Le maire de Grenoble Eric Piolle qualifie la politique sécuritaire de « pipeau » : « Comme tous les ministres que j’ai vu passer depuis dix ans, ils se succèdent avec la même logique : le coup de menton, la tolérance zéro, la fermeté » - Regardez
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00:00Venons-en, Éric Piolle, à l'actualité de votre vie, l'actualité malheureusement marquée par ces fusillades depuis cet été,
00:08la dernière mardi qui a coûté la vie à un adolescent de 15 ans, tout près d'un point d'île, le tout sur fond de guerre des gangs.
00:15Vous avez demandé des moyens de police. Bruno Retailleau vous répond, quittez déjà votre discours anti-sécuritaire et mettez des caméras de vidéoprotection.
00:24Qu'est-ce que vous lui répondez ?
00:25Oui, je trouve ça pathétique comme réponse. C'est-à-dire que M. Retailleau, comme tous les ministres de l'intérieur que j'ai vus passer depuis 10 ans,
00:30il se succède avec la même logique. C'est le coup de menton, la tolérance zéro, vous allez voir avec moi la fermeté. Tout ça, c'est du pipeau.
00:38Tout ça, c'est du pipeau. Pourquoi ? Parce qu'en fait, tous ces messieurs, tous ces messieurs d'ailleurs, savent qu'ils sont éphémères.
00:46Donc ils sont là pour quelque temps. Donc au lieu de s'attaquer au problème de fond, au lieu d'essayer de résoudre le problème,
00:52en fait, ils nous promènent. Donc moi, je me fous de discuter avec le ministre de l'Intérieur de l'emplacement d'une caméra.
00:59Où est son plan national de stratégie contre le narcotrafic ? A-t-il lu le rapport sénatorial en janvier dernier qui pointait l'emprise du narcotrafic partout en France ?
01:08Il se trouve que le caméra, vous en avez mis, Renoble. Il y en a 120, ce n'est pas de bêtise.
01:12Il y en a 120, il y en a 6 par kilomètre carré.
01:13Il y en a 120, mais vous dites que ça ne sert à rien.
01:14Oui, ça ne sert à rien, effectivement.
01:15Où est la cohérence ? Où est la logique ?
01:16Justement parce que nous, on a besoin de caméras pour la gestion publique, les flux, etc.
01:21Nous gérons une ville, donc il faut regarder les flux de circulation, les flux de piétons, avoir des éléments de surveillance.
01:27On a un centre de surveillance. Tout ça, ça fait partie des outils modernes de la gestion de la ville, mais ça n'est pas la solution pour le narcotrafic.
01:34Là aussi, toutes les études le prouvent. Vos collègues de France Culture ont invité un chercheur.
01:38Ça ne mange pas de pain, mine de rien, de remettre un peu de science dans la sécurité.
01:42Il disait 40 ans en Angleterre, nous avons un retour.
01:45Ça ne sert à rien pour lutter contre le narcotrafic.
01:47Est-ce que M. Retailleau veut lutter contre le narcotrafic ou juste se promener ?
01:51C'est quoi son plan ?
01:52Il dit, allez-donc voir à Nice, allez-donc discuter avec la direction générale de la police nationale et l'agent d'armurie.
01:58Je suis prêt, moi, à aller voir tous ces gens.
02:00Allez voir à Nice, il y a des fusillades partout.
02:02Vous prenez les journaux, alors nous, on est rentrés dans le tunnel médiatique.
02:06Donc voilà, l'année dernière, c'était Nantes, il y a deux ans, c'était Toulouse.
02:10Donc on se succède.
02:11Il n'y a pas de question de couleur politique là-dedans.
02:13À Nice, c'est un échec complet.
02:15À Valence, la ville du ministre de la Sécurité du Quotidien, c'est un échec complet.
02:19Des morts, des fusillades.
02:21Partout, c'est le même échec.
02:22Donc il y a un moment, on ne peut pas se dire qu'on va répéter les mêmes erreurs.
02:26Il faut avancer sur les questions de santé, santé mentale.
02:30Si les gens se droguent, ça n'est plus récréatif.
02:32C'est pour la cocaïne, la performance au travail, l'anxiété.
02:36Et puis, il faut arriver maintenant à parler de légalisation parce que nous sommes en échec.
02:41C'est vraiment un problème majeur.