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Dr Marilyne Baranes, experte judiciaire et spécialiste du psycho traumatisme, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-interview-de-7h40
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00:007h-9h, Europe 1 Matin. Il est 7h12 sur Europe 1. Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin
00:06l'experte judiciaire, le docteur Marilyn Baranes. Bonjour docteur. Bonjour Dimitri. Bienvenue sur
00:12Europe 1. Alors experte judiciaire, c'est pas vraiment un métier, disons que c'est une fonction
00:16de vous occuper parce que vous êtes spécialiste du psychotraumatisme et vous pouvez être saisi
00:21pour évaluer des patients dans le cadre de procédures judiciaires. On a un cas d'école
00:25dans l'actualité en ce moment, alors ce ne sont pas vous qui vous en êtes occupé, ce sont certains
00:29de vos confrères dans le sud de la France concernant l'affaire Pellicot. L'ex-mari et
00:34violeur de Gisèle Pellicot, Dominique Pellicot, qui était aussi le chef d'orchestre de nombreux
00:40viols à son insu sous-sédatif par des dizaines d'hommes, a été entendu mardi à la barre,
00:45hier également. Il a développé, il a raconté son modus operandi, cette façon qu'il avait de droguer
00:51son épouse, de convier d'autres hommes à participer. Qu'est-ce que ça nous dit de son
00:55profil psychologique, docteur Baranes ? Qu'est-ce que vous, vous avez vu ?
00:58Eh bien écoutez, pour tout dire, j'en parle maintenant depuis le tout début de l'affaire,
01:05et hier m'est venu quelque chose de supplémentaire. Eh bien, vous êtes les premiers à qui je vais le
01:11dire, on ne l'a pas assez entendu, mais pour comprendre la question de la, je mets des guillemets
01:17parce que je n'aime pas trop ce terme, mais de la monstruosité de cet homme, c'est qu'il n'a même
01:22pas fait cela pour de l'argent pendant plus de dix ans. Ça nous dit un petit peu ce qui anime cet
01:32homme. C'est-à-dire que vraiment, pour continuer à faire, à jouir du mal, il le fait gratuitement.
01:42Et donc ça, c'est vraiment quelque chose de totalement atypique. Alors ce que ça nous dit
01:49de son profil, on l'a un petit peu décrypté ces derniers jours, c'est un grand pervers dont on dit
01:57qu'il a une structure de type paraphilique, c'est-à-dire où la perversion s'exprime dans la
02:08jouissance sur un objet inanimé et avec humiliation et sadisation. Eh bien, c'est ça qui anime cet
02:20homme. Alors pour comprendre... Paraphilique. Voilà, ça s'appelle comme ça dans les années 80, la Bible
02:28de la psychiatrie, le DSM 3, a rangé toutes les perversions, donc c'est-à-dire ces comportements
02:35de la personnalité totalement déviants, dans un terme qu'on appelle la paraphilie. Voilà. Paraphilie
02:42qui veut dire à côté de l'amour. Et parce que ce n'est... Voilà. Souvent les mises en examen, on peut
02:52l'entendre souvent d'ailleurs chez les pédophiles qui vous expliquent qu'ils aiment les enfants. Mais
02:59le sens des mots pour ces gens totalement pervers et déviants, avec des troubles de la personnalité
03:06sévères et caractérisés, le sens des mots n'est pas le même pour eux et pour nous. Parce que nous
03:13nous avons... Nous nous sommes construits et nous évoluons dans une sphère où la question de
03:22l'altérité, l'autre, existe. Et en ce sens, nous avons donc, nous sommes dotés de cette capacité
03:29extraordinaire d'empathie, de honte, de culpabilité, de remords. Eh bien, chez le pervers...
03:37Vous n'avez pas senti ça chez Dominique Pellicot, non ?
03:39Ah bah, il n'a pas ça, il ne peut pas avoir ça.
03:45Pourtant quand il reconnaît les viols, qu'il demande pardon à sa femme, à sa fille, à ses deux fils,
03:50il a cet air abattu, les larmes qui lui montent aux yeux pendant l'audience. Vous dites, les mots
03:55d'excuses, les mots de pardon sont vides de sens, ce sont des mots creux quand lui les prononce, vous pensez ?
04:02Eh bien, écoutez, je me permets de vous retourner cette jolie équation. Si ce mot avait eu du sens,
04:11comment, pendant plus de dix ans, ça n'aurait jamais résonné en lui ? Comment cela se fait que finalement ce mot sort au moment où il est dans une cour d'assises ?
04:26Oui, c'est une stratégie de défense, vous pensez ?
04:30Je pense que c'est une stratégie de défense tout à fait classique, par ailleurs.
04:33Alors, il a raconté aussi, c'est son récit, peut-être que c'était une manière de se trouver des circonstances atténuantes,
04:42avoir été lui-même victime à plusieurs reprises de viols pendant son enfance, docteur Baranès.
04:50Oui, ça arrive.
04:54Ça fait partie probablement de sa stratégie de défense, il a une avocate, il a...
05:00Heureusement que tous les gens violés ne violent pas.
05:06Heureusement que tous les enfants dont les parents ont été défaillants pour x et y raisons ne sont pas eux-mêmes défaillants.
05:15Donc, il a été violé, écoutez, il pouvait aller à l'époque consulter, se faire prendre en charge, raconter son traumatisme à l'époque.
05:28Ce qui est très important de comprendre là, c'est qu'on se construit en fonction d'une réalité et d'une représentation de la réalité.
05:40Comment moi j'ai vécu cette réalité ?
05:42Une fois que je me suis construit, et bien si quelque chose ne va pas, je suis toujours libre et capable d'aller consulter quand je sens que quelque chose ne va pas.
05:54Il avait cette possibilité-là quand il a commencé à sentir qu'il avait des choses bizarres dans la tête, il n'y a pas été, et au contraire, il a nourri le mal.
06:02Il a eu cette phrase aussi, on terminera là-dessus, docteur Baranès, on ne n'est pas pervers, on le devient.
06:10Oui, c'est ce que je suis... Vous poursuivez mes propos, on le devient parce qu'on se construit, effectivement, il n'y a pas de gêne de la perversion,
06:19mais on se construit en fonction de ce que je comprends d'une situation et du vécu de cette situation.
06:29Mais quand je me sens différent des autres, quand j'ai des choses dans la tête, quand j'ai des choses au niveau de mon corps, quand j'ai des obsessions,
06:38quand j'ai besoin de transgresser la loi, quand l'autre n'existe pas, tout ça je le sens.
06:45Eh bien, rien ne m'empêche d'aller voir même mon médecin généraliste en disant
06:50« Dites-moi docteur, j'ai quand même des trucs un peu bizarres dans la tête, non ? »
06:53Il ne l'a jamais fait.
06:55Merci docteur Mariline Baranès d'être venue nous parler ce matin, Dominique Pellicot, je retiens cette phrase que vous avez prononcée,
07:00et il ne l'a même pas fait pour de l'argent.
07:02C'est vrai, vous avez raison de le souligner ce matin sur l'antenne d'Europe 1.
07:06Merci d'être venue nous voir, bonne journée à vous.