Le premier ministre a annoncé que la santé mentale serait la grande cause nationale de 2025. Comment est-ce que cela pourra se traduire dans les entreprises ? Julie Salomon, directrice de la qualité médicale chez Qare et Camille Parouteau, fondateur de monMartin nous éclairent.
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00:00...
00:06-"La santé mentale, grande cause nationale 2025",
00:09annoncé par le Premier ministre Michel Barnier.
00:11Quelles conséquences pour les entreprises ?
00:14On en débat avec Julie Salomon.
00:15Bienvenue. Vous êtes directrice de la qualité médicale
00:19chez Caire et Camille Paruto.
00:20Bienvenue. Vous êtes le fondateur de Montmartin.
00:23On va commencer par des questions de présentation.
00:26Tout simplement, Caire, Julie Salomon, c'est quoi ?
00:29Caire, c'est une société agréée de téléconsultation
00:32qui met en relation des médecins et des patients.
00:35On a à peu près 2 000 médecins qui travaillent avec nous.
00:38C'est tous des médecins qui font quelque chose
00:41en présentiel à côté. On respecte les règles.
00:43Et on a environ 200 000 téléconsultations par mois.
00:48Donc, on a une grosse activité.
00:4910 % de cette activité se fait en santé mentale.
00:52On a 200 psychiatres, quelques psychologues,
00:55mais beaucoup de psychiatres,
00:56qui répondent à une grosse demande.
00:58Ca, on y reviendra, évidemment, dans le détail.
01:01Je note 200 psychiatres. Je vais vous poser une question.
01:04C'est mon pense-bête.
01:05Je reste sur une question un peu générale
01:08sur la téléconsultation.
01:09J'ai pas mal de curiosités là-dessus.
01:11Est-ce que ça continue de se développer ?
01:14A quelle vitesse ?
01:15Est-ce qu'il y a un lien
01:17entre téléconsultation et télétravail, par exemple ?
01:21Comment ça évolue ?
01:22Tout à fait, il y a un lien, parce que...
01:25D'abord, ça évolue en progression.
01:28Au sein des usages.
01:30Mais il y a une forme de frein, aussi,
01:32qui est exercée par différents acteurs du secteur
01:35pour essayer de maintenir une activité présentielle,
01:38comme si il y avait une concurrence.
01:40Ce qui n'est pas vrai, mais il y a beaucoup de méconnaissances
01:44de la façon dont fonctionne la téléconsultation,
01:46qui est une réponse pour les déserts médicaux,
01:49pour les patients sans médecin traitant,
01:51et pour ce qui est du télétravail.
01:53D'abord, c'est le télétravail du médecin.
01:55Ca permet au médecin de baisser la pression
01:58en présentiel et de faire 3-4 heures par semaine
02:00chez lui, dans un environnement bien confidentiel,
02:03qui permet d'avoir un échange adapté pour un échange médical
02:07et apporter une expertise médicale à des patients dans le besoin.
02:11Camille Pahouto, présentez-nous Montmartin.
02:14Tout à fait. On est un spécialiste
02:16de la prévention santé en entreprise.
02:18On intervient pour les salariés,
02:20qui sont les utilisateurs finaux de nos services.
02:23On est les vrais partenaires des DRH
02:25et des responsables santé ou médecins du travail.
02:27On travaille avec certains profils de médecins.
02:30L'idée, c'est vraiment... On a trois axes.
02:32On a les risques psychosociaux, les troubles musculosquelétiques,
02:36l'occasion de dernier échange,
02:38et la partie conduite addictive, qui se développe beaucoup
02:41avec le contexte de santé mentale.
02:43On travaille avec des profils variés,
02:45des psychologues, des ergonomes, des ostéopathes, des sophrologues.
02:48On a une centaine d'intervenants sur toute la France.
02:51Elle existe depuis quand ?
02:53On vient de fêter les 7 ans, cette année.
02:55Ca m'intéresse, parce que le mot santé mentale,
02:58j'ai l'impression de commencer à l'entendre
03:02sur ce plateau, dans différentes émissions
03:05sur Be Smart, For Change,
03:07depuis, allez, je vais dire, deux ans, peut-être trois.
03:10Vous ressentez ça ?
03:11C'est exactement ce que moi.
03:13Quand on a créé la boîte, c'était la partie TMS,
03:16les douleurs et les problématiques d'accident du travail.
03:19Là, ça fait quatre ans que la crise sanitaire,
03:22les gens se sont posés beaucoup de questions
03:24en question de son travail, du sens de sa vie.
03:27Et là, depuis deux ans,
03:28depuis le contexte géopolitique avec la guerre en Ukraine,
03:32c'est vrai qu'il y a la crise économique qui arrive,
03:34et c'est le sujet de budget qui complète.
03:37On voit que c'est chez nous aussi le sujet numéro un
03:40pour lequel les entreprises font appel à nous.
03:42D'ailleurs, c'est pas un hasard
03:44si le plan santé mentale a été décrété grande cause nationale
03:47en 2025 par le Premier ministre, par Michel Barnier.
03:51C'est très bien, on n'est pas encore en 2025,
03:54on verra ce qu'il nous est proposé,
03:56mais si vous deviez faire une liste de courses ou un monde idéal,
03:59vous en attendez quoi ?
04:01Julie Salomon, je commence.
04:02La santé mentale, c'est un gros sujet,
04:04ça a beau être un gros sujet de dépense,
04:07c'est le premier sujet de dépense à la Sécurité sociale,
04:10mais il n'est pas suffisamment organisé,
04:12il n'y a pas assez de moyens sur le terrain.
04:15Je ne prêche pas pour ma paroisse,
04:17je ne vous parle pas de la téléconsultation,
04:19je suis médecin aussi en hôpital,
04:21et à l'hôpital, il n'y a pas assez de moyens,
04:24il n'y a pas assez de lits, d'infirmières, etc.
04:26Toutes ces ressources qui manquent créent un embouteillage en amont
04:30et un retard de prise en charge.
04:32En santé mentale, le seul facteur pronostique
04:34pour l'évolution d'une maladie en santé mentale,
04:37c'est le délai entre le début des symptômes
04:40et la prise en charge.
04:41Plus ce délai se rallonge, plus ça devient lourd,
04:44impactant pour l'individu et pour la société.
04:47La téléconsultation, dans ce sens-là,
04:49a un gros intérêt parce que les patients sont vus plus tôt,
04:52on fait tomber certaines barrières, certains tabous,
04:55par le biais de l'écran qui, d'une certaine façon, protège.
04:59Il y a des gens, je vous interromps,
05:01qui n'oseraient pas parler de leur souci de santé mentale
05:07ou venir demander de l'aide,
05:09notamment peut-être en entreprise,
05:12qui osent le faire parce que c'est de la téléconsultation.
05:15Ils sont chez eux, souvent,
05:16dans un environnement sécurisant pour eux.
05:19La barrière de l'écran est un effet protecteur.
05:22Il n'y a pas cette étape compliquée à franchir,
05:25de prendre le rendez-vous, franchir le seuil du psychiatre,
05:28d'aller dans la salle d'attente avec des gens considérés comme fous,
05:32ce qui est plein de clichés, plein de tabous.
05:35Le fait d'avoir en quelques clics un professionnel
05:38qui peut tout à fait prendre en charge les problèmes qu'on a,
05:41les angoisses, les questionnements,
05:43les pathologies assez sévères, c'est vraiment énorme.
05:46On sent vraiment qu'il y a un raccourcissement
05:49de ce délai dont je parlais.
05:50Dans le cadre de ce plan santé mentale,
05:53au-delà de la Grande Cause nationale,
05:55quel rôle pour les entreprises ?
05:57Est-ce que c'est un lieu, je parlais de tabous,
06:00qui peut être un lieu un peu pivot, un peu central ?
06:03Complètement. L'entreprise, c'est un lieu de vie.
06:05On y est toute la journée, 7, 8, 10 heures par jour, parfois.
06:09L'entreprise a un vrai rôle à jouer
06:11parce qu'elle va subir les conséquences.
06:14Ce que vous dites, c'est tout à fait vrai en termes de conséquences.
06:17En amont, c'est là où les managers et les co-dires
06:20ont un vrai rôle à jouer, d'être sensibilisés,
06:23d'être formés à ce sujet,
06:25puisqu'ils ont en partie la responsabilité
06:28de la santé mentale de leurs équipes.
06:30En France, on a un manager sur deux
06:32qui n'est pas formé au management.
06:34Donc, ça va jouer sur l'organisation,
06:36sur la charge de travail de ces équipes.
06:38Donc, ça va avoir un impact direct.
06:41Pour répondre à votre question, le rêve du plan 2025,
06:45ce serait qu'on puisse se sensibiliser, communiquer,
06:48informer chaque manager en France
06:50et chaque co-dire, chaque top management
06:52pour qu'ils soient conscients de l'enjeu de ce sujet
06:55et qu'ils aient des clés.
06:57Il y a des choses faciles à mettre en place.
06:59Il n'y a pas besoin de partir trois semaines en formation.
07:02C'est ce qu'on fait dans des ateliers d'une heure.
07:05C'est de faire en sorte qu'on ait cinq, six clés
07:07à adopter dans son quotidien
07:10et qu'il y ait un impact pour ces collaborateurs.
07:12Votre offre, évidemment, vous l'adaptez à chaque entreprise.
07:16Ca rejoint un peu la question que j'ai posée tout à l'heure.
07:20Mais la part consacrée à des ateliers
07:24ou à des conseils, etc., ou à de la prise en charge
07:27de santé mentale spécifique,
07:29c'est une demande de plus en plus importante ?
07:32Ca prend de plus en plus de place dans votre offre générale ?
07:36On n'est pas à 10 %, on est à 50 %.
07:38C'est un chiffre très important.
07:40En demandant 30, quand on a un client qui arrive chez Montmartin,
07:43c'est un sur deux qui aura des enjeux
07:45autour de la santé mentale, des risques psychosociaux.
07:48Tous les facteurs vont influencer la situation.
07:51Est-ce qu'il y a plus de demandes des salariés
07:54ou est-ce qu'ils ont déjà pris en charge le reste
07:56et qu'ils se disent qu'il faut qu'on soit plus fort là-dessus ?
07:59C'est surtout une demande des entreprises
08:02qui voit les conséquences en termes de marque employer,
08:05en termes d'absentéisme dans leur quotidien.
08:07On va dire qu'ils sont obligés,
08:09les entreprises prennent vraiment conscience de ce sujet.
08:12C'est pour ça que le plan Barney est vraiment chouette.
08:15Cette année, on était sur l'activité physique avec les JO.
08:19L'année prochaine, on voit qu'il y a une prise de conscience
08:22et aussi un budget derrière qui est alloué.
08:24On peut prendre l'exemple de Caire.
08:26Vous avez créé un laboratoire d'initiative
08:29autour de la santé mentale.
08:30D'abord, on a une histoire avec la santé mentale
08:33qui est assez ancienne.
08:34On existe depuis 2017, mais depuis 2020,
08:36on a racheté une société de téléconsultation
08:39qui faisait que de la santé mentale.
08:41C'était déjà un intérêt qu'on avait.
08:43On s'est rendu compte, en plus,
08:45que la moyenne d'âge de nos collaborateurs, c'est 30 ans.
08:48C'est une génération qui est hyper sensible
08:50et hyper prête à parler de ces sujets-là.
08:53Moins de tabous que les générations précédentes.
08:56On le confirme aussi parce qu'on a des partenaires
08:58qui sont des universités,
09:00parce qu'ils ont besoin de se reler
09:02par la téléconsultation pour ces étudiants
09:04qui sont assez mobiles,
09:05d'avoir une prise en charge pour la santé physique et mentale.
09:08Mais la santé mentale est très importante
09:11dans les demandes de ces universités.
09:13Ces universités font les étudiants d'aujourd'hui,
09:16les travailleurs de demain.
09:17Avec le temps, ça devient aussi les travailleurs d'aujourd'hui.
09:20Nous, ce qu'on a souhaité faire,
09:22on s'est dit que pour bien aider les patients,
09:25il fallait que les médecins soient confortables aussi,
09:28que nous, collaborateurs de Caire,
09:30et donc pour prendre soin et pour sensibiliser les collaborateurs
09:34à la problématique de la santé mentale et du bien-être mental,
09:37on a considéré que c'était pas mal de se regarder le nombril
09:40et de faire notre travail en interne.
09:42On a la chance d'avoir une personne
09:44qui s'est formée au 1er secours en santé mentale
09:47et qui a formé 40 % des collabs de la boîte.
09:49Ca continue encore.
09:51On a des sessions de 2 jours.
09:52C'est un investissement de la part de l'employeur
09:55de libérer 2 jours de temps.
09:56Et ça a des effets très concrets,
09:58puisque ne serait-ce que le service client
10:00qui interagit avec les patients et les médecins
10:03ont changé leur modalité de réponse
10:05suite à ces formations et ces ateliers.
10:07On est également en train de déployer une fresque
10:10sur la santé mentale au travail
10:11pour essayer de sensibiliser de façon plus brève
10:14les managers et les collaborateurs
10:16qui n'auraient pas eu le temps de faire 2 jours de formation
10:19pour les PSSM.
10:20Et tout ça, ça contribue à faire prendre conscience
10:23de la nécessité d'être attentif
10:25et de prendre part à l'équilibre de la santé mentale
10:30de l'entreprise.
10:31-"Premier secours en santé mentale",
10:34c'est une expression qui peut m'étonner.
10:37Il y a des signes...
10:40Des symptômes à détecter, en quelque sorte,
10:42et ça rejoint ce que vous disiez sur le repérage précoce,
10:46le diagnostic précoce.
10:47En fait, dans cet atelier, l'idée, c'est d'abord de détabouiser,
10:51parce qu'on est encore face à un gros tabou,
10:53de gens qui n'osent pas, qui ne se sentent pas légitimes,
10:56qui pensent que leurs problèmes ne sont pas importants.
10:59En formant les collaborateurs, on les forme à l'écoute.
11:02Ne pas s'effrayer quand ils entendent des gens
11:05qui auraient des petits coups de mou ou des idées plus sombres.
11:08Et peut-être leur donner une capacité d'agir,
11:11c'est comme pour l'éco-anxiété.
11:13On est plus en souffrance quand on n'agit pas,
11:15mais quand on agit, même à son échelle,
11:17on se rend compte qu'on a une maîtrise du sujet,
11:20ça dédramatise et ça désangoisse.
11:22Pour les collaborateurs, de se sentir un peu acteurs
11:25et soutenants de leurs proches,
11:27parce que ce n'est pas forcément pour leur activité,
11:30c'est pour leurs proches,
11:31ça les apaise aussi pour eux-mêmes, ça a plein de vertus.
11:34Merci beaucoup, merci à tous les deux.
11:37On suivra évidemment ce que pourra nous proposer
11:40le Premier ministre sur cette grande cause nationale.
11:43A bientôt sur BeSmart for Change.
11:45On passe à notre rubrique start-up tout de suite,
11:47c'est Smart Realize.