de la gauche avec de l'espoir, j'ai voté à gauche, j'ai été dans des villes israéliennes arabes, j'ai été à Ramallah,
00:32j'ai vu des associations israéliennes, juives, musulmanes et chrétiennes qui tendaient la main aux Gazaouis,
00:39notamment qui tendaient la main à la population palestinienne de Cisjordanie.
00:43Et aujourd'hui ?
00:44Là, c'est fini, j'ai moi-même bougé, j'en suis effarée.
00:49Mais d'ailleurs, je le dis dans le livre, mais qu'est-ce que je suis devenue inhumaine à ce point-là ?
00:53Comment se fait-il que j'ai basculé comme ça ?
00:56Comment se fait-il qu'on n'en arrive qu'à de la guerre ?
00:59Frappé, frappé, frappé, c'est horrible.
01:02Et voilà, donc j'ai bougé de ce point de vue-là et à part se défendre,
01:08vous savez, hier, il y a une jeune fille de 19 ans qui est morte dans l'attentat à Beersheba, 19 ans.
01:14Et un soldat est mort aussi, le premier soldat qui est mort aussi au Liban.
01:20Il a laissé un petit mot, il a dit, parce que vous laissez un mot quand vous êtes un soldat,
01:24qu'on peut diffuser ou pas, ça dépend de la famille.
01:26Il a dit, un soldat ne se bat pas pour ce qu'il voit, il se bat pour ce qu'il veut préserver.
01:34Ça, c'était le message de ce garçon Etan, 25 ans, et la petite qui est morte, elle avait 19 ans.
01:40Voilà, donc on en arrive à ça, on en arrive à se dire.
01:42Mais voyez, je vois vos images, j'ai envie de pleurer.
01:45Tous ces gens à la Nova Fest, à Reims, tous ces gens dans les villes du Sud,
01:49toutes ces milliers de morts, tous ces deuils, tout ce sang, toutes ces mains de parents
01:54sur des linceuils de leurs enfants, de leurs pères.
01:56Voilà, on a vécu cette année-là et j'en suis ici, j'en suis aux deuils et à l'assidération.
02:02Vous étiez en Israël il y a un an, vous êtes aujourd'hui en France et puis un pied dans chaque pays.
02:10Où est-ce que vous vous sentez le plus en sécurité ?
02:14En France ou en Israël ? En tant que femme et en tant que juive ?
02:20Écoutez, en Israël, Israël défend.
02:24Donc en Israël, il y a des abris, il y a un système du dôme de fer.
02:30Donc d'un point de vue militaire, sur les attaques, en même temps, le 7 octobre a prouvé le contraire.
02:34Mais on est quand même protégé, on a une armée qui nous défend,
02:38on a un gouvernement ou en tout cas un cabinet de guerre qui est là pour nous défendre.
02:42La France, ça n'a rien à voir. La France, je ne suis pas protégée du point de vue intellectuel.
02:47J'ai assisté hier à toutes les commémorations, il y en a encore.
02:51Ce soir, ce n'est pas du tout la même chose.
02:55Évidemment qu'on sent en sécurité la France. Après, il y a des fous partout.
02:59Donc je n'ai pas envie tellement de comparer, je ne peux pas rentrer là-dedans.
03:04Ce que je veux dire, c'est qu'ici, il y a une espèce de mouvement...
03:07Mais vous voyez où je veux en venir. Il y a un antisémite qui se met à exploser depuis un an.
03:10Oui, mais moi, je ne peux parler que de ce que j'ai vu.
03:12Donc moi, pendant cette année-là, j'étais en Israël.
03:15Ce que je constate depuis que je suis en France, c'est cette espèce de déraison, d'aveuglement, d'engagement,
03:21une espèce de palestinisme ou de palestinophilisme qui se fait au détriment de la raison.
03:27Je ne la comprends pas, mais je ne me sens pas menacée.
03:31Mais le livre raconte ça, raconte cette année qu'on a vécue, raconte les morgues, raconte le festival Nova,
03:38raconte les lieux où justement tous les parents du festival Nova et les survivants du festival Nova se sont rencontrés,
03:46ont essayé de mettre des liens ensemble.
03:48On l'a vu sur vos images.
03:49Voilà, ce lieu de résilience, on va dire.

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