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En septembre dernier, Inoxtag publiait sur sa chaîne YouTube "Kaizen", retraçant son ascension de l'Everest. Parmi les bientôt 40 millions de spectateurs se trouve Bertrand Roche, alias Zeb, ou encore Zébulon. Le plus jeune français à avoir gravi l'Everest en 1990, à l'âge de 17 ans, propose une lecture critique de ce documentaire exceptionnel autour de cinq séquences : la préparation, l'utilisation de l'oxygène, l'affluence, le sens donné à ce challenge et pour finir, la descente. Un moyen de comparer deux ascensions que tout oppose...

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Transcription
00:00C'est la dernière ligne droite.
00:02Petit boulot ventre.
00:03L'ascension de l'Innoxtag au sommet de l'Everest,
00:05c'est un beau challenge personnel,
00:07mais on ne peut pas parler d'exploit.
00:24J'ai une démarche qui est plutôt belle de dire
00:26je vais aller me former quand même pendant un an.
00:28Je sors au pied de la montagne et j'apprends à cramponner à cet endroit-là.
00:31C'est des choses qu'on voit en réalité.
00:32Cet été, j'étais sur le K2
00:34et on a vu des gens arriver
00:36et ils apprenaient à mettre des crampons pour la première fois
00:38alors qu'ils allaient faire le deuxième sommet le plus haut du monde.
00:41Et là, on se dit mais là, ça ne marche pas.
00:43Ce n'est pas une démarche qui est correcte.
00:45Ces gens-là réussissent à aller sur des expéditions comme ça
00:47parce qu'ils ont beaucoup d'argent.
00:49Ils vont se payer plusieurs Sherpas, de l'oxygène,
00:52tout un staff qui va gérer complètement toute la partie montagne.
00:57Et ça veut dire que ces gens-là qui arrivent sans aucune expérience,
01:00je ne parle pas de l'inox pour le coup parce qu'il s'est formé réellement.
01:03S'il arrive quoi que ce soit dans la montagne,
01:05ils sont incapables de redescendre tout seuls.
01:07Ils n'ont aucune autonomie sur la montagne.
01:09Et ça, c'est problématique.
01:11Bouteille d'oxygène.
01:12On ne va pas la mettre dès maintenant mais un peu après.
01:14Bouteille prête. Ready.
01:17Là, on a 700 mètres de dénivelé à faire
01:19pour aller jusqu'en 3.
01:20Moi, avec mon père, quand on a fait notre ascension en 90,
01:24on a utilisé la logistique d'une expédition.
01:26Les tentes qui étaient mises en place au camp de base.
01:28Après, sur la montagne, on est monté par nos propres moyens
01:32et on a utilisé de l'oxygène à partir de 8000 m
01:36au camp 4 du col sud
01:38parce qu'on portait un parapente qui faisait 6 kg.
01:41Aujourd'hui, pour la plupart des gens,
01:43monter avec oxygène, c'est presque devenu normal.
01:46Il y a eu une vraie différence entre une ascension sans oxygène
01:49et une ascension avec oxygène.
01:51L'ascension d'Inès au sommet de l'Everest,
01:53c'est un beau challenge personnel.
01:55Mais on ne peut pas parler d'exploit.
01:57Alors qu'effectuer une ascension sans oxygène,
02:00pour le coup, ça reste un exploit, quel qu'elle soit.
02:02On va au bout de soi-même,
02:04on va au bout des limites du corps humain, tout simplement.
02:14J'ai eu la chance d'aller par deux fois sur le sommet de l'Everest.
02:17Une première fois avec mon papa, quand j'avais 17 ans.
02:21Et à cette époque, j'étais le 15e Français au sommet de l'Everest.
02:24C'est pour dire qu'il n'y avait pas grand monde qui allait là-bas.
02:26J'ai jamais connu les embouteillages qu'on peut voir maintenant
02:29dans les images sur l'Everest.
02:31On va en montagne pour se ressourcer,
02:33pour être dans des paysages extraordinaires.
02:35Là, en l'occurrence, c'est tellement haut qu'on est entre la Terre et l'espace.
02:38Et si c'est pour se retrouver avec des dizaines et des dizaines de personnes autour de soi,
02:42ça n'a plus aucun sens pour moi.
02:44Interdire la montagne, je ne trouve pas que ce soit une bonne chose.
02:46Il faudrait trouver un juste milieu où on dise,
02:48on limite l'accès, entre guillemets, aux touristes,
02:53à ceux qui ont peu d'expérience,
02:55et limiter le nombre aussi.
02:57C'est-à-dire, on dit, je vais dire n'importe quel chiffre,
02:59mais au-delà de 100 personnes, ça devient compliqué.
03:09Moi, j'ai eu un papa qui était guide de haute montagne
03:12et qui m'a amené depuis tout petit à faire plein de choses avec lui.
03:16Il m'a amené au sommet du Mont Blanc, j'avais 11 ans.
03:19A 14 ans, il m'a fait traverser toutes les Alpes à ski.
03:22On a fait 2000 km en ski de randonnée.
03:24J'ai raté l'école de février aux vacances de Pâques.
03:27Et après, par contre, l'été, il a fallu que je reprenne des cours.
03:30Et quand il m'a proposé d'aller à l'Everest,
03:32pour moi, c'était naturel d'aller en montagne,
03:34de faire des choses avec mon père,
03:36que ce soit le Mont Blanc, n'importe quel sommet, quelque part.
03:39Je n'avais pas cette ambition de dire,
03:42je vais aller au sommet du monde pour prouver quoi que ce soit, en fait.
03:47Ce n'est pas tout à fait la même démarche qui noctague aujourd'hui,
03:50qui veut vivre une expérience unique.
03:52Rien n'est pareil, c'est ce qui fait la singularité des gens.
03:55C'est qu'on est tous différents, on a tous nos impréhensions,
03:58notre sensibilité est différente.
04:01Maintenant, c'est à mon tour.
04:03L'étape la T.
04:05La descente était aussi différente.
04:08On avait un parapente.
04:09L'idée de s'envoler était vraiment forte.
04:12En 90, la première fois, je n'ai pas pu ouvrir le parapente au sommet de l'Everest,
04:16parce qu'il y avait trop de vent.
04:17Donc, on a réussi quand même à descendre depuis le col sud à 8000 avec mon père.
04:21Et là, effectivement, c'était une expérience absolument incroyable
04:25où j'ai la responsabilité d'amener mon père avec moi.
04:29Et lui me fait une confiance totale.
04:31Donc, ça, c'est assez magique.
04:33Et on vole jusqu'au camp de base, en fait.
04:36On a évité aussi tous les dangers de l'icefall.
04:38Et ça, c'était 20 minutes de vol absolument extraordinaires,
04:42où tout d'un coup, on passe d'un mode où on n'avance pas,
04:45on est en marche vraiment à deux à l'heure.
04:48Et de se retrouver en l'air comme un oiseau, c'est phénoménal comme sensation.

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