Eric Tabuteau professeur de civilisation américaine à l'université d'Orléans ..
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00:00Et les D.I.L.A.s, c'est l'heure d'accueillir notre invité en direct ce matin sur France Bleu Orléans.
00:05On retrouve Eric Attabuto, professeur de civilisation américaine à l'Université d'Orléans.
00:10Exactement, merci d'être là. Bonjour Eric Attabuto.
00:12Bonjour à vous.
00:13La nuit américaine semble toucher à sa fin plus vite que prévu.
00:16Donald Trump va devenir président des Etats-Unis.
00:19265 grands électeurs, c'est le chiffre qu'on a là à l'heure qu'il est.
00:23On rappelle, il en faut 270 pour gagner cette élection. Il est tout proche.
00:28C'est exact. On peut même penser que maintenant l'élection est pliée.
00:32Les chances que celle-ci puisse s'inverser sont quasi nulles.
00:35Il y a encore, pardon, des résultats qui manquent dans les fameux swing states, ces Etats-clés.
00:40Oui, il y en a encore cinq qui sont encore en jeu.
00:42Autant que je puisse me rappeler, il y a encore l'Arizona, le Nevada, le Wisconsin.
00:46Et puis non plus que quatre d'ailleurs, et maintenant le Michigan.
00:50Puisque la Pennsylvanie, la Caroline du Nord et la Géorgie ont basculé côté républicain.
00:56C'est fait, c'est plié.
00:58Il va devenir le 47e président de l'histoire de ce pays.
01:03Il va redevenir président.
01:05C'est rarement arrivé avec un mandat entre les deux permis.
01:09C'est arrivé une fois.
01:11C'est arrivé avec Grover Cleveland.
01:13Grover Cleveland était un démocrate.
01:16Élu en 85 jusqu'en 89.
01:19Et il est après redevenu président entre 93 et 97.
01:251893-1897.
01:27Mais ce comeback quand même, c'est clairement un événement.
01:30C'est un événement, c'est un événement.
01:32C'est précédent à plus d'un siècle.
01:34Donc on peut effectivement considérer ça comme quelque chose d'anormal.
01:38Vous attendez à ce raz-de-marée rouge quand on regarde la carte des Etats-Unis.
01:43Un peu de bleu au Nord-Ouest.
01:45Sur la côte Est aussi, il y a l'Illinois avec Chicago.
01:47Partout ailleurs c'est rouge.
01:49La victoire des républicains.
01:50Alors effectivement, ceci correspond quand même à une réalité
01:53qui veut que les côtes soient traditionnellement démocrates.
01:57En tout cas le Nord-Est des Etats-Unis et la côte Pacifique.
02:00On a tendance de réduire ça à des côtes qui sont peuplées de gens éduqués.
02:05En tout cas c'est le cliché.
02:07Et ensuite on a le reste de l'Amérique
02:10comme cliché, qu'on présente comme une Amérique du Midwest ou des Rednecks.
02:16Ce qui est bien sûr tout à fait réducteur.
02:18Mais effectivement, on a cette opposition au centre du pays et côte.
02:22Donc il y a quand même une certaine logique.
02:24Par contre, on attendait quand même à ce qu'il puisse y avoir,
02:28que ça soit beaucoup plus serré.
02:30Et qu'il y ait une sorte de sursaut
02:32eu égard à toute l'hystérisation de ces élections et de cette campagne.
02:37Qu'est-ce qui s'est passé ?
02:38On parlait aussi beaucoup d'un vote, d'une élection.
02:41Les femmes qui votaient Kamala Harris, les hommes qui votent plus Donald Trump.
02:45Ça veut dire quoi là ce matin ?
02:47Si on tente un début d'interprétation, ça veut dire que les hommes se sont déplacés
02:50pour voter beaucoup plus massivement que les femmes ?
02:52J'espère qu'on pourra avoir du détail un peu plus tard.
02:54Pour l'instant on ne le sait pas.
02:56Ce qui est certain c'est que...
02:58Il n'y a pas eu de vote caché des femmes non plus ?
03:00Il semblerait que non.
03:01En tout cas les sondages, une fois de plus, n'ont pas su traduire la réalité.
03:06Et j'entendais ce matin sur d'autres chaînes d'information
03:09que les correctifs qui sont utilisés par les instituts de sondage seraient en cause.
03:13A savoir que ces correctifs ne sont pas justes.
03:15Et qu'il serait temps de peut-être les repenser.
03:18De changer le modèle.
03:19Qu'est-ce qui fait clairement la différence au bout du compte ?
03:22C'est le style de Donald Trump ?
03:24C'est sa personnalité ?
03:25C'est ses promesses ?
03:26C'est son programme ?
03:27Qu'est-ce qui fait la différence ?
03:28Alors j'entendais effectivement...
03:29Donald Trump est perçu comme un homme d'affaires.
03:31Qui a réussi ?
03:33Qui a réussi, même si c'est un héritier.
03:35Il faut bien le rappeler, ça n'a pas du tout l'image du self-made man.
03:38C'est pas quelqu'un qui est parti de rien.
03:40Bon, son père était lui-même millionnaire.
03:42Et il a hérité de la fortune qui l'a peut-être fait fructifier.
03:44Ça c'est certain.
03:45Mais toujours est-il qu'il est perçu comme un homme d'affaires.
03:48Et aux Etats-Unis, évidemment, les affaires comptent beaucoup.
03:51Le dieu de l'art.
03:52In God we trust.
03:53C'est ce qu'il y a écrit sur tous les dollars.
03:55Le Greenback a une valeur évidente pour les Américains.
04:01Il est certain que dans cette élection,
04:03l'aspect économique a beaucoup influencé.
04:06Le pouvoir d'achat, l'inflation, ça a été le thème principal.
04:09Les gens ont pensé à leur porte-monnaie.
04:11Mais ce qui est quand même particulièrement intéressant,
04:14c'est que finalement, le bilan économique de Joe Biden n'est pas mauvais.
04:17Il est loin d'être mauvais.
04:18Mais simplement, il y a une rhétorique qui a voulu qu'on a insisté sur le fait
04:22que les résultats de Donald Trump étaient meilleurs.
04:24Ce qui reste à prouver.
04:27Certains commentateurs le penseront peut-être comme moi,
04:31il y a eu un certain enfumage.
04:33Une rhétorique qui vise à minimiser les résultats d'une administration
04:37pour faire valoir les résultats d'une administration précédente.
04:41Mais tout ça n'est pas vraiment fondé sur une réalité qui est palpable.
04:45On est, si vous voulez, dans le ressenti.
04:47Les droits des femmes, l'avortement, l'immigration également,
04:51on disait, ce sont de grands thèmes.
04:54Mais au bout du compte, c'est plutôt la situation économique, sans doute,
04:58qui a fait basculer ce président.
05:00Tout à fait. Il ne faut pas perdre de vue que ces thèmes,
05:03immigration, avortement, contrôle des armes aussi,
05:06sont des thèmes récurrents dans les campagnes américaines depuis très longtemps.
05:10Si certains ont pu imaginer que ça pouvait représenter une bascule,
05:14c'est peut-être une erreur.
05:16Parce que finalement, ce sont des thèmes auxquels les Américains sont habitués
05:19et ont un positionnement par rapport à ces sujets.
05:21Une chambre des représentants, qui va lui être acquis ? Le Sénat aussi ?
05:24Le Sénat, à priori. Le Sénat qui était à majorité démocrate,
05:28mais pour une fois seulement...
05:29Il n'y aura plus de contre-pouvoirs ?
05:30Les contre-pouvoirs ont l'air, effectivement, de disparaître.
05:34Puisque la Cour suprême, qui est constituée de neuf juges,
05:38est, franchement, côté républicain,
05:41puisqu'il y en a six qui ont été nommés par des présidents républicains.
05:44Donc le Sénat a la majorité.
05:46Quant à la chambre des représentants, elle était déjà républicaine,
05:49avec une majorité d'à peu près dix membres.
05:51On attend les résultats et on verra si cette majorité est maintenue.
05:55Mais si c'est le cas, on aura donc la Cour suprême, la chambre des représentants,
05:58le Sénat et le président qui appartiendront
06:00ou qui auront comme tendance politique le même parti.
06:02Cette élection, elle nous passionne ici en France,
06:04elle passionne le monde entier.
06:05Elle a des répercussions, évidemment, des retombées sur la situation internationale.
06:09On n'a pas le temps de tout évoquer.
06:11Mais voilà, la guerre en Ukraine, la guerre au Proche-Orient...
06:14Ce n'est peut-être pas forcément une bonne nouvelle
06:15pour un certain nombre d'acteurs internationaux
06:17qui vont voir leur marge de manœuvre considérablement réduite.
06:19On peut penser à l'Ukraine.
06:21Donald Trump a un jour indiqué qu'il réglerait la question de l'Ukraine en 24 heures.
06:25On peut difficilement imaginer que ça se fasse dans l'intérêt de l'Ukraine.
06:29Donc, ça fait partie des choses qui vont arriver.
06:32– Merci beaucoup d'être venu ici ce matin, Éric Tabuteau.
06:35– Je vous en prie. – Bonne journée.
06:36– Bonne journée à vous.