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Alain Bauer, professeur de criminologie au Cnam, était l'invité de Benjamin Duhamel dans "C'est pas tous les jours dimanche", sur BFMTV.

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Transcription
00:00L'action de l'État n'est pas à la hauteur parce que d'abord il est très en retard, ensuite il n'a pas voulu le voir, il ne l'a pas regardé en face et il n'a pas suggéré,
00:09comme dans beaucoup de sujets d'ailleurs, la manière dont il devait traiter la question des stupéfiants, notamment du cannabis.
00:15D'abord pour des raisons historiques, c'est que nous ne parlons pas exactement des mêmes stupéfiants.
00:19Le cannabis des boomers était très faible en tétro-hydrocannabinol, il est aujourd'hui extrêmement fort, il n'y a plus de drogue douce, drogue dure, elles sont toutes dures.
00:26Deuxièmement, nous sommes devenus quasiment autosuffisants en production de cannabis, nous sommes très capables de produire nous-mêmes une partie des drogues de synthèse,
00:37MDMA et autres, y compris celles qu'on achète dans les quais de métro avec son écharpe bleu-blanc-rouge.
00:42Vous faites, pour le dire, référence au député insoumis, Andy Kerbarat, qui a été interpellé en flagrant délit en train d'acheter de la drogue.
00:50Qu'il soit insoumis ou pas n'est pas le sujet, c'est un parlementaire.
00:53C'était comme précision pour le spectateur, puisque ce que vous disiez était quelque peu éthique.
00:58Qui relève plutôt du chemsex, c'est-à-dire des drogues qu'on utilise pour des activités sexuelles longues et intenses.
01:05Et puis, le troisième élément, il porte sur l'arrivée à bas prix de la cocaïne, qui touche d'abord des îles, notamment la Martinique.
01:14Ce n'est pas un hasard qu'il y ait aussi une situation sociale extrêmement tendue.
01:18Ça coûte plus cher d'acheter un pack de lait qu'un gramme.
01:21Donc, c'est quand même sa dose, en tout cas.
01:24C'est un élément quand même important.
01:26Donc, il y a une situation d'étalement sur le territoire dans des petites et moyennes villes et pas seulement dans les banlieues,
01:32de processus nouveau de distribution entre deux pizzas et un burger.
01:35Vous avez aussi votre dose.
01:37Donc, ce problème-là est là et il n'a pas été décidé parce qu'on ne sait pas s'il faut dépénaliser, libéraliser, contraventionnaliser,
01:45avec un texte de 1970 qui est écrit avec les pieds et qui ne sert à rien.
01:49Il ne sert à rien parce qu'on ne sait pas traiter la différence entre le trafiquant, le dealer et le consommateur.
01:54On les punit tous de la même manière.
01:56Donc, on ne punit grosso modo personne puisqu'on ne sait pas traiter de la masse et de l'immensité du niveau de consommation.
02:03Nous avons un des textes les plus répressifs de l'Occident et avec les États-Unis qui nous l'ont imposé par le président Nixon.
02:10Avec une efficacité toute relative.
02:13Voilà.
02:14Plus globalement.
02:15Aujourd'hui, on a compris qu'on traite les consommateurs comme des malades et qu'on traite les trafiquants comme des criminels.
02:18Ça ira beaucoup mieux.
02:20Le docteur Olivenstein avait commencé à expliquer ça il y a près de 50 ans dans un indifférent général.
02:25Et aujourd'hui encore, on ne comprend pas qu'il faut différencier la réponse entre la réponse sociale, la réponse médicale et la réponse pénale.
02:32Il n'y a pas de réponse unique aux problèmes de la consommation et donc du trafic.
02:36Sans consommation, pas de trafic.
02:38Mais pour gérer les consommateurs, ce n'est pas la prison.

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