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Bernard Pallot, 78 ans, est accusé d’avoir, avec préméditation, volontairement donné la mort à son épouse le 11 octobre 2021 à leur domicile d’Isle-Aumont. Une affaire qui devrait réactiver les débats autour de la fin de vie en France et de l’aide active à mourir. Reportage : Mattéo Clochard & Angélique Toscano

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Transcription
00:00Première journée d'audience devant la cour d'assise A3 ce lundi pour Bernard Palot, 78 ans.
00:06L'homme est accusé d'avoir volontairement donné la mort à son épouse avec préméditation.
00:11Nous avons pu interroger celui qui explique que sa femme lui avait demandé par écrit de l'aider à mourir.
00:16Une affaire qui devrait réactiver les débats autour de la fin de vie en France et de l'aide active à mourir.
00:22Moi ce que je demande c'est l'acquittement. J'ai déjà fait un an de prison, de trop j'estime.
00:27Je comprends qu'il y ait eu une enquête, que j'étais en garde à vue.
00:31C'est pas marrant la garde à vue, vous êtes cuisiné, vous dormez sur un lit en pierre.
00:35Ça, je l'admets. Une fois que la lumière est faite, qu'on voit que j'ai fait par amour,
00:42ma femme m'a fait un papier écrit, ça s'appelle une directive anticipée.
00:46On n'en tient pas compte, on essaie de la réanimer malgré la directive anticipée.
00:50Tout ça, moi je le comprends pas, ça va pas.
00:54Pour moi, assassiner, ça a une connotation de haine, a priori.
01:01La présidente a donc expliqué que non, pas nécessairement.
01:06Mais moi effectivement, ce n'est pas par haine, c'est tout à fait le contraire.
01:11Tout à fait le contraire. Et c'est sûr que c'est par amour.
01:15Et au début de l'enquête, je me mets à la place des gendarmes.
01:19Ils arrivent, il y a une femme qui est tuée, on était dans les féminicides plus ou moins.
01:24C'est normal qu'il y ait une enquête, qu'on me mette en garde à vue, ça je le comprends.
01:28Mais après éclaircissement, après avoir fait l'enquête, qu'on me mette en détention, là j'ai moins compris.
01:36En plus, séparé de mon fils, alors vous pensez, la triple peine.
01:39Déjà, perdre ma femme quand même.
01:42Ensuite, prison.
01:46Et interdiction de voir mon fils, en cette période de deuil douloureuse,
01:51aussi bien pour lui que pour moi, on n'a pas pu se voir.
01:53La maladie a vraiment été problématique le dernier mois.
01:58Parce qu'avant, elle avait des fractures, à peu près une par an.
02:03Donc il y avait un mauvais mois à passer dans les hôpitaux, les centres de rééducation.
02:09Puis après, elle reprenait le dessus.
02:11Donc on passait des mauvais moments.
02:13J'étais toujours avec elle dans les hôpitaux.
02:16Elle était à Reims, j'allais tous les jours la voir à Reims.
02:19Parce que je n'abandonne pas mes proches dans les hôpitaux.
02:22Compte tenu du manque de personnel, j'étais là pour être à sa disposition, l'aider.
02:29Et le problème, ça a été le dernier mois, quand je l'ai sortie de l'hôpital,
02:36que j'ai voulu la ramener à la maison, parce qu'elle était mal entourée dans la clinique.
02:41Et là, elle était grabataire, c'est-à-dire qu'elle ne pouvait plus se lever.
02:46Donc, c'était à moi de la lever.
02:50À moi de tout faire.
02:52Sa toilette et tout.
02:53Et alors, chaque fois que je la manipulais pour la lever, elle hurlait de douleur.
02:57Parce qu'elle avait très mal au dos.
03:00Et donc, le chirurgien avait prévenu, si elle ne remarche pas tout de suite, elle ne remarchera pas.
03:05Et à mesure que les jours passaient, on a vu qu'elle ne remarcherait pas.
03:11Il n'y avait pas moyen, c'était au-dessus de ses forces.
03:14Et donc, elle a fini par avoir tellement mal.
03:17Et puis, ça allait de mal en pil tous les jours, s'il y avait un nouveau problème.
03:21Et donc, le dernier jour, elle m'a dit, c'est aujourd'hui.
03:24Elle a pris plusieurs syncope de douleur.
03:26Elle se trouvait mal tellement elle avait mal.
03:28Donc, c'était plus possible.
03:30Elle ne pouvait plus boire.
03:31Elle ne mangeait plus depuis 15 jours.
03:33Là, ce jour-là, elle ne pouvait même plus boire.
03:36Elle m'avait demandé de ne pas l'abandonner, de ne pas la ramener à l'hôpital.
03:40De ne pas la mettre en soins palliatifs ou je ne sais quoi.
03:43Elle n'avait plus du tout confiance dans les hôpitaux.
03:46Elle en avait avalé suffisamment.
03:50Elle était à bout.
03:51Elle ne voulait que mourir chez elle, sans personne, avec moi.
03:56Pareil, pourquoi on ne l'a pas emmenée en Suisse ?
03:59Ça m'aurait coûté beaucoup moins cher que tout ce qui m'est arrivé après.
04:03Mais elle ne voulait plus bouger de la maison.
04:05Voilà.
04:06Parce qu'elle a eu des mauvaises expériences de douleur dans les ambulances.
04:11Mal transportée et tout.
04:14Donc, elle ne voulait plus voir les médecins.
04:17Je ne souhaite à personne de vivre ce que je vis.
04:20A personne.
04:21D'abord, il faut pouvoir le faire aussi.
04:25On utilise des moyens sauvages, puisque l'euthanasie est interdite.
04:30On s'étouffe avec des sacs plastiques.
04:34On s'incendie.
04:36On se jette par la fenêtre.
04:37On se rate avec des coups de fusil mal placés.
04:41Ce n'est pas digne d'un pays évolué.
04:46Il faut absolument que la législation sur l'euthanasie évolue.
04:50C'est pour ça que j'accepte que vous me filmiez et que je parle de ça.
04:55Il faut que ça fasse avancer.
04:58Si mon affaire peut faire un petit peu avancer, contribuer à améliorer la situation en France, j'en serais ravi.
05:07Le retraité risque la réclusion criminelle à perpétuité.
05:11Il reste présumé innocent.
05:16Sous-titrage Société Radio-Canada

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