Amélie, atteinte d’un cancer du sein à 34 ans, raconte l’enfer de la chimiothérapie

  • il y a 19 heures
L’HISTOIRE DE - À l’occasion du lancement d’Octobre Rose, Amélie Bouteleux a participé au défilé organisé par Ruban Rose sur la place Vendôme. À cette occasion, la jeune femme s’est confiée à Paris Match sur son combat contre son cancer du sein, survenu à l’âge de 34 ans.

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Transcription
00:00Je me croyais solide, sauf que non, clairement j'ai vraiment cru que j'allais mourir de la chimiothérapie.
00:14Pour la petite histoire, je découvre cette boule au niveau de mon sein sous la douche,
00:19un geste que je fais tous les matins.
00:21Directement, je prends rendez-vous avec mon gynécologue, dans la journée, je vais le voir.
00:25Là, il me dit « non mais Amélie, c'est rien,
00:27je vais te faire une ordonnance pour faire une radio, mais vraiment, pas d'inquiétude ».
00:33Là, je vais faire ma radio, et le radiologue me dit « bon ben, je suis content, on va être amené à se revoir ».
00:39Donc là, je lui dis « pardon », il me dit « non, non, mais vous inquiétez pas, c'est rien de grave ».
00:44Pour moi, c'est un adénophibrome, c'est très fréquent chez les jeunes femmes en âge de procré,
00:48jusqu'à 30 ans, vous avez un tout petit peu au-dessus, enfin vraiment, pas d'inquiétude.
00:52Pour vous rassurer, je vais préconiser de faire une biopsie, mais c'est vraiment pour vous rassurer,
00:56parce que pour moi, c'est vraiment rien de grave.
00:58Sauf que mon téléphone sonne, j'étais au travail, c'était mon gynécologue, je réponds,
01:03et là, il me dit « Amélie, c'est un cancer, il faut voir s'il y a des métastases ».
01:09J'ai suivi des traitements qui ont été très difficilement supportables.
01:15Je me croyais solide, sauf que non, clairement, j'ai vraiment cru que j'allais mourir de la chimiothérapie.
01:22Je me vois appeler ma maman et lui dire « Non, mais là, ça ne va plus, maman, là, mon corps, je ne peux plus marcher ».
01:28Avant, je faisais beaucoup de sport, et là, marcher 200 mètres, c'était un calvaire pour moi.
01:35Ma première séance de chimiothérapie, je pense que parce que j'étais jeune à l'Institut Curie,
01:41ils m'ont mise toute seule dans une pièce, dans une chambre, ils m'ont mis le traitement.
01:47Vraiment, j'avais pris de la lecture, de la musique, ça s'est très bien passé.
01:51Je suis rentrée à la maison, je suis allée m'allonger,
01:54et quand je me réveille, je me rappellerais toujours des fourmis dans toutes mes mains.
01:59Vraiment, j'ai eu peur parce que je ne m'y attendais pas, et je ne pouvais même pas attraper mon portrait.
02:03J'ai eu énormément de nausées, les nausées étaient permanentes.
02:07Jour et nuit, je ne mangeais pas, je ne me reposais pas.
02:11Je me rappelle d'une nuit où j'ai même appelé le 15 parce que je ne savais plus quoi faire.
02:15Je me suis dit « Mais qu'est-ce que je fais ? » J'ai pris tout ce qu'ils m'ont donné pour les nausées,
02:20et je n'y arrive pas, je suis à quatre pattes dans ma salle de bain.
02:22J'avais des cycles de chimio toutes les trois semaines,
02:24donc on va dire que j'avais vraiment eu 10 jours où j'étais vraiment bien malade,
02:29et après, ça commençait à aller mieux.
02:31Après, par contre, je savais que ça allait repartir très vite.
02:38Dès que j'arrivais à Curie, vraiment, j'étais déjà malade avant qu'on me mette le produit.
02:45Moi, la première, j'étais toute seule, et après, les autres séances de chimio,
02:48c'est en gros « Bon, c'est bon, la petite jeune, elle a fait sa séance,
02:51maintenant, on va la mettre avec les autres. »
02:53Alors déjà, on attend en salle d'attente, et on les entend qui discutent,
02:56et qui disent « Ah ouais, mais moi, j'ai eu une récidive, là, et tout. »
03:00Et moi, j'étais là, je me dis « Punaise, mais en fait, je suis en train d'essayer de guérir d'un,
03:05et que j'en entends déjà des autres qui parlent de récidive. »
03:07Et c'était ultra anxiogène pour moi, donc franchement, après, je mettais mes écouteurs.
03:11Je me suis dit « Il ne faut pas que j'écoute, il faut que je me mette dans ma bulle,
03:14et que je me coupe de tout ça. »
03:15Par contre, après, en salle, pour administrer le traitement, on était avec d'autres femmes,
03:19et là, pareil, quand on arrive, ils nous demandent nom, prénom et date de naissance.
03:23Et là, je voyais vraiment le regard des autres patientes vers moi,
03:27qui attendaient en fait que je dise ma date de naissance pour se dire « Ouais, ouais,
03:30parce qu'elle, elle a l'air quand même franchement jeune. »
03:32Et après, c'était « Oh là là, vous avez l'âge de ma fille. »
03:34Alors, je sais que ce n'était pas du tout méchant,
03:36mais c'est vrai que du coup, ça nous renvoie vraiment à cette image de « Ouais, on est malade,
03:42et c'est grave, et moi, ça m'a retiré mon insouciance. »
03:47Oui, ça n'arrive pas qu'aux autres.
03:49Et donc après, j'ai ma maman qui venait pour les chimiothérapies,
03:53qui venait à la maison pendant une semaine pour s'occuper de moi.
03:56Même si après les chimios, j'étais franchement très fatiguée,
03:59j'allais me coucher, mais c'était tellement rassurant pour moi de me dire « Il y a quelqu'un qui est là.
04:04En fait, si ça ne va pas, il y a quelqu'un qui est là.
04:06Si je dois mourir, en fait, je ne vais pas mourir toute seule chez moi. »
04:09Je ne la remercierai jamais assez d'avoir été là,
04:11parce que je me doute que pour elle, ça a été très dur.
04:13Je me vois encore lui dire « Mais maman, je n'ai pas envie de mourir. »
04:17Donc moi qui suis moi-même maman,
04:20je me dis que ça doit être vraiment très difficile pour une maman de vivre ça.

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