Risques industriels et naturels : 4 maires sur 10 en Isère n'informent pas assez la population, dénonce l'IRMA

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00:007h46, vous avez la parole, bien sûr, ce matin avec l'invité du 6.9 France Bleu Isère. On parle gestion des risques TOH.
00:07Oui, car un exercice d'ampleur est organisé aujourd'hui à Pont-de-Clay, au sud de Grenoble.
00:11Les habitants vont recevoir un message d'alerte sur leur téléphone portable.
00:15Bonjour François-Djenno Caro.
00:16Bonjour à tous.
00:18Merci d'être en direct avec nous ce matin. Vous êtes le directeur de l'Institut des risques majeurs.
00:22C'est quoi cet exercice, cette alerte qui va être envoyée sur les téléphones portables ? En quoi ça consiste ?
00:27Alors, quelques éléments de contexte. En France, les communes doivent mettre en place des plans communaux de sauvegarde.
00:34Et ce matin, à l'initiative du maire Christophe Serrari, il y aura un test grandeur nature.
00:40Et l'idée, c'est bien entendu de s'assurer, pendant l'exercice, que les populations sauront réagir.
00:47C'est bien un exercice grandeur réelle.
00:49Et en l'espèce, on va avoir pour la première fois, je crois, dans l'Isère, le test du dispositif FR Alert.
00:57Alors, il y avait eu 7 communes qui avaient été concernées dans le Nord-Isère, tout au nord de l'Isère, à la frontière avec l'Inde, il y a plusieurs mois.
01:03Mais effectivement, en Sud-Isère, c'est une première. C'est une alerte sur le téléphone portable avec des consignes, c'est ça ?
01:09Voilà, avec des consignes. Sans que le POTOI soit inscrit au dispositif, il est susceptible de recevoir un message d'information et d'alerte
01:19dans le cadre de l'exercice grandeur nature de ce matin.
01:22C'est-à-dire que tous les téléphones qui sont dans la zone concernée reçoivent un message d'alerte ?
01:26Je le confirme. Donc, sans s'être inscrit, les habitants de Pont-de-Clé vont recevoir un message d'alerte. Il s'agit bien d'un exercice. On se rassure.
01:34Évidemment. Dans quel cas est-ce que ce dispositif peut être utilisé ? On a donné quelques exemples en début d'émission.
01:42Risques industriels, séismes, inondations, tout ça, ça peut concerner des communes de l'Isère ?
01:48Tout à fait. L'enjeu sur des événements subis ou prévisibles, c'est de pouvoir, à un moment critique, pouvoir déclencher l'alerte.
01:59Sur l'événement prévisible, ce qui est intéressant, c'est de pouvoir anticiper avec la Vigilance Météo France, par exemple,
02:06les services de prévision des crues. Il est important que nos auditeurs qui nous écoutent ce matin puissent se renseigner quand un événement survient,
02:14et notamment pour aller en montagne le week-end quand il fait beau et puis un orage arrive et on ne l'avait pas prévu.
02:19Là, en l'espèce, sur l'événement subi, les autorités peuvent déclencher l'effet d'alerte. Diffusion cellulaire, c'est nouveau.
02:26Et l'enjeu, c'est de s'assurer qu'on connaît bien les consignes de sécurité.
02:30Évidemment, au sud de Grenoble, l'un des principaux risques, c'est le risque industriel chimique. Il y a une grosse plateforme chimique à Pont-de-Clé, à Jarry également.
02:38On est allés, nous, à Pont-de-Clé, on a demandé aux habitants s'ils savaient ce qu'il fallait faire en cas de problème.
02:45Écoutez quelques extraits de ces habitants de Pont-de-Clé.
02:50On a eu l'obligation de mettre une pièce de confinement dans notre habitation.
02:53Justement, quand il y aura une alarme, on est censé se mettre dans cette pièce et donc fermer les aérations.
02:58Tous les systèmes qui ont été mis en place pour justement être à l'abri d'éventuels risques.
03:03Je n'ai pas de pièce faite pour ça. Je n'ai pas trop d'informations sur ça.
03:07Alors, on a un peu deux salles, deux ambiances.
03:10La première personne est visiblement très au courant des choses.
03:13Elle a installé dans sa maison une pièce dédiée au confinement.
03:16C'est obligatoire, je crois, dans une zone autour de ce site chimique de Pont-de-Clé.
03:20Je confirme que certaines dispositions qui sont inscrites dans le plan de prévention des risques technologiques,
03:27qui concourent à maîtriser l'urbanisation, demandent aux autorités de pouvoir,
03:33dans certaines zones, mettre en place une pièce de confinement.
03:37Mais au-delà, ce qui apparaît dans ces questions qui ont été posées,
03:41c'est le défaut d'informations préventives.
03:44La deuxième personne nous dit, moi j'ai pas de pièce, au fond, je sais pas trop quoi faire.
03:48Et ça c'est important de signaler que depuis 1990, il y a un décret d'application
03:54qui a été repris dans le Code de l'environnement,
03:56qui amène les maires à devoir informer les populations
04:00à travers l'établissement d'un document d'information communale sur les risques majeurs.
04:03J'ai quelques statistiques à jour que la préfecture m'a communiquées.
04:07Figurez-vous que dans l'Isère, on a encore 42% des maires qui ne se sont pas acquittés de leurs obligations.
04:13Donc c'est un message que je fais passer aussi bien aux habitants, aux élus, que de se satisfaire à cette obligation.
04:20Ils en font pas assez aujourd'hui les maires ?
04:23Un effort doit être porté sur la prise de conscience sur ces réalités.
04:27Les élections municipales 2026 arrivent, c'est le moment de se saisir de ces questions dans les programmes municipaux.
04:34C'est un enjeu majeur, comme de s'entraîner.
04:37On a 75% des communes iséroises qui disposent d'un plan communal de sauvegarde,
04:42près de 67% de ces communes ne se sont pas entraînées.
04:46Et l'enjeu, c'est un peu comme au foot, avant d'aller en compétition, elle sera dommageable,
04:51il faut s'entraîner, créer les combinaisons et de plus en plus associer les populations à ces exercices, comme on le voit au Japon.
04:57Un manque d'informations, c'est ce que vous soulignez, vous appelez les maires à en faire plus.
05:01Manque d'informations, c'est aussi ce qu'on voit un peu dans les commentaires sur notre page Facebook, choisis-le Paul.
05:05Vous parliez de deux salles, deux ambiances, c'est aussi un peu ce qu'on lit ce matin sur la page Facebook de France Bleu Viser.
05:12On a Olga par exemple, Corinne, Alexandre, qui ne sont pas vraiment informés de quoi faire en cas de risque majeur.
05:21Corinne qui suppose qu'il faut rester à la maison ou bien fuir si le danger est tout proche.
05:27Et puis on a Audrey qui habite justement à Pont-de-Clay et qui elle est très informée,
05:31qui nous parle de l'exercice prévu ce matin, puisqu'elle travaille je suppose dans une école,
05:36et qui dit que chacun sait ce qu'il faut faire, les tâches précises à exécuter pour chacun.
05:40Et vous justement, est-ce que vous savez agir en cas de risque ? C'est la question que l'on vous pose ce matin.
05:45Appelez-nous dès maintenant au 04 76 46 45 45.
05:49Il vous reste quelques minutes pour pouvoir justement nous faire part de votre témoignage.
05:537h51.
05:54Et notre invité, François Gianocaro, directeur de l'Institut des risques majeurs.
05:58On voit des auditeurs plus ou moins informés.
06:01Comment on fait, nous, pour s'informer, au-delà du travail que peuvent faire les maires ?
06:04Vous en avez parlé, nous, est-ce qu'il y a un site internet ?
06:07Est-ce qu'il y a des ressources qu'on peut aller trouver pour s'informer là-dessus ?
06:12Alors bien entendu, aller s'informer en mairie, puisqu'il y a cette obligation.
06:16Il y a notre institut sur notre site internet, on a beaucoup d'informations.
06:22Il existe le dossier départemental des risques majeurs qui relève d'une obligation auprès du préfet
06:27qui permet de qualifier la nature des risques auxquels les territoires communaux sont exposés en Isère.
06:33Et puis, ce qui est important, c'est bien sûr de s'informer et d'imaginer demain une société un peu originale,
06:39ou en tout cas, celle auquel on adhérerait, ou d'un citoyen informé, on fait un citoyen impliqué, engagé.
06:46Je rappelle qu'en France, la sécurité civile, c'est des volontaires, des bénévoles qui sont sapeurs-pompiers volontaires.
06:54On a 240 000 sapeurs-pompiers volontaires en France, il y en a au moins 200 000 qui sont volontaires, bénévoles.
07:01Les associations agréées de sécurité civile également, 150 000, c'est que des bénévoles.
07:06Et donc si demain, d'un citoyen informé, on en fait un engagé, on conserve notre modèle de sécurité civile.
07:13Et en tout cas, s'informer. Effectivement, quels sont les risques ? Parce qu'il y a beaucoup de risques en Isère auxquels on peut être confronté.
07:18Notre territoire est montagneux, il y a beaucoup de barrages hydroélectriques aussi, tout ça représente des risques.
07:24C'est quoi les risques principaux en Isère, si on doit dresser le tableau ?
07:28On a tous les risques, sauf le risque de volcanisme et les risques qu'on retrouve sur le littoral.
07:34Donc, allez faire un tour sur le site internet de l'IRMA, irma-grenoble.com,
07:40et vous aurez précisé les consignes de sécurité, l'ensemble des risques auxquels notre territoire est exposé.
07:46Et puis la prévention, on pense par exemple, vous en parliez Mathieu tout à l'heure, aux sirènes d'alerte.
07:52Suivant la tonalité, le message n'est pas le même. Là aussi, il y a les ressources pour aller s'informer là-dessus ?
07:57Tout à fait, on a des informations qui concernent la nature des signaux d'alerte et la connotation qu'il y a derrière.
08:05Ce qui est important, c'est qu'au-delà de la sirène, avoir les yeux, les oreilles, être aguerri,
08:12parce que ça peut survenir, et en montagne, le moindre torrent qui paraît débonnaire l'été peut déborder,
08:19et on voit ce que ça a pu faire à la Bérare.
08:21À la Bérare par exemple, le changement climatique accentue aussi un certain nombre de risques.
08:26Est-ce que la prévention, elle aussi, évolue en conséquence ? Parce que ce n'est pas des choses linéaires.
08:31Je crois qu'il y a une prise de conscience collective, on le voit ces dernières semaines, ces derniers mois,
08:36sur la nature extrême de certains phénomènes.
08:39Et tout l'enjeu, ça va être de pouvoir caractériser ce qu'on appelle un aléa maximal vraisemblable,
08:44et d'en prendre conscience collectivement.
08:46Que ce soit dans la maîtrise de l'urbanisation, que ce soit dans la protection du bâti existant,
08:51que ce soit dans l'information des populations, mais également, quand on arrive à la protection,
08:56préparer les secours, la sauvegarde à cette protection collective.
09:00Le message est passé François-Diano Caro, directeur de l'Institut des risques majeurs.
09:03On mettra tous les liens dont vous avez parlé sur notre site francebleu.fr.
09:07Merci.
09:08Et bon exercice au pontoir.
09:09Exactement.

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