Économies imposées au département de l'Isère : "Je crains que le remède tue le malade" (Jean-Pierre Barbier)

  • il y a 21 heures

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00:00Il est 7h45, on vous rappelle que vous pouvez nous appeler bien sûr pour répondre à notre question du jour.
00:06Est-ce que vous êtes prêt à payer plus d'impôts pour participer à l'effort collectif demandé notamment par le gouvernement à numéro 04 76 46 45 45 ?
00:14Un effort, c'est aussi ce que demande le gouvernement aux collectivités locales face aux déficits croissants de la France.
00:19Bonjour Jean-Pierre Barbier.
00:20Bonjour.
00:21Merci d'être en direct avec nous ce matin, président du département de l'ISER.
00:24On a eu envie de vous inviter car ça fait plusieurs jours qu'on vous croise en reportage, qu'on sent une colère après cette annonce du gouvernement
00:31qui demande un effort aux collectivités locales et notamment au département de l'ISER.
00:36Est-ce qu'effectivement vous êtes en colère face à cela ?
00:39En colère oui parce que sur le fond et sur la forme, sur le fond si vous voulez, la dette de la France est énorme.
00:45Tout le monde le sait, il faut bien faire quelque chose.
00:47Tout le monde va devoir faire des efforts, y compris les collectivités locales.
00:51Mais si vous voulez, sur la forme, moi je ne peux pas accepter que l'on rende responsables les collectivités territoriales du déficit abyssal de la France, 3200 milliards.
01:00C'est énorme, on n'a même pas idée de ce que cela peut être.
01:05Alors que les collectivités territoriales ne sont responsables que de 9% de cette dette et les départements 1%.
01:12Donc si vous voulez, oui on est prêt à faire des efforts mais il fallait le faire de manière coordonnée et surtout pas comme ça.
01:18Pas comme ça.
01:19Pas comme ça.
01:20Pas comme ça.
01:21Pas en mettant les collectivités en accusation, en faisant aussi la distinction entre les collectivités.
01:26Parce que quand on prend les 450 plus grosses collectivités, les compétences ne sont pas tout à fait les mêmes.
01:31Les départements, nous avons pour compétence des compétences de solidarité avec les personnes âgées, personnes handicapées, protection de l'enfance, allocataire du RSA.
01:39Ce sont les plus fragiles que l'on a en charge et il va bien falloir que l'on trouve des solutions pour maintenir cela.
01:48Au terme de la protection.
01:51Et aussi continuer à faire de l'investissement, ce que le département fait depuis des années, parce que l'investissement c'est du travail pour nos entreprises.
01:59Et s'il n'y a plus de travail pour nos entreprises, demain la crise va encore s'accentuer.
02:04Donc j'ai peur que le remède qui nous soit imposé tue le malade.
02:07Des choix durs en perspective, vous allez les détailler dans un instant.
02:10On va voir aussi le calendrier, peut-être un petit tour au standard de France Bleu Isère Mathieu.
02:14Ça fait déjà pas mal réagir cette question. Florence nous appelle de l'Antilles dans le Rhône, c'est juste au nord de Lyon. Bonjour Florence.
02:21Oui bonjour.
02:22Alors Florence, je vous pose la question. Est-ce que vous êtes prête à payer plus d'impôts pour participer à l'effort collectif ?
02:28Alors moi l'effort collectif, ok, pas de problème, je paye un peu plus.
02:32Par contre, je me dis que tous les chômeurs, les RSA, pourquoi pas prendre un petit pourcentage.
02:41Par exemple, je ne sais pas, 20 euros sur le SMIC.
02:45Comme ça, c'est vraiment toute la population qui participe.
02:48Parce que bon, là c'est vraiment, on va dire, la moitié des Français.
02:52Et moi je suis pour payer, mais il faudrait que tout le monde, mais vraiment tout le monde paye.
02:57Donc 20 euros par-ci, 3 euros par-là, enfin voilà.
03:00Après Florence, les personnes à faible revenu, peut-être qu'ils ne payent pas d'impôts sur le revenu, mais il y a la TVA, il y a tout un tas d'autres impôts qui font qu'ils participent aussi.
03:08Je suis d'accord, mais là il faut faire un effort collectif.
03:11Et cet effort collectif, il faut qu'il soit fait sur un laps de temps.
03:15Et bien sur un laps de temps, on demande aussi au petit salaire, en sachant quand même que le SMIC va arriver quand même pas loin des 1500 euros.
03:24On a tous des portables, on a tous Netflix.
03:27Enfin voilà, on peut participer à la hauteur, mais ne serait-ce que 10 euros par mois.
03:31Ne serait-ce que 10 euros par mois.
03:33Si tout le monde fait un effort, je suis pour faire un effort aussi.
03:38Une participation proportionnelle, très bien Florence.
03:41Exactement.
03:42On a entendu votre point de vue, on va en discuter avec notre invitée en l'occurrence.
03:45Merci beaucoup Florence d'être passée ce matin.
03:46Au revoir.
03:47Au revoir.
03:48Notre invité Jean-Pierre Barbier, président du département de l'ISER.
03:51Tout le monde doit faire des efforts, nous dit Florence.
03:54Vous disiez que le département a des compétences aussi de solidarité, de protection.
04:00Lundi dernier sur France Blizzard, vous disiez nous devrons faire des choix lourds.
04:03C'est quoi ces choix lourds Jean-Pierre Barbier ?
04:06Écoutez, des choix qui vont concerner...
04:09Alors j'entends quand même l'auditrice, parce que ce qu'elle dit est important.
04:12C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on nous présente des efforts à faire,
04:16mais au final, dans ce qui nous est présenté, on ne sait pas qui va faire les efforts.
04:19Vous savez, dans le fait de dire qu'il faut que tout le monde participe,
04:23il y a quelque chose qui a été fait il y a quelques années,
04:25qui a bénéficié à beaucoup de Français, et j'en suis très heureux.
04:28C'est la suppression de la taxe d'habitation. 23 milliards d'euros.
04:32Cette taxe, on l'a supprimée.
04:34C'est des ressources en moins pour les collectivités locales.
04:36Alors non, pas des ressources en moins pour les collectivités territoriales,
04:39parce que l'État a compensé.
04:41Il a pris de l'argent ailleurs, et puis il a compensé pour les collectivités territoriales.
04:44Mais sauf que quand vous faites ça, le trou de 23 milliards, il est toujours là.
04:49Il est toujours là.
04:51Donc si vous voulez, pour les communes, collectivités,
04:53quoi de plus normal dans une ville que quelqu'un qui y habite,
04:56même en tant que locataire, paye une taxe d'habitation.
04:59Parce qu'il bénéficie des transports, il bénéficie de l'école,
05:02il bénéficie de la garderie, il bénéficie de l'entretien de la voirie.
05:05Donc c'est normal que la taxe d'habitation soit versée.
05:08Moi je crois, si vous voulez, dans notre pays, qu'il faudrait qu'on ait une imposition
05:11qui soit juste pour tous, et que chacun participe à hauteur aussi de ses moyens.
05:15Ça c'est le problème des recettes.
05:17Moi je vous posais la question sur les dépenses, Jean-Pierre Barbier.
05:19Quel choix vous allez devoir faire sur les dépenses ?
05:21Je vais écouter sur les dépenses très clairement.
05:23Alors aujourd'hui, j'ai quand même précisé les choses.
05:26C'est qu'on a un projet de loi de finances qui n'est pas encore passé à l'Assemblée Nationale,
05:31donc qui n'est pas encore voté.
05:33Donc tout ce que je dis est aussi au conditionnel, parce que nous attendons,
05:36et j'espère que nos députés seront plus présents à l'Assemblée Nationale
05:39qu'ils n'étaient présents au Congrès des maires.
05:41Parce qu'à part Marie-Noëlle Batistel et Yannick Neder qui étaient présents au Congrès des maires,
05:46Il n'y avait pas d'autres députés ?
05:48Il n'y avait pas d'autres députés. On avait des sénateurs mais on n'avait pas de députés.
05:50Vous espérez qu'ils modifient encore ?
05:52J'espère qu'à l'Assemblée Nationale, ils auront quand même l'attention portée sur les collectivités territoriales,
05:57particulièrement les départements, parce que vous avez raison,
06:00nous c'est des compétences sociales, c'est des compétences de solidarité,
06:03et on est bien obligé de s'occuper des plus fragiles.
06:05Quand je parle des personnes âgées ou personnes handicapées,
06:10le département vote les taux directeurs pour les établissements.
06:13C'est-à-dire que chaque année on dit que ça va augmenter de 2-3%,
06:18mais le département finance.
06:20Cette année, nous avons des recettes négatives,
06:23le taux directeur pour les établissements, je ne peux pas garantir qu'il sera positif.
06:29Mais j'attends la loi de finances définitive,
06:33on est en train de faire tourner nos modèles budgétaires,
06:35parce qu'un milliard six de budget, il faut quand même poser les choses.
06:39Mais voilà, c'est ça le risque.
06:41Ça va se décider au courant du mois de décembre ?
06:43Le budget, j'ai décidé de le reporter en mars,
06:46parce que comme je ne suis pas l'Etat et le gouvernement,
06:50moi je veux voter un budget sincère, en équilibre recettes et dépenses,
06:54et surtout sans endetter le département,
06:57de toute façon les collectivités, nous n'avons pas le droit d'endetter
07:00nos collectivités pour du fonctionnement.
07:03Donc voilà, la quadrature du cercle elle est là,
07:06mais vous voyez c'est ce type de décision,
07:08et quand vous votez des taux directeurs à zéro ou négatif,
07:13vous contraignez les établissements qui sont déjà dans la difficulté.
07:17À faire des choix.
07:18À faire des choix eux aussi, mais malheureusement,
07:20nous n'aurons pas d'autre choix si la situation reste en l'état.
07:24Des choix difficiles à venir pour le département de l'ISER
07:27et des efforts réclamés à tous,
07:29on en parle ce matin au Standard de France Bleu-ISER.
07:31Oui exactement, et aussi sur notre page Facebook
07:33avec pas mal de commentaires,
07:35avant de recueillir l'avis d'Alexandre dans quelques instants.
07:38Je vais vous en citer deux qui résument bien l'avis général
07:41sur la page Facebook ce matin de France Bleu-ISER.
07:43On a Éliane qui nous dit bien sûr que je veux participer
07:46au redressement de la France,
07:47mais que le gouvernement prenne l'argent là où il est,
07:50certainement pas chez les gens qui travaillent.
07:52Les Français moyens en ont marre.
07:53Et puis Corinne qui nous dit, ce n'est pas aux classes moyennes
07:56qui paient déjà beaucoup d'impôts d'en payer plus
07:58pour renflouer les caisses du gouvernement
08:00qui en a beaucoup distribué sans réfléchir aux conséquences.
08:03Et nous avons Alexandre qui nous appelle ce matin
08:06dans Saint-Martin-de-Vinou dans l'agglomération grenobloise.
08:08Bonjour Alexandre.
08:09Bonjour Mathieu, bonjour toute l'équipe de France Bleu-ISER.
08:11Et bonjour à votre invité.
08:12Merci M. Barbier pour le travail que vous faites.
08:15Ce n'est pas facile.
08:16Alors moi j'ai deux points à avoir.
08:18J'ai entendu la dame qui était juste avant moi,
08:21elle parlait qu'il faut taxer.
08:24Même les petits revenus, c'est ce qu'elle disait.
08:2720 euros pour quelqu'un qui est au RSA, c'est énorme.
08:31Moi je dis non, il faut taxer le CAC 40,
08:34les actionnaires du CAC 40,
08:35les ministres, il faudra un petit peu qu'ils arrêtent leur budget.
08:38Madame la Présidente aussi, j'ai vu des notes passer,
08:42je ne sais pas si c'est vrai,
08:43mais les dépenses sont extravagantes et c'est l'État qui paye.
08:46Donc c'est là qu'il faudrait reprendre un petit peu le truc,
08:50baisser un peu les CE qui devraient montrer l'exemple.
08:53Des efforts répartis suivant les moyens.
08:56J'entends ce que vous dites Alexandre,
08:57je suis désolé, je dois vous couper.
08:59Je suis artisan, je suis en retraite depuis 2021
09:04et depuis un an je suis obligé de retravailler
09:06parce que ma retraite en étant artisan,
09:08172 frimettes, j'ai 1100 euros, je ne m'en sors pas.
09:12Si je ne peux pas travailler, je suis à la rue.
09:14J'entends vos difficultés Alexandre.
09:15Pour vous Alexandre, c'est un effort trop important demandé au petit budget.
09:18Pardon Alexandre, je vous coupe parce qu'on a vraiment entendu votre point de vue.
09:21Je vous voyais hauché de la tête Jean-Pierre Barbier,
09:23notamment sur les dépenses de l'État.
09:25Vous vous dites que c'est à l'État de serrer la ceinture.
09:27Deux choses si vous voulez,
09:28moi je suis complètement d'accord sur les classes moyennes,
09:30il faut arrêter de taper sur les classes moyennes.
09:31Et d'ailleurs au département,
09:32quand on a décidé de mettre le repas pour les collégiens à 2 euros dans nos collèges,
09:37c'est pour tout le monde, y compris pour les classes moyennes.
09:39Et ça on va le maintenir parce que c'est une véritable aide
09:42que nous apportons aux classes moyennes.
09:44Vous maintenez aussi, vous sanctuarisez le budget de la culture.
09:47Le budget de la culture, on ne va pas y toucher
09:50parce que quand les choses vont très mal,
09:52il faut quand même qu'on prépare l'avenir.
09:53Culture et éducation, ce sont quand même des choses essentielles
09:56si on veut préparer l'avenir.
09:58Ensuite sur ce que dit ce monsieur,
09:59mais je le comprends tout à fait,
10:01il a 1100 euros, on ne va pas lui demander un effort de 20 euros par mois
10:05parce que pour lui, c'est très difficile.
10:07Déjà tous les jours, tous ces petits revenus,
10:09il faut quand même qu'on y pense.
10:10Par contre, il a complètement raison.
10:12Et là pour le coup, ce n'est pas dans mes habitudes.
10:14Vous savez, moi je suis quelqu'un de plutôt pondéré et modéré.
10:16Ce n'est pas dans mes habitudes de critiquer
10:19ce qui peut se passer au niveau national.
10:21Mais quand vous voyez aujourd'hui que les collectivités
10:23demandent 2% de baisse sur nos recettes de fonctionnement
10:27et que j'entends que le budget de l'Assemblée nationale
10:30et le budget de l'Elysée vont augmenter les 1 de 4 ou 6%
10:35en fin de l'inflation, ça ce n'est pas juste.
10:38Il faut quand même qu'ils l'entendent.
10:40On ne peut pas accepter ça.
10:42Les gens ne comprennent pas et moi le premier.
10:45La colère de Jean-Pierre Barbier ce matin,
10:47président du département de l'Isère.
10:49Merci d'avoir partagé votre sentiment ce matin.
10:51Merci à vous.
10:52Belle journée, merci.

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