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Le Conseil national de l'Ordre des médecins, en collaboration avec Ipsos, publie son Observatoire annuel de la sécurité des médecins. Les résultats de 2023 révèlent une augmentation de 27% des actes de violence envers les médecins. Écoutez l'interview de Jean-Jacques Avrane, conseiller national au Conseil de l'Ordre des médecins, coordinateur de l'Observatoire de la sécurité.
Regardez L'invité de Yves Calvi avec Yves Calvi du 08 octobre 2024.

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Transcription
00:00RTL Soir, Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:03Il est 18h18, bonsoir Jean-Jacques Abram.
00:06Bonsoir Monsieur Calvi.
00:07Vous êtes médecin, conseiller national au Conseil de l'Ordre des médecins,
00:09coordinateur de l'Observatoire de la Sécurité.
00:12L'Observatoire annonce une hausse alarmante des violences en 2023,
00:16presque 30%, 27% très exactement,
00:18enquête menée par l'Ordre des médecins avec l'Institut Ipsos.
00:21Je précise que les incidents vont des agressions verbales,
00:24sans oublier les menaces et les agressions physiques.
00:26On évoque aussi des vols, du vandalisme.
00:28Les agressions verbales représentent 70% de ces violences.
00:31Certains de vos confrères font leur métier la boule au ventre.
00:35Oui, tout à fait.
00:36D'autant plus qu'il faut noter que sur deux ans,
00:38l'augmentation est de plus de 50%,
00:40ce qui est énorme, qu'on n'avait jamais vu.
00:42Parce qu'il faut savoir...
00:43Plus de 50% en deux ans ?
00:44Tout à fait.
00:45L'année dernière, c'était 23% et cette année, c'est 27%.
00:48Donc ça fait un chiffre plus élevé de plus de 50%.
00:52Parmi eux, ce sont principalement les généralistes,
00:55alors qu'ils ne représentent à peu près que 45% de la population médicale.
00:59Ils subissent 62% des agressions.
01:02Le reste, ce sont des spécialistes.
01:03Alors ça va du psychiatre,
01:05mais là, on peut peut-être le comprendre,
01:06parce que peut-être que la patientèle est plus difficile.
01:10Et puis ensuite, ça va chez le cardiologue,
01:13l'ophtalmo, différentes professions qui sont très demandées.
01:16Et c'est vrai qu'il faut l'avouer que des fois,
01:18il y a des difficultés à trouver un médecin pour une consultation.
01:21Ça peut expliquer une partie.
01:23Non, ça n'explique pas qu'on soit anormalement violent en parole
01:27ou physiquement avec un médecin.
01:28Mais voilà, on a de moins en moins de médecins.
01:31Et c'est en tout cas une possibilité de tension, me dites-vous ?
01:36Alors c'est une possibilité.
01:37Et puis il y a un élément, on n'est pas déconnecté de la société.
01:40Vous le savez comme moi que la violence a beaucoup augmenté dans la société,
01:44surtout auprès de ceux qui ont l'autorité, ceux qui ont un savoir.
01:47Et c'est clair qu'on fait partie de cette population
01:50qui est la cible de beaucoup d'agressions.
01:52Vous nous dites quoi ?
01:53Que le médecin n'est plus respecté comme il le fut par le passé ?
01:55Ça, ça ne fait aucun doute.
01:57Ça ne fait aucun doute parce que les patients...
02:01Alors, parce qu'une grande partie des agressions,
02:03plus de 72% viennent de patients ou d'environnement de patients.
02:06Ce sont des agressions verbales ou un peu de menaces.
02:10On se rend bien compte que les patients sont nourris aussi par Internet.
02:13Ils ont des exigences et ils arrivent souvent au cabinet
02:18en disant voilà docteur, ce que je veux.
02:19Et puis, il y a la problématique des arrêts de travail.
02:22Il y a la problématique de tous ces éléments qui font que
02:26le patient devient de plus en plus exigeant,
02:28mais surtout une exigence par rapport à un savoir qu'ils n'ont pas.
02:32Et c'est compliqué à gérer.
02:33Le médecin, je crois, qui a beaucoup d'empathie pour le patient,
02:36essaye de le faire au mieux.
02:37Mais parfois, il y a des débordements.
02:38Ce qui veut dire que vous n'arrivez pas à vous faire comprendre
02:40par des gens qui n'ont pas envie de comprendre, en fait.
02:42Il y a des gens qui viennent chercher une ordonnance, point barre.
02:44Exactement.
02:45Un arrêt de travail, point barre.
02:46Exactement.
02:47Et on se raperçoit dans les agressions que
02:49si vous ne donnez pas le bon arrêt de travail,
02:50il va y avoir une falsification de l'arrêt de travail après.
02:53C'est-à-dire qu'on a aussi des arrêts de travail où les dates sont changées.
02:57Des ordonnances, puisqu'il y a un grand nombre de vols d'ordonnances,
02:59de tampons, donc des ordonnances falsifiées.
03:02Je vous propose d'écouter ce qui a été fait à Clermont-Ferrand
03:05pour faire face aux agressions.
03:06Pour protéger le médecin de garde le soir,
03:08les responsables d'une maison de santé ont recruté en fait un vigile.
03:11C'est un reportage de Guillaume Frixon.
03:13Oui, les exemples ne manquent pas.
03:14Il y a les refus de payer, les exigences d'arrêt de travail,
03:17les intimidations ou encore cette médecin qui a vu un patient
03:21l'attraper à la gorge un soir dans son cabinet.
03:23Alors, pour retrouver un peu de sérénité,
03:25la maison médicale de garde a fait appel à un vigile
03:28présent en permanence à l'accueil, un besoin et une exigence
03:31pour les 45 médecins généralistes qui se relaient ici,
03:35comme l'explique le docteur Olivier Reynaud.
03:37Surtout qu'on a bien sûr une féminisation de la profession
03:39avec des jeunes femmes qui se retrouvaient à minuit
03:42avec une porte ouverte à tous les 20.
03:43À la présence d'une autre personne, ça rassurait énormément
03:46les collègues qui, de toute façon, n'auraient pas continué
03:49s'ils n'avaient pas obtenu le vigile.
03:51Aujourd'hui, la présence de ce vigile est financée en grande partie
03:54par l'Agence régionale de santé et par l'Association
03:57des médecins libéraux de l'Allier.
03:59Moi, je suis stupéfait, vous ne semblez pas du tout surpris
04:01parce que vous venez d'entendre.
04:02Eh bien non, parce qu'à Paris, ça existe.
04:05Certains cabinets qui pratiquent la permanence des soins
04:08le soir et le week-end ont des vigiles payés.
04:12Alors là, ce n'est pas par l'ARS, ce n'est pas par les municipalités.
04:15Donc j'aurais tendance à dire qu'à Paris, il y a ce type de protection.
04:20C'est pour ça que nous, si vous voulez, le Conseil de l'Ordre,
04:23l'Observatoire est un élément de départ.
04:26Et puis à partir de là, ça nous permet de prendre des mesures,
04:30d'avoir des réunions avec les ministères concernés.
04:32Et on essaye d'avancer au mieux puisqu'on a une expertise
04:35de plus de 20 ans.
04:36Et aujourd'hui, c'est vrai qu'on a beaucoup travaillé l'année dernière
04:39avec Madame Lebaudot sur son projet.
04:42Elle a fait un rapport sur les violences contre les médecins.
04:44Dans le cadre de ce rapport, il y a eu des lois qui ont été votées.
04:47Mais vous le savez comme moi, il y a un peu de problèmes en ce moment.
04:49Donc ça a été voté en première lecture et on attend la suite.
04:53Des lois qui permettent d'aggraver les sanctions
04:55pour les agressions contre les médecins.
04:57Des lois qui permettent aux médecins de se domicilier à son ordre
05:02lors de la plainte parce qu'il a peur, sinon,
05:05de donner son adresse personnelle et d'être agressé chez lui.
05:07Les médecins français, aujourd'hui, en tout cas une partie d'entre eux,
05:11craignent d'être agressés à leur domicile, j'ai bien dit.
05:14Pas seulement dans leur lieu de travail.
05:17Tout à fait. C'est pour ça d'ailleurs
05:19que je dois le dire, alors qu'on fait des gros efforts à l'ordre
05:21pour l'information, de formation.
05:2462% des médecins agressés, aujourd'hui encore, ne portent pas plainte.
05:28Alors, c'est ce que je voulais vous dire.
05:30C'est que moi, je suis frappé de voir que dans votre communiqué,
05:33vous encouragez les médecins à signaler tout incident.
05:36Que peut-on faire d'après vous ? Et pourquoi ne le font-ils pas ?
05:39Alors, si, ça, je peux comprendre pourquoi ils ne le font pas.
05:41Parce que quand même, le médecin a de l'empathie.
05:44C'est souvent son patient qui l'agresse.
05:46Et si vous voulez, le médecin, il est là pour soigner, pour aider son patient.
05:49Et c'est vrai qu'il doit hésiter souvent à aller plus loin,
05:52même si son patient l'a agressé verbalement ou un petit peu bougé,
05:56parce qu'il espère toujours, je pense, malheureusement,
05:59que ça va s'arranger, qu'il va pouvoir lui faire comprendre.
06:01Vous voyez ce que je veux dire ?
06:02Donc, cette empathie fait que souvent...
06:04Vous voulez dire que vous intégrez la fragilité du patient,
06:06notamment psychologiquement ou par sa souffrance,
06:09et que, oui, mais en même temps, ça veut dire que vous acceptez quelque chose qui est devenu inacceptable.
06:13Pardonnez-moi, je ne vais pas vous donner de leçons, mais...
06:15Je ne l'accepte pas, et c'est pour ça que nous, on a un discours très ferme là-dessus.
06:19On dit à tous nos confrères, on leur dit, portez plainte.
06:22Non seulement vous portez plainte, mais en plus,
06:24on a mis en place tout un système départemental où il y a des médecins référents
06:29dans tous les conseils départementaux pour les accompagner.
06:32L'exemple de Marseille, récemment, où il y a eu cette agression,
06:36le Conseil de l'Ordre a aidé notre consoeur.
06:39Pour une fois, il y a eu une peine qui veut dire un petit peu quelque chose,
06:42puisqu'il y a eu deux ans de prison, dont un an avec sursis.
06:45Mais derrière, on a été obligés de faire travailler l'entraide du Conseil de l'Ordre,
06:49parce que, pour tout vous dire, la consoeur était au bord d'arrêter.
06:53Et il a fallu l'aider et essayer de voir avec elle et de la soutenir dans ce moment difficile.
06:57Donc, le Conseil de l'Ordre des médecins aujourd'hui dit à nos docteurs,
07:01portez plainte dès qu'il y a un problème, je vous ai bien compris.
07:04Exactement.
07:04Pour que ça soit recensé, identifié.
07:06Exactement, et pas une main courante.
07:09Portez plainte.
07:10Alors, ça veut peut-être dire qu'aussi, aux commissariats, on ne facilite pas toujours les choses.
07:14Pour la vérité.
07:15Oui et non. Non, parce que depuis dix ans, nous avons mis en place,
07:19avec les procureurs et les services de gendarmerie et de police, un protocole sécurité.
07:24Ce protocole sécurité permet justement des accès directs pour porter plainte
07:27et une aide au niveau des services juridiques du ministère, enfin, au niveau de la justice.
07:32Le problème, et je dois le dire, c'est que ces protocoles sont très personnes dépendantes.
07:37Vous avez un changement de procureur,
07:40il faut recommencer le travail avec le procureur qui arrive, le préfet, vous voyez ce que je veux dire.
07:46Donc, c'est un travail malheureusement de longue haleine,
07:48où il faut sensibiliser en permanence les autorités.
07:51Le Covid a-t-il joué un rôle dans tout ce que vous nous décrivez ?
07:54Je pense que depuis la période Covid, il y a eu certainement une augmentation des actes de malveillance.
08:01Une dégradation finalement de la relation médecin-patient ?
08:04Tout à fait.
08:05Merci beaucoup Jean-Jacques Avran, vous êtes conseiller national au Conseil de l'Ordre des médecins,
08:09coordinateur de l'Observatoire de la Sécurité,
08:11et vous nous indiquez ce soir sur RTL des chiffres qui sont impressionnants.
08:14Bonne soirée et bon travail.
08:15Merci à vous.
08:16Dans un instant, le journal de 18h30 est une immersion dans un cras.
08:20C'est un centre de rétention administrative où une retaillot veut y prolonger le séjour des étrangers en situation irrégulière.
08:26Vous allez l'entendre, les conditions de vie sont épouvantables, pour ne pas dire honteuses.
08:29Enfin, à 18h45, nous calculerons votre facture d'électricité.
08:33Elle devait bientôt baisser, mais ça c'était avant Michel Barnier.
08:36Et la baisse est à la baisse.
08:38La présidente de la commission de régulation de l'énergie, Emmanuelle Wargon, sera avec nous.

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