"Je vois un homme en noir qui me dit : 'il a insulté le prophète, il était en train de le décapiter'". Ce RTL Evénement est consacré au témoignage saisissant de Charlie Jacquin, professeur d'EPS au collège du Bois d'Aulne. Cela faisait un mois seulement qu'il était en poste dans cet établissement, le 16 octobre 2020 , jour de l'assassinat de Samuel Paty. Charlie Jacquin y a assisté malgré lui. Il s'est confié au micro de Morad Djabari.
Regardez RTL Evènement avec Morad Djabari du 04 novembre 2024.
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00:00RTL ÉVÈNEMENT
00:03William l'évoquait dans son journal, c'est donc tout à l'heure que va débuter le procès des complices présumés de l'assassin de Samuel Paty.
00:08Ils seront donc 8 à être jugés. RTL, et c'est l'événement ce matin, a retrouvé l'un de ceux qui a assisté, bien malgré lui, à l'assassinat du professeur.
00:18Il s'appelle Charlie Jacquin, est professeur d'EPS et ce 16 octobre 2020, cela faisait seulement un mois qu'il était en poste dans ce collège de Conflans-Saint-Honorin.
00:27Quatre ans après, il a accepté de raconter, de se confier à Maurad Jabbari, document RTL et M6.
00:34C'est le jour des vacances, je finissais dans les derniers vers 17h. Je prends ma voiture. Sur le chemin, rapidement, je vois deux personnes, une personne au-dessus de l'autre, un peu allongée, la personne en dessous, le visage est tourné vers moi, mais je ne le reconnais pas du tout, le visage est inerte, je ne comprends pas trop ce qu'il se passe, je m'arrête.
00:52Je me dis que c'est peut-être un accident de la route. Je demande ce qu'il se passe. Et là, je vois un homme en noir qui me dit qu'il a insulté le prophète. Je pense que j'ai très bien compris ce qui s'était passé, mais j'étais dans le déni total.
01:04Lorsque vous voyez l'assaillant sur un monsieur, vous ne comprenez pas ce qu'il se passe, en fait ?
01:09Ouais, je me suis dit, il y a une personne qui est en train de bouger sur une autre qui n'est pas en train de bouger. Qu'est-ce qui se passe, en fait ? Je le comprends après coup, c'est qu'il était en train de décapiter, à ce moment-là.
01:19C'était flou, je ne voyais pas bien, c'était sur le côté de la route. Donc je rentre dans ma voiture, je refais un tour pour repasser devant pour me dire si c'est bien ça que j'ai vu, etc. Il y avait déjà la police, je leur ai dit que j'avais vu quelque chose, etc. Ils m'ont dit de reculer.
01:33Donc je suis rentré. Au fur et à mesure du trajet, j'étais tout tremblant. Et en fait, j'ai compris ce qui s'est passé, mais je n'arrivais pas à le réaliser du tout. J'ai allumé la télé, j'ai mis les infos et je me suis dit, si vraiment c'est ce qui s'est passé, ça va tomber à un moment donné, à peu près une heure après. L'info est tombée, du coup, je l'ai réalisé totalement. Et là, ça a été horrible.
01:52Qu'est-ce que vous en attendez de ce procès ?
01:54Des réponses. À quel point ça a été prémédité. Quelle part à chaque personne dans cette organisation ? Et entendre les accusés, voir ce qu'ils ont à dire.
02:03Ça me tourmente pas mal parce que j'ai l'impression que c'est comme un grand puzzle où il manque beaucoup de pièces.
02:11Dans cette histoire, dans cette affaire, vous en voulez à qui ?
02:13J'ai envie de dire en premier l'élève qui a menti, qui savait très bien qu'en disant ce genre de mensonges, son père allait monter au créneau, mettre la pression.
02:21Elle avait quand même 11 jours pour changer de version et dire que c'était faux. Elle ne l'a pas fait.
02:26La personne qui a accompagné le père d'élève, elle a fait des vidéos, elle lui a dit quoi dire exactement. Donc en fait, c'était quasiment du cinéma.
02:34Parce qu'il savait très bien qu'il voulait mettre la pression. Essentiellement, ces personnes-là.
02:38Vous étiez proche de Samuel Paty ?
02:40Alors en fait, moi je venais d'arriver, donc on a parlé deux, trois fois. Mais en plus, il est plutôt discret.
02:46Vous allez demander en tout cas à être partie civile ?
02:48Je demande à être partie civile pour qu'on reconnaisse à quel point moi et mes autres collègues, on a souffert de la situation, on est victime indirecte.
02:57Je sais que ça va être dur, mais pour moi, c'est presque thérapeutique. J'ai besoin de ça pour aller de l'avant, même si ça va être dur.
03:03Mais voilà, qu'on est un collectif, qu'on est très soudé. Contrairement à ce qu'il y a pu se dire, on est très soudé, on est une équipe.
03:09On va affronter le procès ensemble.