Quand on parle crise de l’agriculture, on oublie souvent l’ensemble de l’écosystème en amont qui souffre avec les dirigeants d’exploitations. Une étude de la Fédération Nationale Entrepreneurs Des Territoires (FNEDT) nous révèle que 78 % des patrons d’entreprises de travaux agricoles (ETA), ruraux (ETR) ou forestiers (ETF) ont le moral dans les chaussures…
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00:00Générique
00:12Fenêtre sur l'emploi pour parler du moral des chefs d'entreprise, mais pas n'importe quel secteur.
00:17Les chefs d'entreprise du secteur agricole. Et on en parle avec vous, Frédéric Jean.
00:21Vous êtes vice-président délégué de la Fédération nationale des entrepreneurs d'été de...
00:27EDT, entrepreneurs des territoires.
00:29Et vous êtes à la tête de la Fédération Bretagne, président de Bretagne, directeur d'une entreprise bretonne.
00:35Alors, directeur d'une entreprise bretonne dans le monde agricole.
00:38Et vous êtes prestataire des agriculteurs. Et vous leur faites leurs récoltes, leurs épandages ?
00:43Tout à fait.
00:44Mais bras menton, c'est-à-dire qu'il y a une prestation de service dans le monde agricole sur ce type d'activité.
00:49Bien sûr. C'est vrai que c'est une profession qui est peu connue, pas assez reconnue dans notre sens.
00:58En fait, si on prend la fédération, elle existe depuis un siècle. Donc elle est très ancienne.
01:06Mais pour autant, on monte vraiment en puissance.
01:09Aujourd'hui, sur les effluents d'élevage, par exemple, c'est 70% réalisé sur le Grand Ouest par les entreprises de travail agricole.
01:18En fait, l'agriculteur qui se spécialise sur l'élevage, lui, va être moins présent...
01:24Il va mourir ses vaches ?
01:25Voilà. Son métier, c'est celui d'éleveur. Il va confier en fait la partie travaux des champs, récoltes à une entreprise de travail agricole.
01:34Les foins ?
01:35Les foins aussi.
01:36Par exemple, la récolte du blé, moissonneuse batteuse ?
01:38Voilà. Tout à fait.
01:39Concrètement, le moral aujourd'hui, il en est où ? Parce qu'on a un monde agricole. On s'en souvient, il y a quelques mois,
01:45la France et une partie du salon de l'agriculture avaient été bloquées par des agriculteurs en colère.
01:52Le moral est bas aujourd'hui ?
01:55Le moral est d'autant plus bas que la météo s'y mêle. C'est vrai qu'aujourd'hui, en élevage, on a finalement un secteur élevage-port ou laitier
02:12qui ne va pas si mal que ça au niveau des prix. Par contre, des récoltes très compliquées, au niveau climat, si on prend de novembre 2023 à mai 2024,
02:29sur le Grand Ouest par exemple, on a eu un millimètre à tomber toutes les 48 heures.
02:36Ce qui abîme évidemment les grains, qui abîme les plantes, qui crée moins de volume.
02:40À tout niveau. Et puis c'est surtout qu'on n'a pas pu semer en temps et en heure. La récolte de céréales sur l'ensemble de la France a été très compliquée, décalée.
02:52En plus, à partir du moment où on ne sème pas en temps et en heure, on a des rendements bien inférieurs. Donc moins de surface, moins de rendement.
03:01Et puis en plus, là, pour le coup, des cours en céréales complètement baissiers.
03:09On nous annonce une crise sur le niveau des cours et donc une grande tension. Vous qui êtes des prestataires, donc le service du monde agricole,
03:16tout ça va avoir un effet domino sur vos activités, j'imagine, non ?
03:20Oui, complètement, oui. De toute façon, quand l'agriculteur va bien, nous on va bien.
03:26Et quand il va mal, forcément, ça vous impacte ?
03:29C'est une évidence, oui.
03:30Un mot, c'est important Frédéric, sur l'attractivité du secteur. Parce qu'on le voit dans beaucoup de secteurs manuels où l'attractivité ne se fait pas ou ne se fait plus.
03:37Est-ce que vous avez, vous aussi, malgré la crise, des difficultés pour recruter ?
03:42On a chauffeur d'engin agricole, en fait. C'est un métier passion d'abord.
03:49Donc c'est vrai, pendant très très longtemps et jusqu'à peu, il n'était vraiment pas compliqué d'embaucher.
03:56C'est vrai qu'on a, là, avec toute la tension qu'on a pu avoir sur l'emploi, sur toutes les professions,
04:06là, on le ressent aussi. Et puis c'est vrai qu'il y avait une chose, c'est qu'on avait un vivier agricole, on avait les enfants d'agriculteurs.
04:15Bien souvent, ils venaient en saison dans nos entreprises avant de reprendre la ferme familiale.
04:23Et ça, ça s'est tari ?
04:27Ça s'est tari. Et puis on dit que d'ici cinq ans, on va avoir un agriculteur sur deux encore à partir en retraite.
04:34Ça veut dire qu'on pourra continuer à nourrir la population malgré tout, malgré les chiffres que vous annoncez ?
04:39Les exploitations grossissent, se concentrent, font appel à prestation ou ont des salariés.
04:48Mais l'appel à prestation, c'est si on prend la Bretagne en équivalent temps plein,
04:57tous les cinq ans, nos entreprises en moyenne gagnent un équivalent temps plein, un salarié.
05:02Donc il y a un basculement de l'activité de la ferme vers les activités de sous-traitance, les vôtres.
05:07Combien de collaborateurs vous avez ? Combien de salariés vous avez dans votre boîte ?
05:10Moi, c'est un peu particulier, mais sur ma partie travaux agricoles, j'en ai une vingtaine.
05:14Vingt ?
05:15Oui, pour 50 salariés, parce que je fais aussi des travaux publics.
05:18D'accord, donc il y a du travaux publics, engins traditionnels, mais aussi vingt qui sont exclusivement dédiés à la ferme.
05:24Au moment où on se parle, là, vous avez des salariés qui sont sur les routes ou qui sont dans les champs ?
05:28Qui sont dans les champs, oui.
05:29Et à qui vous allez donc envoyer une facture à l'agriculteur qui les a utilisés ?
05:33Voilà, c'est exactement ça.
05:35Donc ce sont vos salariés et l'agriculteur leur donne des ordres avant de nous quitter ?
05:38Est-ce qu'il a capacité, parce qu'il ne peut rien leur dire, à ces salariés ?
05:42Enfin, il commande un travail, donc il le commande auprès de nous.
05:46Mais en même temps, nos salariés, et c'est tout l'intérêt aussi de la profession,
05:49nos salariés sont de vrais représentants de nos entreprises.
05:54Et derrière, le contact se fait forcément avec l'agriculteur et la formation également.
06:00Merci Frédéric, vous êtes venu nous éclairer d'avoir fait tout ce chemin de Bretagne,
06:04à la tête d'une entreprise justement de sous-traitance auprès du monde agricole.
06:08Et vous êtes le Président Bretagne de la Fédération Nationale des Entrepreneurs des Territoires.
06:13Merci de nous avoir rendu visite, merci à vous, merci de votre fidélité évidemment,
06:17merci pour tous vos messages sur les réseaux sociaux.
06:19Je vous dis merci, à très bientôt, merci à Angèle à la réalisation,
06:22merci à Héloïse Ausson et merci à Nicolas Juchat bien entendu.
06:25Je vous dis à très bientôt, bye bye !