MACRON - Gaspard Gantzer dévoile les dessous des conférences de presse politiques

  • il y a 7 mois
Emmanuel Macron souhaitait un grand rendez-vous avec les Français. Le président tient donc une conférence de presse à l'Elysée ce soir, la première depuis le changement de gouvernement. Gaspard Gantzer, conseiller en communication sous la présidence de François Hollande, dévoile l'envers du décor, avec des anecdotes savoureuses et des détails qui vont vous étonner...
Regardez L'invité de RTL Soir du 16 janvier 2024 avec Julien Sellier.
Transcript
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:03 RTL bonsoir, Julia Selye, Isabelle Choquet et Cyprien Signe.
00:08 Allez RTL, bonsoir la suite avec notre invitée face à l'événement.
00:11 Emmanuel Macron souhaitait un grand rendez-vous avec les français, et bien c'est ce soir.
00:15 Le président tient une conférence de presse à l'Elysée, la première depuis le changement de gouvernement, sa deuxième seulement.
00:21 Avec cette horaire atypique, 20h15 à partir de 20h, vous vivrez avec nous cette prise de parole sur RTL.
00:26 Alors on va s'intéresser maintenant à l'envers du décor, avec des anecdotes on l'espère savoureuses
00:30 et des détails qui vont étonner nos auditeurs puisque notre invitée a connu, et de très près, ces moments si particuliers.
00:35 Bonsoir Gaspard Ganser.
00:36 Bonsoir.
00:37 Vous étiez le conseiller communication de François Hollande à l'Elysée.
00:39 D'abord des détails un peu techniques parce que c'est quand même un sacré barnum, 200 journalistes face au chef de l'État.
00:44 Première question toute bête, on la répartit comment la parole entre les journalistes ?
00:48 Parce que tout ça semble très bien organisé.
00:50 Et bien pourtant c'est très artisanal, on va voir comment il s'en sort maintenant.
00:53 Pour moi c'est vraiment un cauchemar logistique dans mon souvenir.
00:57 Pourquoi ? Parce qu'il y a beaucoup de journalistes quand même, et ils veulent tous prendre la parole, poser leurs questions.
01:02 A la fois parce que c'est des journalistes, donc ils sont engagés, ils ont envie de faire leur boulot de journaliste,
01:05 mais en plus parce que certains d'entre eux, certainement pas ceux de RTL, ont envie de passer à la télé.
01:09 Ah, prime time !
01:10 Évidemment, on a envie de montrer sa frimousse sur TF1 ou France 2, papa, maman sont devant les délangs.
01:15 Je me moque un peu, mais pour certains d'entre eux ça doit exister.
01:18 Et puis il faut veiller à des équilibres.
01:20 Si vous donnez la parole à RTL, il faut donner la parole à France Inter, nous vous en déplaise,
01:24 c'est à TF1, il faut la donner à France 2, et il faut répartir aussi la presse locale avec la presse nationale,
01:29 la presse nationale avec la presse internationale.
01:31 Et donc évidemment on ne contrôle pas les questions, ça c'est un mythe, évidemment on n'a aucune question,
01:34 en revanche on veille à ce qu'est cet équilibre.
01:36 Et donc tout le monde lève la main en permanence, et moi j'avais un système de SMS avec toute mon équipe du service de presse,
01:42 et je leur disais "Ah ouais tiens, il y a le gars de RTL qui a levé la main, donne-lui le micro",
01:46 et alors juste après il y avait le mec de France Inter qui bougeait dans tous les sens en disant "Et moi, et moi, et moi".
01:51 Et je me souviens qu'une année, on va les citer, BFM avait réussi à poser deux questions derrière, de suite.
01:57 Et alors vraiment j'avais été l'incident diplomatique majeur, j'avais été limite convoqué par les journalistes après,
02:02 en me disant "Mais c'est inacceptable Gaspard, cette rupture d'inégalité, comment ça une chaîne d'information peut poser deux questions,
02:07 c'est pas normal, etc.", donc c'est un gros bazar.
02:10 Et puis il y a aussi entre 200 et 300 places dans la salle de l'Elysée, et évidemment plein de gens souhaitent y aller,
02:16 y compris des patrons de médias parfois qui n'ont pas forcément de questions à poser,
02:19 mais ils ont envie d'être là, parce que ça fait toujours plaisir d'être à l'Elysée.
02:22 - Et alors justement, comment on fait ? Il y a un casting de journalistes ?
02:25 - Alors on essaie au début d'être rationnel et d'en faire appel à l'intelligence des gens,
02:30 leur disant "Ecoutez, on va pas pouvoir tous être présents, les places sont limitées, etc."
02:34 Et les gens disent tous "Oui, mais oui, bien sûr Gaspard, tu comprends",
02:37 et puis après on reçoit des SMS en se disant "Ouais, je sais que t'as déjà dit à mon chef que c'était lui qui y allait,
02:41 mais bon, tu peux pas faire une exception, je te revaudrai ça, si tu veux, je me ferai tout petit, je mettrai un au fond de la salle, etc."
02:46 - Mais pourquoi ? Parce qu'il y a un très bon buffet ? Parce qu'il paraît que...
02:49 - Ah il y a un grand buffet aussi ?
02:50 - Non, il paraît que pour la première fois, depuis très longtemps, il y a un grand buffet qui est prévu.
02:54 Comme quoi visiblement, il faut choyer les journalistes en ce moment.
02:55 - Incroyable ! Parce que nous, il n'y avait rien à manger, même pas un verre d'eau, même pas une cacahuète.
03:01 Ah ouais, donc là c'est un gros changement quand même.
03:03 - Est-ce qu'on sait déjà, à 18h23, qui va poser la première question ? Quel journaliste ?
03:07 Parce que je crois qu'il y a un ordre au début.
03:08 - Normalement oui, parce qu'il y a une tradition, qui est que le journaliste ou la journaliste
03:13 qui est président ou président de l'association de la presse présidentielle pose la première question.
03:17 Alors moi, à l'époque, c'était Alain Barluet, qui était journaliste au Figaro,
03:21 et ça lui avait valu le grand honneur de poser la première question à François Hollande sur le Closergate.
03:27 Vous vous souvenez ?
03:28 - Ah bah oui, en plus...
03:29 - Ah bah attendez, on a même l'archive.
03:30 - Ah, exceptionnel !
03:31 - Valérie Trierweiler, est-elle toujours, aujourd'hui, Première dame de France ? Je vous remercie.
03:39 - Je comprends votre question, et je suis sûr que vous comprendrez ma réponse.
03:44 Chacun, dans sa vie personnelle, peut traverser des épreuves.
03:49 C'est notre cas.
03:51 Ce sont des moments douloureux.
03:53 Mais j'ai un principe, c'est que les affaires privées se traitent en privées.
03:58 - Caspar Ganser, comment on se prépare à une question pareille ?
04:02 Il y a eu du médiatraining, avant ? Vous avez joué le journaliste avec lui ?
04:04 - Je me les ai pas occupés directement, mais je pense que François Hollande voulait vraiment préparer cette réponse tout seul, en fait.
04:08 C'était vraiment très intime, voire personnel.
04:10 Mais j'en ai souvent reparlé avec lui après.
04:12 Il m'a dit qu'il fallait l'évacuer, cette question.
04:15 Alors, ça n'a pas empêché le journaliste d'y revenir, mais bon, il avait considéré qu'il avait répondu une première fois que ça suffisait.
04:20 Quant à Alain Barluet, que je connais très bien, qui est aujourd'hui correspondant de Chigaro à Moscou...
04:24 - C'est lui qui a posé la première question.
04:25 - La première question, c'est ça, qui est donc président de l'association de la presse présidentielle à l'époque.
04:29 C'est un journaliste diplomatique, pas du tout politique.
04:31 Et bon, ça a été un peu tombé sur lui.
04:33 C'est quand même pas très facile de poser ce genre de questions à un président de la République.
04:37 On le sent dans sa voix, il a un peu la voix qui tremble.
04:39 Il n'était pas très à l'aise.
04:40 Et après, il avait été assez rigolo, parce qu'il avait publié un message sur la socia en disant "Pardon, Albert Londres".
04:45 - Ah, c'est bien, oui !
04:48 - Le but d'une conférence de presse, normalement, c'est de donner un élan, d'avoir une parole claire, de révéler des annonces.
04:55 Parfois, il ne reste qu'une petite phrase.
04:57 Autre archive, autre exemple, Nicolas Sarkozy, quand il évoque, là aussi, "On était sur la vie privée", son couple avec Carla Bruni.
05:03 - Je ne voulais pas compter d'une photo de moi au petit matin. Glauque.
05:06 Et puis, vous l'avez compris, c'est du sérieux.
05:08 - Voilà, c'est du sérieux. On s'en souvient de cette phrase.
05:10 Quand c'est la seule phrase qui reste dans l'histoire, est-ce que ça veut dire qu'on a un peu brouillé le reste de son message et raté la conférence de presse ?
05:16 - Je ne sais pas, parce que c'était quand même un message assez fort du point de vue de sa vie privée.
05:21 Parce qu'en quelques semaines, il l'avait rencontré, puis il l'avait épousé quelques semaines plus tard.
05:24 Donc, ça a quand même eu des incidences notables.
05:27 Mais c'est vrai que c'est un peu le risque dans une conférence de presse, c'est que si on n'a pas d'annonce très forte sur le fond...
05:31 Par exemple, François Hollande, dans la conférence de presse de janvier 2014, il avait annoncé ce qu'on appelle le "pacte de responsabilité",
05:35 baisse des charges sur les entreprises, ça nous avait évalué les frondeurs, plein de choses derrière,
05:38 mais certainement aussi une baisse du chômage et une reprise de la croissance.
05:41 Si on n'a pas des choses fortes comme ça à annoncer, le risque, c'est que les questions, elles soient très politiques,
05:46 voire même politiciennes, donc vraiment sur le très court terme, des choses qui ne restent pas.
05:51 Par exemple, en ce moment, il y a la polémique Amélie Oudea-Castera, je ne sais pas comment ça va se terminer...
05:55 - Mais il s'est préparé le président, c'est-à-dire qu'il a des réponses toutes faites là.
05:58 - Il sait qu'il va y avoir une, deux, trois, quatre, cinq questions,
06:00 mais je sais aussi que dans deux ans ou dans trois ans, plus personne ne se souviendra de cette histoire.
06:03 Alors que quand on annonce des choses plus puissantes sur le fond, ça compte.
06:07 Un exemple de ce point de vue-là, une fois avec Jacques Odibert, le conseiller diplomatique de François Hollande,
06:12 on voulait un peu créer un effet de surprise pendant une conférence de presse,
06:15 on était au début du conflit en Ukraine, pas dans sa version récente, mais celle d'avant,
06:19 et on avait fait un peu ce qui était un coup de com', c'est-à-dire que pendant la conférence de presse,
06:24 François Hollande avait dit, on lui pose une question sur l'Ukraine, qu'est-ce que vous allez faire,
06:28 et il dit "ben écoutez, je vais m'impliquer personnellement dans le règlement du conflit sur place,
06:32 d'ailleurs à l'issue de la conférence de presse, je pars avec Angela Merkel, etc."
06:35 Les journalistes étaient littéralement en panique dans la conférence de presse,
06:39 en train d'envoyer des SMS "Gaspard, c'est quoi cette histoire ?
06:41 Comment est-ce que je fais pour trouver un billet d'avion ?" etc.
06:43 Donc là, c'est une chose forte. Après sinon, il reste de l'anecdotique.
06:46 Alors là, on parle de l'annonce de Nicolas Sarkozy, qu'il n'est pas si anecdotique que ça pour lui.
06:50 Moi, il nous est arrivé d'autres trucs, le pupitre qui s'est pété pendant la conférence de presse.
06:56 - Oui mais bon, ça c'était François Hollande, c'était classique, on a l'habitude.
06:58 - Il a dû le tenir sur le côté. On a eu aussi une mouche, une énorme mouche,
07:02 qui a tourné autour de sa tête, et on le voyait comme ça,
07:05 et en fait, avec le réalisateur Tristan Carnet de l'époque,
07:07 on a essayé de décider des plans pour pas qu'on voit la mouche sur le front,
07:11 mais malheureusement, ça s'est arrivé.
07:13 - On a parlé de la mouche ce soir, mais on l'a compris, la politique c'est aussi de la communication,
07:16 et notamment lors des conférences de presse.
07:18 Merci beaucoup de nous avoir raconté les secrets, les anecdotes des conférences de presse.
07:22 Gaspard Ganzer, vous l'ancien conseiller de François Hollande,
07:24 et fondateur de Gaspard Agency, puisque vous êtes toujours dans la communication.
07:28 RTL, bonsoir, la suite c'est dans quelques secondes, avec RTL Inside.
07:32 - RTL vous emmène dans l'usine d'une marque historique, le coq sportif,
07:35 pour fabriquer les tenues de l'équipe de France olympique et paralympique.
07:38 On en filme notre plus beau polo dans quelques secondes.
07:41 - Il y aura une nouvelle viso conférence avec un membre de l'équipe de Belgique,
07:45 d'humour et de fléchettes, c'est Alex.
07:47 - Il est toujours en train de galérer avec son clavier d'ordi pour imprimer sa chronique,
07:50 mais ça devrait arriver.
07:51 - Peut-être qu'il y aura une chronique, peut-être qu'il n'y aura pas de chronique.
07:53 Ah le voici qui court, il a des feuilles !
07:55 - Il a trouvé le boulot !
07:56 - C'est oui, c'est oui, il y aura une chronique.
07:58 - Il a réussi à imprimer sa chronique, allez à tout de suite.
08:00 ♪ ♪ ♪
08:01 Echtique.
08:02 Merci à tous !

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