Le Japon vu du ciel - Le berceau des traditions
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00:00Le Japon, un archipel aux paysages envoûtants, parfois aussi imprégnés de modernité.
00:12Un archipel aux traditions restées vivaces au cœur de la vie quotidienne, héritage d'une longue histoire culturelle et spirituelle.
00:21Un archipel qui continue de nous fasciner et de nous faire rêver.
00:31A l'origine de cette fascination, il y a les Japonais eux-mêmes.
00:36Un peuple à l'âme mystérieuse, ici révélé dans toute son intimité, au gré des saisons, d'Hokkaido au nord à Okinawa au sud.
00:51Un voyage singulier et attachant au cœur du Japon.
01:21Dans ce film, nous découvrirons les trésors du centre de l'île de Honshu, en commençant dans la région du Kansai, au mont Yoshino.
01:52La région du Kansai est le foyer culturel du Japon.
01:57Beaucoup des traditions du pays y sont nées au cours du dernier millénaire.
02:03Au sud de Nara, qui fut la première capitale fixe du Japon au 8e siècle et le berceau de nombre de ses traditions,
02:11le mont Yoshino est l'un des lieux les plus réputés pour s'adonner à une coutume emblématique de la société japonaise,
02:18l'anami, le plaisir d'apprécier la beauté des fleurs, et plus particulièrement celle de cerisiers, au plus fort de leur floraison.
02:28« Si je devais décrire l'âme japonaise, je dirais que c'est une fleur de cerisier sauvage qui rougeoit dans la lueur du soleil levant »,
02:37écrivait le poète Motohori Norinaga au 18e siècle.
02:42Sur le mont Yoshino, qui porterait dit-on quelques 30 000 cerisiers, et partout ailleurs dans le pays,
02:48les japonais se rassemblent au printemps pour goûter ce moment éphémère de la floraison des arbres.
02:54C'est pour eux une évocation de la nature transitoire de la vie.
03:01La tradition du anami peut être une simple promenade photographique,
03:05mais elle s'accompagne souvent d'un pique-nique romantique sous les frondaisons fleuries.
03:10Celles de Yoshino sont sacrées et ont aussi inspiré des traditions de pèlerinage.
03:18La période de fleurissement des cerisiers coïncide justement avec le festival de printemps de Yoshino.
03:24C'est l'une des innombrables fêtes traditionnelles du Japon, appelée Matsuri,
03:29qui célèbre ici la floraison du cerisier sacré de Zaogongen, une divinité du bouddhisme japonais.
03:37Superbement vêtus, moines et adeptes défilent en une procession haute en couleurs.
03:57Non loin, au pied du mont Takami, isolé du monde,
04:01se niche un atelier où se perpétue également une tradition très japonaise.
04:05Kunihira Kawashi en est, à 75 ans passés, l'un des maîtres incontestés.
04:14Il est beau parce qu'il est tranchant.
04:19On en prend soin parce qu'il est tranchant.
04:25On le respecte parce qu'il est tranchant.
04:29Il a une force psychologique.
04:32Kunihira fabrique des katanas, un type de sabre traditionnel que portaient les samouraïs du Japon féodal.
04:38De véritables œuvres d'art qui demeurent avant tout pour leurs créateurs des armes.
04:46Faire un katana pour qu'il ne coupe pas, c'est mal.
04:50En tant que fabricant, nous devons réaliser un objet tranchant.
04:53Et c'est parce qu'il est tranchant qu'il est beau.
04:56C'est la beauté fonctionnelle.
04:58Si être tranchant n'était plus indispensable, nous n'aurions plus de travail.
05:06Le port du sabre a été interdit sous l'ère Meiji avec le démantèlement de la classe des samouraïs.
05:12Autorisé de nouveau à la faveur des grands conflits mondiaux,
05:15il est depuis l'après-guerre très sévèrement encadré, tout comme la production des sabres elles-mêmes.
05:21Mais Kunihira en perpétue l'espoir.
05:25Il faut travailler sans oublier que le katana est fondamentalement une arme.
05:34C'est son plus grand rôle.
05:42C'est sa raison d'être.
05:45Le katana n'est pas mauvais en ce sens.
05:48C'est l'utilisateur qui le transforme en arme de guerre.
05:53Beaucoup sont considérés comme des œuvres d'art.
06:07La forme du charbon, sa taille, ses très intéressants.
06:12C'est mon disciple qui le coupe à la bonne taille.
06:16Pour couper la bonne forme, la bonne taille, rapidement,
06:23sans faire de miettes et sans gaspiller, ça prend trois ans minimum.
06:27La préparation et la qualité du feu de forge sont fondamentales dans la fabrication de la lame du katana.
06:33Le forgeage de la lame comporte un grand nombre d'étapes,
06:36et de nombreux critères de beauté entreront en jeu lors de l'examen de sa qualité.
06:41Parmi ces critères, il s'agit de la qualité de l'arbre.
06:45La qualité de l'arbre, c'est la qualité de l'arbre.
06:49La qualité de l'arbre, c'est la qualité de l'arbre.
06:53La qualité de l'arbre, c'est la qualité de l'arbre.
06:57Parmi ces critères sélectifs, l'utsuri a caractérisé les sabres reproduits jusqu'à la fin du 15e siècle.
07:04Cet effet de brillance, Kunihira, au bout de 40 ans de recherche, est parvenu à le reproduire contre toute attente.
07:14Tout le monde recherchait le utsuri, et a essayé de le ressusciter.
07:20Mais personne n'a réussi.
07:24Pourquoi est-ce que moi j'ai réussi ?
07:26En fait, c'est parce que j'ai recherché le tranchant maximal.
07:30Pour parler sincèrement, mon maître me disait souvent, ne tue pas le fer, ne le tue pas.
07:37Il faut faire vivre le fer.
07:40Le travail doit le faire vivre.
07:44L'amener à la meilleure condition, c'est le travail du feu.
07:48Il faut être très concentré, car ça se joue à la seconde.
07:53Le retrait, la forge.
07:56En fonction de ça, votre fer vit ou meurt.
08:09Et après, comment on frappe ? Faut-il frapper fort ou pas ?
08:14Y a-t-il encore du temps ? Faut-il y aller tout de suite ?
08:18C'est le maître qui envoie ses signaux. On écoute ça en permanence.
08:22On n'utilise pas la voix.
08:27J'ai tout donné pour mon travail.
08:32Quand je vois un katana, je me souviens très bien comment je l'ai fabriqué.
08:38Je n'ai pas gaspillé d'années, ni de mois, ni même de jours.
08:46Moi, je déteste le mot « talent ».
08:50Si on sait prendre sur soi et faire des efforts, alors c'est ça le talent.
08:57Si on me demandait de résumer le talent en deux mots,
09:01je dirais « le sens de l'effort et la persévérance ».
09:05Le sens de l'effort, c'est le talent.
09:08Le talent, c'est le travail.
09:10Si vous me demandez de résumer le talent en deux mots,
09:13je dirais « le sens de l'effort et la persévérance ».
09:17Si vous possédez ces deux qualités, vous aurez du talent quoi que vous fassiez.
09:21Et si on croit qu'on a du talent, on se trompe certainement.
09:28Ne lui en déplaise, le talent de Kunihira
09:32lui a permis de forger une reproduction du sabre à sept branches
09:35d'un célèbre sanctuaire de Nara.
09:41Nara, capitale impériale entre 710 et 784,
09:46ne s'aborde jamais mieux que par les pentes du mont Wakakusa.
09:50A ses pieds, se dresse le Todai-ji,
09:54l'un des plus anciens temples bouddhistes du Japon,
09:57dont la salle du Grand Bouddha est la plus imposante construction en bois du monde.
10:03A quelques minutes de marge du Todai-ji, situé également dans le parc de Nara,
10:07se trouve l'un des meilleurs lieux d'observation des cerisiers en fleurs,
10:11où il est coutume de se faire photographier,
10:14notamment pour les grandes occasions.
10:21Le parc, un vaste espace boisé de plus de 600 hectares,
10:25est classé parmi les lieux de beauté pittoresques du Japon.
10:38De Nara, nous glissons à présent dans la plaine d'Osaka,
10:42que nous survolerons avant de découvrir Kyoto.
10:49Osaka est la troisième ville du Japon en termes de population
10:53et le cœur de la deuxième ère urbaine du pays
10:56qu'elle forme avec les métropoles de Kobe et de Kyoto.
11:01Osaka peut s'enorgueillir de posséder le plus haut gratte-ciel du monde,
11:04la tour principale de l'Abeno-Harukas,
11:07qui, avec ses 60 étages, culmine à 300 mètres de haut.
11:15Le sud de la plaine d'Osaka fut aussi, pense-t-on,
11:18le cœur du pouvoir entre le IIIe et le VIe siècles de notre ère.
11:23En témoignent ces incroyables constructions funéraires
11:26en forme de trous de serrure, les Kofun.
11:30Le Daisen Kofun est le plus grand des Kofun,
11:33le Daisen Kofun est le plus impressionnant d'entre eux
11:36et la plus grande sépulture individuelle au monde,
11:39étendue sur 50 hectares.
11:43À quelques dizaines de kilomètres à l'est,
11:45l'automne est arrivé sur Kyoto.
11:47Celle qui fut la capitale impériale et culturelle du Japon
11:50pendant plus de mille ans,
11:52porte encore d'innombrables témoignages de sa prestigieuse histoire,
11:55comme l'ancien palais des empereurs.
11:57La ville, l'une des mieux conservées du pays,
11:59concentre près de 2000 édifices religieux consacrés au bouddhisme,
12:03mais aussi au shintoïsme,
12:05la religion ancestrale du Japon.
12:07Près d'une vingtaine a été classée par l'UNESCO au patrimoine mondial,
12:11comme le célèbre temple du pavillon d'or.
12:19Au plus fort de l'automne,
12:21jardins, collines et montagnes environnant Kyoto
12:24se partent du rouge vif des érables du Japon
12:26et d'une palette de couleurs chaudes et chatoyantes
12:29admirées de partout.
12:47Au nord-ouest de Kyoto,
12:49le kami shishiken est l'un des cinq quartiers
12:52dans lesquels vivent et exercent les geishas.
12:54C'est le plus ancien des cinq,
12:56et comme les autres,
12:57il comprend de nombreuses maisons de thé et maisons de geishas.
13:08Apparu au début du XVIIIe siècle,
13:10le terme de geisha signifie littéralement « personne de l'art »,
13:14et ne concernait au départ que les hommes.
13:17Les rares geishas contemporaines sont aujourd'hui toutes des femmes
13:21et les discrètes gardiennes de la tradition japonaise
13:24grâce à leurs grandes connaissances artistiques.
13:28À Kyoto,
13:30les filles geishas préfèrent le terme local de geiko.
13:34Une apprentie geiko s'appelle une maiko,
13:37littéralement « fille de la danse ».
13:42La jeune Umeina est l'une de ces maikos.
13:50J'ai 19 ans.
13:53Je suis venue ici à l'âge de 18 ans.
13:55C'est donc ma deuxième année.
14:01J'ai vu un documentaire sur les maikos quand j'étais étudiante.
14:08Cela m'a donné envie de vivre dans ce monde.
14:12Après, je me suis documentée,
14:15puis j'ai décidé de devenir maiko.
14:20Les maikos résident dans les Okiyas,
14:22des maisons dirigées par des geishas mères
14:25qui s'occupent de leurs pensionnaires comme de leurs propres filles.
14:28Une formation scrupuleuse leur est enseignée dans des écoles dédiées.
14:31Les maikos se doivent en effet de maîtriser,
14:34au bout de quelques années,
14:36un certain nombre de disciplines artistiques.
14:38Danse, chants et instruments traditionnels,
14:41calligraphie et cérémonie du thé.
14:43Outre la connaissance du port du kimono,
14:46elles doivent aussi apprendre l'art subtil de la conversation
14:49et du divertissement.
14:50C'est une société bien marquée par la hiérarchie.
14:55J'y étais un peu perdue au début,
14:58mais on m'a adoptée facilement.
15:04De fait, l'habit, la coiffe et le maquillage des maikos
15:07diffèrent fortement de ceux des geikos accomplis
15:10et révèlent leur niveau d'apprentissage.
15:12Les maikos sont les plus nombreux dans le monde.
15:15Ils sont les plus nombreux dans le monde.
15:17Si les geikos paraissent en regard plus austère,
15:20les maikos, elles,
15:22symboliseraient la féminité traditionnelle japonaise,
15:25notamment soulignée par la blancheur de leur visage.
15:32Petit à petit,
15:34j'ai trouvé les bons gestes
15:36pour adapter le maquillage à mon visage.
15:41Le phare devient une partie de ma peau.
15:44Quand je me maquille et que l'on m'habille,
15:48je prends conscience d'être une maiko.
15:57Si nombre de geikos finissent par porter des perruques,
16:00les maikos doivent arranger leur véritable chevelure
16:03en coiffure plus sophistiquée que leurs consoeurs accomplies.
16:06Pour les préserver,
16:08elles dorment non pas sur des oreilles,
16:10mais sur des supports spéciaux.
16:14Une fois coiffée,
16:16nous ne nous lavons pas les cheveux pendant une semaine.
16:21C'était assez dur de m'y habituer.
16:25Pour dormir,
16:27nous utilisons un socle en bois recouvert d'un coussin.
16:33Il est vrai que mes cheveux sont tirés en permanence.
16:36Mon cou et mes épaules sont parfois très raides.
16:50Si le maquillage et la coiffe distinguent les maikos,
16:53leurs kimonos, généralement très colorés
16:56et noués à l'aide d'immenses ceintures chamarrées,
16:59les rendent particulièrement reconnaissables
17:01lors de leurs promenades publiques.
17:03Perchées sur de hautes sandales de bois
17:06qui évitent au kimono de traîner par terre,
17:08les maikos marchent à tout petit pas
17:10vers les lieux des divertissements,
17:12essentiellement les maisons de thé.
17:14Là, elles observeront d'abord,
17:17avant de participer ensuite
17:19et d'interagir avec leurs futurs clients potentiels.
17:22Petit à petit,
17:24Umeina apprend à tenir son rythme.
17:27C'est là qu'elle découvre son rythme.
17:29Petit à petit,
17:31Umeina apprend à tenir son rôle,
17:33dehors comme dedans.
17:40Au son du shamisen,
17:42l'instrument traditionnel des geishas,
17:44Umeina fait une démonstration de ses talents.
17:59...
18:13Si son apprentissage est loin d'être achevé,
18:16elle songe déjà avec bienveillance
18:18à celles qui débuteront après elle.
18:22Pour continuer à faire ce métier,
18:25l'apprenti doit se rappeler
18:27qu'elle est venue ici
18:29car elle avait envie de devenir maiko.
18:32C'est ce que je souhaiterais pour elle.
18:35...
18:47Nous quittons la région du Kansai
18:49pour celle de Chubu
18:51et la petite ville de Mino.
18:52...
18:57A l'entrée des Alpes japonaises,
18:59Mino est réputée depuis plus d'un millénaire
19:01pour produire un papier artisanal,
19:03communément appelé washi,
19:05parmi les plus délicats du Japon.
19:07...
19:09Un papier utilisé pour la correspondance
19:11et la fabrication de livres,
19:13mais aussi pour réaliser des aménagements intérieurs
19:16ou des lanternes.
19:18Un produit entièrement naturel
19:19dont Toyomi Suzuki a le secret.
19:22...
19:24Je suis mariée depuis 40 ans.
19:26...
19:29De voir mes beaux-parents fabriquer ce papier
19:31si consciencieusement,
19:33eh bien, j'ai eu envie d'aider.
19:35...
19:38Et c'est comme ça que j'ai commencé à faire du papier.
19:41...
19:43Son mari, Takehisa, l'assiste désormais.
19:46...
19:47J'étais employé de bureau.
19:49...
19:51À 60 ans, j'ai commencé à faire du papier
19:53en tant que disciple de ma femme.
19:55...
19:59...
20:01Le murier à papier de Daigonasu
20:03a des fibres très fragiles.
20:05...
20:07Elles sont fines et très longues.
20:09Elles sont très belles.
20:11Si on les utilise sans les brusquer,
20:13on peut faire du très beau papier.
20:15...
20:18Je sais faire du papier normal,
20:21mais faire du papier de maître comme ma femme,
20:24c'est encore trop difficile pour moi.
20:27...
20:30Après avoir trempé plusieurs jours dans l'eau fraîche,
20:33l'écorce blanche du murier est bouillie avec de la soude
20:36afin de la rendre fibreuse.
20:38...
20:40Les fibres sont ensuite lavées pour enlever le bruit.
20:42Un travail minutieux,
20:44systématiquement achevé à la main.
20:46...
20:48Plongées dans un grand bac
20:50rempli d'eau et de racines d'hibiscus,
20:53les fibres devenues visqueuses
20:55produisent une pâte
20:57dont Toyomi va pouvoir extraire le papier
20:59grâce à un cadre muni d'une sorte de tamis souple en bambou.
21:02...
21:05Il faut remuer doucement l'eau
21:07pour avoir un effet dissolvant.
21:09...
21:10On me dit parfois que ça a l'air facile pour moi
21:13et aussi que j'ai l'air de prendre du plaisir.
21:16Apparemment, c'est ce que les gens ressentent.
21:19...
21:22Il faut une sensibilité que les hommes n'ont pas.
21:25...
21:28Il ne faut pas faire ça en force.
21:30...
21:33C'est ce qu'on appelle la force.
21:35...
21:37Il ne faut pas faire ça en force,
21:40mais en rythme.
21:42...
21:44Les femmes font ça avec douceur.
21:46...
21:48Les hommes font ça en force,
21:50un peu brusquement.
21:52...
21:54Un peu de force est néanmoins requise
21:57pour essorer la main de papier.
21:59...
22:02Dans le papier,
22:04on dit que même après plusieurs années,
22:07on est toujours débutant.
22:09On peut faire 10 000 feuilles ou plus.
22:12On ne pourra jamais faire le même papier deux fois.
22:15C'est pourquoi on a toujours l'impression
22:18que c'est la première fois.
22:20Ma femme et moi sommes très fiers de faire ce travail.
22:23Très fiers,
22:25mais pas arrogants.
22:27...
22:30Les feuilles sont décollées une par une
22:33de la main de papier, le chito,
22:35et soigneusement,
22:37posées sur des panneaux.
22:39Elles sont alors brossées pour éliminer à nouveau
22:42les impuretés
22:44et éviter toute pliure ou accro.
22:47...
22:49Et vous savez,
22:51le papier, il ne s'agit pas seulement de le faire.
22:54Il y a le séchage aussi.
22:56C'est très compliqué et très important.
22:59Bien sûr,
23:01tout est important,
23:03mais le séchage est aussi dépendant du soleil.
23:05Le séchage naturel donne de la force au papier.
23:08C'est très important.
23:11Alors quand le temps est favorable,
23:14on le prend comme un encouragement du ciel.
23:17Et ça réchauffe le cœur.
23:20...
23:23Classé patrimoine immatériel par l'UNESCO,
23:26le papier washi se cherche aujourd'hui un avenir.
23:29...
23:31Ça existe depuis 1300 ans.
23:34Mais il y a des problèmes de succession et de matière première.
23:38...
23:41J'ai l'impression que nous sommes une espèce en voie de disparition.
23:45...
23:48Une espèce qu'il faut protéger.
23:51...
23:54...
23:57...
23:59...
24:02...
24:05Direction à présent la préfecture de Nagano
24:08et le plateau d'Azumino au cœur des Alpes japonaises que nous survolerons.
24:12...
24:15Le centre de l'île d'Honshu
24:18est traversé de puissantes chaînes de montagnes,
24:21les Alpes japonaises.
24:23Les monts Hida forment les Alpes du Nord,
24:26dont de nombreux sommets dépassent les 3000 m.
24:30Parmi eux se dresse l'imposant mont Yari,
24:33dont le nom en japonais évoque une silhouette de flèche pointée vers le ciel.
24:38Il forme une véritable pyramide naturelle
24:41qui sépare quatre grandes vallées
24:43où se rassemblent chaque été de très nombreux amateurs de randonnées
24:46et surtout d'escalade.
24:49L'ascension du mont Yari est un must chez les alpinistes
24:53et il faut parfois attendre son tour pour l'effectuer.
24:56...
24:59Les Alpes du Nord,
25:01presque entièrement englobées dans un parc national,
25:04sont devenues l'une des zones de montagne parmi les plus fréquentées du Japon.
25:08...
25:11On vient ainsi de loin pour admirer le célèbre mont Ate,
25:14l'une des trois montagnes sacrées du Japon,
25:16et à ses pieds, la cascade de Shomyo.
25:19...
25:22L'eau de fonte venue du mont Ate s'y jette d'une hauteur de 350 m.
25:26C'est la plus haute chute d'eau du pays.
25:29...
25:31Cette eau de fonte abondante
25:33alimente le bassin luvial d'Azumino.
25:35Son large réseau de rivières
25:37y a permis le développement d'un système d'irrigation performant
25:40et donc d'une agriculture productive.
25:42L'existence de sources naturelles et très pures
25:45y a aussi offert les conditions idéales pour la culture du wasabi.
25:48Une racine que cultive avec passion,
25:51Shigetoshiyama, au sein de la ferme Daio,
25:53qui s'en est fait une spécialité depuis 1917.
25:57...
26:00-"Piquant", c'est le mot qui représente le mieux le wasabi.
26:05Un piquant assez vif
26:08qui, dans un premier temps, rafraîchit la bouche
26:12et qui, ensuite, rehausse le goût des aliments.
26:18Après avoir rafraîchi,
26:20il apporte de la douceur.
26:23C'est la particularité,
26:26la spécificité du wasabi japonais.
26:30...
26:41Le wasabi pousse naturellement dans le lit des vallées.
26:45Il fleurit avant toutes les autres fleurs.
26:47Il commence à fleurir en hiver.
26:50On l'appelle l'arbre de l'hiver.
26:53Et sa fleur, la fleur du printemps.
26:56Avec ses 600 000 plants,
26:59la ferme Daio produit chaque année 130 tonnes de racines de wasabi,
27:03soit 10 % de la production nationale.
27:06...
27:09Pour produire un wasabi ferme et concentré,
27:13il faut des conditions un peu rouges.
27:15Ici, c'est le style plat.
27:18...
27:32C'est une méthode très rare.
27:35...
27:38Ici, il y a des sources qui jaillissent directement
27:41dans les parcelles de wasabi.
27:43...
27:49Il y a donc très peu d'impureté,
27:52de corps étrangers dans l'eau.
27:55...
28:01L'eau est toujours propre.
28:04...
28:09Après des tests,
28:11on a compris que pour irriguer le wasabi,
28:15une pente de 5 degrés était la plus indiquée.
28:19C'est pourquoi elle est entretenue depuis des dizaines d'années.
28:23C'est le secret de cet endroit.
28:26Autrefois, personne ne s'asseyait jamais pour mesurer l'angle.
28:31Ils étaient fiers de le faire ou juger.
28:34Fiers d'avoir la motivation pour acquérir cette connaissance.
28:38...
28:44À tel endroit, il faut le protéger.
28:49...
28:53C'est une question de respect.
28:56...
28:59Un respect pour le travail de nos prédécesseurs.
29:03...
29:07Ils pensaient sans doute au futur
29:11quand ils ont défriché cet endroit.
29:14...
29:20Aujourd'hui, nous sommes fiers et heureux
29:25de porter leur rêve.
29:28...
29:32C'est le lieu de mon premier amour de jeunesse.
29:36C'est un endroit avec beaucoup de passion.
29:40Je m'y sens bien.
29:43Je l'aime beaucoup.
29:46...
29:50Sauf changement climatique significatif,
29:54le pays du wasabi devrait continuer encore longtemps
29:57à bénéficier des abondantes ressources descendues des Alpes du Nord.
30:01...
30:03Les montagnes du pays de neige
30:06forment en effet un véritable château d'eau
30:09ayant donné naissance à d'innombrables rivières.
30:12Celles-ci sont utilisées autant pour la production d'hydroélectricité
30:15que pour l'agriculture.
30:18Comme ici, dans la plaine littorale du fleuve Kurobe,
30:22productrice de pastèques et de tulipes.
30:25Ou là, dans la plaine du fleuve Himekawa,
30:29qui lui aussi finit sa course dans la mer du Japon.
30:31...
30:38Nous quittons les Alpes japonaises pour la préfecture d'Ishikawa
30:42et le littoral de la péninsule de Noto.
30:45...
30:50Les habitants des côtes de la péninsule
30:53ont longtemps vécu en harmonie avec la mer,
30:56à la fois protectrice et ressource pour les besoins de la vie quotidienne
30:58ainsi qu'avec leur environnement terrestre.
31:01Les magnifiques rizières en terrasse de Shiroyone
31:04sont un exemple de ce système d'exploitation durable de la nature
31:08appelé Satoyama.
31:11Aujourd'hui, une initiative nationale tente de les sauvegarder
31:14en incitant notamment des citadins à venir les entretenir.
31:17...
31:20Le concept d'exploitation durable
31:23s'est aussi appliqué aux écosystèmes maritimes
31:25et englobe par exemple la longue tradition salinicole
31:29attachée à la péninsule.
31:32...
31:35En particulier, la technique ancestrale de production de sel, Agehama,
31:38est emblématique de l'adaptation des habitants de la région
31:41à leur environnement.
31:44Seules deux fermes utilisent encore cette technique.
31:47Reo et Shitoya travaillent dans l'une d'entre elles.
31:50Je suis arrivé ici en 1995
31:52et ces salins ont été installés cette même année.
31:55...
31:58Avant, j'ai fait plein de choses.
32:01Je travaillais au chantier.
32:04J'ai eu un magasin de drapeaux.
32:07...
32:10J'ai aussi été salarié dans un bureau.
32:13...
32:16De la mi-avril à octobre,
32:19Ryuichi répète le même processus.
32:22Il met de l'eau de mer dans des seaux
32:25afin de remplir un grand baquet.
32:28L'eau récoltée est ensuite répandue sur un sable soigneusement sélectionné
32:31pour qu'il concentre le sel en séchant.
32:34J'arrive habituellement ici vers 5h du matin
32:37et j'asperge le sable avec de l'eau de mer.
32:40...
32:43Qu'est-ce qu'un bon sable ?
32:46Il ne doit pas être trop fin, comme des cendres,
32:49car cela perturberait le filtrage.
32:52Mais des gros grains ne filtrent rien
32:55et ils laissent tout paser.
32:58On a tiré la conclusion
33:01qu'il nous fallait des grains de taille moyenne.
33:04...
33:07...
33:11Ce type de salin existe depuis l'ère Edo,
33:14depuis plus de 400 ans.
33:17La technique traditionnelle, Ageyama,
33:19n'existe qu'ici, au Japon.
33:22...
33:25Après séchage au soleil,
33:28le sable enrichi en sel est finalement retrempé dans l'eau de mer
33:31pour augmenter encore la concentration en sel,
33:34puis filtré.
33:37La saumure qui en découle est bouillie pendant 16h
33:40pour séparer le sel de l'eau.
33:43Cette étape est des plus délicates
33:46et commence par le choix du bon combustible.
33:49Nous utilisons trois sortes de combustibles.
33:52Le pain,
33:55le cèdre du Japon
33:58et divers buissons.
34:01Le réglage du feu est très important.
34:04Si elle exige un savoir-faire précis,
34:07la cuisson est aussi une épreuve physique
34:10pour le salimiculteur.
34:13J'ai mesuré jusqu'à 62 degrés.
34:16Avec l'humidité,
34:19la cuisson est plus puissante.
34:22...
34:25Quand je fais bouillir le sel tout seul
34:28jusque tard dans la nuit sans dormir,
34:31quand je finis la journée,
34:34je ne peux pas résister au sommeil.
34:37Mais je dois continuer
34:40à travailler sans dormir.
34:43C'est un moment dur pour moi.
34:46Le jour suivant est encore plus dur.
34:49...
34:53Le contrôle de la puissance du feu
34:56est crucial pour ajuster la densité de sel
34:59car la cuisson dans le chaudron à fond plat,
35:02l'hiragama, ne s'effectue pas uniformément.
35:05Lorsqu'enfin les cristaux de sel émulsionnent
35:08en forme de double fleur de cerisier,
35:11la récolte est proche.
35:14Il paraît que c'est une des particularités du hiragama.
35:16C'est vrai qu'ils ont l'air vivants.
35:19Comme s'ils ont dessiné des formes qui bougeaient.
35:22...
35:29Au cours du processus,
35:32tous les paramètres de cuisson
35:35auront influé sur la qualité
35:38et le goût du sel obtenu.
35:41Quand j'obtiens le sel après la cuisson,
35:43comme chaque cuisson est différente,
35:46le résultat varie.
35:49Je me dis parfois,
35:52aujourd'hui, j'ai bien réussi.
35:55Et parfois,
35:58je suis même ému.
36:01...
36:08J'ai aujourd'hui des apprentissages.
36:10Avec l'âge,
36:13je ne peux plus bouger comme je veux.
36:16J'essaie de les instruire en travaillant.
36:19...
36:27Commercialisé seulement dans la région
36:30il y a encore quelques années,
36:33le sel que fait naître Riwishi
36:36a trouvé aujourd'hui des amateurs venus de plus loin.
36:38Et il aimerait augmenter sa production.
36:41...
36:47Notre sel ne perce pas la langue.
36:50Il a un goût très doux et rond,
36:53dont je suis très fier.
36:56C'est avec les boulettes de riz
36:59qu'il se marrait bien.
37:02...
37:09Pour Riwishi,
37:12le travail du sel est un éternel recommencement,
37:15à l'image des cycles de la vie et de la nature.
37:18...
37:23Direction enfin la préfecture d'Aichi
37:26et la ville de Toyokawa.
37:29...
37:34Le Japon a une longue tradition de feux d'artifice.
37:36Et l'été s'écoule dans l'archipel
37:39au gré de très nombreux spectacles pyrotechniques.
37:42Depuis 450 ans, la région de Mikawa
37:45perpétue la tradition locale du Tezutsu.
37:48Une forme de feu d'artifice très spécifique
37:51que chaque lanceur fabrique et tient dans ses mains
37:54lors du spectacle.
37:57A Toyokawa, Shinigori Yamaguchi enseigne l'art du Tezutsu.
38:00On fabrique et on fait partir le feu nous-mêmes.
38:03...
38:06...
38:09...
38:12C'est pour responsabiliser chacun.
38:15C'est aussi pour renforcer l'esprit
38:18et tester son courage.
38:21C'est pour ça qu'il faut les fabriquer soi-même.
38:24Les aînés transmettent aux jeunes
38:27leur savoir-faire et leur technique.
38:30C'est ainsi que ça continue.
38:33...
38:36...
38:39Le Tezutsu s'assimile ainsi à un rite de passage.
38:42Un test de maturité pour les plus jeunes participants.
38:45Ils ont entre 18 et 30 ans.
38:48...
38:51Pour Takaaki Iwase, c'est son premier lancement.
38:54...
38:57Il débute aujourd'hui
39:00et apprend avec tout le monde le savoir-faire.
39:03...
39:06...
39:09Je lui ai appris comment fabriquer un Tezutsu.
39:12Et surtout, je l'ai encouragé
39:15pour cette première épreuve.
39:18C'est tout ce que j'ai fait.
39:21...
39:24La préparation des feux
39:27commence la veille selon des règles précises.
39:30Nous coupons des bambous mosso dans la montagne.
39:33On les coupe en morceaux
39:36...
39:39Puis c'est aburanuki.
39:42On grille la surface des bambous pour extraire l'huile
39:45et on les laisse sécher.
39:48Après, on les serre avec des cordes.
39:51...
39:54On mélange 800 grammes d'explosifs et de poudre de fer.
39:57De la plus fine
40:00à la plus grossière.
40:03...
40:06C'est la même préparation.
40:09Et on tasse.
40:12...
40:15L'embrasement des feux d'artifice
40:18peut se révéler très dangereux.
40:21Et ce n'est donc pas sans appréhension
40:24que Takaaki, le débutant, monte sur scène.
40:27Moi aussi, la première fois,
40:30j'avais le craque.
40:33Mes mains tremblaient
40:36mais une fois le feu allumé,
40:39je ne pouvais plus rien faire.
40:42Mes aînés m'ont rassuré en disant que tout irait bien.
40:45Et j'ai pu terminer.
40:48Il faisait une chaleur intense.
40:51...
40:54...
40:57Ce n'est pas mon destin
41:00de sauvegarder nos traditions festives.
41:03Mais j'aimerais que les jeunes
41:06appréhendent et apprennent.
41:09C'est pourquoi je leur apprends.
41:12...
41:15...
41:18Le final symbolise l'esprit du lanceur.
41:21On appelle ça l'éclat.
41:24...
41:28C'est le grand moment.
41:31...
41:33...
41:36...
41:39...
41:42...
41:45...
41:48Si le lac Biwa,
41:51niché au coeur de l'île d'Honshu,
41:54accueille d'extraordinaires festivités pyrotechniques l'été venu,
41:58il est avant tout l'une des perles du Japon.
42:00du plus grand lac d'eau douce de l'archipel a été de tout temps célébré par les poètes et
42:04il figure dans de nombreux récits historiques. C'est un lieu à la riche biodiversité,
42:10havre pour les oiseaux d'eau et écrin d'une importante production de perles nacrées.
42:15Un lieu emblématique sur lequel se referme cet itinéraire japonais.