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Mercredi 6 novembre, Étienne Gernelle se demande si la déchirure américaine à laquelle on assiste, ne pendrait pas au nez de la France également.

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Transcription
00:00Etienne, ce matin, la victoire de Donald Trump, donc, on le dit, se dessine tout ça dans un pays qui est profondément fracturé.
00:06Oui, je vais vous dire la seule bonne nouvelle de ce matin avec cette victoire de Trump qui se dessine petit à petit,
00:11c'est qu'il n'y aura pas de nouvelle prise du capital, comme en 2020.
00:15C'est que Kamala Harris, elle, va probablement reconnaître sa défaite.
00:19Donald Trump ne l'aurait certainement pas fait.
00:21La seule bonne chose, c'est que la fracturation idéologique du pays ne va pas dans les milliards se transformer en confrontation violente.
00:28Mais c'est si profond que ça, cette fracture, Etienne ?
00:30Mais oui, on la connaît, vous savez, cette polarisation du débat, cette guerre culturelle, ce fossé qui s'élargit entre, d'un côté, le trumpisme,
00:37qui s'est radicalisé, d'ailleurs, depuis la dernière fois, et puis, de l'autre, ce qu'on appelle, parfois, le hawkisme, en tout cas, une gauche plus sociétale.
00:44Mais vous savez, en France, on la trouve aussi, cette fracture identitaire.
00:48Elle n'est pas la même, elle est d'une nature idéologique, philosophique différente, mais elle existe aussi.
00:53Ce qui est frappant, en revanche, c'est sur le plan géographique.
00:57On retrouve le même phénomène, la même fracturation des deux côtés.
01:01La fracturation dont vous parlez, c'est celle entre les grandes métropoles d'un côté et les périphéries,
01:06en gros, entre New York et l'Amérique profonde, on a la même chose chez nous ?
01:09Oui, mais c'est même plus fin que ça.
01:11Vous savez, cette nuit, je suis passé beaucoup de temps, peut-être vous aussi, sur le Magic Wall de CNN.
01:15C'est fascinant, vous savez, dans leur application, vous pouvez grossir avec les doigts jusqu'au niveau du canti.
01:21Et ce que vous voyez, c'est souvent les grandes villes en bleu, c'est-à-dire démocrates,
01:25et le reste en rouge, c'est-à-dire les républicains, c'est-à-dire Trump.
01:30C'est spectaculaire, vous prenez par exemple la Géorgie, qui était considérée comme un état-clé.
01:35Le canti de Fulton, où se trouve Atlanta, très grande ville, ça vote Harris à 71%.
01:43A quelques kilomètres de là, le canti qui est contigu de Carroll, qui est beaucoup plus rural,
01:48Trump à 71% aussi.
01:51Deux mondes qui ont l'air intriqués, vu du ciel, vu en tout cas de CNN,
01:55mais qui sont en fait radicalement séparés.
01:58Vous voulez dire qu'on a la même chose en France ?
02:00Toutes proportions gardées, il y a des traits communs.
02:02Si vous prenez le résultat des européennes en France, le 9 juin dernier,
02:05une élection à la proportionnelle, le RN a atteint 56% au bar Cares dans les Pyrénées-Orientales.
02:1253% à la proportionnelle, à Noyelles-Godot dans le Pas-de-Calais.
02:17Alors que si vous regardez les grandes villes, à Paris, le RN fait 8,5%.
02:21A Nantes, il fait 11%.
02:23Deux mondes aussi.
02:25Alors là, les spécialistes des Etats-Unis vont discerner beaucoup mieux que moi d'ailleurs,
02:28sur la fracture américaine.
02:30Mais n'oublions pas que chez nous, il y a un sujet aussi,
02:32avec toujours cette même question,
02:34comment ça marche une démocratie quand on n'a plus grand-chose à se dire ?
02:37Merci beaucoup Étienne Gernel, directeur du Point.

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