Qui de Donald Trump ou de Kamala Harris succèdera à Joe Biden à la tête des États-Unis? Les Américains choisissent ce mardi 5 novembre leur prochain président, lors d'un scrutin serré qui pourrait basculer en faveur du camp républicain comme du camp démocrate.
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00:00On voudrait comprendre avec vous pourquoi les swing states ont cette importance.
00:04D'abord, élection mode d'emploi, Guillaume Barky.
00:08Les Américains élisent aujourd'hui de grands électeurs.
00:11Ce sont eux qui votent pour un des deux candidats.
00:13La règle est la même dans chaque état.
00:15Dès qu'une majorité, même courte, se dégage,
00:18tous les grands électeurs passent dans le camp du gagnant.
00:21Mais attention, chaque état n'a pas le même nombre.
00:24La Californie, par exemple, en a 54.
00:27Le Wyoming n'en a, lui, que trois.
00:29Il y en a 538 au total.
00:31Il en faut 270, la moitié plus un grand électeur, pour l'emporter.
00:37Il y a les états qui resteront démocrates ou républicains d'une élection à l'autre.
00:41Mais il y a ceux où le rapport de force est tendu.
00:44Dans ces fameux swing states ou états pivots,
00:47difficile de prévoir si l'on penchera côté bleu ou côté rouge.
00:51Le sort du pays est aujourd'hui entre leurs mains.
00:54On a donc sept swing states.
00:56C'est parmi les plus importants.
00:57La Pennsylvanie, 19 grands électeurs.
01:00Pourquoi la Pennsylvanie est-elle le plus essentiel des swing states ?
01:12Déjà, tu le disais, parce qu'il y a 19 grands électeurs.
01:15Alors vous allez me dire, 19 grands électeurs,
01:16alors qu'il y en a 538 à l'échelle de tout le pays, ce n'est pas beaucoup.
01:19Mais sauf qu'il n'y a pas 538 grands électeurs en vrai à gagner,
01:23parce qu'il y a des états qui votent toujours de la même façon.
01:26Par exemple, la Californie, on sait qu'elle va voter démocrate.
01:29Et puis à côté, il y a le Texas qui va voter républicain.
01:31Et en fait, il y a 4-5ème de ces 538 grands électeurs qui sont déjà attribués.
01:36On sait déjà pour qui ils vont voter.
01:38Donc, il reste cette année, par exemple, 93 grands électeurs à se départager.
01:4319 sur 93, déjà, c'est important.
01:46Ça peut faire la différence.
01:47Et puis, il y a un phénomène ici particulier dans la région des Grands Lacs,
01:50qui est ce qu'on appelle le phénomène statistique.
01:53Ce n'est pas une règle du mur bleu.
01:54C'est-à-dire qu'en général, quand un état des Grands Lacs vote pour un camp,
02:00tombe dans un camp, en fait, les autres votent la même chose.
02:03Par exemple, dans la journée, sur BFM TV, si vous suivez
02:06et que vous voyez que le Michigan, par exemple, est gagné par un candidat,
02:09il y a de fortes chances pour que le Wisconsin à côté
02:12et la Pennsylvanie tombent aussi dans le camp du même candidat.
02:16Et là, c'est 44, 44 grands électeurs,
02:19alors qu'il faut 270 grands électeurs pour être élu président des États-Unis.
02:23– Et on a coutume de dire que le candidat qui remporte la Pennsylvanie
02:26remporte en général l'élection présidentielle.
02:29Ça, c'est toujours vérifié, Cédric ?
02:33– Ce n'est pas à moi qu'il faut demander ça, demandez plutôt à votre consultant.
02:37Mais oui, c'est ce qu'on dit.
02:38On dit que celui qui va remporter la Pennsylvanie,
02:41là, a de très fortes chances d'être élu.
02:44Et inversement, celui qui ne va pas avoir la Pennsylvanie
02:49et ses 19 grands électeurs a de fortes chances de ne pas être élu.
02:52Et en plus, il y a ce phénomène, je vous dis, de domino
02:55qui fait que ça fait boule de neige.
02:58– En Pennsylvanie, 2020, Stéphane, Biden l'emporte avec 1 417 voix d'avance.
03:021 417 voix d'avance sur Biden.
03:05Sur combien de votants, d'ailleurs, globalement, c'est 200 000 en Pennsylvanie ?
03:08– Non, non, du tout, il y aura déjà, par correspondance et sinon de manière anticipée,
03:132 millions d'électeurs qui se seront prononcés.
03:16Donc, la jauge totale, on est à quelques millions d'électeurs en Pennsylvanie.
03:19– Est-ce que les swing states, il y en a 7, là ?
03:21Est-ce que ce sont toujours les mêmes ?
03:23– Non, du tout, ça change en fonction de l'immigration, de la migration même intérieure.
03:28Par exemple, l'Arizona est aujourd'hui un swing state,
03:30mais c'est historiquement un État républicain, sinon même libertarien.
03:35Il faut se souvenir que c'était l'État de Barry Goldwater
03:37qui a été, en 1964, pour le Parti républicain,
03:41ce qu'est aujourd'hui Donald Trump pour le Parti républicain,
03:44c'est-à-dire un outsider qui s'est imposé.
03:47C'est un État extraordinairement conservateur, mais qui a beaucoup changé
03:50parce qu'il y a des Californiens qui n'en peuvent plus de la Californie,
03:53qui migrent vers l'Arizona, je le sais pour y avoir vécu pendant 12 ans,
03:56et ces électeurs, évidemment, surtout démocrates, font changer la carte.
03:59– Mais la Californie, justement, on dit que c'est démocrate,
04:01ça va toujours être démocrate à la présidentielle,
04:03mais ils ont déjà eu des gouverneurs républicains.
04:04– Tout à fait, Schwarzenegger, par exemple.
04:06Mais, historiquement, c'est plutôt démocrate,
04:09on dit que c'est même la République démocrate de Californie, à la blague.
04:14Alors, ces swing states changent.
04:15La Floride était, jusqu'à très récemment, un swing state, ce ne l'est plus.
04:19M. Trump a bien confirmé, je dirais, que c'est un État, maintenant, républicain.
04:24Si tant est qu'on puisse dire de M. Trump qu'il est républicain,
04:27parce que c'est le candidat du MAGA.
04:30Il a pris le contrôle de ce parti, mais il fait la lutte à des républicains.
04:35C'est-à-dire que sa famille politique n'est absolument pas réconciliée
04:37autour de sa candidature.
04:38– Mais ça veut dire que toute l'attention, elle est portée sur ces swing states,
04:42et même l'argent qui est dépensé par les candidats ?
04:44– On parle ici de milliards de dollars qui ont été dépensés dans peu d'États
04:48pour convaincre peu d'électeurs.
04:49En fait, si on avait donné ces centaines de millions de dollars à ces électeurs,
04:54ils seraient aujourd'hui tous riches,
04:55ils n'auraient aucun problème de pouvoir d'achat.
04:58Mais c'est vrai qu'on se bat pour peu de gens,
05:00parce que, comme on l'a vu sur la carte électorale,
05:03il y a 43 États où on sait d'ores et déjà que c'est ou républicain ou démocrate.
05:07Et comme on gagne tous les grands électeurs dans chaque État avec 50 plus 1,
05:12tous les votes au-dessus sont des votes perdus.
05:15En Californie, si 70 % des Californiens, 75 % votent pour Mme Harris,
05:20ça ne changera rien à son score, elle aura 54 votes au collège électoral, c'est tout.
05:25Alors on se bat dans ces seuls États où ça se joue à la marge,
05:29et quand je dis à la marge, c'est par un cheveu.
05:31– Ok, donc ça veut dire qu'on ne part pas à 0-0,
05:34on considère que Kamala Harris a déjà un certain nombre de grands électeurs,
05:38on sait combien d'ailleurs ?
05:38– Plus ou moins de 200.
05:40– Plus ou moins de 200, et plutôt plus ou plutôt moins que 30 ?
05:42– Un petit peu moins que M. Trump,
05:44parce que le collège électoral favorise les républicains.
05:47– Juste pour que les téléspectateurs comprennent,
05:50ça veut dire qu'on n'est pas élu en nombre de voix, c'est ça qui est très important.
05:54– Il peut y avoir un écart entre le vote populaire et le vote des… et les présidents élus.
05:58– C'est d'ailleurs souvent arrivé en 2016.
05:59– Donald Trump contre Hillary Clinton ?
06:02– Madame Clinton a eu quelques millions de votes de plus que M. Trump,
06:06donc il y a toujours, pas toujours, souvent une distorsion.
06:09C'est arrivé en 2000 avec George Bush qui a battu Al Gore,
06:13ça s'est joué d'ailleurs par une poignée de votes en Floride,
06:16mais Al Gore avait eu davantage de suffrages exprimés.
06:20– Ce qui échappe aussi aux téléspectateurs français et à nous, citoyens,
06:23c'est le temps, le temps long avec lequel les dépouillements sont faits
06:28et avant lesquels on connaît vraiment le résultat.
06:31C'était une exception 2020, on avait su que Biden était élu le samedi par exemple ?
06:35– Vrai, alors non, et je dirais maintenant qu'il y a deux temps longs,
06:38parce que le vote aujourd'hui est le point qui conclut une saison électorale
06:44où les Américains votent depuis des semaines dans certains cas,
06:47donc c'est vraiment une saison électorale,
06:49et le temps long sur le dépouillement c'est un mystère
06:53pour la plupart des gens qui vivent en Europe comme nous,
06:55parce que ça témoigne de ce que cette démocratie puissante est très mal organisée.
07:01Il y a 50 États et 50 règles différentes qui sont appliquées,
07:05on ne va pas dépouiller de la même manière à la même heure,
07:08par exemple en Pennsylvanie, tous les votes qui ont été envoyés par la poste
07:13et tous les votes in situ anticipés seront comptabilisés à partir de 7 heures,
07:19mais pas avant, et dans certains États il est possible de commencer à comptabiliser plus tôt,
07:24ce qui fait qu'on a très tôt des résultats, c'est byzantin,
07:28et au sein même d'un État, pour rendre les choses encore plus compliquées,
07:32au sein même d'un État, de comté à comté, les règles peuvent être différentes.
07:38Et à ça vous ajoutez les soupçons de fraude, et donc la surveillance maximale,
07:42ça complique et ça allonge aussi forcément les délais.
07:45Et je vous dirais que pour allonger les délais, il suffit par exemple en Pennsylvanie
07:48que l'écart entre l'un ou l'autre soit de moins de 0,5 et automatiquement...
07:53« Too close, too cool », c'est comme ça que disent les Américains.
07:56Quand c'est « too close, too cool », c'est surtout « close enough to recall » ou « recount ».
08:00Donc recontage.
08:01Donc recontage quasi automatique.
08:03La Pennsylvanie va mettre beaucoup de temps à coucher de ses résultats,
08:07heure de l'Est aux États-Unis, donc avant minuit, c'est hors de question,
08:10avant 6 heures du matin, demain pour nous, on n'aura pas de résultat en Pennsylvanie.
08:14Et si c'est « too close », ce qu'on sait d'ores et déjà, c'est qu'il y aura un recontage.
08:19Et donc les résultats finaux, on ne les aura probablement pas mercredi,
08:23à moins qu'il y ait une déferlante, ce qui est tout à fait possible.
08:26Pourquoi vous dites ça ? Parce que les sondages se sont toujours trompés,
08:29qu'il y a un vrai sujet...
08:30On a souvent sous-estimé par exemple le vote de M. Trump, Biden,
08:35dans les agrégats de sondage qui étaient offerts aux électeurs à 24 heures du rendez-vous,
08:41donnaient une avance de 5 à 6 points pour M. Biden.
08:44Or, ça a été beaucoup plus serré.
08:462016, Mme Clinton était largement en avance, M. Trump l'a emporté.
08:51Alors aujourd'hui, on dit que les sondeurs arrivent à pondérer pour le facteur Trump.
08:56C'est possible.
08:57La seule prévision que je me hasarderais à faire aujourd'hui,
09:02c'est que, d'abord, je n'ai aucune idée de qui va gagner.
09:05On ne vous l'a pas demandé.
09:06Aucune, aucune.
09:07On ne vous l'a pas demandé.
09:08Mais je pense que le résultat tel qu'exprimé au Collège électoral
09:13sera probablement plus clair que ce que les sondages nous disent pour l'un ou pour l'autre.
09:18C'est mon intuition au moment où on se parle.
09:20On en reparlera demain ou un peu plus tard.
09:22Je serai heureux d'en reparler et je ne prendrai pas davantage de risques.
09:26Si je peux le permettre...
09:27On en reparlera demain.
09:28Vite, vite, vite.
09:29Non, dans ce cas-là, je me retiens.
09:30Ah bon, d'accord.
09:32J'allais vous dire simplement, parce que le Collège électoral,
09:35c'est un ministère pour tout le monde.
09:36Si on veut faire la mathématique de ces 538 grands électeurs, c'est facile.
09:40C'est le Congrès, les représentants et les sénateurs,
09:44et on ajoute trois votes pour D.C., le District of Columbia,
09:48qui n'est pas un État et qu'on oublie souvent.