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Ce mercredi, sur Europe 1, Olivier Babeau s'intéresse aux conséquences de la surfiscalisation des plus riches en France.
Retrouvez "L'édito éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-edito-economique
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video
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00:00Et à 7h20 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko place à l'édito éco.
00:05Bonjour Olivier Babaud. Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:08Olivier, vous nous parlez des riches ce matin, ça tombe bien, les parlementaires viennent de voter une surtaxe pérenne sur les plus hauts revenus.
00:14Alors en l'occurrence, il existe une théorie, la théorie du ruissellement. Vous dites que cette théorie n'est pas si fausse que cela.
00:19Oui, je prends des risques ce matin. C'est devenu un lieu commun de moquer la théorie du ruissellement, en anglais trickle down theory.
00:25A l'origine, quand elle est exprimée en 1980 aux Etats-Unis sous l'air Reagan, c'est l'idée évidemment contestable,
00:31selon laquelle la relance économique ne s'obtient qu'en aidant les hauts de finance, la haute finance et la grande industrie.
00:36Autrement dit, l'idée qu'il fallait aider les riches est seulement eux.
00:39Mais en France, on a oublié ce sens et la contestation de cette théorie aboutit à son contraire, c'est devenu l'idée selon laquelle les riches ne servent à rien.
00:48Quand on s'oppose à la théorie du ruissellement chez nous, c'est désormais pour justifier l'alourdissement infini du fardeau fiscal sur les plus aisés,
00:54car leur avis, leur morale et finalement leur existence ne comptent pas. Or, sur ce point, on se trompe lourdement.
00:59Vous voulez dire qu'en France, contrairement à ce qu'on entend toujours Olivier, l'argent des riches ruissellerait bien et qu'on aurait intérêt à avoir des premiers de cordée, ceux dont parlait Emmanuel Macron ?
01:08Exactement, et je m'explique. L'INSEE a montré que 40% des ménages les plus riches sont contributeurs nets aux services publics, ils financent les 60% qui sont bénéficiaires nets.
01:18Notre système redistributif extrêmement puissant permet de diviser par 6 le pourcentage d'inégalité de niveau de vie entre les ménages pauvres et les ménages aisés.
01:26On sait aussi que l'impôt sur le revenu, qui rapporte juste un peu moins que la TVA, autour de 100 milliards d'euros, n'est payé que par 44% des ménages.
01:33Il est très concentré. Si l'on enlevait les 10% des ménages les plus riches, on perdrait les trois quarts de ces recettes.
01:39Autrement dit, pour vous donner un ordre d'idée, on perdrait l'équivalent de plus de deux fois le budget de l'enseignement supérieur.
01:45Grâce aux impôts, la richesse ruisselle vers l'ensemble de la société, au sens où elle donne à l'État les moyens de ses services.
01:51Et on imagine, Olivier, qu'à l'inverse, le départ de ces plus aisés ou de ces grandes entreprises provoque une sorte d'anti-ruissellement ?
01:58Oui, autrement dit, un assèchement. Prenez la Norvège. Elle voulait augmenter ses recettes fiscales de 146 millions de dollars.
02:04Ils ont augmenté l'impôt sur la fortune, faisant partir des contribuables représentant en cumulé 54 milliards de dollars de fortune.
02:10Cela a entraîné une réduction de 594 millions de dollars de recettes d'impôt sur la fortune,
02:15pertenait de l'opération pour l'État norvégien, 448 millions de dollars.
02:20L'effet inverse du ruissellement, l'assèchement, lui est très très documenté, et chez nous, on ne veut pas le voir.
02:25Vous allez nous dire, j'imagine, que la France est surtout performante dans l'assèchement ?
02:28Oui, alors là, on est très très bon. Alors, il y a deux logiques face aux riches.
02:31Il y a des pays comme l'Italie ou la Suisse qui ont une vraie politique d'adaptation fiscale pour faire venir les foyers les plus fortunés,
02:37souvent avec des forfaits, avec des flat tax. Ils comprennent que c'est dans leur intérêt d'avoir ces gens et les recettes associées,
02:43et ils font tout pour les attirer.
02:44Et le modèle français ?
02:45Modèle français tout en contradiction. On rêve à la fois de rançonner méthodiquement les riches jusqu'au dernier sou,
02:50car il n'y aura jamais assez de pseudo-justice fiscale, et de les faire partir tous car on considère qu'ils sont de mauvais citoyens.
02:56L'instabilité fiscale, la fiscalité punitive et les projets fous de pure spoliation en sont la conséquence.
03:02Faute de pensée, sans idéologie et avec du recul sur l'ensemble des effets induits sur ces questions,
03:07on fait fuir la richesse et on l'assèche alors qu'on devrait la choyer pour mieux l'exploiter.
03:12Signature Europe 1 Olivier Babaud. Merci beaucoup Olivier.