La France paradoxale qui encense les athlètes mais nie le mérite dans la société

  • le mois dernier
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Ce lundi, sur Europe 1, Olivier Babeau s'intéresse au mérite qui n'est pas reconnu dans la société française.
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Transcript
00:00Il est 7h21, l'édito éco, Dimitri Pavlenko.
00:03Avec vous Olivier Babaud, bonjour Olivier.
00:05Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:06Voilà, vous êtes le nouveau Monsieur Économie d'Europe 1,
00:09vous partagerez le fauteuil avec Agnès Verdier-Mollinier
00:12qui sera avec nous un jour sur deux, le mardi et le jeudi,
00:14vous le lundi et le mercredi.
00:17Vous nous parlez ce matin, Olivier, pour votre premier édito de la saison,
00:20de cette France paradoxale que vous avez pu observer pendant les Jeux Olympiques.
00:23Racontez-nous.
00:24Dimitri, je voulais revenir ce matin sur les Jeux Olympiques
00:27et les leçons qu'on peut en tirer.
00:29Ces JO ont été pour moi, à mes yeux, une expérience paradoxale
00:32qui a révélé, une nouvelle fois,
00:34les contradictions dont notre beau pays est pétri.
00:36Quelles contradictions avez-vous vues ?
00:38Pendant deux semaines, la France, nous tous,
00:40on a applaudi ses athlètes.
00:41La France a applaudi ses athlètes, on a vibré avec eux,
00:44on s'est réjouis de leur victoire.
00:45On a célébré les vertus comme le courage, la ténacité,
00:48le dépassement de soi, la force mentale et physique.
00:51Est-ce qu'on se rend compte que nous avons célébré pendant deux semaines
00:54tout ce qu'on dédaigne le reste du temps ?
00:56Souvenez-vous, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure,
00:58avait fustigé en 2023, je cite,
01:00« la tyrannie du mérite ».
01:02Qu'a-t-on récompensé d'autres sur les podiums
01:04si ce n'est le mérite ?
01:06Alors que l'horizon indépassable de beaucoup de nos programmes électoraux
01:09semble être la punition des gens qui réussissent,
01:11les JO ont montré qu'un autre état d'esprit était possible.
01:14Alors oui, les athlètes qui réussissent ont sans doute un don physique,
01:17mais celui-ci n'est rien sans le travail,
01:19la sueur, les sacrifices.
01:21Ce travail fait la différence et nous reconnaissons tous
01:24que cela légitime qu'on les honore.
01:26Et c'est le paradoxe, les Français
01:28peuvent être des supporters formidables
01:30pour célébrer la performance, l'abnégation,
01:32la résilience, pendant les JO,
01:34et rêver de nivellement par le bas
01:36le reste du temps, nous préférons trop souvent
01:38nous abandonner à cette passion de l'égalité
01:40qui n'est qu'une autre forme de la passion triste
01:42qu'est l'envie.
01:43Mais est-ce qu'on peut vraiment comparer ce qui se passe
01:45dans un stade autour d'une compétition sportive, Olivier,
01:47avec ce qui se passe dans l'ensemble de la société ?
01:49Alors Dimitri, non et oui.
01:51Non, parce qu'évidemment le but de la société
01:53n'est pas d'éliminer les moins bons et de distinguer
01:55les premiers, il est de permettre
01:57la meilleure vie possible pour tous.
01:59Oui, en revanche, parce que la société toute entière
02:01profite de la performance de quelques-uns.
02:03Un pays prospère
02:05grâce à la somme des intelligences
02:07et de l'énergie qui s'y déploie.
02:09Un pays prospère parce qu'il ne croit pas au déterminisme,
02:11pense qu'il peut dépasser ses limites.
02:13Citus altus fortus, le plus vide,
02:15le plus haut, le plus fort, la devise des jeux,
02:17elle est aussi belle si on en fait
02:19la métaphore d'un projet collectif
02:21de progrès partagé.
02:23Demandons-nous donc, en matière économique,
02:25quand rendons-nous hommage
02:27à nos créateurs, à ceux qui osent,
02:29à ceux qui entreprennent et innovent, à ceux qui
02:31créent des emplois et font rayonner la France dans le monde ?
02:33Plus largement, il serait urgent de réhabiliter
02:35l'irremplaçable levier qu'est le mérite.
02:37C'est le mérite qui tend le ressort de la société
02:39pour la mettre en mouvement.
02:41Retenons de ces JO l'unité de la nation
02:43autour du drapeau, bien sûr, mais aussi
02:45la reconnaissance de toutes
02:47les excellences françaises et de ce que
02:49notre économie leur doit. Réalisons que la France
02:51peut gagner si elle cesse de
02:53s'autodéprécier et plus encore
02:55si elle cesse de déprécier le succès.

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