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Mickaëlle Paty, sœur de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie assassiné en 2020, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Elle publie l'ouvrage "Le Cours de monsieur Paty" aux éditions Albin Michel.
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NewsTranscription
00:00Bonjour Mickaël Pathy, bienvenue sur Europe 1, vous êtes la sœur de Samuel Pathy, cette semaine on commémore la mort de votre frère
00:07assassiné il y a quatre ans à la sortie de son collège de conflans Saint-Omme-Norine par l'islamiste
00:12Abdullah Kanzeroff, on s'en souvient tous. Vous publiez ces jours-ci un livre, je le montre à l'image pour ceux qui nous regardent sur
00:18europe1.fr, le cours de monsieur Pathy, livre que vous avez co-écrit avec la romancière et scénariste
00:24Émilie Frèche, ça paraît chez Albain Michel. C'est un livre d'enquête, ça condense vos travaux.
00:30Sur la tragédie de votre frère assassiné, alors que s'ouvre bientôt, dans moins de trois semaines,
00:35le procès de ceux qui l'ont désigné à l'avendicte des réseaux sociaux. Alors ce livre, Mickaël Pathy, vous écrivez
00:42que c'était pour lui rendre sa dignité d'homme et de professeur à votre frère Samuel. Vous avez le sentiment,
00:49pour ma question, qu'on lui a enlevé cette dignité ? Qui lui a enlevé sa dignité d'après vous ?
00:56Rapidement après son attentat,
00:59on va dire qu'il n'y a pas eu le sursaut que tout le monde reconnaisse qu'il avait fait
01:05dignement son métier. Et je considérais du coup que sa mémoire avait été un peu trahi par certains.
01:12Donc souvent par méconnaissance, et c'est pour ça le titre de ce livre, le cours de monsieur Pathy, il fallait partir de son cours,
01:19réexpliquer ce qu'il était et comment il l'avait construit,
01:22principalement donc avec les supports de l'éducation nationale,
01:25pour que les uns et les autres
01:27en prennent lecture et comprennent qu'à un moment il s'était, eux, trompé.
01:31Alors ce cours, c'est ce fameux cours d'éducation civique, d'enseignement civique,
01:36sur la liberté d'expression, qu'il commence à donner à ses classes de quatrième,
01:42onze jours avant son assassinat.
01:45Nous sommes le 5 octobre 2020, c'est très important de redire tout ça parce que ce cours,
01:49vous le publiez dans ce livre en intégralité. Il y a toutes les vignettes, tout ce qu'il a montré
01:53à ses élèves, à ses classes de quatrième, parce que pour vous c'est important, il a été attaqué, votre frère, sur sa pédagogie,
01:59et sur ce point là, vous êtes totalement intransigeante, Michael, vous dites il n'y a pas fauté.
02:03Exactement, il fallait
02:05complètement rétablir les faits,
02:08parce qu'il y a eu un rapport qui a été fait par l'éducation nationale,
02:11quelques temps après, qui montrait quelque part, il aurait peut-être commis une erreur pédagogique,
02:16ce qui n'est absolument pas le cas, donc c'est ce qui est rétabli dans ce livre.
02:22Vous êtes où, vous faites quoi, vous, ce 16 octobre
02:252020, Michael Pathy, en fin d'après-midi, quand votre frère meurt sous la lame de son assassin ?
02:30À ce moment là, moi je suis infirmière anesthésiste, je travaille au bloc opératoire, j'effectuais donc une astreinte de 24 heures,
02:37et j'ai appris cet événement
02:39tard, donc à 20h04 précisément, par un sms de ma mère qui m'annonçait que mon frère s'était peut-être fait tuer devant son collège.
02:47Donc ça a été une nouvelle...
02:49Peut-être.
02:50Peut-être, peut-être.
02:52Elle a mis le peut-être,
02:54parce qu'elle n'avait pas la confirmation de la police, cette confirmation arrivera presque à minuit,
03:02c'est quelque chose qu'elle ne voulait pas entendre non plus, je pense, comme moi je voulais pas l'entendre, donc le peut-être nous
03:07permettait de maintenir une certaine distance,
03:09et pourtant ma mère au téléphone m'a quand même annoncé, ils lui ont coupé la tête.
03:13Elle vous dit ça ?
03:15Oui, elle me dit ça, donc c'est vrai que le peut-être a volé en éclats de suite.
03:20Et on vous sent très ému encore, Michael Paty, quatre ans plus tard, ça passe pas.
03:25Ça passera jamais, c'est...
03:27Perdre un frère c'est déjà difficile, perdre un frère dans ces conditions l'est encore plus.
03:32Alors c'est très intéressant, parce que j'ai eu ce sentiment, vous me direz si je me trompe, mais que ce livre
03:38qui est d'une précision clinique,
03:40implacable, qui est un document d'enquête, il y a absolument tout,
03:44vous avez eu accès à un niveau de détail qui est assez impressionnant, je pense qu'un juge d'instruction serait
03:49fier du travail que vous avez pu accomplir, Michael Paty. Il reconstitue tout ce qui s'est passé avant, et notamment cette mécanique infernale qui s'enclenche
03:5711 jours plus tôt, avant ce 16 octobre.
04:00Ce lundi 5 octobre 2020, c'est le point de départ, c'est le jour où votre frère donne ce fameux cours,
04:06ce fameux cours de MC.
04:09Et là il va se passer quelque chose,
04:11les événements vont totalement s'emballer. Il y a un personnage très important,
04:15ce n'est pas un personnage de fiction, elle existe vraiment, cette jeune fille,
04:18on vous l'a présenté sous son initial, elle s'appelle Zed, c'est celle par qui finalement tout démarre, par un
04:26mensonge. Qui est cette jeune fille, pour ceux qui l'auraient oublié, Michael Paty ? Alors cette jeune fille est une élève
04:32d'une des classes de quatrième de mon frère,
04:35qui,
04:36afin de justifier son exclusion,
04:38va dire qu'elle a été exclue par mon frère, ce qui est totalement faux, parce que ce n'est pas un professeur qui peut exclure un élève,
04:44mais uniquement des personnels de direction. Elle va pourtant donner cet argument à ses parents que
04:50elle se serait opposée en classe, parce que mon frère voulait montrer des caricatures.
04:55Et parce qu'elle aurait voulu exclure tous les musulmans de la classe. Voilà, c'est comme ça qu'elle a fini par le tourner, tout en
05:02travestissant un petit peu son mensonge au fil des onze jours, pour y donner encore plus de crédit.
05:07Ce qui est assez terrible, c'est que tout commence par elle, mais également tout finit par elle.
05:12Puisque l'assaillant, à minima, l'écoutait au téléphone,
05:19déversait encore son mensonge,
05:21même pas une demi-heure avant l'attaque. Alors le scandale, il démarre tout de suite, en fait, dès le lendemain, dès le mardi.
05:27Votre frère, en fait, ce cours, il est structuré en deux parties. Il le donne pratiquement à toutes ses classes.
05:32La veille, il a annoncé qu'il allait montrer les caricatures à la classe de Z, qui le lendemain ne se présente pas,
05:38et mentira en dirant avoir assisté à ce cours et avoir été exclu, ce qui n'est pas vrai.
05:42Et là où ça part tout de suite très mal, c'est que l'éducation nationale, vous considérez, a commis une faute d'emblée.
05:49L'académie va établir ce qu'on appelle une fiche fait établie. C'est dans le jargon de l'éducation nationale qui relate l'incident de classe,
05:56mais de manière biaisée, puisque cette fiche va tout de suite incriminer votre frère, plutôt que l'élève et sa famille, alors que
06:02la direction du collège sait qu'elle, la jeune fille, a menti, qu'elle n'était pas dans ce cours.
06:07Oui, c'est une donnée qui va fausser forcément tout le traitement de la situation qui va en découler.
06:14À partir du moment où on va nommer mon frère en tant que coupable présumé, et que ce sont les élèves qui sont les victimes,
06:20forcément toutes les accusations seront contre lui, et du coup ils vont remettre véritablement en cause son cours.
06:27Et qu'est-ce qui inquiète vraiment, d'après vous, l'éducation nationale à ce stade des choses ?
06:31À ce stade, et à tous les stades, c'est surtout de ce qu'on appelle de ne pas faire de vagues.
06:37Donc pour eux, on va essayer de faire taire le professeur, plutôt que de faire taire la rumeur.
06:42Ils ont peur d'une manifestation devant les grilles du collège ?
06:44C'est ce qui avait été annoncé par l'islamiste Abdelhakim Sifrioui et le père de Zed, qui effectivement avait annoncé à la principale
06:52vouloir organiser une manifestation pour le vendredi, donc 9 octobre, et tout le monde ne va regarder que cet angle,
06:59parce qu'avec cet événement, ça risquait de mettre un trouble à l'ordre public, et c'est sous ce prisme que les renseignements territoriaux
07:06vont prendre cette menace.
07:07Alors l'affaire prend une ampleur absolument délirante quand Zed raconte à son père ce qui s'est passé,
07:12enfin en tout cas elle lui fait ce mensonge d'avoir été exclu par le méchant professeur Patti d'un cours parce qu'elle était musulmane,
07:19et ce monsieur, donc Brahim Chnina,
07:22va être le premier à balancer sur les réseaux sociaux le nom de votre frère.
07:27Il le jette littéralement en pâture.
07:29Mais comment vous interprétez ce qui se passe à ce moment-là, Michael Patti ? Cet homme, il fait ça sous le coup de la colère, sans réfléchir
07:34aux conséquences de son geste, ou bien il y a une méthode d'après vous derrière ?
07:38C'est, à ce moment-là, je pense qu'il a réagi principalement par impulsivité.
07:44Sauf que, évidemment, c'est un délit
07:47de jeter le nom de quelqu'un avec
07:51invitant à agir, à manifester, à écrire le rectorat, il incitait tout ce qu'il pouvait...
07:56Il donne le nom de votre frère ? Il donne le nom du collège ? Il l'appelle le voyou, Patti ?
08:00Oui. Il emploie une dialectique qui est volontaire, à appeler à agir volontairement contre lui,
08:07ce qui peut être écouté par des laïcs à appeler une sanction, mais pour des oreilles musulmanes qui souhaitent
08:14agir, ça peut atteindre des formes violentes.
08:17Alors, vous dites qu'il agit par impulsivité, mais en fait il est très vite pris en main par un autre personnage.
08:22Abdelhakim Seyfrioui. Qui est cet homme, Michael Patti ?
08:25Alors, Abdelhakim Seyfrioui, c'est un militant
08:28très connu
08:29depuis à peu près une quarantaine d'années.
08:31Il était d'ailleurs, à ce titre, donc fichier S et fichier FSPRT,
08:35donc qui fait partie des fichiers des personnes qui sont considérées radicales, avec un risque de passage à l'acte.
08:42C'est ce qui s'est passé.
08:45Alors, bon, la semaine continue, on ne va pas rentrer dans tous les détails, on les lira évidemment dans votre livre.
08:51Mais encore une fois, ce qui est frappant, c'est qu'au bout d'une semaine,
08:55si on lit les rapports de l'éducation nationale,
08:59on considère que la situation, finalement, est en train de s'apaiser.
09:02Vite, les vacances vont bientôt arriver. Elles sont pour la fin de la semaine, les vacances de la Toussaint.
09:06Et tout le monde espère, finalement, que ça va finir par se tasser. C'est pas du tout ce qui est en train, dans la
09:11réalité, de se produire, Michael Patti.
09:13En fait, il y a une certaine...
09:16À un moment, je pense que les renseignements territoriaux et l'éducation nationale se sont un peu renvoyés une sorte de balle. C'est très perceptible
09:21quand on lit le livre, que si l'un va dire la situation est apaisée,
09:26l'autre, même s'il voit totalement l'inverse,
09:29va aller dans ce sens, et fournir le rapport qui va dire que la situation est apaisée,
09:33et les autres vont faire pareil, jusqu'à la fin.
09:36Oui, il y a un refus d'accepter la gravité de la situation, Michael Patti.
09:41Ça, un refus d'accepter le réel.
09:43C'est le réel qui est rejeté.
09:45Et votre frère, lui, en tout cas, personne ne se soucie vraiment de sa protection.
09:49Non, et moi, ce qui me pose le plus le problème par rapport à mon frère,
09:53c'est qu'on lui a quelque part vendu l'idée qu'il était protégé. Le référent laïcité, donc le lundi 12 octobre,
10:00veut expliquer qu'il y a des rondes de police, qu'il y a des surveillances, que des gens seraient sous écoute,
10:05ce qui, dans les faits, est totalement faux.
10:08Mon frère pense à un moment avoir déposé plainte. Ceux qui prendront lecture du livre comprendront que ce n'était pas vraiment le cas.
10:14Il est entendu. Il le prend comme ça, sauf que, finalement, il n'y a pas d'acte derrière.
10:22Alors, il y a des révélations aussi dans votre livre. Moi, j'ai appris des choses que j'ignorais,
10:25bien qu'ayant suivi de près l'affaire de votre frère, vous révélez que, parmi les personnels de l'éducation nationale, plusieurs, au cours de leur carrière,
10:34avaient eu affaire aux islamistes. Et vous avez parlé, par exemple, le référent laïcité de ce collège. Et vous dites que,
10:39probablement, ce qui explique leur attitude, pas de vague,
10:42cette volonté de vite passer à autre chose, elle s'explique par le fait que ces gens-là avaient
10:47perdu, déjà, dans leur carrière, face à des islamistes. Et même, ils avaient payé leur opposition dans l'éducation nationale. Ce référent laïcité, par exemple, il avait été
10:54rétrogradé pour s'être opposé à des mamans voilées. Racontez-nous ce passage, parce que ça, c'est une révélation de votre livre.
11:02À un moment, quand j'ai mené cette enquête, je me suis dit qu'il allait falloir que je comprenne pourquoi
11:07tous ces individus ont réagi totalement à l'inverse de ce qui nous paraît normal.
11:12Et
11:13c'est vrai que j'avais donc retrouvé qu'il avait exercé un métier de dazaine, donc c'est un poste haut gradé dans l'éducation nationale,
11:20et qu'il avait eu un litige avec une affaire de mamans voilées pour une fête de Noël dans un établissement scolaire.
11:27Et
11:29donc, ça avait fait beaucoup de bruit à l'époque. Donc, la justice
11:33l'avait sanctionné, et également l'éducation nationale qui l'avait rétrogradé, donc au poste d'inspecteur académique.
11:39Et c'était que récemment, avant l'attentat de mon frère, qu'il est devenu référent laïcité.
11:44Voilà, ce qui pourrait expliquer le fait qu'il n'ait pas voulu être exposé à nouveau à ce genre de situation, vous pensez ?
11:48En tout cas, pour moi, c'est une hypothèse.
11:52Le collège du Bois-d'Aulne, collège de votre frère, aujourd'hui, il va prendre le nom de Samuel Paty. Ce n'est pas le premier établissement
11:59à prendre ce nom, mais enfin, on pourrait dire que ça aura pris un certain temps, quatre ans, il y a eu une grosse bataille au niveau local.
12:04Il y a un documentaire sur C8, qui est diffusé ces jours-ci, qui accompagne aussi la sortie de votre livre. On vous y voit, on vous entend,
12:10Michael Paty, dans ce film réalisé par Stéphane Simon.
12:14Et on apprend dans ce film qu'un enseignant de moins de 30 ans sur deux, aujourd'hui,
12:20refuse de travailler dans un établissement qui porterait le nom de Samuel Paty.
12:25Il y a cette peur qui est associée. Comment ça vous fait réagir ?
12:29La peur, on l'écoute depuis au moins quatre ans, parce qu'à partir de l'attentat de mon frère, les enseignants ont compris que
12:35leur vie pouvait être mise en jeu, simplement pour le fait d'enseigner.
12:38Donc, autant je comprends cette peur,
12:41autant, à l'heure actuelle, je pense qu'il faut faire preuve un peu plus de courage
12:47pour éviter que, justement, ça se reproduise.
12:50Alors, le 4 novembre, j'ai dit, le procès des adultes dans cette affaire va s'ouvrir.
12:55Je dis des adultes parce que les mineurs, ceux qui étaient mineurs au moment des faits, ont été jugés à la fin de l'année dernière.
13:01Brahim Chnina, le père de Zed dont on a parlé, Abdelhakim Sefrioui, le militant islamiste, seront présents.
13:07Comment vous appréhendez-vous cette confrontation que vous allez avoir avec eux ? Qu'est-ce que vous attendez également de ce procès, Michael Paty ?
13:13Alors, on va partir de l'inverse. Qu'est-ce que j'attends de ce procès ?
13:16Je vous avoue
13:17pas grand-chose.
13:20La vérité judiciaire qui pourrait sortir ne sera qu'une ébauche de la vérité.
13:25Par rapport aux attitudes des deux prévenus dont vous venez de me citer les noms,
13:30on va juste retrouver exactement leur même mode de défense.
13:34Donc, c'est-à-dire que le papa de Zed va expliquer qu'il a cru le mensonge de sa fille,
13:39et Abdelhakim Sefrioui va refaire un procès en islamophobie d'État.
13:43Donc, c'est leur ligne qu'ils défendent depuis le départ. Il n'y a aucune raison que ça change à l'heure actuelle.
13:48Et il y a quand même un moment à la fin du livre, parce que c'est très dur,
13:53on vous accompagne aussi dans la douleur, et on vous sent aussi, Michael Paty, c'est un ressenti, mais
14:00à distance. C'est une manière de mettre la douleur à distance, ce travail d'enquête que vous avez mené.
14:06Mais j'ai trouvé dans les pièces annexes
14:08un poème de Rudyard Kipling. Et alors ce poème, il faut que vous nous racontiez ça, parce que vous l'avez offert
14:13à l'élève qui a désigné votre frère à Abdelhakim Zorov, celui qui l'a décapité.
14:20Ce jeune garçon, pourquoi vous lui faites ce cadeau,
14:25Michael Paty, et dans quelles circonstances ?
14:27Le procès des mineurs, ça a été un moment très très difficile, où la plupart,
14:33ces anciens élèves du Bois d'Aulne, ont fait preuve de peu d'efforts en trois ans,
14:39de réflexion par rapport à ce qui s'était passé. Ils étaient toujours en train de se dire que finalement, humilier, frapper,
14:45afficher un professeur...
14:48Visiblement, ils n'avaient toujours pas compris la portée de leurs actes, et
14:52cet élève, lui, par contre,
14:55a fait vraiment un travail sur lui.
14:58Zorov lui avait proposé 300 euros pour lui désigner votre frère.
15:00C'est celui qui était le plus impliqué.
15:03Il nous a présenté ses excuses, fortes et sincères.
15:07Et comme il n'a pas pu me les présenter
15:09directement, parce qu'en termes de position, j'étais trop éloignée de lui, à l'audience,
15:14il a tenu à me les dire quand je suis passée devant lui.
15:17Et j'ai trouvé que,
15:19par rapport à tous les autres, c'était un geste qui était très important.
15:23Donc je lui ai simplement formulé
15:25qu'il allait être puni pour ce qu'il avait fait.
15:27Ce poème, c'est celui qui s'achève par
15:29« Et tu seras un homme, mon fils ».
15:32Ce poème, c'est mon frère qui me l'a offert quand moi j'avais 16 ans,
15:34une période où dans notre vie, on est des fois un petit peu perdu.
15:38Moi je l'avais affiché juste au-dessus de mon bureau,
15:40où je passais à cette époque-là plus de temps
15:42la tête en l'air que sur mes cahiers.
15:44Donc je l'ai lu un nombre de fois incalculable.
15:46Et je pense qu'il est rentré,
15:48ces valeurs qui sont prônées dedans,
15:50font partie de façon intrinsèque
15:52en moi-même. Et donc,
15:54je me suis dit, parce qu'il va falloir qu'il ait une vie,
15:56il va falloir qu'il, quelque part, il rattrape
15:58ce qu'il doit à la société, et que ce poème
16:00peut peut-être l'aider.
16:02Est-ce qu'il vous accompagne aussi ? Vous allez dans les collèges,
16:04dans les lycées aujourd'hui ?
16:06Je lui ai proposé, il n'est pas encore passé
16:08à l'acte, pour venir avec moi dans l'établissement
16:10scolaire, mais j'en suis convaincu
16:12qu'il le fera.
16:14Merci beaucoup Michael Paty d'être venu au micro d'Europe 1.
16:16Le cours de M. Paty, donc votre livre
16:18qui part à ces jours-ci, chez Albin Michel,
16:20co-écrit avec Émilie Frèche.
16:22Merci d'être venu sur l'antenne d'Europe 1. Bonne journée.
16:24Merci.