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Samedi 10 juin 2023, SMART ACTION reçoit Pierre Nougué (fondateur et CEO, ECOSYS) , Thomas Boidot-Dorémieux (Directeur du Lab Innovation, Lamarck Group) et Sylvie Brémond Mookkherjee (Fondatrice, Innovation Blossom)

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Transcription
00:00 Bonjour, je suis Areba Rehman.
00:11 Bienvenue dans SmartAction, l'émission de ceux qui font bouger les lignes.
00:16 Le principe est simple.
00:18 Chaque mois, je réunis trois personnalités emblématiques d'horizons très différents
00:22 autour d'une problématique du monde entrepreneurial.
00:25 Ensemble, ils vont échanger, voir comment travailler de concert et peut-être faire
00:31 évoluer la société.
00:32 Mais avant de vous présenter mes invités, je commence par le coup de gueule du mois.
00:37 Le monde est en panique, faut-il avoir peur de l'intelligence artificielle ?
00:45 Voilà qui relance ce débat sur le bien-fondé de l'innovation.
00:50 En 2022, une étude menée par l'IFOP Polytechnique Insights révèle que les Français ont une
00:57 forte confiance envers la science.
01:00 Mais 65% d'entre eux souhaitent ralentir les innovations face au réchauffement climatique.
01:08 Allez comprendre.
01:09 Dans son récent rapport intitulé « L'innovation a les preuves des peurs et des risques », le
01:17 Sénat alerte.
01:20 Nous sommes aujourd'hui à la croisée des chemins.
01:23 Soit nous faisons de la recherche et de l'innovation une priorité pour donner à notre société
01:30 une vision d'avenir.
01:31 Soit nous nous complaisons dans le « c'était mieux avant » et nous laissons le « soit
01:37 » aux générations futures de sauver le monde.
01:40 Vous trouvez ça une bonne idée ? Moi pas.
01:42 Comment construire l'économie de demain ? Une économie où l'innovation sera un moteur
01:49 de croissance, de progrès, de créativité, de progrès social et environnemental.
01:55 C'est ce que nous allons voir ensemble dans cette nouvelle émission intitulée « Agir
02:01 pour l'innovation a un pacte ».
02:03 Je reçois Thomas Boisdeau-Dorémieux, directeur du Lab Innovation de Lamarque Group, Sylvie
02:13 Brémeau-Moucargie, exécutive coach, fondatrice du cabinet Innovation Blossom, Pierre Nouguet,
02:19 CEO d'Ecosys Group et président Clean Tech Open France.
02:23 Il est grand temps de passer de l'incantation à l'action.
02:26 Alors go !
02:27 Thomas Boisdeau-Dorémieux, bonjour.
02:29 Bonjour.
02:30 Vous êtes ingénieur de formation, passionné de la finance.
02:34 Oui, ça fait un certain temps que j'évolue dans ce milieu par intérêt des crises financières
02:42 à la base.
02:43 C'est assez particulier.
02:44 Et vous avez reçois Lamarque Group, que je précise, qui est un spécialiste du conseil
02:50 engagé pour amener les entreprises à financer une économie responsable.
02:54 Très vite, vous avez fondé le Lab Innovation au sein de Lamarque Group en 2019.
03:00 Est-ce que vous pouvez nous dire un petit peu comment Lamarque Group s'engage pour une
03:05 innovation à impact ?
03:06 Eh bien, justement, ça vient un petit peu de ce développement d'une raison d'être
03:11 au sein du groupe qui, on va dire, dirige la plupart de nos actions ensuite.
03:17 Et ce qu'on a voulu au travers du Lab, c'est passer au-delà des interventions classiques
03:23 du conseil en finance à, on va dire, un conseil qui soit capable vraiment d'aller influencer
03:30 nos clients.
03:31 Donc, le but du Lab, c'était vraiment justement de pouvoir apprendre, de pouvoir partager
03:36 et pouvoir, in fine, aller influencer nos clients sur, nous, ce qui nous semblait important,
03:41 c'est-à-dire cette transition écologique.
03:44 Et avoir la capacité de pousser ça dans des sociétés qui sont quand même très
03:49 attaquées sur leur bilan environnemental, ça nous semblait absolument fondamental.
03:56 D'accord, merci.
03:58 Sylvie Brémont-Mouquergy, donc vous êtes coach de dirigeant, vous avez eu un parcours
04:05 dans l'innovation et RH chez Orange et L'Oréal.
04:09 Vous êtes autrice de votre livre que j'ai là avec moi, "Savoir innover, l'attitude
04:14 d'innovation pour s'adapter au monde qui change".
04:16 Mais on va en parler justement.
04:17 Et vous êtes aussi enseignante en Master 2, Innovation à la Sorbonne.
04:22 Donc, vous avez une approche très novatrice, assez particulière en fait dans votre livre
04:30 puisque vous dites, alors pour vous l'innovation c'est un petit peu, c'est une soft skills,
04:34 et vous voulez relier l'innovation avec la créativité.
04:40 Enfin, vous allez mieux en parler que moi finalement, donc je vous laisse la parole.
04:43 Expliquez-nous tout ça.
04:44 Oui, en effet, ce qui est innovateur dans ce livre, c'est la réconciliation justement
04:48 entre les hard skills et les soft skills.
04:50 C'est-à-dire que souvent en innovation, et toutes les années où j'ai passé aux
04:54 côtés de chercheurs ou d'innovateurs, y compris dans le marketing, ils sont très
04:58 orientés hard skills, c'est-à-dire technique, scientifique quand ce sont les chercheurs,
05:03 chiffre, statistique quand ce sont les marketeurs.
05:06 Et ils abordent peu finalement le marché et les clients du point de vue de l'émotion.
05:10 Et de la même manière, ils s'occupent peu de leurs propres émotions.
05:13 Or quand on voit que l'innovation est faite par des hommes, est faite avec des hommes.
05:18 Donc ce qui fait la force par exemple dans les GAFAM, c'est qu'ils ont une recherche
05:21 et une réflexion sur tout ce qui peut toucher à la gestion des émotions, puisque c'est
05:26 de là qu'est venue la systémique, le coaching, etc.
05:28 Et donc dans mon ouvrage, j'ai essayé d'associer les meilleures pratiques d'innovation,
05:33 dont ce qu'elles ont de plus fort et de plus efficace, aux meilleures pratiques de
05:36 coaching que j'ai pratiquées moi-même, puisque ça fait 10 ans que je pratique le
05:40 coaching, en un programme qui est un programme qui répond à la fois aux hard et aux soft
05:45 skills.
05:46 D'accord, c'est vraiment lié à l'intelligence émotionnelle.
05:49 Alors c'est l'intelligence émotionnelle, c'est différentes sortes d'intelligence
05:53 qui correspondent finalement à des challenges de civilisation, qui correspondent aux challenges
05:56 qu'on connaît bien en innovation.
05:58 Donc il y a le challenge de la connaissance, c'est la connaissance de soi, intelligence
06:02 émotionnelle.
06:03 Il y a le challenge de la disruption en innovation.
06:05 Et pour nous, dans la recherche de sens, c'est l'intelligence de la créativité,
06:10 de pouvoir être créatif pour répondre à de nouvelles normes, des choses qui n'existent
06:13 pas encore.
06:14 Il y a le monde vu cas, qui est un monde incertain, et là c'est l'intelligence des paradoxes,
06:18 être capable de fonctionner dans la complexité et dans l'incertitude.
06:21 Et puis il y a l'intelligence de la collaboration pour faire face aux challenges du sens et
06:29 de la responsabilité, qui est évidemment la grande nouveauté en innovation.
06:33 Très intéressant.
06:34 En tout cas, je vais lire votre livre pendant cet été.
06:37 Merci.
06:38 Pierre Nouguet, bonjour.
06:39 Spécialiste en data management, CRM, système d'information.
06:43 Vous êtes CEO du groupe Ecosys, que je précise, spécialisé dans les éco-industries et les
06:50 technologies de l'information.
06:51 Mais vous êtes aujourd'hui surtout ici parce que vous êtes aussi fondateur et président
06:55 de CleanTech Open, qui est une association qui agit pour la transition énergétique
07:00 environnementale et qui accompagne le développement des entreprises éco-innovantes.
07:05 Alors aujourd'hui, expliquez-nous un petit peu comment CleanTech Open peut accélérer
07:13 l'industrialisation des solutions à impact positif pour l'environnement.
07:16 Et bien, CleanTech Open, c'est une association que nous avons créée en 2010 avec le soutien
07:21 de la BPI, de l'ADEME.
07:23 Aujourd'hui, c'est un réseau de 89 partenaires sur l'ensemble du territoire français.
07:27 Et la vocation du CleanTech Open, c'est d'accompagner vers la croissance et le développement financier,
07:31 vers les énergies, vers les marchés, les meilleurs PME et start-up GreenTech, qui
07:36 ont toutes des technologies au service de la transformation environnementale dans sa
07:40 dimension globale, énergétique, efficacité énergétique, énergie renouvelable, énergie
07:43 intelligente, mais aussi la gestion de l'eau et des déchets.
07:46 Et c'est un réseau que nous avons développé, qui a émergé à travers tous les pôles de
07:49 compétitivité en France et qui fait que la France a un énorme potentiel sur cette capacité
07:53 à transformer l'industrie de l'ancien monde vers une industrie bas carbone.
07:57 Oui, très bien.
07:58 Et bien, merci beaucoup pour cette introduction.
08:01 On va passer à la deuxième partie de l'émission.
08:03 C'est le temps de l'échange.
08:05 Si aujourd'hui, moi, je vous dis que le monde est en panique, si je vous dis qu'en 2022,
08:10 il y a eu une étude menée par l'IFOP pour Polytechnique Insight et qui dit que malgré
08:19 que les Français ont une forte confiance envers la science, 65% d'entre eux ont quand
08:25 même envie de ralentir les innovations face au réchauffement climatique.
08:29 Qu'est-ce que ça vous évoque, Thomas ?
08:35 Eh bien, moi, ça me fait penser surtout au pourquoi de l'innovation et ce qu'elle va
08:42 apporter.
08:43 L'innovation en tant que telle n'a aucun intérêt.
08:46 Ce qui est intéressant, vraiment, c'est de savoir ce qu'elle apporte aux gens, à
08:51 quel besoin elle répond.
08:52 Est-ce que c'est un besoin qu'on a créé de toutes parts ? Est-ce que c'est un besoin
08:57 vital ou est-ce que c'est quelque chose qui peut vraiment apporter du bien-être et avoir
09:05 une valeur plus forte pour les gens ?
09:07 Et à ce moment-là, si on se pose bien cette question au départ, avant de pousser à une
09:13 innovation, on aura peut-être des innovations qui feront moins peur, qui seront peut-être
09:18 aussi plus en adéquation avec la transition écologique parce qu'on revient sur des besoins
09:25 un peu plus primaires, peut-être, mais qui apporteront peut-être davantage de bien-être
09:30 à notre société.
09:31 J'aimerais bien vous entendre là-dessus, Pierre.
09:36 Moi, je pense que l'impact n'est pas qu'environnemental.
09:39 Le défi auquel nous sommes tous confrontés, c'est un impact social et sociétal.
09:42 C'est un changement de modèle, c'est un changement de monde.
09:44 Et on ne peut pas parler simplement d'impact environnemental si on ne prend pas le sujet
09:48 de la vie chère, de l'économie, de la capacité à chaque citoyen à se sentir faire partie
09:52 d'une société.
09:53 Et donc, l'élément majeur, c'est effectivement cette transformation économique, sociale,
09:58 sociétale et environnementale.
09:59 Et je crois que l'un des éléments clés, c'est la mesure de la réalité.
10:02 On sait que tout ce qui va être projeté dans des fake news, dans des univers où les
10:06 uns et les autres n'auront pas de commun ensemble, pour ça, il faut refaire commun.
10:10 Et pour refaire commun, il faut retrouver des éléments de mesure et des éléments
10:14 de modèles, de données dans lesquels le grand défi auquel nous sommes confrontés,
10:17 c'est rendre notre intelligence humaine plus intelligente en l'accompagnant d'une
10:21 expérience artificielle dont on parle beaucoup, de toute une série d'éléments pour factualiser
10:25 et permettre à chacun dans son univers de se retrouver là où il est et de défendre
10:29 les valeurs auxquelles il croit, mais ensuite de faire commun ensemble dans une même société.
10:33 Très bien.
10:34 Donc, réconcilier performances économiques, environnementales, sociales, sociétales,
10:40 c'est jouable ou pas ?
10:41 Je dirais que c'est déjà en train de se jouer.
10:45 C'est un peu ça le message peu optimiste que j'évoquais.
10:49 Écouter et regarder la télévision, entendre ce qui se passe dans les actualités, on a
10:55 l'impression qu'il ne se passe rien, que l'innovation n'est que négative.
10:58 Et heureusement, il y a plein d'autres choses qui se passent.
11:01 J'étais hier à la journée des directeurs d'innovation où l'Académie des technologies
11:05 a présenté tous les grands instituts français, mais également toutes les grandes entreprises.
11:10 Elles sont toutes sur le sujet de la décarbonation, elles sont toutes de toute manière obligées
11:14 d'aller vers ce qu'on appelle le net zéro 2050.
11:18 Donc, il y a la perspective 2050, mais déjà en 2030, elles vont être obligées de rendre
11:23 des comptes sur ce qu'elles auront fait en décarbonation.
11:25 Donc, il y a cette dimension évidemment environnementale qu'on avait déjà vu avec les ODD, les objectifs
11:30 développement durable.
11:31 C'est 17 ODD qu'ils sont obligés de respecter.
11:34 Tous les directeurs d'innovation, dans leur tableau de bord, c'est 17 ODD qu'ils sont
11:37 obligés de suivre.
11:38 Et puis, d'un point de vue social, il y a également la loi Pacte.
11:41 La loi Pacte d'Edouard Philippe de 2019, où toute entreprise a l'obligation de travailler
11:46 sur sa raison d'être.
11:47 Je fais partie de Think Tank sur ce sujet, et pour moi, c'est vraiment porteur d'espoir.
11:51 Parce que même les entreprises qui pourraient par culture ne pas être sensibles à ces
11:55 sujets sont obligées aujourd'hui d'y aller.
11:57 Et c'est une vraie demande des collaborateurs.
11:59 C'est une vraie demande des collaborateurs.
12:01 Donc, vous, vous le vivez au quotidien, je suppose.
12:03 Oui, exactement.
12:04 Mais justement, même au sein de la marque, on se rend compte que ce changement de culture,
12:09 parce que c'est un changement de culture, il est compliqué, il est très complexe,
12:13 il doit être accompagné.
12:14 On a vraiment besoin d'avoir des gens qui soient capables d'aller former, d'aller
12:21 sensibiliser et de porter toute cette gestion du changement dans toute l'entreprise.
12:25 Et aussi, ce qui est indispensable, évidemment, ça peut sembler bête, mais il faut que ça
12:30 vienne quand même du haut.
12:31 Parce qu'il y a certains changements, effectivement, de culture, certains changements, la mise
12:37 en place d'une raison d'être qui est faite sans l'accord, par exemple, d'un conseil
12:42 d'administration, en tout cas avec son accord, mais qui n'y croit pas véritablement.
12:46 Et là, on se rend compte qu'on va un petit peu droit dans le mur.
12:48 C'est arrivé à certaines sociétés, notamment, qui disaient, voilà, on a déjà une raison
12:52 d'être parce qu'on travaille dans le secteur de la santé.
12:54 Puis, ils ont oublié quand même qu'il fallait se positionner vraiment avec une culture
13:00 qui favorise le bien-être de ses patients avant tout.
13:05 Et ça, on peut l'oublier si ce n'est pas bien géré et bien transformé au sein de
13:12 l'entreprise.
13:13 Ok, donc ça, alors, c'est tout ce que vous, vous faites un peu à votre niveau.
13:16 On a bien vu, vous êtes tous les trois très impliqués sur le sujet, très investis, très
13:21 engagés.
13:22 Aujourd'hui, il y a des freins.
13:24 On en a parlé.
13:25 Et à votre avis, quelles seraient les recommandations ou une recommandation que vous avez aujourd'hui
13:30 envie de mettre en avant, d'échanger, pour justement passer à l'action et se dire,
13:34 en fait, on va lever ces freins, on va faire avancer le débat et faire en sorte que tout
13:40 devienne beaucoup plus fluide, lever ces peurs, ces craintes qu'il y a aujourd'hui ?
13:44 Pierre ?
13:45 Moi, je pense qu'il y a un axe fort, c'est la formation, l'accompagnement.
13:49 Et pas simplement des élites, mais véritablement de l'ensemble de notre système français
13:54 à 68 millions de Français et la capacité à amener nos collectivités, nos mairies,
14:00 nos écoles à former à cette complexité que Sylvie a évoquée à travers le terme
14:04 VUCA, qui est un terme issu d'Arvard, d'un monde vulnérable, incertain, complexe et
14:09 ambigu.
14:10 Quand on a fait Bac+25, c'est facile de...
14:12 Bon, facile, même des Bac+25, parfois, sont déstabilisés.
14:15 Mais quand on n'a pas eu la chance d'être formé, de vivre dans un environnement où
14:19 la connaissance, le partage de l'intelligence, la remise en cause, le droit au débat, fait
14:23 partie des éléments, eh bien, on a des hommes et des femmes qui sont perdus.
14:25 Donc, il faut absolument, et c'est en train de se faire à travers nos pôles de compétitivité.
14:29 Il y a plein de gens dans notre pays, 68 millions de personnes.
14:31 Ce n'est pas simplement que ce que l'on voit à travers nos élites médiatiques, politiques.
14:35 Et bien évidemment, les réseaux médias participent à ce débat social et sociétal.
14:40 Et il faut absolument décentraliser et se concentrer sur la formation à ce monde complexe,
14:45 pour dire qu'est-ce qui fait commun, qu'est-ce qui fait notre fierté d'être Français
14:48 européens.
14:49 Quand on voit ces jeunes femmes qui se battent en Afghanistan, quand on voit ce qui se passe
14:52 en Iran, quand on voit ce qui se passe en Chine, en Ukraine.
14:55 Et il y a la possibilité de faire des communs, ça passe par la mise en commun de ces formations
15:00 à ce monde complexe.
15:01 Et donc, c'est l'utilisation des réseaux sociaux, des technologies d'information.
15:04 Donc, on a tous les outils pour basculer, on a même les financements.
15:07 C'est une capacité de volonté et c'est pour ça que vous faites des émissions comme
15:10 celle-là, ma chère Hariba.
15:11 Exactement, mais alors, quand vous parlez de formation, d'accompagnement, c'est quoi
15:16 concrètement ? On est concret, hein, je dis Martin Hachion, là, il…
15:19 Non mais, dans l'accompagnement, c'est qu'est-ce qui fait République, qu'est-ce
15:21 qui fait commun, qu'est-ce qui fait que vous êtes fier d'être Français et que
15:23 vous êtes fier de développer les valeurs françaises ? Et ça, ça n'appartient ni
15:26 à l'extrême droite ni à l'extrême gauche, ça appartient à tous les Français de savoir
15:29 pourquoi on le fait.
15:30 Et quelles sont nos valeurs qui nous permettent, dans une République comme la nôtre, d'être
15:33 fier de ce qu'on fait ? Et pour ça, il faut utiliser les moyens d'aujourd'hui, les
15:36 réseaux sociaux, les systèmes d'information.
15:38 Donc, accepter… Vous trouvez que c'est pas… on le fait
15:41 pas assez ? On le fait pas dans une logique de commun.
15:43 On le fait tous séparément avec nos réseaux sociaux.
15:45 À notre niveau.
15:46 Mais surtout, il faut redire qu'est-ce qui fait notre fierté commune ? Qu'est-ce
15:49 qui fait notre fierté d'être Français ou Européen ?
15:51 Alors, pour revenir au sujet, c'est quoi ? C'est l'innovation ?
15:54 Je dirais, au-delà de ça, c'est d'être capable de dire, au-delà de liberté, égalité,
15:58 fraternité, qui sont surtout nos éléments, c'est comment on est capable d'avoir une
16:00 France inspirante, c'est pourquoi je suis fier d'être Français ou Européen, inclusive
16:07 et durable.
16:08 C'est-à-dire qu'à ce moment-là, on retrouve des éléments qui nous permettent de partager
16:11 des valeurs pour définir un plan d'action commun et ensuite utiliser des outils d'intelligence
16:16 artificielle, de data, d'IA, nos téléphones, qui nous permettent de savoir pourquoi le
16:20 matin on se lève et pourquoi notre voisin a de l'importance et pourquoi on est capable
16:23 de travailler ensemble.
16:24 Ok, pourquoi on est capable.
16:26 Qui a envie de répondre à sa question ? Rapidement, parce que moi, ce que je veux aujourd'hui,
16:31 c'est qu'on sorte avec une recommandation concrète pour faire avancer notre discussion.
16:37 Et moi, l'émission suivante, je vais refaire un point sur notre discussion et dire, voilà
16:42 où est-ce qu'on en est aujourd'hui, voilà comment on avance et dans quelle direction
16:44 nous allons.
16:45 Donc, c'est vraiment le but.
16:47 Donc oui, alors, ce que vous me dites Pierre, je suis entièrement d'accord avec vous, mais
16:52 là, ça va nous prendre peut-être des années, des années, plusieurs mandats.
16:55 Quelques minutes, j'y reviendrai, mais je vais laisser la parole aussi à d'autres
16:58 invités, mais je veux bien revenir en précision sur le plan d'action qui va avec.
17:01 J'aimerais entendre Sylvie là-dessus.
17:03 Moi, je pense que vraiment, alors je suis évidemment complètement d'accord, avec Pierre,
17:09 avec ses recommandations et le fait que, évidemment, tout ça se passe dans l'accompagnement.
17:12 Hier, lors de la journée, avec tous ces directeurs innovation...
17:16 Je vous coupe, quand vous dites tout passe par l'accompagnement, on voulait accompagner
17:19 qui ? Le grand public ? La formation du grand public ?
17:23 Bien sûr, c'est aussi aller là.
17:26 Mais c'est vrai que pour le moment, déjà, on commence et de manière très concrète,
17:30 c'est ce qui se passe déjà dans les entreprises avec le top management.
17:33 Ça n'est évidemment pas suffisant.
17:34 On voit quand même que dans les entreprises, il y a de plus en plus de formation et de
17:37 coaching qui commence à devenir, à toucher également les collaborateurs.
17:42 Mon propos, c'est de dire que c'est depuis l'enfance où il faut commencer cet accompagnement
17:45 sur l'intelligence émotionnelle, par exemple.
17:47 Quand j'ai tous mes étudiants de la Sorbonne, j'ai quatre masters à Paris 1 en innovation,
17:53 en management de l'innovation, les différents masters, ils arrivent, ils ont 21 ans, 22
17:57 ans, ils découvrent en fait le développement personnel.
17:59 Jamais avant, dans leurs études ou même quand ils ont été dans les entreprises en stage,
18:04 ils n'ont découvert ce que c'était.
18:05 Ils découvrent, là, mais ils se disent "mais c'est important".
18:07 Donc, savoir qui je suis, savoir comment l'autre va réagir, les interactions.
18:11 Et donc aussi, c'est aussi cette capacité à prendre du recul par rapport aux réseaux
18:15 sociaux, cette capacité à voir où là où il y a de la manipulation, il n'y en a pas.
18:19 C'est aussi détecter ce qui est bon dans l'innovation de ce qui n'est pas, enfin détecter
18:23 et aller vers du sens.
18:24 Donc, tout ce travail de fond, bien sûr, c'est depuis l'école.
18:27 Mon grand rêve, ce serait de pouvoir conseiller l'éducation nationale sur ce sujet.
18:32 J'imagine bien, une enseignante qui parle.
18:34 J'imagine bien.
18:35 Mais alors, comment on construit ?
18:37 C'est un facteur de mes collègues, d'autres professeurs qui ont d'ailleurs un regard
18:42 sur l'innovation qui est souvent assez critique, c'est-à-dire du monde de l'entreprise et
18:45 de l'innovation.
18:46 Donc, il y a à réconcilier aussi ces mondes-là.
18:48 Comment on construit l'économie de demain ?
18:53 Moi, c'est vraiment cette question.
18:55 Thomas, alors j'ai envie de vous appeler peut-être Monsieur Innovation.
18:59 Vous êtes arrivé, vous avez monté le Lab Innovation chez la Margroupe.
19:02 Comment on construit le monde de demain pour vous ?
19:05 Alors, où l'innovation en fait serait vraiment un moteur de croissance, de progrès.
19:10 Qu'est-ce qu'on a envie de mettre en place ?
19:12 Aujourd'hui, qu'est-ce qui vous en empêche par exemple ?
19:14 Alors, nous, le monde de demain tel qu'on veut le faire, effectivement, c'est peut-être
19:18 à l'échelle d'une nation.
19:19 On ne va pas être… c'est déjà une belle échelle.
19:22 Et effectivement, en France, je rejoins ce que disait Pierre, c'est qu'on a besoin
19:27 de redevenir peut-être un modèle.
19:29 On n'a pas la capacité économique, démographique…
19:31 Et comment on devient un modèle ?
19:32 Mais comment ?
19:33 Qu'est-ce qu'on met en place pour devenir un modèle ?
19:34 Eh bien, par les compétences, par la connaissance, par la culture, par la philosophie qu'on
19:43 en a pu le faire à un certain moment.
19:45 Donc, c'est vrai qu'on a besoin d'une jeunesse qui soit…
19:49 Vous êtes en train de nous dire là que vous voulez laisser la future génération
19:54 s'occuper du monde de demain ?
19:55 Non, non, non.
19:56 Ah, vous parlez de la jeunesse ?
19:58 Oui, mais c'est que la jeunesse, c'est elle qui va nous remplacer.
20:01 Donc, on ne peut pas travailler sans elle.
20:02 Aujourd'hui, on fait quoi ?
20:03 On a des choses à faire.
20:04 Ce qu'on va faire aujourd'hui, déjà, c'est peut-être lui mettre sur les rails
20:11 un certain nombre d'éléments qui vont lui permettre, derrière, de continuer le
20:16 chemin.
20:17 Donc, nous, ce qu'on va chercher à faire, effectivement, peut-être plus sur des enjeux
20:20 environnementaux, c'est mettre en place tout ce qui nous permet de mesurer notre impact
20:26 sur l'environnement et sur le monde.
20:28 Et déjà, cette mesure, elle est indispensable parce que sans un état des lieux clair et
20:34 précis et sans connaissance de la façon dont fonctionnent les choses, on ne pourra pas
20:39 les changer correctement.
20:40 Mais vous le faites déjà ?
20:41 On le fait déjà, mais pas bien.
20:43 Alors, qu'est-ce qu'il faut ?
20:45 Quelle recommandation vous avez envie de mettre en avant pour bien le faire ?
20:49 Eh bien, alors, ça, malheureusement, ça peut être un peu compliqué.
20:56 Allez-y.
20:57 Mais être capable, être capable vraiment de définir des cadres qui soient à la fois
21:04 simples, applicables et proches de la réalité, qui nous permettent justement cette mesure.
21:11 On parlait des réglementations européennes, de la CSRD, de la taxonomie de l'Union européenne.
21:16 Ce sont des bonnes choses pour arriver à mesurer véritablement notre impact.
21:20 Il faut arriver à le mettre en place et il faut arriver à le mettre en place vite.
21:24 Et donc, là, il y a quand même une volonté nationale d'arriver à pousser ça.
21:30 La contrepartie, c'est que toutes ces mesures risquent de faire perdre la compétitivité
21:36 à nos industries et à notre économie.
21:38 Et qu'est-ce qu'on fait par rapport au reste du monde qui, peut-être, va continuer comme
21:44 avant ?
21:45 C'est justement trouver un moyen de se protéger de ça tout en devenant un modèle.
21:50 Et donc, continuer malgré tout dans nos réglementations qui vont dans le bon sens et trouver un moyen
22:01 de se protéger.
22:02 Parce que si notre économie est réduite à néant par les contraintes qu'on s'impose
22:07 à nous et ne sont pas mises en place ailleurs, on va disparaître.
22:10 On ne pourra plus rien faire.
22:11 Si je comprends bien, dites-moi si je me trompe, vous dites que vous voulez surtout pouvoir
22:19 mesurer en fait.
22:20 Mesurer l'impact.
22:21 C'est un petit peu ce que vous avez envie de mettre en avant en termes de recommandations
22:26 à une certaine durée.
22:27 Mais ça n'existe pas aujourd'hui pour mesurer l'impact.
22:29 Nous avons plein de labels, plein de façons.
22:32 J'ai l'impression que…
22:33 Justement, il y en a trop parfois.
22:34 Il y en a trop.
22:35 Ça gâche parfois.
22:36 L'un des plus gros gâchis en fait dans notre système, c'est celui des connaissances.
22:39 Il y a plein de belles choses qui se font sur notre territoire, mais elles n'interopèrent
22:42 pas.
22:43 Tout à l'heure, vous me demandiez de présenter le Clean Tech Open.
22:45 Je peux aussi parler d'EcoSys.
22:46 C'est une entreprise qui travaille dans ce qu'on appelle en data management outillé.
22:50 Pourquoi je dis ça ? C'est parce qu'on nous demande une chose simple.
22:52 Regrouper des données qui viennent de partout, des informations, les interopérer, les analyser
22:58 pour en tirer de la valeur.
22:59 Et en fait, dans notre pays, il faut qu'on arrive à travailler sous cette nouvelle norme,
23:03 cette nouvelle façon de dire il y a plein de belles choses qui sont dans notre pays.
23:06 Des pôles de compétitivité, un programme qui s'appelle France 2030, deux mains de
23:10 la BPI, des acteurs publics formidables, même si on peut les critiquer.
23:14 Il y a des hommes et des femmes qui servent la République au-delà des partis.
23:16 Et puis, il y a un tissu économique d'entreprise à travers des pôles de compétitivité,
23:20 des ONG, des chercheurs.
23:21 Il faut qu'on interopère tout ça.
23:23 Interopérer en termes numériques, c'est vraiment mettre en commun, en parler.
23:26 Pour en parler, il faut connaître déjà.
23:28 Et quand on connaît, on se dit « waouh, mais mon pays est riche de ces diversités
23:32 humaines, intellectuelles ». Et donc, c'est vraiment une approche que Sylvie a évoquée.
23:35 C'est une approche de systémique, de système, d'organisation.
23:38 Et aujourd'hui, on a les plus grands mathématiciens, les plus grands chercheurs sur ces sujets-là.
23:42 On avance en parallèle.
23:43 On avance en parallèle.
23:44 Et il faut les croiser.
23:45 Et c'est en train de se croiser.
23:46 Des émissions Colmavo, des rencontres comme on a, ceux qui nous écoutent, ceux qui se
23:50 disent « je veux passer à l'action ». Comment je fais une action fin 2023, fin 2024 ? Comment
23:54 en 2050 ?
23:55 Et là, comment on fait une action à mettre en avant, en deux minutes ? On est à la fin
23:58 du… On a échangé.
23:59 En deux minutes, qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on met en place, Pierre ?
24:02 Utilisons tous nos systèmes d'information, nos téléphones portables, notre intelligence
24:06 autour d'un idéal commun de construire des roadmaps, des plans d'action.
24:09 Là, on parle bien à ceux qui écoutent Smart.
24:11 Une, une, une, une action.
24:12 Dites-moi une action que vous avez envie de mettre en place.
24:15 Moi, en ce qui me concerne, le développement de centres de planification et de conduite
24:18 des opérations partout dans les régions, c'est-à-dire des lieux ou dans des mairies,
24:21 des collectivités.
24:22 Des gens se retrouvent en disant « qu'est-ce qu'on fait dans l'Isère ? Qu'est-ce qu'on
24:24 fait dans telle ville ? Qu'est-ce qu'on fait dans le pays ? » Et en mettant en commun,
24:27 en ayant des gens de diversité et ayant des plans d'action à la semaine, à la journée,
24:32 eh bien on ressort en disant « waouh, je ne pensais pas que mon pays avait tant de richesses
24:36 et tant de personnes désireuses de passer à l'action ». Voilà, moi, en tout cas,
24:39 c'est mon avis.
24:40 Naïvement, je pensais que ça se faisait déjà, mais je devais être naïve.
24:43 Encore plus.
24:44 Encore plus loin.
24:45 On va plus loin.
24:46 Plus efficacement, surtout, je pense.
24:47 Et surtout en bon nombre.
24:48 Du coup, on doit compter, quantifier.
24:49 Effectivement, il y a cette problématique de la data qui est absolument fondamentale
24:56 parce que sans donner justement de qualité, bien rassemblée, bien managée, on est incapable
25:01 de mesurer quoi que ce soit.
25:02 Donc, effectivement, tous les cadres sont là pour mesurer, mais on n'a pas les données
25:05 pour le faire correctement.
25:06 Donc, ça, c'est effectivement une étape absolument indispensable dans n'importe
25:11 quel processus, effectivement, organisational ou informatique.
25:14 C'est là où on mesure l'impact et là où, Arriba, vous allez pouvoir faire des dizaines
25:20 et des dizaines d'émissions sur ce sujet de la mesure d'impact et d'efficacité sociale,
25:24 sociétale, environnementale et économique.
25:25 Alors, il y a tellement de sujets que je ne m'inquiète pas pour le nombre d'émissions.
25:29 Par contre, ce que je m'inquiète, c'est que moi, à la fin de l'émission, je n'aurais
25:32 aucune recommandation à pousser auprès du gouvernement, justement, pour faire bouger,
25:37 pour changer la donne, en fait, de se dire…
25:40 Moi, je reviens à l'instar de ce qui se fait dans le domaine de la sécurité civile.
25:44 Concrète, quelque chose de…
25:45 La sécurité civile, vous voyez, quand les pompiers interviennent, c'est parce qu'il
25:48 y a un monsieur qui répond au téléphone.
25:49 Oui.
25:50 Si on est capable de développer ça partout sur les sujets d'impact social et environnemental,
25:54 on aura des hommes et des femmes qui travailleront 24 heures sur 24 à apporter des solutions
25:58 opérationnelles à ceux qui en ont besoin.
25:59 Sylvie, Jules, j'aimerais bien vous entendre.
26:01 Moi, ce serait, pour être très concret, instaurer des cours d'intelligence émotionnelle,
26:06 comme il y a des cours d'empathie, par exemple, dans les pays scandinaves, associés à la
26:11 créativité et à l'innovation, pour développer ce sens de la créativité, ce sens de l'entreprise
26:16 et cette envie de changer le monde par une attitude et par un comportement.
26:20 Et donc, ça, c'est simple et en même temps, c'est un peu compliqué à mettre en place.
26:23 C'est un peu compliqué, mais en tant qu'enseignante, en fait, à la Sorbonne, c'est quelque chose
26:27 que vous, déjà, à votre niveau, vous pouvez peut-être commencer à instaurer ou peut-être
26:31 que vous le faites déjà.
26:33 Mais alors, comment vous pouvez créer un bridge, peut-être ? Peut-être que ça peut
26:37 être une recommandation qu'on vous soumet à vous, de se dire, vous le faites à la
26:42 Sorbonne, mais maintenant, comment on le démultiplie ? Comment on essaye de l'élargir au plan national ?
26:47 Vous avez parlé de formation, je pense qu'on est tous d'accord autour de la table, qu'il
26:52 faut commencer par ça.
26:53 Action, on est dans la formation, vous le faites déjà, mais à la Sorbonne et ça ne
26:56 suffit pas, parce qu'évidemment, tout le monde n'est pas passé par la Sorbonne, on
27:00 est d'accord.
27:01 Voilà, moi, c'est la recommandation, du coup, que je retiens, Sylvie.
27:04 On est tous d'accord là-dessus ?
27:06 On passe à l'échelle.
27:07 On passe.
27:08 Sur Smart Action, on s'engage, donc on fera le point, Sylvie, durant tout le mois, on
27:14 restera en contact et on fera le point ensemble.
27:17 Vous avez un mois pour enclencher votre action commune.
27:19 Et voilà, donc je vais faire juste un petit point sur mon émission précédente, dont
27:25 le thème était « Agir pour le financement des entrepreneurs femmes ». Alors, sur le
27:30 plateau, il avait été demandé beaucoup plus de transparence pour faire évoluer le
27:35 débat.
27:36 Et aujourd'hui, il faut savoir qu'Olivia Grégoire a annoncé il y a quelques jours
27:39 justement la mise en place, avec BPI France, d'un baromètre de l'entrepreneuriat féminin.
27:44 Les choses avancent et on en est vraiment ravis.
27:47 Merci Thomas Boisdeau-Dorémieux, pardon, Sylvie Brémeau-Moukerji et Pierre Nouguet
27:53 d'avoir été avec nous.
27:54 C'était Areva Reymann dans Smart Action, l'émission de ceux qui font bouger les lignes.