• le mois dernier
Qu’est-ce que le visage féminin de la dépression ? Lucie Joly, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine et Trousseau à Paris, nous répond.
Transcription
00:00La dépression touche deux fois plus les femmes que les hommes et notamment dans des périodes de grands remaniements hormonaux
00:06comme l'adolescence, la grossesse ou encore la ménopause.
00:10On sait que cette prévalence est due à une combinaison de facteurs biologiques, psychologiques et socioculturels.
00:18Je suis le docteur Lucie Joly, psychiatre spécialisée en périnatalité à l'hôpital Saint-Antoine et enseignante à Sorbonne Université.
00:25Les hormones vont agir directement sur la plasticité cérébrale pendant ces périodes de grands remaniements
00:32et vont entraîner une plus grande susceptibilité aux troubles anxieux et dépressifs.
00:36Cette prévalence de la dépression au féminin est sous-estimée.
00:40Les symptômes de dépression sont souvent mis sur le compte de, par exemple, le syndrome prémenstruel ou de la grossesse, voire de la ménopause.
00:49Alors qu'en fait, ces femmes font de vraies dépressions.
00:51Il y a d'autres facteurs qui vont expliquer cette prévalence de la dépression et notamment les facteurs socioculturels.
00:58Les inégalités au travail, l'organisation familiale, l'accès aux soins est plus compliqué pour les femmes
01:05et on peut aussi parler des violences verbales, physiques dont sont principalement victimes les femmes.
01:11Il va y avoir beaucoup de culpabilité chez les femmes à verbaliser leurs difficultés
01:16et notamment, par exemple, pendant la grossesse où il y a une pression sociale autour de la maternité,
01:21où on est enceinte, on se doit entre guillemets d'être heureuse.
01:25Et donc, c'est très compliqué pour ces femmes d'aller consulter des professionnels
01:29et je pense qu'il faut vraiment ouvrir la parole pour que ces femmes viennent plutôt consulter.
01:34Il faut savoir que la dépression, elle ne se manifeste pas toujours par de la tristesse.
01:39Ça peut être aussi de la fatigue ou beaucoup de douleur.
01:42Et quand on arrive à repérer des signes chez des proches, il ne faut pas hésiter à ouvrir la parole
01:49et à lui indiquer qu'elle peut facilement consulter des psychologues en libéral ou des psychiatres à l'hôpital ou en ville.
01:58Depuis quelques années, on observe une libération de la parole avec, par exemple, le hashtag non-postpartum.
02:05On voit que des personnalités publiques s'expriment plus sur leur vécu de dépression.
02:11Donc, on voit une avancée, mais il reste encore un long chemin à parcourir
02:15pour que les personnes s'autorisent plus à consulter des spécialistes.

Recommandations