Situation géopolitique, budget de la France, affaire Bétharram : François Bayrou, Premier ministre, est l'invité de "Questions politiques" ce dimanche. Une émission présentée par Carine Bécard avec Nathalie Saint-Cricq (France TV) et Françoise Fressoz (Le Monde). Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/questions-politiques/questions-politiques-du-dimanche-16-mars-2025-4130170
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00:00Bonjour, ravie de vous retrouver dans Question Politique, l'émission politique du dimanche
00:13sur France Inter, diffusée sur France Info, la télé et en partenariat avec le journal
00:18Le Monde.
00:19Un invité, oui, exceptionnel ce dimanche dans Question Politique, le Premier Ministre,
00:24il va nous expliquer comment basculer dans cette nouvelle ère annoncée par Emmanuel
00:30Macron la semaine dernière, cap fixé donc par le Président, comment maintenant l'organiser
00:35pour le gouvernement, avec quelles mesures, quelles réformes et surtout avec quel argent.
00:40Après bientôt 100 jours passés à Matignon, le plus dur commence pour le chef du gouvernement,
00:46François Bayrou, qui pour la première fois depuis sa nomination est sur le plateau de
00:51Question Politique, une heure d'émission en direct pour tenter de comprendre ce qui
00:55nous attend.
00:56Monsieur le Premier Ministre, bonjour, merci d'avoir accepté notre invitation.
01:07Oui, j'ai cru que vous alliez dire que c'était la première fois que je venais sur votre
01:10plateau.
01:11Ah non, certainement pas.
01:12Avec moi pour vous interviewer, comme toujours, vous connaissez l'équipe de Question Politique,
01:16Nathalie Saint-Cricq de France Télévisions et Françoise Fressoz du journal Le Monde,
01:20bonjour à toutes les deux, mesdames.
01:21Bonjour à tous et toutes.
01:23François Bayrou, on va passer une heure ensemble, on a beaucoup de questions à vous poser,
01:29on observe depuis plusieurs semaines toutes ces réunions qui s'enchaînent, pas beaucoup
01:33de décisions qui sont prises pour l'instant, où en est-on exactement ? On aimerait savoir,
01:37on aimerait comprendre, surtout depuis l'allocution il y a 10 jours maintenant du Président Macron.
01:43Vous êtes en effet, je le sais, légitimement inquiet devant les événements historiques
01:47en cours qui bouleversent l'ordre mondial.
01:50La guerre en Ukraine, qui a entraîné près d'un million de morts et de blessés, continue
01:56avec la même intensité.
01:58Les Etats-Unis d'Amérique, notre allié, ont changé leur position sur cette guerre,
02:04soutiennent moins l'Ukraine et laissent planer le doute sur la suite.
02:07Dans le même temps, les mêmes Etats-Unis d'Amérique entendent imposer des tarifs
02:12douaniers aux produits venant d'Europe.
02:15Notre prospérité et notre sécurité sont devenues plus incertaines.
02:19Il faut bien le dire, nous rentrons dans une nouvelle ère.
02:23Qu'est-ce que ça veut dire François Bayrou, nous rentrons dans une nouvelle ère ? Est-ce
02:28que ça veut dire qu'il faut se préparer sérieusement à la guerre ?
02:31En tout cas, il faut se préparer sérieusement, non seulement à des menaces militaires, mais
02:39il faut se préparer sérieusement à la guerre commerciale, l'instauration de droits de
02:50douane, de tarifs douaniers qui menacent un très grand nombre de nos productions et qui
02:55menacent aussi, je le crois, parce que je pense que c'est une erreur d'appréciation
02:59fondamentale, un grand nombre de productions américaines.
03:02Nous étions habitués à être dans une alliance avec ses hauts et ses bas, mais dans une alliance
03:10que personne ne remettait en question, autour de l'idée des sociétés de liberté.
03:14Nous étions, les Américains et nous, depuis la guerre, depuis 80 ans, et même pendant
03:23la guerre, ensemble.
03:25Mais dans cette nouvelle ère annoncée par Emmanuel Macron, décrite d'ailleurs encore
03:29ce matin dans la presse par le Président, on ne relance pas le service militaire.
03:33En tout cas, clairement, il le met de côté.
03:36Ça peut paraître surprenant, un chiffre, un Ipsos a publié ce matin, 86% des Français
03:41ne sont pas contre un retour du service militaire.
03:43Pourquoi est-ce que vous avez choisi cette option-là ?
03:45Alors d'abord, cette option, elle a été choisie en France en 1995.
03:50C'est Jacques Chirac qui avait fait le choix et c'est un choix que je crois que tous les
03:55militaires soutiennent, de construire une armée professionnelle.
04:02Une armée de conscription, d'appelé, c'est une armée qui est faite de jeunes gens, de
04:13jeunes garçons et désormais ce serait de jeunes filles, mais qui ne sont pas des professionnels
04:18de la chose militaire.
04:19Mais là, on nous explique que le contexte a changé.
04:20Et donc, il faut que nous ajoutions sans doute à cette armée professionnelle une armée
04:28de réserve.
04:29Pourquoi ?
04:30C'est pour essayer de développer la résilience de la population, c'est-à-dire impliquer
04:35davantage les Français dans, peut-être un patriotisme, en tout cas le sentiment qu'il
04:40y a une vraie nécessité de défendre la France et l'Europe ou est-ce que c'est parce qu'il
04:45faut quand même ajouter des forces d'appoint à l'armée ?
04:48Non, je pense que c'est principalement pour que le lien entre l'armée et la nation soit
04:54vivant, respecté et soutenu par nos concitoyens.
04:59C'est un réarmement moral globalement ?
05:00Oui, c'est un réarmement moral et c'est aussi une capacité pour agir.
05:07Chaque fois qu'on a besoin d'une intervention que pour l'instant on confie à l'armée,
05:12je vais prendre un exemple simple, le cyclone à Mayotte, de destruction effroyable, des
05:22blessés, des morts, obligation de mettre en place un hôpital de campagne comme sur
05:28un champ de bataille et puis de maintien de l'ordre parce que, évidemment, comme vous
05:33le savez, la situation à Mayotte avec 20% ou 25% d'illégaux est une situation qui
05:42est très déstabilisée.
05:43Donc il nous faut de l'opérationnel plus rapide, c'est ça ?
05:46Oui, opérationnel plus rapide, opérationnel pour tout ce qui touche à la sécurité,
05:53à l'intervention quand on en a besoin, quand il y a des catastrophes.
05:57Regardez l'opération Sentinelle, on fait patrouiller dans les aéroports des professionnels
06:06et même parfois ultra-professionnels.
06:08Des gens qui n'ont jamais manié une arme.
06:10Et donc il vaut mieux avoir des réservistes qui seraient formés pour cela et qui permettraient
06:20de libérer du temps professionnel.
06:23Edouard Philippe dit 50 000 par an sur la base du volontariat.
06:27Est-ce que vous visez des jeunes, des gens de tous les âges ou est-ce que c'est une
06:31façon, effectivement, de faire une espèce de service humanitaire où, en gros, tous
06:35les gens que vous avez en réserviste libèreraient, comme vous venez de le dire, les tâches de
06:39gendarmerie, de militaire, de police ?
06:41C'est des jeunes et c'est combien par an ?
06:43Je pense que tout ça n'est pas chiffré.
06:46Il se trouve que les armées travaillent depuis 15 jours ou une semaine assidûment.
06:52Il faut que vous mesuriez que si l'on faisait quelque chose de très large, ça coûte très cher.
06:59Où est-ce qu'on les loge ? Dans quelles casernes ? Quel est l'encadrement ?
07:04Il y a une chose qui marche très bien en France et ça marche outre-mer,
07:08c'est ce qu'on appelle le service militaire adapté qui a été mis en place il y a longtemps.
07:15Je connais bien les protagonistes, par exemple à La Réunion, qui ont mis en place le service adapté.
07:21Ça marche très bien, mais c'est un taux d'encadrement très important.
07:25Et on va retomber sur un des problèmes que nous avons devant nous,
07:29qui est le problème budgétaire.
07:31Et alors, justement, François ?
07:34J'ajoute un mot. J'ai toujours été partisan d'un service civique.
07:42C'est-à-dire qu'on puisse proposer à des jeunes de participer à des actions d'intérêt général.
07:50Proposer, pas imposer.
07:52Proposer, imposer, ça pose des problèmes.
07:56Par exemple, quelqu'un qui ne veut pas, qu'est-ce que vous faites ?
07:59Je vous le demande.
08:01Vous ne me l'avez pas demandé, mais je vous pose la question.
08:05Mais là, c'est un peu compliqué, parce que vous parlez du service civique.
08:08Le caractère obligatoire d'un service, ça impose des sanctions si ce service n'est pas rempli.
08:16On n'en est pas là.
08:17Je pense que l'idée de construire, en vue d'avoir des réserves opérationnelles,
08:25une partie de la classe d'âge, pour qu'elle soit instruite de tout ce qui est intervention,
08:33mise en place de secours, je pense que c'est une bonne idée.
08:38Et ça me permet d'adresser un salut à tous les jeunes qui ont choisi de faire le service civique aujourd'hui
08:46et que je suis allé rencontrer très récemment.
08:49Vous avez plein de bonnes intentions, vous avez plein d'adaptations dans votre tête,
08:55mais comment concrètement on passe aux travaux pratiques ?
08:58Par exemple, la réorganisation du service national universel,
09:02quels objectifs, à quelle échéance et qu'est-ce que vous préconisez ?
09:06On va essayer d'être très concrets.
09:08On a parlé de service national universel, vous avez parlé de service civique,
09:12on a parlé de réservistes.
09:14Comment les différentes choses s'encastrent les unes avec les autres ?
09:18Les réservistes, ce sont ceux qui ont fait cette formation
09:22et qui plus tard dans leur vie demeurent mobilisables,
09:26exactement comme les sapeurs-pompiers volontaires.
09:30On ne se rend pas compte de l'importance et du nombre de tous ceux
09:35qui sont prêts à donner d'eux-mêmes pour la société.
09:40Les sapeurs-pompiers volontaires sont un très bon exemple.
09:43Mais ceux-là, on ne leur apprend pas à manier les armes.
09:45Mais si, les sapeurs-pompiers volontaires, on leur a appris,
09:49vous me faites faire des fautes de français, ce qui est très mal,
09:52on leur a appris à se former au maniement de tout ce que sont les matériels
10:01contre l'incendie, contre les accidents.
10:04Les réserves, c'est tous ceux qui ont été formés au fil du temps
10:10et qui accepteront de demeurer engagés.
10:12Voilà exactement comment ça s'articule.
10:14Et la réorganisation du service national, du service civique universel,
10:19comment vous l'imaginez, à quelle échéance ?
10:21Je pense que dans l'esprit du Président de la République,
10:24dans sa déclaration, c'est cela qu'il vise, cette articulation-là.
10:28Alors, il va falloir financer, Françoise en parlait déjà, cette nouvelle ère.
10:33Il y a une réunion importante jeudi prochain, le 20 mars,
10:36qui va se passer au ministère de l'Économie et des Finances à Bercy
10:39avec le ministre des Finances, Éric Lombard,
10:42et Sébastien Lecornu, le ministre de la Défense.
10:45Vous attendez là, précisément, quel type de décision à l'issue de cette réunion ?
10:49Est-ce qu'on peut tracer un cadre, et je vais répondre à la question,
10:54mais un cadre un peu plus large ?
10:56En réalité, qu'est-ce qui se passe depuis 30 ans en France ?
11:04C'est qu'on découvre qu'on n'a pas les moyens de faire ce qu'on voudrait faire.
11:10Et on le découvre sur chacun des sujets que vous avez évoqués,
11:14et chacun des Français dans sa vie se dit,
11:17mais en effet, je n'ai pas les moyens d'avoir, dans un grand nombre,
11:22la vie que je voudrais avoir.
11:24Pourquoi ?
11:25C'est très simple, parce que notre pays, depuis 30 ans au moins,
11:32ne produit plus comme il l'a fait, et ne produit pas ce que nos voisins produisent.
11:39Si vous regardez la production par habitant,
11:43on dit le PIB par habitant, le produit intérieur par habitant,
11:48et que vous le comparez à nos voisins, par rapport à l'Allemagne,
11:52par rapport à la Belgique, c'est moins 15%.
11:58Et par rapport aux Pays-Bas, c'est moins 30%.
12:01Donc on n'a pas les moyens de cette nouvelle ère dont on parle ?
12:03Je n'ai pas dit qu'on n'avait pas les moyens,
12:05j'ai dit que la priorité que nous devons donner à notre action,
12:08c'est la reconquête de la production.
12:11Donc, politique de l'offre, production, allongement du temps de travail,
12:16de la durée du travail ?
12:19On va laisser le Premier ministre s'exprimer tranquillement,
12:22qu'on comprenne bien, c'est important.
12:24Mais peut-être c'est mieux d'aller au bout des phrases.
12:27Reconquête de la production agricole,
12:30reconquête de la production industrielle,
12:33reconquête même de la production intellectuelle.
12:36Et probablement jamais les temps n'ont été aussi favorables,
12:40depuis très très longtemps, pour deux raisons principales.
12:45La première, pour produire, il faut de l'énergie.
12:48Et nous avons la chance d'avoir construit, reconstruit,
12:53un appareil de production d'énergie, d'électricité nucléaire,
12:57qui est décarboné et qui peut, à terme, nous offrir une électricité
13:02qui soit accessible, abondante et pas trop chère.
13:07Les autres pays autour de nous n'ont pas ça.
13:10C'est une très grande chance.
13:12Et deuxièmement, pendant très longtemps, c'était impossible,
13:16nous disait-on, de produire.
13:18Parce que l'heure de travail, en France, par rapport à la Chine,
13:24était payée, évidemment, beaucoup trop chère.
13:27Il se trouve que nous assistons à un moment,
13:29que nous sommes dans un moment où une révolution est en cours,
13:33qui est la révolution de la robotique et de l'intelligence artificielle.
13:37Un robot, il travaille 24 heures sur 24.
13:41Le prix de revient du robot, dans le sud-est asiatique
13:46et dans nos pays, il ne fait pas grève, comme vous dites,
13:51mais pas seulement, il n'est pas malade, il n'a pas de coup au moral.
13:56Et donc, ce basculement dans une nouvelle époque,
14:01à quoi il faut ajouter que nous sommes ceux, en Europe,
14:04qui maîtrisons le plus l'industrie verte,
14:08le respect de l'environnement dans nos possessions industrielles,
14:13tout ça constitue un ensemble de chances considérables.
14:18Oui, mais par rapport à la Réunion, alors, ou par rapport à nos finances publiques ?
14:21Eh bien, c'est ce que je dis, si nous produisons plus,
14:25eh bien, les finances publiques seront améliorées.
14:28Alors, les conséquences pratiques.
14:30Oui, j'aime beaucoup qu'on aille à la question du lendemain,
14:34mais la question d'aujourd'hui, elle est peu posée,
14:37elle a peu été formulée, et je tiens, moi,
14:40à ce qu'elle soit transparente pour tous.
14:44Notre responsabilité, c'est d'arrêter de laisser décrocher la France
14:50comme elle l'a décroché depuis 30 ans,
14:53de laisser désindustrialiser la France comme on l'a fait,
14:56de laisser désagriculturiser, si je puis inventer un mot, le pays.
15:02Vous vous rendez compte, nous étions le pays le plus exportateur en Europe en matière agricole.
15:07Aujourd'hui, nous sommes à peine à l'équilibre.
15:10Et s'il y a les catastrophes qu'on annonce sur le vin, la vigne et les spiritueux,
15:17à ce moment-là, on va être encore en déficit commercial.
15:20Donc, s'il doit y avoir une priorité nationale,
15:24celle-là doit être à la reconquête de la production.
15:28Ce n'est pas d'aujourd'hui que je défends ça, je l'ai défendu en blanc, comme vous savez.
15:31On a presque l'impression que vous nous présentez les choses
15:33comme si c'était une opportunité pour nous de nous bouger enfin.
15:36Que veut dire Emmanuel Macron lorsque, dans son allocution de l'autre jour,
15:39il nous prédit qu'il va falloir avoir du courage, faire des choix et faire des efforts ?
15:43Ce que vous nous dites, on le comprend très bien.
15:45C'est un choix et un effort.
15:47Ça va être dur, c'est-à-dire on va se priver de quoi ? On va travailler plus,
15:50on va être moins remboursé, on va faire...
15:53Et où est-ce qu'on trouve l'argent pour financer tout ça ?
15:55Certes, ça sera bien après, mais pour l'instant, l'effort et le courage...
15:58Vous faites comme si je n'avais pas fait la première partie de la question.
16:01Mais si, bien sûr qu'on vous a entendu.
16:02Pas du tout.
16:03Non, mais la première partie...
16:06Il faut se reprendre, il faut se réindustrier.
16:08Vous dites tout ça.
16:09Et que c'est peut-être une chance parce qu'on a dormi trop longtemps.
16:11Oui.
16:12Mais avant de pouvoir se réveiller...
16:13Depuis 30 ans.
16:14On a quand même entendu un ton d'Emmanuel Macron qui était...
16:17Il va falloir le faire, ça ne va pas être facile.
16:19Il va falloir le faire, ça ne va pas être facile.
16:22Ça va demander des efforts considérables.
16:24Mais cette première affirmation,
16:28elle signifie que nous pouvons y arriver au bout du chemin.
16:32Pendant des années, on a vu se défaire notre appareil de production et notre industrie.
16:37Et tout le monde disait, mais il n'y a rien à faire.
16:39Vous vous rendez compte, on ne peut pas lutter avec les Chinois.
16:43Vous avez entendu cette phrase 150 fois.
16:46Et l'idée qu'on puisse reconquérir les conditions...
16:50Alors, c'est plus large que ça.
16:51Parce que, par exemple, l'éducation, ça compte énormément.
16:54Et les déficits ou les difficultés d'éducation que nous avons,
16:58et les échecs en matière d'éducation que nous avons,
17:01qui font que la France passait du pays connu dans tous les pays du monde
17:07pour être le pays qui a la meilleure éducation,
17:09est aujourd'hui en situation de se trouver, je ne sais pas,
17:13tout à fait dans les dernières places.
17:16Vous avez l'analyse, vous essayez de la faire partager aux Français.
17:19Maintenant, ce qu'on voudrait connaître, c'est la méthode Bayrou.
17:22C'est-à-dire, est-ce que vous échelonnez les prochains...
17:25Vous venez de passer le cap des 100 jours, ou à peu près.
17:28Est-ce que vous échelonnez vos prochains mois en disant
17:30« À telle date, j'aurais fait ça. À telle date, j'aurais fait ça.
17:33Est-ce que je fais une grande conférence des finances publiques ? »
17:35Comment vous vous y prenez pour, au fond, mettre les Français dans le jeu ?
17:39Est-ce que vous me permettez de vous dire qu'on a déjà fait beaucoup ?
17:41Il n'y a aucun gouvernement, avant celui-là,
17:44qui a obtenu un budget alors qu'il n'y en avait pas,
17:48en passant le cap de six motions de censures successives.
17:52Six. Ça ne s'est jamais produit dans l'histoire de la Ve République.
17:57Qui a fait adopter non seulement les budgets,
18:00mais la loi d'orientation agricole, par exemple,
18:03qui est en train de faire discuter la loi sur les narcotrafics.
18:07Et ça, malgré les très grandes difficultés d'organisation du Parlement en France.
18:12Parce qu'il y a une chose qu'il faut savoir.
18:14Alors, on entre là dans un de mes dadas que je défends invariablement.
18:20Il y a une chose qu'il faut savoir.
18:22Pourquoi on ne peut pas examiner tous les textes qu'on voudrait à l'Assemblée ?
18:26Pour deux raisons.
18:28La première, c'est qu'on ne peut inscrire qu'un texte à la fois à la discussion.
18:34Alors qu'au Parlement européen, on examine plusieurs textes à la fois.
18:39Et on vote tout ensemble, tout le monde se réunit pour voter en présence physique.
18:43Il n'y a pas de délégation.
18:46Tous les scrutins sont publics.
18:49Et deuxièmement, parce qu'on a réparti depuis une réforme antérieure,
18:53on a réparti les semaines qui font que le gouvernement n'a qu'une ou deux semaines par mois pour faire examiner des textes.
19:02Et donc ces questions de règlement...
19:04On a trop de questions à vous poser sur cette nouvelle ère.
19:08Et je trouve que vous avez du mal à nous en parler.
19:11Moi, j'ai besoin de comprendre cette nouvelle ère.
19:13Comment j'ai du mal à vous en parler ? Je vous explique.
19:15On la finance comment ? Est-ce qu'on augmente les impôts ?
19:18Excusez-moi, ce genre de questionnement, d'interrogation,
19:25qui fait semblant d'ignorer ce qu'on vient de dire, ne me va pas.
19:29Ah mais je n'ignore pas.
19:30Ne me va pas.
19:31Vous ne nous dites pas votre stratégie.
19:34Je vous dis la stratégie du gouvernement.
19:36La stratégie du gouvernement, c'est de...
19:39De remettre les Français au travail et de produire plus.
19:41C'est de choisir en priorité la question qui fait que nous sommes appauvris
19:46et donc que nous avons des difficultés de financement
19:48et que les Français ont des difficultés pour vivre dans leur famille.
19:52Tout cela, tout le monde fait semblant de l'ignorer
19:56et ne traite pas de la vraie question.
19:58Donc, je la place comme la question première.
20:01Ensuite, deuxièmement, est-ce que la solution est dans l'augmentation des impôts ?
20:06C'est une blague.
20:08C'est une blague pour une raison très simple.
20:11Si les impôts permettaient d'être prospères et d'être heureux,
20:15la France serait le pays le plus heureux du monde.
20:17Alors, on taille dans quoi, en clair ?
20:19Est-ce qu'on taille quand même dans le modèle social, à la raison, Nathalie ?
20:22Est-ce que, du coup, vous êtes en train de nous dire qu'il va falloir travailler plus
20:24et partir plus tard à la retraite, par exemple ?
20:27C'est deux choses différentes.
20:30Vous dites le modèle social.
20:32J'y suis profondément attaché.
20:34Alors, on va prendre dans l'ordre.
20:35Et ensuite, la question du travail est une question évidemment posée
20:40et qui fera partie...
20:42Je ne vois pas de manière d'aborder le sujet autrement
20:49qu'en se posant la question du travail et avec les partenaires sociaux.
20:55Alors, on va prendre dans l'ordre.
20:57Il y a un conclave actuel qui existe à propos des retraites.
20:59On entend plein de personnes, dans votre majorité, dire de toute façon
21:03qu'il va falloir travailler plus longtemps, 65-67, Édouard Philippe.
21:06Est-ce que ce conclave a encore un sens ?
21:08Je ne vais pas passer mon temps à citer Édouard Philippe,
21:10mais il considère que c'est hors-sol et que c'est totalement dépassé.
21:13Est-ce que ça vaut le coup de se demander si on repasse à 62-63-58
21:17quand on sait tous qu'il va falloir travailler plus ?
21:19– Nathalie, faites attention au micro parce que...
21:21– Pardon, je ne tape plus dans le micro.
21:23– Merci beaucoup.
21:24– Je ne vais pas vous empêcher de vous disputer.
21:26– On ne dispute pas.
21:27– Je suis là pour faire l'arbitre.
21:29– Elle protège les micros.
21:31– Mais j'ai en effet une divergence avec Édouard Philippe.
21:36Édouard Philippe considère que la démocratie sociale
21:39et les partenaires sociaux, c'est négligeable,
21:42qu'il faut le laisser de côté, qu'il faut considérer
21:46que désormais la décision doit venir du sommet et s'imposer à la base.
21:50– Vous êtes un peu dur.
21:51En fait, ce qu'il constate, c'est le changement d'air
21:54depuis toute la tension autour de l'Ukraine.
21:57– Non, il a assez souvent défendu la même position.
22:00Excusez-moi, je sais que je suis minoritaire quand je dis ça,
22:04mais je tiens à défendre cette position.
22:07Je pense que dans des temps aussi difficiles,
22:10on ne peut pas se contenter du pouvoir politique
22:13pour résoudre les questions, surtout quand on n'a pas de majorité
22:17et surtout dans un pays aussi centralisé que la France.
22:20Je ne crois pas que ce soit la solution.
22:23Je ne crois pas que décider en haut et imposer en bas soit la solution.
22:27Je pense qu'il est très important de saisir toutes les chances,
22:32toutes les organisations qui nous permettront d'associer les Français
22:38et leurs représentants, leurs représentants syndicaux,
22:42leurs représentants professionnels, aux décisions et aux orientations
22:46qui vont être prises.
22:48Moi, je crois qu'on s'est trompé depuis des années
22:51en écartant les partenaires sociaux.
22:54Je pense que ça a donné des catastrophes.
22:56– Erreur d'Emmanuel Macron, vous êtes en train de dire, c'est ça ?
22:58– Non, bien avant, bien avant.
23:01Si on avait réfléchi avant, ce ne serait sans doute pas passé
23:05de cette manière-là.
23:07J'ai été, disons qu'un de mes modèles de référence, c'est Jacques Delors.
23:11Et Jacques Delors, il disait déjà ça à son époque.
23:15– Donc là, vous faites une conférence sur quoi ?
23:17Vous faites venir tout le monde et on ne parle plus des retraites,
23:19on parle d'autre chose ?
23:20– Non, non, non.
23:21– Comme le temps est…
23:22– Oui, mais très bien, mais vous me posez des questions
23:25sur la conférence qui a lieu sur les retraites,
23:28en indiquant qu'il y a des voix qui s'opposent
23:31et qui disent que c'est hors-sol.
23:33C'est ce que vous avez dit.
23:34– Qui disent que ça ne sert à rien pour me prendre tout.
23:35– Je reprends votre question.
23:36Eh bien, moi, je crois le contraire.
23:38Je suis déterminé à défendre l'idée que nous avons besoin
23:44des corps intermédiaires.
23:46Il n'y a plus de corps intermédiaires.
23:49Tout se passe comme si, c'est-à-dire une idée qui vient de la Révolution,
23:53comme s'il n'y avait que le sommet et une base indifférenciée.
23:58Or, la conception de la société qui est la mienne,
24:01celle qui aurait permis, j'en suis sûr, d'éviter beaucoup d'erreurs,
24:04c'est celle, au contraire, d'une société qui participe aux décisions.
24:08On va avoir des temps difficiles, vous l'avez dit.
24:11On va avoir des exigences qui vont être des exigences
24:15de contribution, de travail.
24:17Eh bien, il faut qu'on en discute.
24:18– Pas seulement, il y a beaucoup de gens qui veulent surtout
24:19qu'on revienne aux 62 ans.
24:20Ça va être possible, ça, ou pas, dans le contexte dans lequel on est ?
24:22– Non, la conférence sociale, elle sait très bien,
24:29les représentants qui y participent savent très bien
24:33quel est le rapport numérique.
24:35Et j'ai fait établir, par la Cour des comptes,
24:38un bilan objectif financier.
24:41Qu'est-ce qu'ils disent, ce bilan ?
24:42Ils disent deux choses simples.
24:44Nous sommes d'ores et déjà en déficit sur les retraites du privé.
24:49En dépit de la participation de l'État qui se monte,
24:52j'avais dit dans un rapport du plan, à 30 milliards
24:56pour les retraites du public en particulier,
25:00ou pour la contribution qui passe par les retraites du public.
25:03Et c'est probablement 42 milliards, dit la Cour des comptes.
25:07Ceci, c'est la charge publique.
25:09Et nous devons, à tout prix, avoir deux discussions.
25:12Une sur le privé, avec l'exigence de revenir à l'équilibre en 2030.
25:18Ce qui a été constamment, pour moi, le contrat
25:21avec les organisations professionnelles et syndicales.
25:24Et deuxièmement, à se demander quelle méthode nous pouvons trouver
25:28pour ce qui est des retraites du public,
25:31pour qu'on ait, à terme, un retour à un meilleur équilibre
25:35des finances publiques.
25:36Voilà exactement la question.
25:38Une position intermédiaire, 63 ans, c'est possible ou pas ?
25:40Non, mais je ne crois pas que la question paramétrique,
25:45comme on dit, c'est-à-dire la question de dire
25:49voilà l'âge pour tout le monde,
25:51je ne crois pas que ce soit la seule piste.
25:53Peut-être qu'on en reviendra là.
25:55Parce que vous vous souvenez que nous avons dit tous ensemble
25:58que si ça échouait, c'est la loi actuelle qui s'appliquerait,
26:02dont la Cour des comptes a dit qu'elles étaient les limites
26:06et les difficultés.
26:08Donc je fais confiance à ceux qui ont accepté de s'asseoir
26:12autour de la table de confiance.
26:14Et on voit quand même que beaucoup de syndicats
26:16sont très rectifs à essayer de se mettre dans le jeu
26:19de réduire encore les déficits.
26:21Par ailleurs, il y a un sondage qui est paru,
26:23Ipsos dans le Parisien aujourd'hui,
26:25qui montre qu'au fond, les Français ne sont pas tellement prêts
26:28à travailler plus et que supprimer un ou deux jours de congé,
26:32comme ça peut être aussi la question, non non plus.
26:35Comment peut maturer l'opinion ?
26:37C'est-à-dire, est-ce qu'à un moment, il ne faut pas brusquer un peu ?
26:40Regardez l'Allemagne, d'un coup se met en ordre de bataille
26:43pour faire un fonds d'investissement de 500 milliards d'euros.
26:47Est-ce que nous, on n'a pas intérêt aussi, parfois,
26:49à brusquer un peu les choses ?
26:51Si vous appelez faire un fonds d'investissement de 500 milliards
26:54brusquer les choses, alors ça, vous pouvez poser la question
26:59dans tous les sondages, les Français vont dire bravo.
27:02Tout le monde sera d'accord.
27:04Faisons un fonds d'investissement de l'État.
27:09Pourquoi est-ce que l'Allemagne peut faire ça ?
27:11Parce qu'ils ont gardé l'équilibre des finances publiques.
27:14Est-ce qu'à un moment, il faut brusquer l'opinion ?
27:16Que nous avons abandonné, que nous n'avons pas maintenu
27:19alors qu'il aurait fallu les maintenir.
27:21Et il n'y a pas beaucoup de responsables dans la vie politique française
27:24qui ont défendu cette question du déficit et de la dette.
27:27Et si vous comptez sur les doigts, il ne vous faudra pas plus des doigts
27:31d'une seule main, et probablement pas plus de lois d'une seule main.
27:34Est-ce qu'à un moment, il ne faut pas brusquer un peu l'opinion
27:37en disant on est face à l'Himalaya et le mur de la dette, il faut y aller ?
27:40C'est l'expression exactement que j'ai utilisée le jour où j'ai été nommé à Matignon.
27:45Nous sommes face à cet Himalaya.
27:47Mais cet Himalaya-là, ce n'est pas seulement la dette.
27:51C'est avoir une dette de ce montant, des déficits de ce montant,
27:56je dis les plus graves de tous les pays européens pour la dette,
28:00et de tous les pays du monde presque pour la dette,
28:03et cependant, des services publics qui ne marchent pas.
28:07J'ai été interpellé sur votre antenne, Nathalie Saint-Cricq,
28:13sur votre antenne le soir de ma nomination.
28:16C'était d'ailleurs fascinant, parce qu'on était presque dans l'obscurité,
28:19parce qu'il y avait des grèves assez importantes,
28:23ou en tout cas des difficultés à l'intérieur,
28:25et vous avez fait parler dans cette émission Sophie Binet,
28:31la secrétaire générale de la CGT.
28:34Et elle a dit, M. le Premier ministre, vous ne vous rendez pas compte,
28:37il n'y a rien qui marche en France.
28:39L'éducation, ça ne marche pas, la santé, ça ne marche pas,
28:41les services publics, ça ne marche pas,
28:43et elle a déroulé ainsi une longue liste.
28:45Et j'ai répondu, vous avez probablement raison,
28:47vous traduisez ce que les Français pensent,
28:50alors que nous sommes le pays du monde qui dépense le plus d'argent public,
28:54et qui prélève le plus d'impôts et de taxes pour financer ses dépenses,
28:59et par le déficit, nous le projetons sur les années qui viennent.
29:03C'est donc qu'il y a un problème d'organisation.
29:06Alors qu'est-ce qu'on fait ?
29:08J'ai convoqué tous les ministres et tous les directeurs d'administration centrale,
29:13il y a trois semaines, en leur disant,
29:16vous allez me faire la liste précise de toutes les missions
29:20que votre administration remplit.
29:24Et on va se poser deux questions,
29:26est-ce que les résultats sont à la hauteur, premièrement,
29:31et deuxièmement, est-ce que c'est bien à l'État de faire ce que vous faites ?
29:35Et j'ai reçu la semaine dernière la totalité de ces questions, de ces missions.
29:42Je vais les partager avec les commissions parlementaires, dont c'est le boulot,
29:47et si les Français sont intéressés, je vais les mettre en ligne.
29:50Ça va suffire ? Il s'agit de trouver combien ?
29:53En plus, ça va suffire, les économies dans chaque ministère ?
29:57Vous savez, nous avons un déficit.
30:00Chaque fois qu'on dépense 100, en France, d'argent public,
30:05le déficit est de 20.
30:0820% de nos dépenses publiques sont en déficit,
30:13et il y a encore des gens qui pensent que ça ne suffit pas.
30:16Et qu'est-ce que c'est, le déficit ?
30:18C'est qu'on fait payer par les enfants qui vont venir
30:22les dépenses que nous faisons aujourd'hui.
30:24Est-ce que c'est acceptable ? À mes yeux, non.
30:27Est-ce que c'est une remise en cause fondamentale ?
30:30Oui, il faut changer les esprits, parce que vous avez expliqué
30:33très largement à l'instant, Françoise Fressoz,
30:36que tous les sondages disent, est-ce que les Français sont prêts à faire des efforts ?
30:42La réponse est invariablement non.
30:45À quel moment ça va s'inverser ?
30:48Donc le travail de conviction civique que nous faisons,
30:51que j'essaie de faire à votre micro,
30:54ce travail de conviction civique, de convaincre les Français,
30:57et un jour peut-être de les associer à la décision.
31:00Par un référendum ?
31:02Par exemple.
31:03Vous l'aviez déjà dit.
31:04Non, attendez, à quel moment, référendum ?
31:07Parce que la conviction c'est bien, mais vous vous donnez
31:10combien de temps pour y arriver, et le référendum ça serait sur quoi ?
31:13Il y a un très grand homme politique que j'ai beaucoup aimé,
31:17un très grand intellectuel, des philosophes et hommes de théâtre,
31:20qui était le président de la Tchécoslovaquie d'abord,
31:23et de la République tchèque ensuite, qui s'appelait Václav Havel.
31:27Et Václav Havel, il avait une phrase pour répondre à votre question,
31:32en parlant des impatients en politique ou en journalisme.
31:38Et il disait, ils sont comme ces enfants,
31:41qui pour faire pousser les arbres plus vite,
31:44leur tirent sur les feuilles.
31:46Vous dites, quand ? Quand est-ce que ça va se faire ?
31:49Françoise Fressoz, si ça s'était fait avant moi, je ne serais pas là.
31:53Nous sommes les héritiers de 30 années d'action publique,
32:01dans lesquelles aucune de ces questions n'est apparue,
32:05aucun de ces problèmes n'a été résolu.
32:08Il y a beaucoup de gens qui avaient des avis,
32:11qui ont essayé de les mettre en œuvre, qui n'y sont pas arrivés.
32:14Je suis ma méthode. Et ma méthode, quelle est-elle ?
32:18Elle est de poser les vrais problèmes fondamentaux,
32:21de les poser avec les Français eux-mêmes.
32:24Pour moi, les petits comptent autant que les grands.
32:29Allez, on avance.
32:30Les provinciaux comptent autant que le cercle du pouvoir intraparisien,
32:38et encore quelques hectomètres seulement,
32:42où se concentrent tous les pouvoirs.
32:45Moi, je pense à ceux, je connais, j'en viens,
32:48à ceux qui sont loin, à ceux qui n'ont pas d'argent,
32:51à ceux qui n'ont pas de relation.
32:53Et c'est ceux-là qui sont les vrais décideurs.
32:56C'est à ceux-là que je m'adresse et je prends le temps nécessaire.
33:00Il n'y a que 90 jours, vous avez dit 100 jours,
33:03il n'y a que 90 jours que nous sommes là.
33:06C'est déjà pas mal d'en être à ce point,
33:10au moment où le monde bascule, en effet.
33:12Le Premier ministre François Bayrou est notre invité ce dimanche en question politique.
33:16Je voudrais revenir sur une des images marquantes aussi de cette semaine,
33:20celle de Vladimir Poutine habillé en treillis en militaire
33:23lors d'un déplacement dans la région de Kursk,
33:27qu'il espère d'ailleurs reprendre aux Ukrainiens.
33:30On écoute un extrait de la conférence de presse,
33:33c'était mercredi, on écoute le président russe.
33:36Je m'attends à ce que toutes les tâches de combat
33:40auxquelles nos unités sont confrontées soient accomplies.
33:43Je m'attends aussi à ce que le territoire de la région de Kursk
33:46soit bientôt complètement libéré de l'ennemi.
33:50Je voudrais votre regard, François Bayrou,
33:53sur la folie guerrière de Vladimir Poutine
33:55et sur la folie commerciale dont vous avez commencé à parler,
33:58de Donald Trump.
33:59Quelle est la plus dangereuse des deux ?
34:01Quelle est celle que vous redoutez le plus ?
34:03La plus dangereuse, c'est la folie guerrière russe.
34:06On passe l'éponge dans les débats, les commentaires,
34:11sur un fait historique qu'on n'aurait jamais imaginé voir.
34:16Une des plus grandes puissances du monde,
34:18la plus grande par la taille,
34:19la plus grande par les richesses souterraines, minières,
34:24membre du Conseil de sécurité des Nations Unies,
34:28c'est-à-dire garant de la loi internationale,
34:32qui se jette, comme d'autres dictateurs l'ont fait au XXe siècle,
34:36sur un pays voisin, au demeurant profondément,
34:40qui a vécu une intimité avec la Russie,
34:43pour l'annexer et chasser ses dirigeants par la force,
34:48par les armes, au contraire de tous les engagements internationaux
34:53qui ont été pris au travers du temps.
34:55Et donc le plus dangereux et le plus responsable, c'est Poutine.
34:59L'agresseur, celui qui s'est jeté sur la pauvre Ukraine, c'est Poutine.
35:04Il y a un million de morts et de blessés russes et ukrainiens.
35:11– On continue à lui parler ou pas ?
35:13– Il faut toujours parler, y compris avec ses ennemis,
35:16si on veut un jour ou l'autre faire la paix.
35:18Mais on n'est pas obligé de passer l'éponge sur les crimes.
35:23Et on n'est pas obligé, il y a pire que de passer l'éponge sur les crimes,
35:28sur ceux qui prétendent que c'est la victime qui serait le responsable.
35:34C'est criminel du point de vue de l'esprit,
35:38c'est criminel du point de vue d'un pays comme la France.
35:41– Mais qu'est-ce qu'il y a de la France,
35:42s'il y a des personnes dans la classe politique,
35:44telle Marine Le Pen ou telle Jean-Luc Mélenchon différemment,
35:47qui considèrent que vous en faites trop, vous, pas spécialement,
35:50mais Emmanuel Macron, et qu'en gros vous dramatisez la situation
35:54et que ça vous arrange bien, et que ce qu'on appelle l'effet drapeau,
35:57de crise et d'inquiétude, les codes de popularité remontent.
36:00C'est vrai pour Emmanuel Macron, c'est moins vrai pour vous.
36:02Est-ce que vous en rajoutez ou vous ?
36:04C'est quoi le degré de gravité tragique de la situation ?
36:10– Le degré de gravité, il est historiquement maximal.
36:15– Vous n'en rajoutez pas ?
36:17– Je répète ce que j'ai dit au début,
36:19et vous allez voir que c'est marqué au coin de la réalité, n'est-ce pas ?
36:24Il se trouve que le rapport de force depuis la guerre,
36:33entre l'Europe et ses menaces éventuelles,
36:36qui étaient de l'autre côté du mur, c'est-à-dire à l'Est,
36:41et qui peuvent venir de partout, le terrorisme, etc.
36:44Ce rapport de force, il était simple.
36:47En dehors de la France, tous les pays considéraient
36:50que c'était les États-Unis qui étaient l'assurance suprême
36:53pour notre sécurité.
36:56Tous les pays.
36:57Et ils achetaient du matériel américain pour leur sécurité.
37:01Il se trouve que sur nombre de ces matériels,
37:06on apprend que les États-Unis ont gardé une capacité,
37:12enfin ils ont gardé une clé.
37:14– Ils peuvent bloquer quoi, oui.
37:16– Je ne sais pas si vous voyez ce qu'est le tremblement de terre
37:22dans les esprits à partir du moment où Donald Trump dit
37:26« Je n'honorerai pas nécessairement la défense de mes alliés. »
37:32J'ai aidé l'Ukraine pendant trois ans, nous avons aidé les États-Unis,
37:36l'Ukraine pendant trois ans.
37:38Eh bien non, on va s'arrêter.
37:40Et même, on vient vous expliquer qu'au fond, Poutine avait raison.
37:45– Donc très dangereux Donald Trump qui en plus,
37:47nous impose des droits de douane, 200%…
37:49– Très dangereux Poutine, d'abord.
37:51– Oui, on l'a bien entendu.
37:53– Essayons de ne pas renverser.
37:55Deuxièmement, ce que fait le président des États-Unis
37:59est une déstabilisation complète, y compris pour son peuple.
38:04Quand vous mettez des droits de douane, vous introduisez de l'inflation.
38:09Comme les produits paient des droits, les prix montent, c'est assez simple.
38:14Et donc le peuple américain, vous avez vu les pronostics
38:17d'un certain nombre d'instituts économiques américains
38:20qui tablaient sur une croissance de l'économie américaine de 4%,
38:25et même de 4,5% l'année prochaine,
38:27et qui tablent désormais sur une chute de 3%.
38:31– Mais donc nos produits vont coûter très cher,
38:33et ils ne seront pas achetés par les Américains,
38:35notamment les vins et les champagnes français.
38:38Qu'est-ce qu'on fait pour la population ?
38:40– Bon, sur la question des vins et des champagnes,
38:42incroyable, j'étais avec les producteurs de cognac avant-hier,
38:49c'est une question terrible.
38:51Il y a 70 000 personnes qui vivent du cognac,
38:53et ils sont pris sous le double feu de la Chine d'un côté
38:57et des États-Unis de l'autre.
39:00– Qu'est-ce que le gouvernement peut faire ?
39:02– Est-ce qu'on a fait quelques maladresses ? Enfin, on.
39:05Est-ce que des maladresses ont été faites ?
39:07Probablement oui, parce qu'on a introduit le bourbon du Kentucky
39:11comme si c'était une menace commerciale,
39:13parce qu'on a repris une liste très ancienne,
39:16sans relire la liste comme il aurait fallu.
39:19– Voilà, la communauté européenne…
39:21– C'est en effet au niveau de la Commission européenne.
39:26Nous avons 15 jours devant nous pour essayer,
39:30essayer de trouver un chemin, et nous travaillons depuis des semaines
39:34à essayer de trouver un chemin avec la Chine pour cette production.
39:38– Avec les États-Unis ou la Chine ?
39:40– Avec la Chine, qui a introduit des droits de douane conséquents,
39:46et avec les États-Unis sur ce sujet.
39:48– C'est-à-dire que vous êtes plus dans la négociation
39:51par rapport à Trump sur les droits de douane pour limiter la casse,
39:54ou de dire non, on va riposter et puis on va se préparer,
39:57on va peut-être aider nos producteurs ?
39:59Dans quel état d'esprit vous êtes par rapport à cette guerre commerciale ?
40:02– Je suis pour essayer d'arranger les choses le plus vite possible,
40:06et je pense que la négociation n'a pas complètement échoué encore.
40:13– Donc frontal mais un peu d'esquive.
40:15– Vous avez vu qu'il y a eu des déclarations, des tweets de Trump,
40:17mais pas de décision encore.
40:19On va voir, dès l'instant qu'on se trouverait en situation d'échec
40:25dans le travail de négociation, alors il faudrait chercher d'autres décisions,
40:30d'autres mesures, d'autres mesures d'escalade,
40:34et franchement ce n'est pas à souhaiter, mais s'il faut, il faut.
40:37Vous savez, sur les canons autrefois, au XVIIe siècle,
40:43vous pouvez le voir aux Invalides, sur les canons anciens,
40:48il y avait une phrase latine, c'était Ultima Ratio Regum,
40:53le dernier argument des rois, le dernier argument.
40:58La guerre, c'est le dernier argument.
41:01Si on peut éviter et faire en sorte que,
41:04bon, on arrange le plus possible de choses, alors il faut le faire.
41:10Est-ce que je suis optimiste ? Pas forcément.
41:13Je vois le tour qui a été pris par les uns et les autres,
41:18par les États-Unis et par les Russes,
41:21je trouve que le monde dans lequel nous sommes entrés,
41:24c'est exactement le contraire du monde que nous avions décidé de construire.
41:28Le monde que nous avions décidé de construire, c'est force sera à la loi,
41:33et le monde qu'on est en train de faire, c'est loi sera à la force.
41:37Comment vous expliquez qu'il y a un certain nombre de personnes
41:39dans le gouvernement, dans l'opposition ou dans l'exécutif
41:42qui considèrent que vous êtes bien paisible pendant cette période
41:44et qu'au moment donné, il faudrait avoir une espèce de ton Churchillien
41:47pour garder votre calme ?
41:49Vous ne trouvez pas que c'est un ton qui est un peu Churchillien ?
41:52Je garde mon calme, parce que, excusez-moi,
41:56si j'avais perdu mon calme,
41:58si je perdais mon calme,
42:01alors probablement je ne serais pas à la dimension de cette responsabilité.
42:06Mais il n'y a pas que le calme, François Bayrou.
42:08On lit beaucoup aussi le flou, le brouillon.
42:10Vous êtes d'accord avec ça ou pas ?
42:11Vous trouvez que c'est flou ce que j'ai dit ?
42:13Non, mais...
42:14Bon, alors, attendez, on va s'arrêter une seconde.
42:16Vous êtes des journalistes éminentes.
42:20On essaye.
42:21Vous voyez que je dis ça en gardant le...
42:24Vous êtes des journalistes éminentes et vous dites
42:28non, ce que vous dites n'est pas flou.
42:31Bon, arrêtons-nous là.
42:32Faisons le constat qu'en effet, ce que je dis n'est pas flou
42:36et plus encore, qu'en effet, j'ai une méthode
42:39qui ne ressemble pas complètement à la méthode de mes prédécesseurs.
42:43Et je vais vous dire pourquoi.
42:45Parce que si mes prédécesseurs avaient eu la bonne méthode...
42:48On n'en serait pas là, d'accord.
42:50On n'en serions pas là.
42:51Mais on va être à l'année zéro du budget.
42:53Vous avez dit pour l'instant que pour ce qui est du budget 2025,
42:56vous faisiez comme vous pouviez, ça on a bien vu,
42:58de manière à s'en sortir.
42:59C'est-à-dire qu'au moins, on a un budget.
43:00Bon, 2026, c'est demain.
43:02C'est-à-dire que vous allez commencer à rentrer dans le dur.
43:04Ce que vous avez appelé l'année zéro.
43:06C'est en septembre, oui.
43:07Oui, mais enfin, c'était le tableau.
43:09Moins de croissance, plus de dépenses et des déficits
43:12et une dette qui coûte de plus en plus cher.
43:14Vous donnez un petit cap, quoi.
43:16Eh oui, et bien, c'est précisément...
43:18C'est précisément la raison pour laquelle je pense
43:21qu'il faut reprendre les choses à la base.
43:24Je pense qu'il faut que chacune des dépenses de l'État
43:27soit examinée en se demandant si elle est indispensable
43:30et si elle marche.
43:32Chacune des dépenses de l'État.
43:35Et on doit le faire maintenant.
43:36Et en attendant...
43:37Oui, chacun va défendre son trait carré.
43:38On les connaît, les ministres.
43:39Oui, mais vous voyez...
43:42Karine Beka, je comprends très bien ce que vous dites.
43:45Vous dites, ça ne peut pas marcher.
43:48On les connaît, les ministres.
43:50C'est votre affirmation.
43:51Non, on les a encore vus là, par exemple, pour votre budget.
43:54Dès lors que leur montant de dépenses baissait,
43:59ils se sont tout de suite tournés vers Matignon en disant
44:02c'est pas possible.
44:03Moi, tu sais, j'ai absolument besoin de mon budget.
44:05Beaucoup plus encore que vous ne pouvez...
44:08Imaginez, j'en doute pas.
44:10Oui, et les médias font écho.
44:13Tout le monde dit, oui, en effet, là, c'est pas possible.
44:16Il y a 10 millions qu'on ne peut pas enlever.
44:18L'écologie doit absolument avoir plus de...
44:20Vous voyez bien à quel point nous sommes contraints
44:23de changer de méthode.
44:25Et c'est ça qu'on est en train de faire.
44:27Parce qu'on a le temps, quoi.
44:28Et c'est très...
44:29Oh, c'est pas qu'on a le temps.
44:30On est à l'heure près.
44:32Mais ça demande un travail de préparation.
44:36Pas de préparation, de réévaluation considérable.
44:40Je vais vous dire ce que j'ai dit au ministre.
44:42J'ai dit, le budget 2026, on ne peut pas le faire
44:45comme on a fait le budget 2025.
44:47Et d'ailleurs, comme on a fait le budget
44:49des 30 années précédentes.
44:51Comment faisait-on le budget ?
44:53C'est très simple.
44:54On prenait le budget de l'année avant
44:56et on y ajoutait un coefficient d'inflation.
44:59Est-ce que ça peut se reproduire ?
45:00Ça ne peut pas.
45:02Et donc, c'est avec le soutien de tous les fonctionnaires
45:08qui, eux, savent qu'assez souvent,
45:11on dépense de l'argent pas très, très bon escient.
45:14Que l'action de l'État n'est pas organisée comme il faudrait.
45:17Tiens, je vais vous raconter un truc.
45:19Je peux vous raconter une histoire pour vous faire sourire.
45:21Dépêchez-vous, vous connaissez.
45:22Je suis le maître des horloges, c'est le fait.
45:24On a une petite question sur l'Algérie.
45:30Il y a un des ministères importants qui,
45:33après mes alertes, a adressé un questionnaire
45:38très important à toutes les collectivités locales
45:41pour leur demander s'il était vrai
45:44qu'ils avaient besoin de l'intervention de l'État
45:46pour leur travail.
45:47En disant, telle agence, telle agence,
45:50telle agence, est-ce que vous en avez besoin ?
45:52Et le directeur des services de la ville
45:56et de l'agglomération de Pau
45:58avait envie de répondre non, on n'a pas besoin.
46:01Et il a essayé de répondre non.
46:04Et on ne peut pas parce que,
46:06pour passer de la première à la deuxième page,
46:09on lui disait vous ne pouvez pas passer
46:11si vous n'avez pas coché au moins une des cases
46:13dans lesquelles vous réclamez l'action de l'État
46:18sur tel ou tel sujet.
46:20Deuxième exemple pour sourire.
46:22Un ministère a envoyé un plan,
46:27un questionnaire pour qu'on détermine
46:30dans chaque collectivité qu'est-ce qu'il y avait
46:32comme plan ou comme action verte dans le budget.
46:38La notice d'accompagnement fait 144 pages.
46:42Vous voyez ce que je veux dire ?
46:45Il y a du boulot dans tous les aspects de l'État.
46:49Et si vous ne comprenez pas ça,
46:51en disant il faut faire comme d'habitude,
46:54excusez-moi, j'ai choisi, c'est pas que j'ai choisi,
46:58la nécessité impose de ne pas faire comme d'habitude
47:02et de changer de pratique.
47:04C'est très efficace Elon Musk.
47:06Non, Elon Musk fait absolument le contraire
47:09de ce qu'il faut faire.
47:11Pas que sur ce sujet.
47:13C'est-à-dire que lui, il prend une tronçonneuse.
47:16Moi je n'ai jamais pensé qu'on pouvait guérir
47:18une plaie avec une tronçonneuse.
47:21Posez la question sur l'Algérie.
47:24Vous avez l'air, tout à l'heure vous disiez à Françoise
47:26il faut de la conviction, il faut convaincre les gens
47:28pour le réarmement moral, le financement et tout.
47:31L'Algérie, vous avez tapé du poids sur la table.
47:33Bruno Retailleau le fait aussi.
47:35En gros, il a laissé entendre que si tout ça, ça ne donnait rien,
47:38il pourrait prendre le large.
47:40Dans la presse ce matin, menace de démissionner.
47:42Est-ce qu'il y a partage des rôles entre Emmanuel Macron et vous,
47:45vous et Bruno Retailleau, pour faire les méchants
47:47ou les mecs qui... enfin les gens, pardon.
47:49Les bad cops.
47:50Les bad cops et Emmanuel Macron qui reste un pied dans la diplomatie
47:52où en gros tout le monde considère que si...
47:55Vous leur avez donné un mois et demi pour commencer à faire
47:57un certain nombre de choses.
47:58Et on a passé la liste hier.
47:59Voilà.
48:01Vous avez l'impression que ça va s'arranger ?
48:03Tous les jours on a l'impression qu'il y a une QTF,
48:05obligation de quitter le territoire français,
48:07qu'on arrête et qu'il ne peut pas être reçu en Algérie.
48:10Vous êtes tous d'accord là-dessus ?
48:13Je considère que sur le fond, il n'y a pas de différence
48:17entre le président de la République, le ministre de l'Intérieur et moi
48:21sur le...
48:23C'est vous qui considérez ça ou c'est vrai ?
48:25Non, je pense qu'il n'y a pas de différence.
48:27Le président de la République, il est garant des traités.
48:30C'est son rôle dans la Constitution.
48:33Il a exactement les mêmes indignations
48:38qui sont celles du ministre de l'Intérieur et les miennes
48:42sur le fait qu'entre pays liés par un traité d'amitié
48:47et de super coopération en raison de l'histoire,
48:55il n'est pas possible d'avoir un refus de reprendre des ressortissants
49:02qui ont des papiers algériens, qui pourraient très bien atterrir,
49:06enfin ils atterrissent d'ailleurs mais ils ne sortent pas.
49:08Et deuxièmement, puis-je ajouter qu'il n'est pas possible non plus
49:12qu'il y ait des campagnes hostiles s'agissant de l'Algérie,
49:19enfin du gouvernement algérien,
49:22à la France, à la langue française,
49:26au refus ou au choix d'exclure la langue française
49:30des classes et de la vie publique.
49:34Donc il faut un peu de fermeté.
49:35Et de la vie publique.
49:36Et donc il faut de la fermeté.
49:37Mais la fermeté, elle ne parle pas nécessairement fort.
49:41Alors il nous reste...
49:42C'est une chose très importante et je veux le dire en particulier...
49:46Est-ce que la fermeté va l'emporter assez rapidement ?
49:48En particulier, je veux le dire parce que nous avons
49:51beaucoup de compatriotes d'origine algérienne,
49:54nous avons des personnes qui vivent en France très nombreuses
49:59qui sont binationaux algériens ou d'origine algérienne.
50:06Est-ce que c'est avec eux qu'on a des difficultés ? Non.
50:09Est-ce que c'est avec le peuple algérien qu'on a des difficultés ? Non.
50:14Nous avons une difficulté entre gouvernements.
50:18Et il faut la prendre à ce degré-là et le faire.
50:21Mais ça va aboutir.
50:22J'espère que ça va aboutir.
50:24Autrement, nous aurons une révision complète,
50:27une remise en cause complète de ces accords.
50:30Et cette remise en cause, elle est d'ailleurs prévue par un accord
50:34qui a été signé en 2022.
50:36Allez, il nous reste très peu de temps et il nous faut absolument
50:38revenir sur l'affaire Bétharame, évidemment.
50:40Deux questions très précises, François Bayrou.
50:43La commission d'enquête parlementaire,
50:45mise en place après les révélations sur ce scandale,
50:48a fait savoir qu'elle souhaitait vous entendre, vous auditionner.
50:51Est-ce que vous irez ?
50:53Si j'ai une convocation officielle, je vais toujours.
50:57Est-ce que j'ai...
51:00C'est une affaire... Vous savez, il y a eu des plaintes.
51:03Elles ont été classées sans suite.
51:05Vous concernant, oui.
51:06Elles ont été classées sans suite.
51:08La justice a dit...
51:11Qu'est-ce que c'est, cette affaire ?
51:13C'est une manœuvre de déstabilisation et un drame.
51:20Du drame, ceux qui conduisent à la manœuvre de déstabilisation,
51:24ils s'en fichent.
51:25Ils n'ont jamais rencontré les victimes.
51:27Ça ne les intéresse pas.
51:29Moi, j'ai rencontré les victimes.
51:31C'était même la première fois qu'ils se rencontraient entre eux.
51:35Mais c'est parce qu'il y a eu un scandale politique
51:37qu'on a entendu parler de cette affaire aussi.
51:39Non, c'est parce qu'il y a eu un scandale
51:42qui visait un politique pour essayer de le déstabiliser.
51:45Voilà.
51:46C'est bien que vous disiez que c'est vrai.
51:48Donc, c'est une chose très importante.
51:52Le maire de la commune sur laquelle est situé Pétarame,
51:56ce n'est pas un de mes amis politiques,
51:58c'est un militant du Parti Socialiste,
52:00très, très investi, très...
52:03Et il a fait une déclaration publique en disant
52:06mais ce n'est pas vrai que nous savions...
52:08Il est maire depuis 2002.
52:10Il est maire depuis 23 ans.
52:13Il dit que ce n'est pas vrai qu'on savait.
52:16Il y a eu deux choses.
52:18Il y a eu, en effet, une claque en 1996,
52:21inacceptable,
52:23sur laquelle il y a eu saisine de la justice,
52:26jugement, condamnation
52:28et licenciement de la personne qui avait donné la claque.
52:31Et j'ai demandé, j'étais ministre à cette époque,
52:34il y a quand même 30 ans,
52:36j'ai demandé une inspection.
52:38L'inspection a eu lieu.
52:40Et l'inspection a dit que ce n'était pas vrai.
52:46Et puis il y a eu un drame qui a entraîné
52:50un jeune garçon qui a révélé
52:55un drame de pédophilie.
52:59Et l'auteur du drame s'est suicidé.
53:01Après avoir pu se réfugier au Vatican.
53:04Donc en gros, la justice a un peu traînassé.
53:07Et comme par hasard, il a été au courant.
53:09Non, la justice n'a pas traînassé.
53:11Vous vous trompez, voyez, on passe son temps.
53:13Non, je ne passe pas mon temps.
53:15Je me suis juste étonnée en regardant les faits
53:17que cette personne ait pu aller se mettre à l'abri.
53:19C'est ma région.
53:21Il avait été mis en garde à vue
53:23et la justice l'a libérée.
53:25Elle lui a donné l'autorisation
53:27d'aller en effet sur le territoire du Vatican.
53:34Et après, il a été rappelé
53:36et il a mis fin à ses jours.
53:38Et c'est en 99, quelque chose comme ça.
53:43En 25 ans.
53:45Et il n'y avait pas eu d'alerte entre-temps.
53:47Et c'est, je dois dire,
53:49que ce que vous avez dit est vrai.
53:51Merci.
53:53Parce que j'ai été ciblée
53:55par une manœuvre politique
53:57que ces choses sont sorties.
53:59Et moi, j'ai reçu les victimes.
54:01Et je travaille avec elle.
54:03Et Elisabeth Borne a ce matin
54:07présenté un plan
54:09pour lutter contre ce genre de dérive.
54:11Et ce plan a, je crois,
54:13l'avis unanime
54:15ou l'accord, y compris des victimes.
54:17Et je crois qu'elle va recevoir
54:19le rapport en parole des victimes.
54:21Merci beaucoup François Bayrou.
54:23Je savais que c'était trop court, une heure.
54:25Mais merci d'être venu sur le plateau de questions politiques.
54:27Un grand merci aussi à toute l'équipe.
54:29Je remercie François Amauri-Bauchet pour la programmation.
54:31Merci également à Fabienne Lemoyle, évidemment.
54:33Je vous souhaite une très belle fin de week-end.
54:35A la semaine prochaine.