Sabrina Medjebeur : «C’est très représentatif de la disqualification de l’autorité»
L’essayiste et sociologue Sabrina Medjebeur revient sur Sciences Po à Paris où des manifestants propalestiniens ont de nouveau été délogés : «C’est très représentatif de la disqualification de l’autorité mais dans l’ensemble des institutions françaises».
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00:00En fait, si vous voulez, c'est très représentatif de la disqualification de l'autorité mais dans l'ensemble des institutions françaises.
00:05Ce qui se passe à Sciences Po, c'est à la fois une liberté, évidemment personne ne peut contester le droit des étudiants à prendre part pour des causes
00:14ou contester certains faits géopolitiques, évidemment cela relève de leur liberté.
00:19En revanche, lorsque cette liberté entrave celle des autres, c'est-à-dire qu'elle interdit à certains de circuler au sein de Sciences Po,
00:27qu'elle met des cibles dans le dos de Français, de Confessions juives, d'étudiants de Confessions juives,
00:32là, évidemment, le directeur de Sciences Po mais plus encore le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche doit intervenir.
00:39Et ce n'est pas avec des communiqués de presse, pardon, qui sont pour la plupart du temps suivis, non suivis des faits, qui va changer les choses.
00:47Il faut se montrer ferme, il faut indiquer une volonté de faire appliquer et respecter l'autorité.
00:56Ça c'est pour la première partie. La deuxième partie, et là c'est encore plus inquiétant, c'est ce que veut dire la liberté d'expression au sein même de cette institution.
01:04Quand je vois, ou quand l'on sait, pardon, lorsque l'on sait que Gilles Kepel a été ostracisé de Sciences Po,
01:12que M. Pascal Perrineau qui était professeur émérite a été malheureusement contraint de s'extirper du corpus professoral de Sciences Po,
01:21lorsqu'on sait que Mme Florence Bergeau-Blackler, qui est une anthropologue renommée, qui a écrit un ouvrage extrêmement courageux,
01:28qui est sous protection policière, dont les travaux remontent et se basent sur des recherches empiriques, n'a pas la possibilité...
01:35Ça devient le royaume de la pensée unique.
01:36Absolument. Donc c'est là, en fait, si vous voulez, le poison est instillé dans la censure, dans le baillonnement de toutes les expressions politiques.
01:44Et cela, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche doit profondément y veiller, ainsi que le directeur de Sciences Po.
01:50Il faut permettre à toutes les expressions de pouvoir s'exprimer et s'affirmer au sein d'une université quelle qu'elle soit.