Gaspard G est la Nouvelle Tête de ce lundi 4 novembre, alors qu'il vient de publier sur YouTube son documentaire réalisé aux Etats-Unis auprès des électeurs américains. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes/nouvelles-tetes-du-lundi-04-novembre-2024-5678706
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00:00Les Nouvelles Têtes, Mathilde Serrel, ce matin, votre invitée est créateur de contenus
00:05d'actualités généralistes et syndicalistes.
00:08Gasparget est dans notre studio.
00:10Bonjour Gasp ! Bonjour ! Ce qu'on entend là, c'est la bande-son de votre enfance,
00:23on est où ? On est dans le nord de la France, à Armandière,
00:27c'est le bruit d'un carillon, d'un beffroi.
00:30D'un beffroi du matin, vous avez grandi dans une famille bourgeoise et catholique,
00:33dites-vous, du nord de la France.
00:34Merci d'être avec nous ce matin dans cette radio d'afro-gaucho.
00:37Et oui, c'est ce que dit votre mère qui regarde ces news toute la journée.
00:41Et qui aurait préféré que je fasse la matinale de Pascal Praud, enfin d'aller chez Pascal
00:46Praud ou dans un média de Bouloré.
00:48Est-ce qu'elle va vous écouter ce matin ? Est-ce qu'elle va supporter les bolchots ?
00:51Je ne sais pas, je la salue si jamais elle nous écoute, mais c'est vrai que je pense
00:54qu'elle a eu une petite crise d'urtica en vous écoutant, Charline.
00:57On t'aime, elle s'appelle comment ? Marion.
00:59Marion, on vous fait des câlins.
01:01Rassurez-la, dites-vous que je ne suis pas maltraité, je te fais trois clins d'œil
01:04si c'est le cas.
01:05C'est votre boussole.
01:06Et ça se voit à la radio les clins d'œil, attention.
01:10C'est votre boussole journalistique que sent rigoler votre maman quand vous préparez vos
01:13contenus sur Youtube ? Oui, c'est très important, mais pas seulement
01:15ma maman, j'en parle parce que c'est important, mais globalement j'ai une bonne partie de
01:19mes potes du nord qui aujourd'hui votent pour les idées de Marine Le Pen et d'Éric
01:22Zemmour.
01:24J'étais pro-Sarkozy quand j'habitais encore dans le nord et pour moi c'est important
01:28de pouvoir faire de l'information qui soit accessible et qui puisse être regardée par
01:32tous.
01:33Qu'est-ce que vous corrigez par exemple ? Quel biais ? Vous, le Gaspard Bobo, dites-vous
01:37progressiste qui habite à Boboland dans le 11e arrondissement à Paris, qu'est-ce que
01:42vous corrigez quand vous préparez ces contenus ?
01:44J'essaye de faire attention, de ne pas être trop moral.
01:47Je pense qu'il y a aujourd'hui une partie, depuis 10-15 ans, de certains médias dominants
01:53qui ont pu avoir un petit regard un peu moralisateur sur certains grands changements
01:57de notre monde.
01:58Des sujets de société qui peut-être parfois nous semblent hyper importants, mais quand
02:02je parle à mon équipe, à ma productrice, à nos journalistes, j'essaye de dire attention,
02:06on ne fait pas de l'information pour Parisiens.
02:07Comme quoi par exemple ?
02:08Ça peut être tous les sujets de société qui nous animent, ça peut être la question
02:12de la transidentité, ça peut être les questions autour des grands changements de notre monde.
02:18Leur dire attention, c'est-à-dire qu'il faut accompagner ce changement, il ne faut
02:22pas moquer, il ne faut pas humilier.
02:24Et ça c'est très important pour moi.
02:25Vous avez 26 ans, votre chaîne Youtube, Gasparget, elle cartonne plus d'un virgule
02:29deux millions d'abonnés.
02:30Il y a deux ans, vous en aviez cent mille des abonnés, vous en gagnez cinquante mille
02:33à soixante mille par mois avec des contenus d'actualité, des enquêtes exclusives, des
02:37interviews politiques, y compris le président Macron dans un avion.
02:402024, vous figurez au classement du magazine économique américain Forbes, des moins de
02:44trente ans qui comptent en France.
02:46Et puis vous avez créé ce que vous appelez du contenu d'actualité généraliste, que
02:52vous défendez aussi au sein d'un syndicat, LUMIC, vous êtes secrétaire générale du
02:56syndicat des créateurs de contenus.
02:58Alors comment est-ce qu'on défend ces billes à côté d'autres gens qui vendent des cosmétiques
03:03sur TikTok ? Vous ne faites pas vraiment la même chose.
03:04Ce n'est pas évident.
03:05On fait moins de vues déjà et on a beaucoup plus de mal à se financer.
03:07Parce que c'est toute la question, c'est comment on arrive à séduire une audience
03:11qui aujourd'hui est parfois un peu abrutie par des filles de TikTok et comment on essaie
03:16de mettre un petit peu de savoir, un petit peu d'informations, de fonds, ça c'est vraiment
03:20le sujet.
03:21Et puis c'est comment on se finance, comment on n'est pas dépendant aujourd'hui de milliardaires
03:25qui font la presse ou alors tout simplement de partenariats un peu douteux.
03:28Vous êtes très transparent d'ailleurs, il y a une vidéo où vous expliquez tous
03:31vos financements, où va l'argent exactement.
03:33Vous avez une société aussi qui s'appelle Intelo, vous accompagnez des créateurs de
03:36contenus dont la jeune Claire Chazal qui fait ses débuts sur TikTok.
03:40Et sur YouTube grâce à vous ?
03:41Je suis très content, je suis l'heureux producteur et agent de Claire Chazal sur TikTok, sur
03:46YouTube, on fait des grands entretiens sur YouTube et ça montre aussi que cette révolution
03:50en matière de consommation de l'information, elle n'est pas simplement auprès des 18-24
03:55ans, des 18-30 ans, elle est aussi chez nos parents.
03:57Nos parents passent de plus en plus de temps sur les feeds et donc Claire Chazal a tout
04:02un public qui la suit désormais sur TikTok, sur Instagram et sur YouTube.
04:05Et qui adore ses pulls roses, j'ai vu dans les commentaires.
04:07Elles ont de très beaux pulls Claire.
04:08Vous avez beaucoup de requests sur les looks de Claire Chazal.
04:11Bientôt un hall.
04:12Vous avez aussi décidé de faire des enquêtes exclusives, même si ça vous coûte énormément
04:17d'argent.
04:18Vous ne voulez pas être financé non plus par vos abonnés ? Parce que ça peut enfermer
04:21une sorte aussi de bulle de filtre politique façon Mediapart, qui est votre modèle, mais
04:26vous ne voulez pas non plus avoir le modèle de financement de Mediapart ?
04:29C'est-à-dire que c'est moins Mediapart mon modèle que certains streamers sur Twitch
04:33qui en fait sont très polarisés, soit très très à gauche, soit très très à droite.
04:38Et en fait, quand tu es financé par l'audience, le risque c'est que cette audience devienne
04:42presque ton actionnaire et dise « Attends, pourquoi tu as reçu François Hollande alors
04:47que chez nous, on est LFistes et on le sait, vous avez été beaucoup trop sympa avec celui
04:51qui a détruit la gauche ».
04:52Bref, ce genre de choses, on l'a vu aujourd'hui sur Internet et moi, je ne veux pas du tout
04:55être enfermé là-dedans.
04:56Je veux garder cette liberté de milliardaire, mais aussi de la part de mon audience.
05:00Je veux faire un métier qui me plaît et je veux le faire de la manière dont je le souhaite.
05:03Mais c'est pas évident.
05:04Et du coup, comment vous financez ?
05:05Je me finance par les publicités qui sont avant les vidéos et de temps en temps, avec
05:10des associations, avec des institutions publiques, avec des marques qui achètent des petites
05:16intégrations d'une minute avant nos vidéos.
05:18Avec des limites, vous ne voulez pas, par exemple, travailler avec Total ?
05:20Non, c'est ça.
05:21Vous avez une liste d'entreprises avec qui vous ne pouvez pas travailler ?
05:23C'est-à-dire que c'est toujours avec des marques qui respectent nos valeurs.
05:25Mais c'est extrêmement compliqué parce qu'aujourd'hui, même si aujourd'hui, on séduit parfois
05:29des millions de personnes sur nos contenus, je dis moi, mais pas seulement, on a un collectif.
05:33Mon collègue Hugo Décrypte, Charles Villat, Jean Massy et d'autres.
05:37En fait, on n'est pas éligible aux subventions publiques.
05:39Donc c'est tout le sujet.
05:40Comment on se finance ?
05:41Il y a aussi cette question des haters parce que vous faites souvent, en effet, rabrouer
05:47l'interview du Président Macron dans l'avion pour la Nouvelle-Calédonie, ça, ça a été
05:51un sujet.
05:52Dans ces cas-là, vous en faites des chansons.
05:53On va écouter.
05:54Donc ça, c'est quand vous recevez des commentaires, vous engagez un musicien et vous faites un
06:16petit tube.
06:17C'est avec une petite IA qui s'appelle Suno, sur Internet, qu'on peut faire ça.
06:21Et vous pouvez mettre des commentaires et ça fait des chansons.
06:23Je me suis dit plutôt « autant en rire ».
06:25Alors, d'un mot, vous revenez des Etats-Unis, on en a beaucoup parlé ce matin.
06:28Vous avez découvert notamment auprès des… Vous avez vu les Trumpies, vous avez vu les
06:32pro-Kamala, vous avez découvert un truc qu'on ne connaît pas forcément, ce sont
06:35les micro-influenceurs.
06:36Qu'est-ce qu'ils font et qu'est-ce qu'ils peuvent peser dans l'élection qui a lieu
06:41demain ?
06:42Alors, ces micro-influenceurs, en fait, ce sont des influenceurs, des créateurs de contenu
06:45qui ont entre 10 et 90 000 abonnés, qui n'en vivent pas forcément et qui ont des
06:48communautés hyper ciblées et souvent locales et on sait à quel point cet enjeu de la localité,
06:53elle est hyper importante dans l'élection américaine.
06:55Et donc, les partis politiques, républicains comme démocrates, payent des espèces de
07:00militants numériques qui viennent de fait frapper à une infinité de feeds sur Instagram,
07:05sur TikTok.
07:06Et ces partenariats, ils ne sont pas du tout transparents.
07:08Et ils font des vidéos de visites d'appartements, des tutos couture et pendant ce temps-là,
07:12ça évoque des sujets qui ciblent précisément des électeurs potentiels de Kamala Harris
07:16ou de Donald Trump.
07:18C'est à découvrir dans votre dernière vidéo.
07:20Gaspard Gaspes, à suivre sur Youtube.
07:22Bonne route et bisous à Marion Maman !