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Alexandre Bompard, PDG de Carrefour et président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) est l'invité du Grand entretien. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-17-octobre-2024-4853699

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Transcription
00:00Et avec Léa Salamé, nous recevrons ce matin le PDG de Carrefour dans le grand entretien
00:04du 7-10.
00:05Il préside également la Fédération du Commerce et de la Distribution.
00:09On attend vos questions et réactions au 01 45 24 7000 et sur l'application de Radio
00:15France.
00:16Alexandre Bompard, bonjour !
00:17Bonjour !
00:18Et bienvenue sur Inter ! On rappelle que Carrefour, c'est plus de 14 000 magasins dans plus de
00:2440 pays.
00:25Au global, plus de 500 000 personnes travaillent pour l'enseigne dans le monde.
00:30Chiffre d'affaires, 94 milliards d'euros en 2023.
00:35On va parler avec vous de la situation de la grande distribution, de la consommation
00:39des Français.
00:40Mais on voulait aussi votre regard de patron du CAC 40 sur la grave crise budgétaire
00:46que traverse la France.
00:47Alors, entrons dans le vif du sujet.
00:50Au mois d'août-septembre, l'inflation se maintient depuis deux mois consécutifs sous
00:55les 2% et pourtant la consommation reste en panne.
01:00Est-ce que ça vous le constatez dans vos magasins et comment l'expliquez-vous ?
01:05Vous savez, les deux dernières années, le moteur de la consommation a calé.
01:09Il a calé parce que les Français ont subi un choc d'hyperinflation fou, 20%, 25% d'augmentation
01:15des prix alimentaires.
01:16J'avais parlé l'année dernière d'un tsunami de déconsommation, c'est ce qui s'est passé.
01:20Les Français achètent moins de produits.
01:22Avant, ils achetaient, en gros, quand ils faisaient leur course, il y avait 14 produits
01:24dans le caddie.
01:25Maintenant, il n'y en a plus que 11.
01:26Et surtout, ils ont renoncé à de la qualité.
01:28Le bio s'est effondré, les fruits et légumes se sont effondrés, la poissonnerie s'est
01:32effondrée.
01:33Aujourd'hui, on est dans un moment un peu différent.
01:35L'inflation, comme vous l'avez dit, reflue, on est entre 0 et 2%, mais le choc est quand
01:40même toujours là.
01:41Et le moteur de la consommation n'a pas redémarré.
01:43Et comment vous l'expliquez ?
01:44Il y a plusieurs éléments.
01:46D'abord, le choc a été très fort.
01:47Les Français, quand ils vont faire leur course, ils se disent « c'est quand même 20% plus
01:51cher qu'avant ».
01:52Ce qui est le cas.
01:53Ce qui est le cas.
01:54Ce que je veux dire, c'est que les prix alimentaires…
01:55Les prix sont stabilisés, mais ne sont pas revenus en arrière.
01:57Mais sont toujours, notamment les prix alimentaires, 20% de plus qu'en 2021.
02:00Exactement.
02:01Donc les Français, quand ils font leur course, ils se disent « c'est 20% plus cher qu'il
02:03y a deux ans ».
02:04Certes, aujourd'hui, comme il y a moins d'inflation, il y a petit à petit du pouvoir
02:08d'achat qui se reconstitue.
02:09Donc, on commence à avoir des premiers signaux.
02:12Par exemple, le bio redémarre.
02:14Quelques premiers signaux de redémarrage d'une consommation.
02:17Premiers signaux.
02:18Mais en face de ça, il y a aussi beaucoup d'incertitudes.
02:21Il y a de l'incertitude politique, budgétaire, fiscale, géopolitique.
02:24Et l'incertitude, c'est l'ennemi numéro un de la consommation.
02:26Donc les Français, ils sont au mieux dans une forme d'attentisme qu'on comprend,
02:32d'incertitude, qui fait que le moteur de la consommation ne redémarre pas pleinement.
02:37Mais est-ce que vous parleriez de déconsommation ?
02:39J'ai parlé de déconsommation.
02:40Oui, mais aujourd'hui ?
02:41Aujourd'hui, non.
02:42Parce que les volumes, petit à petit, sont en train de se stabiliser.
02:46Et si vous comparez à ce qui se passe à l'étranger, on le disait, Nicolas le disait,
02:52des magasins dans 40 pays, comment ça se passe dans les pays comparables à la France ?
02:56Très intéressant.
02:57Ce que ça dit, et d'ailleurs ça dit combien il y a de l'incertitude chez le consommateur
03:01français.
03:02Parce que dans les autres géographies, y compris dans des géographies européennes
03:04qui nous ressemblent, on est présent en Espagne, en Italie, en Belgique, des pays assez proches,
03:11la consommation, les volumes de consommation sont repartis à la hausse.
03:14Par exemple, en Espagne, les volumes de consommation sont repartis à la hausse.
03:17En France, les volumes de consommation sont encore légèrement négatifs.
03:20Et ça dit quelque chose de l'état d'esprit du consommateur français.
03:24Associé à ça, les taux d'épargne sont à 17% en France, c'est un niveau extraordinairement
03:28élevé.
03:29Le consommateur français, il reste inquiet.
03:31Il est prudent.
03:32Il est prudent et inquiet.
03:33Alexandre Bompard, plus généralement, le ralentissement de l'économie chinoise entraîne-t-il
03:38un ralentissement généralisé de l'économie tout court ?
03:42Quand le moteur chinois tousse, quel qu'il y a, que le moteur américain est incertain
03:48et que le moteur européen est en panne, vous avez une économie mondiale qui probablement
03:54n'a jamais été sous tension au cours des dernières années.
03:58Il y a de la tension partout.
03:59Il y a de la tension et d'ailleurs on le voit dans les flux logistiques.
04:01Quand vous parlez aux personnes qui organisent la logistique mondiale, ils vous disent que
04:07les flux et les volumes aujourd'hui n'ont jamais été sous tension.
04:10Vous êtes un patron du CAC 40.
04:11Comment vous voyez ça ? Parce que la reprise chinoise, on ne la voit pas trop à court
04:16terme.
04:17Vous espérez que ça reprenne ? Vous attendez ? Vous dites qu'il y aura quelques mois,
04:21quelques années compliquées ? Comment on se projette ?
04:24Moi, vous savez, je ne suis pas en Chine, donc mes grands sujets, c'est dans les grandes
04:28plaques géographiques.
04:29On est présent dans 40 pays.
04:30Comment ça redémarre ? Et ma mission, c'est aussi de donner aux consommateurs français
04:35l'envie de consommer.
04:37Lui donner de la confiance.
04:38Quand on a lancé Hack for Food, en essayant de miser sur le prix, en ayant par exemple
04:41le bio le moins cher du marché, ça participe de cette démarche-là.
04:44Je ne suis pas observateur d'une situation.
04:46Mon objectif, c'est que les consommateurs se disent « au fond, ce distributeur, Carrefour,
04:51nous aide à consommer, nous aide à acheter, elle nous aide à nous faire plaisir ». Il
04:54faut aussi que les acteurs économiques que nous sommes, on soit moteur d'optimisme.
04:58On a cette mission-là.
05:00Alors dans ce contexte, les négociations commerciales entre industriels, agriculteurs
05:05et grandes distributions vont commencer dans quelques jours, durer jusqu'au 1er mars.
05:10Qu'en attendez-vous ? Espérez-vous, comme Thierry Cotillard d'Intermarché, qu'il
05:18soit possible d'aller chercher, pour reprendre son mot, de la déflation ?
05:21Moi, je vais essayer de faire deux choses avec beaucoup d'énergie.
05:25Le premier, c'est qu'on doit donner du pouvoir d'achat aux ménages français.
05:28Donner du pouvoir d'achat, c'est aller chercher des baisses quand les matières
05:32premières ont baissé.
05:33Quand le sucre baisse, quand le blé baisse, quand l'huile d'olive baisse, on doit
05:36être capable, quand on négocie avec les grands industriels agroalimentaires, d'obtenir
05:40des baisses.
05:41Et donc, on va faire preuve de volontarisme, d'énergie pour obtenir des baisses.
05:44C'est des baisses dans le panier ensuite des ménages.
05:46Et puis en parallèle, on doit sanctuariser la matière première agricole pour les agriculteurs français.
05:51C'est ce que j'allais vous dire.
05:52Quel est le message que vous donnez ce matin au micro aux agriculteurs français ? On sait
05:55que la crise agricole, elle a commencé comme ça.
05:57Elle a commencé parce que les agriculteurs ont l'impression que vous vous en mettez
06:00plein les poches, que les grandes marques s'en mettent plein les poches et que ceux
06:03qui sont sacrifiés, c'est eux.
06:05Le message, il est très simple.
06:07Ce qu'on demande nous, vous savez, ça c'est les fameuses lois Egalim, c'est que la matière
06:11première agricole, elle soit sanctuarisée.
06:14Donc moi, je discute avec des industriels.
06:16Il faut qu'il y ait une première négociation en amont entre l'industriel et l'agriculteur.
06:21Et qu'il y ait un coup de production.
06:23Matière première agricole.
06:24Ce coup de production, je ne le touche plus.
06:25Il s'impose à moi.
06:27Et ensuite, je discute avec l'industriel agroalimentaire des autres coûts.
06:31Transport, électricité.
06:32Et là, on négocie ce qu'on appelle la matière industrielle.
06:34Mais ça veut dire qu'il faut qu'il y ait une première négociation, qu'il se soit
06:38terminé par un prix, que je connaisse ce prix et que ce prix s'impose à moi.
06:43Si on fait ça, c'est le cas dans l'esprit et dans le texte d'Egalim.
06:47Ce n'est pas appliqué.
06:49C'est la raison pour laquelle on demande l'application de ces dispositions.
06:52Pourquoi ce n'est pas appliqué ?
06:53Parce qu'il y a une...
06:54C'est les industriels qui...
06:55Parce que l'industriel agroalimentaire, quand on dit agroalimentaire, parfois il n'est
06:59pas du tout dans l'agroalimentaire d'ailleurs, mais l'industriel, il n'a pas intérêt
07:01à la transparence.
07:02Et nous, on demande juste une chose.
07:04Que le coût de production agricole soit connu de tous et qu'ensuite, je négocie le reste
07:10avec l'industriel agroalimentaire.
07:11Alexandre, par un mot supplémentaire sur le bio, en grande et moyenne surface, le
07:16nombre de produits bio proposés a baissé de près de 9% sur un an.
07:23Vous qui êtes leader en France sur le bio, c'est une tendance qui vous semble structurelle ?
07:27Les gens ne veulent plus acheter bio ou cette tendance peut se retourner ?
07:31Alors cette tendance est déjà en train de se retourner.
07:33Le bio a incroyablement souffert depuis trois ans parce que hyperinflation, incapacité
07:38pour un certain nombre de ménages français d'acheter du bio.
07:41C'est d'ailleurs intéressant d'observer que la seule catégorie qui est restée constante,
07:44c'est le bio pour enfants.
07:45Comme si les ménages s'étaient dit « pour les enfants, je maintiens la qualité alimentaire,
07:49j'essaye de la maintenir ». On est en train d'assister et c'est un des signaux positifs
07:52que j'évoquais.
07:53Un retournement du bio qui repasse en croissance dans nos magasins spécialisés.
07:57Depuis combien de temps ?
07:58Depuis six mois.
07:59On commence à voir le marché qui repart à la hausse et nous on veut accompagner ce
08:02marché-là, et c'est une des annonces que j'ai faites la semaine dernière, en ayant
08:06le bio le moins cher du marché.
08:08Parce que l'écart est encore trop important et donc on va investir, au total on va investir
08:12100 millions d'euros sur le deuxième acte d'Ag for Food, notamment sur le bio, pour
08:17ramener un bio moins cher, accessible à tous, qui a les mêmes qualités en termes de cahier
08:21des charges bien sûr, mais qui est accessible à tous, et je crois que le bio va repartir
08:25à la hausse de manière pérenne.
08:27Donc vous pensez qu'on va revenir vers le bio, parce que c'est vrai que ces deux-trois
08:30dernières années, on voit des magasins bio, quels que soient les enseignes et les marques,
08:34fermés tout simplement.
08:35Les gens n'y vont plus.
08:36Oui, parce qu'il y a eu aussi une offre un peu pléthorique, pas toujours très bien
08:38maîtrisée et puis il y a eu ce choc pour les consommateurs.
08:41Je crois qu'on est dans ce moment d'inversion, on commence à voir les premiers signes positifs
08:44et je pense qu'ils vont durer.
08:46Et puis vous avez annoncé il y a quelques jours vouloir lutter contre le gaspillage
08:49en modifiant les dates de péremption de certains produits.
08:52Concrètement, vous allez renoncer à la mention à consommer de préférence avant l'œuf.
08:56Sur quoi ? Sur le sel ? Sur le sucre ?
08:59Sur tous les produits secs sur lesquels cette disposition n'a pas de sens.
09:03Il y a plein de produits qu'on jette parce qu'on dit à consommer de préférence avant
09:07telle date, qui n'ont aucun sens en termes de qualité alimentaire et encore moins de
09:11sécurité alimentaire.
09:12C'est-à-dire que le sel, le sucre ne sont pas périssables ?
09:14Sur des produits secs, sur des épices, sur des produits comme ça, ils n'ont pas
09:19de sens.
09:20Et donc on a obtenu sur 500 produits de pouvoir retirer ou décaler cette mesure-là, ce qui
09:26va permettre d'éviter le gaspillage alimentaire.
09:28Il y avait un gaspillage alimentaire fou du fait notamment de cette…
09:31C'est 10% du gaspillage alimentaire général.
09:33Exactement, c'est 10% du gaspillage alimentaire, c'est les dates de péremption, celles qui
09:36n'ont pas de sens.
09:37Celles qui ont un sens, évidemment, elles doivent s'appliquer, mais il y en a plein
09:40qui n'ont pas de sens.
09:41L'Institut Montaigne, Yves-Alexandre Bompard a publié hier un rapport sur la fracture
09:45alimentaire.
09:46Extrait, en 30 ans, le taux d'obésité a doublé chez les adultes et a été multiplié
09:51par 4 chez les 18-24 ans.
09:53Les ménages les plus modestes consomment en moyenne deux fois moins de fruits et légumes
09:58que le reste de la population.
09:59Fin de citation.
10:00Pour réduire cette fracture alimentaire, l'Institut Montaigne propose d'augmenter
10:05le taux de TVA à 20% sur les produits les plus sucrés, contre 5-5 ou 10% aujourd'hui,
10:14et de financer avec ce surplus de TVA un chèque de 30 euros par mois pour les 4 millions de
10:19Français les plus modestes, offrant la possibilité d'acheter 4 portions de fruits et légumes
10:26par jour.
10:27Qu'en pensez-vous ?
10:28C'est une intention très louable, et d'ailleurs elle figurait déjà dans la Convention citoyenne
10:32sur le climat.
10:33C'est une intention très louable, je suis un tout petit peu soucieux de sa réalisation.
10:37Pourquoi ? Je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui, peut-être on en parlera si on parle budget
10:41tout à l'heure, mais je ne suis pas sûr qu'aujourd'hui ce qu'on ait à dire aux
10:43Français c'est « je vous augmente les taux de TVA sur des produits ».
10:48Il y a plein de Français pour lesquels augmenter, passer des taux de TVA à 5 points, 10 points,
10:5315 points plus chers, en leur disant « on fait ça pour que vous mangiez mieux », ça
10:57soit tenable.
10:58Il y a plein de Français qui ne peuvent pas tout simplement, et donc l'idée d'augmenter
11:02des taux de TVA sur des produits transformés pour leur dire « c'est une bonne nouvelle,
11:07on le fait, on vous l'impose et puis en échange on vous donnera des chèques », je
11:10ne suis pas sûr de l'idée.
11:11Alors comment on encourage ? Parce que vous avez dit, et tous les patrons de grandes
11:16distributions nous disent par exemple que sur les fruits et légumes, il y a une désertion
11:19devant les étals de fruits et légumes.
11:21Alors comment vous faites ?
11:22Mais pardon, c'est notre métier, c'est notre responsabilité.
11:26Moi je ne veux pas renvoyer à la fiscalité ce qui est ma mission.
11:29Ma mission, c'est de trouver des voies et moyens pour investir dans la qualité alimentaire.
11:33Quand je vous dis qu'on va investir 100 millions d'euros pour que le bio soit le
11:36moins cher du marché, ça va dans ce sens.
11:38Quand on investit dans nos filières qualité Carrefour pour vendre des produits 1 euro,
11:432 euros, 3 euros, c'est-à-dire des produits frais, des poissons, des viandes à 1 euro,
11:472 euros, 3 euros, on participe de la qualité alimentaire.
11:50Notre rôle, c'est d'aider les Français à mieux manger, et donc je ne demande pas
11:55plus de fiscalité sur d'autres produits pour financer la qualité alimentaire.
11:58C'est mon métier de le faire ça.
11:59Question sur l'appli d'Inter, Nathalie de Marseille vous écrit « L'huile d'olive
12:04bio marque Carrefour était à 6,89 euros en 2020, elle est maintenant à 11,99 euros.
12:11C'est pas 20%, c'est quasi 70% d'augmentation.
12:15Nathalie a pleinement raison, l'huile d'olive, les cours de l'huile d'olive l'année
12:20dernière ont explosé, explosé.
12:23Donc le marché de l'huile d'olive d'ailleurs s'est effondré.
12:26C'est pour ça que l'huile d'olive est le produit qui a le plus baissé l'année
12:28dernière à cause de cette augmentation de prix.
12:30La bonne nouvelle c'est que…
12:31La bonne nouvelle c'est que sa bouteille d'huile d'olive bio marque Carrefour qui
12:35est à quasiment 12 euros, elle va baisser ou non ?
12:37Exactement.
12:38La bonne nouvelle c'est que les cours de l'huile d'olive sont en train de baisser
12:41fortement, à deux chiffres, on doit être à moins 12, moins 13 aujourd'hui, et donc
12:44l'année prochaine…
12:45Il sera à combien ? S'il est à 12 euros, mais ça veut dire quoi ? Ça va descendre
12:49à 11 euros ?
12:50Non, ça va baisser significativement, ça baisse significativement parce que les cours
12:53sont en train de baisser.
12:54L'année dernière…
12:55La bouteille descendra en dessous de 10 euros ?
12:57Oui, bien sûr, parce que les cours l'année dernière ont pris plus 50, plus 60%, donc
13:00elle a raison de constater ça, c'est ce qui s'est passé sur l'huile d'olive
13:03l'année dernière.
13:04Allez, on file au standard, Jean-Claude, bonjour.
13:06Oui, bonjour et merci de prendre ma question.
13:08Je vous en prie.
13:09Je voulais demander donc à ce responsable de Carrefour, pour quelles raisons ça marque
13:18ce crampon à ces hypermarchés, alors qu'on a des injonctions à réduire la circulation
13:23automobile, etc. d'une part, et puis d'autre part, il y a des études qui montrent que
13:30ça n'est pas le plus économique, puisque le déplacement des marchandises se fait par
13:33les clients, alors que ce serait plus économique en camion de livraison.
13:37Et enfin, la dernière chose, c'est évidemment la désertification des centres-villes, qui
13:41fait qu'on va aller chercher une boulangerie avec sa voiture, alors qu'on en avait une
13:44en face de chez soi, peu de temps avant.
13:46Merci Jean-Claude pour cet ensemble de questions, Alexandre Bompard, qui critique et remet en
13:52cause le modèle de l'hypermarché.
13:55D'abord, Carrefour, c'est le seul grand groupe mondial qui a tous les formats de magasins.
14:00J'ai du cash-on-carry, j'ai de l'hypermarché, on va s'en dire un mot, j'ai des supermarchés,
14:04j'ai des petits magasins de proximité, on est leader en France des magasins de proximité,
14:09les Carrefour City, Contact, Montagne, etc.
14:11Et donc, on est ce qu'on appelle, pardon du terme, il est un peu jargonnant, multi-formats.
14:15Mais moi, je crois en l'hypermarché, l'hypermarché c'est un format qui permet à la fois du
14:21choix et du prix.
14:23Pas l'hypermarché d'hier, parce qu'il faut le repenser, cet hypermarché tel qu'on l'a
14:27connu quand on était plus jeune, mais l'hypermarché de demain.
14:30Il faut le repenser, ça veut dire quoi ?
14:32Le repenser, ça veut dire d'abord faire entrer les producteurs dans ces magasins-là,
14:37faire entrer les nouvelles catégories de produits, surprendre les clients avec des
14:40nouvelles choses, penser à sa bonne taille, améliorer l'expérience client.
14:45Tout ça, c'est ce qu'on fait au quotidien.
14:47Et quand vous faites ça, la réalité, c'est qu'y compris environnementalement, là je
14:51suis pas totalement d'accord avec votre auditeur, c'est moins cher et c'est moins coûteux
14:58pour l'environnement d'emmener beaucoup de produits à un même endroit que très
15:03peu de produits chez chacun d'entre nous en région parisienne.
15:06Donc environnementalement, c'est moins cher.
15:08Mais donc, ce format, il a un rôle, il a un sens, s'il est intégré au milieu de
15:13plein d'autres formats que nous maîtrisons, et notamment les formats de proximité.
15:16Alexandre Bompard, on vous a aussi invité ce matin pour avoir votre regard de patron
15:21du CAC 40 sur la situation économique et budgétaire du pays.
15:23D'abord, quand Michel Barnier dit que la situation budgétaire de la France est extrêmement
15:26grave, est-ce qu'il a raison ? Est-ce que le patron vous est inquiet de la situation
15:31budgétaire de notre pays ?
15:33Comment ne pas l'être ? On a un niveau de déficit public.
15:38Moi, comme je vous le disais, je suis dans tous les pays européens.
15:39Je constate aujourd'hui que nous sommes en queue de peloton en termes de qualité des
15:46finances publiques.
15:47Donc je le suis, je le suis très fortement, et je dois dire que les mesures qui ont été
15:51annoncées dans le projet de loi finance, pour moi, sont un tête-à-queue de politique
15:56économique.
15:57Au fond, qu'est-ce qui s'est passé ? On a eu un premier mandat ennemi qui n'a pas
16:01été un mandat de cadeau aux entreprises, qui a été un mandat qui a conduit à ramener
16:05la France dans la moyenne européenne.
16:06Ce qu'on a fait, pardon, non mais ce qu'on a fait…
16:09N'appelez pas, si le mot cadeau vous gêne, mais quand on passe le taux d'impôt sur
16:14les sociétés de 33% à 25%, ça nous ramène à un niveau moyen en Europe.
16:21Donc on a retrouvé de la compétitivité moyenne.
16:24Et donc on a retrouvé d'ailleurs de l'investissement, on a retrouvé de l'emploi.
16:27C'était ça la politique.
16:28Elle a été menée, elle a été menée avec constance, et elle a donné des résultats
16:30notamment sur l'emploi.
16:32On prend des mesures aujourd'hui, en augmentant notamment le taux d'IS, mais pas seulement,
16:36qui nous remettent en queue de peloton européenne, qui nous remettent dans la situation de 2014,
16:40qui nous remettent…
16:41Nathalie Bernier vous dit, c'est exceptionnel, sur un an ou deux ans, oui, vous payerez plus
16:45d'impôts, Carrefour payera plus d'impôts.
16:46Vous savez, malheureusement, je vieillis un peu, je connais un peu mes classiques de
16:49la fiscalité.
16:50La liste des impôts dits temporaires, qui sont devenus définitifs, quand j'étais
16:55jeune étudiant, on avait créé la CRDS, la Contribution de Remboursement de Dettes
16:59Sociales.
17:00Elle était créée pour deux ans.
17:01Elle existe encore.
17:02Et c'est le cas de tout un tas d'impôts.
17:03Donc évidemment qu'ils annoncent que c'est pour 2025 et 2026, d'ailleurs je serai à
17:06leur place.
17:07Je ferai peut-être pareil.
17:08Parce qu'en 2027, c'est forcément quelqu'un d'autre qui nous dira « Écoutez, la situation
17:12des finances publiques ne va pas mieux, on va continuer ». Donc cette blague…
17:15On les trouve où les 60 milliards ?
17:17On fait quoi ?
17:18Il y a 1 500 milliards de dépenses publiques dans notre pays, c'est 57% du PIB, c'est
17:2510 points de plus que les autres pays européens.
17:28Vous prenez où Alexandre Dampas ? Si vous étiez à Matignon, faisons la politique fiction.
17:32Imaginez-vous à Matignon et vous avez 60 milliards à trouver.
17:36Vous les prenez où, sachant, vu l'état des services publics, de la police, de l'éducation,
17:41de l'hôpital ?
17:42Vous allez fonctionner là pour ne pas faire payer les grandes entreprises ?
17:44A Dieu ne plaise, mais 1 500 milliards de dépenses publiques.
17:50Vous avez raison, ce qui est très difficile, c'est de faire ce que doit faire le gouvernement
17:53là.
17:54C'est normal qu'il le fasse.
17:55En urgence, trouver des économies sur des services publics, il n'y a rien de plus
17:57difficile.
17:58Rien de plus difficile, particulièrement dans notre pays qui est un peu quand même
18:02drogué à la dépense publique.
18:03Il faut qu'on repense le rôle de l'État, il faut qu'on repense les missions de l'État,
18:07il faut qu'on accepte de se poser collectivement sur l'État, ça doit faire quoi et qu'est-ce
18:12que ça ne doit pas faire ?
18:13Autre jour, je lisais un rapport, il y a 1 200 organismes, agences, opérateurs qui ont
18:19été créés dans les dernières années.
18:20Ils sont tous utiles, ils ont tous une mission, on est sûr qu'ils apportent à tous quelque
18:24chose.
18:25Qu'est-ce que vous fermez ?
18:26Les autres pays européens.
18:27Qu'est-ce que vous fermez comme organisme public ?
18:28Il y en a plein dans tous les domaines.
18:30Les autres pays européens, pardon, ils ont des hôpitaux, ils ont une justice, ils ont
18:36des prisons, ils ont une éducation nationale.
18:39Et pourtant, prenons un pays comme le Portugal, il y a 10 ans, moi j'étais au Portugal dans
18:44mes fonctions précédentes, il y a 10 ans ce pays était exsangue, il a voté un excédent
18:48budgétaire et pour autant quand vous êtes au Portugal, il y a des services publics qui
18:51tournent.
18:52L'Espagne aujourd'hui est à 3%, il y a des services publics qui tournent.
18:55On n'est pas seul à avoir des services publics importants à faire tourner.
18:59On a un système de sécurité sociale qui est un peu unique au monde.
19:02On doit aujourd'hui se poser les questions de démission de l'Etat.
19:04Il faut qu'on accepte collectivement.
19:06Là, on est obligé de prendre des économies, c'est le plus difficile.
19:08En urgence, il n'y a rien de plus difficile que ce qu'ils sont en train de faire.
19:11Mais vous les acceptez ?
19:12Vous acceptez ce qu'a décidé Michel Barnier ou vous nous dites ce matin que c'est inacceptable
19:15pour des gens comme moi ?
19:16Moi, je paye aujourd'hui, Carrefour, 67% de ce que je gagne en France est imposé.
19:2267%.
19:23C'est 20% de plus que les autres secteurs.
19:24Si j'augmente de 10% de plus, outre le fait qu'on atteint des niveaux qui deviennent confiscatoires,
19:28qu'est-ce qu'il se passe ?
19:29J'ai moins de compétitivité.
19:31Si j'ai moins de compétitivité, qu'est-ce que je fais ?
19:33J'investis moins, j'investis moins dans mes prix, j'investis moins dans mes magasins,
19:38j'investis moins dans le pouvoir d'achat des ménages, je crée moins d'emplois.
19:41Il faut comprendre que, c'est pas Carrefour le sujet, c'est que quand on augmente à
19:45ces niveaux-là l'imposition, on a un impact sur les Français.
19:49Donc vous dites confiscatoire.
19:50Vous dites à Michel Barnier, s'il écoute ce matin, ce que vous nous imposez est confiscatoire.
19:54Je dis que quand on paye 67% de ce qu'on gagne dans un pays et qu'on vous dit qu'on va
19:57augmenter 10 points, c'est confiscatoire.
20:00Les mesures de Michel Barnier, l'OFCE craint qu'elle ne divise la croissance par deux
20:08en 2025.
20:09Partagez-vous cette crainte ?
20:11Mais l'OFCE a mille fois raison, parce que quand on augmente des prélèvements obligatoires
20:15qui sont déjà à des niveaux records, ça veut dire que des entreprises vont se poser
20:19la question de leur investissement.
20:20Une des réussites des 5-7 dernières années, c'est qu'il y a eu plein d'investisseurs
20:24étrangers qui sont venus en France.
20:25Ils ont investi parce qu'ils se sont dit « tiens, il y a un nouveau schéma fiscal
20:28qui est un schéma fiscal compétitif ». Ils ne vont évidemment pas venir.
20:31Quand moi je dois faire des vrais choix d'investissement, je vais me poser des questions.
20:34Quand je dois créer des panneaux photovoltaïques, je vais me poser des questions.
20:38Quand je vais investir dans les magasins, je vais devoir me poser des questions.
20:41Pourtant je suis patriote, j'aime investir en France.
20:43Mais l'OFCE a raison, quand vous êtes à ces niveaux d'imposition, vous menacez la
20:47croissance.
20:48Deux questions d'actualité, le gouvernement a annoncé une nouvelle loi immigration pour
20:50début 2025.
20:51Les grands patrons alertent sur la nécessité d'une immigration du travail.
20:55Le patron de Stellantis disait que la France avait besoin d'immigration pour accroître
21:00sa richesse et pour servir le mode de vie de sa population.
21:02Qu'est-ce que vous en pensez ?
21:03Je pense la même chose.
21:04On a besoin d'une immigration.
21:05Choisie.
21:06On a besoin de pouvoir avoir dans nos équipes un certain nombre de gens qui viennent les
21:10renforcer chaque année.
21:11Un mot sur les magasins Cora que vous avez rachetés en juillet dernier, l'acquisition
21:18la plus importante pour Carrefour depuis le rachat de Promodess.
21:21En 1999, avez-vous dit « mais la stratégie a un coût ». On a appris cette semaine votre
21:27projet de plan social, 340 emplois menacés, ce sont quoi ? Des licenciements secs, des
21:33reclassements.
21:34Que va-t-il se passer ?
21:35Cora et Match, c'est 25 000 collaborateurs.
21:37J'ai le même objectif que j'ai depuis mon arrivée sur les magasins Carrefour, ne
21:41pas fermer un magasin.
21:42Quand je suis arrivé, on m'a dit « il va fermer des dizaines de magasins ». J'ai
21:44fermé zéro magasin.
21:45Et donc on est en train de changer tous les Cora en Carrefour et on va conserver en Seine-Match.
21:50Et conserver l'intégralité des emplois.
21:52En revanche, on a des sièges que je souhaite alléger parce qu'il faut que nos sièges
21:57soient au service des clients, qu'ils soient au service des magasins.
22:00On a 350 emplois qui sont des doubles postes entre nos sièges et les sièges de Cora, qui
22:06sont donc supprimés.
22:07Et on va proposer, pour vous répondre très directement, à ces 350 personnes concernées,
22:12des emplois, on leur a déjà proposé, en Ile-de-France, pour qu'ils puissent être
22:16reclassés ailleurs dans notre entreprise.
22:18Thierry Cotillard, à ce micro, il y a deux semaines, le patron d'Intermarché, s'est
22:21dit favorable à l'augmentation du SMIC, et vous ?
22:23Oui, moi je suis favorable à l'augmentation du SMIC de 2%, c'était une bonne mesure.
22:26Sanofi qui vend le Doliprane et cent autres médicaments sans ordonnance à Info Américain,
22:30est-ce que c'est une attente à notre souveraineté sanitaire ?
22:32Je crois qu'il faut concilier deux choses difficiles sur ces sujets.
22:35La souveraineté.
22:36La souveraineté, elle est essentielle, la souveraineté industrielle elle l'est.
22:40Et il faut éviter de mettre de jolis barbelés qui nous rassurent un peu autour de notre
22:45pays.
22:46Il faut que notre pays reste un peu attractif.
22:48Il faut obtenir des garanties.
22:49Je crois qu'elles sont là, sur la table, ces garanties.
22:51Quand Sanofi reste à 50% au capital, c'est une garantie.
22:54Les usines doivent rester en France, ça c'est l'objectif, c'est les garanties qui doivent
22:57être obtenues.
22:58Mais il faut faire attention de ne pas mettre trop de barbelés autour de notre pays.
23:01On va finir par ne plus être attractif par personne si on continue.
23:04Donc il faut être capable de garder l'attractivité de notre pays en maintenant la souveraineté.

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