• avant-hier
Franck Philippon signe une série réaliste « Les espions de la terreur » qui raconte en 4 épisodes la traque par les services d’espionnage français des terroristes responsables des attaques du 13 novembre.
Une série basée sur des documents et le livre-enquête de Mathieu Suc avec Vincent Elbaz, Fleur Geffrier et Rachida Brakni.

Category

🗞
News
Transcription
00:00A la veille de la commémoration des attentats du 13 novembre, M6 diffuse ce soir une série
00:05qui raconte la traque des terroristes, ces attaques qui ont fait en 2015 130 morts au
00:09Bataclan, au Stade de France et aux terrasses de café.
00:12Les espions de la terreur, c'est le nom de la série et Laurent Vallière, vous recevez
00:16son auteur.
00:17Bonjour Franck Philippon.
00:18Bonjour.
00:19Alors on s'en rappelle pas trop mais en octobre 2016, le chef des armées, François Hollande,
00:22s'exprime et annonce à demi-mot l'élimination future par drone du principal responsable
00:28des attentats, Boubacar El Hakim.
00:31Ceux qui s'attaquent à la France doivent pouvoir être pourchassés, poursuivis et
00:37bien sûr neutralisés quand c'est possible.
00:39Sans spoiler, c'est ainsi que se termine votre série Franck Philippon, une traque
00:42racontée en 4 épisodes réalistes, assez arides.
00:46On voit toutes les forces en oeuvre en France, la sécurité intérieure, la DGSI, la sécurité
00:51extérieure, DGSE.
00:52Vous êtes basé sur le livre enquête de Mathieu Suc, les espions de la terreur qui
00:56décrivait les services secrets de l'état islamique qui ont justement fabriqué ces
01:02attentats, conçu ces attentats.
01:05Qu'est-ce qui vous a plu dans le livre ? Qu'est-ce qui vous a donné envie d'en faire une série
01:07en fait ?
01:08Il y avait plusieurs dimensions.
01:09La première dimension était une façon de… Il y avait dans le livre de Mathieu Suc une
01:14matière assez incroyable et qui racontait, en inversant le point de vue, en le racontant
01:19du point de vue des gens des services et de la manière dont ils ont traqué les commanditaires,
01:23il y avait une façon de montrer, de faire quelque chose de très cathartique pour le
01:27grand public, c'est-à-dire de montrer qu'il y a eu une réelle efficacité du travail
01:30des services dans l'année qui a suivi, ce que raconte la série.
01:33Et que pour le grand public, c'était une manière de rentrer de l'autre côté du
01:38miroir, de voir comment ça se passe l'antiterrorisme, comment c'est compliqué, comment le risque
01:42zéro n'existe pas, mais comment néanmoins, dans le travail que les deux services que
01:46vous avez mentionnés ont fait avec d'autres services, mais a été d'une assez grande
01:51efficacité, d'une grande efficacité, et que par-delà tous les débats politiques
01:56parfois un peu réducteurs qu'il peut y avoir sur l'antiterrorisme, je trouve qu'il
01:59y a une vertu pédagogique et presque un peu citoyenne dans la série.
02:03En tout cas, c'est ce qu'on voulait dire aux spectateurs, qui est aussi un citoyen.
02:06Regardez comment ça se passe et faites-vous votre avis, mais on est quand même bien protégés
02:11dans notre pays.
02:12Alors, la série est très réaliste, je disais, aride.
02:15Par exemple, ce qui me surprend, c'est qu'au tout début, il y a une agent incarnée par
02:20Rachida Brakni, qui est à la recherche de celui qui va faire ses attaques, qui va lancer
02:28ses attaques à Paris, Abdelhamid Abaoud, et en fait, elle passe à côté, c'est ça,
02:34c'est quelques jours avant les attentats du 13 novembre.
02:36C'est la réalité, ça ?
02:38Oui, bien sûr, Abaoud était identifié comme étant un des responsables de cette fameuse
02:42cellule de Daesh, de l'État islamique, Arraka, qui projetait et organisait ses attentats
02:48en amenant, en projetant des commandos.
02:50Abaoud en faisait partie, les services en avaient la conviction.
02:54Ils avaient déjà failli l'arrêter à Athènes en janvier, ce qu'on voit dans le film Novembre,
02:59pour ceux qui ont vu le film.
03:00Ils n'étaient vraiment passés pas loin.
03:02Et donc, ils le traquaient, sauf que, évidemment, c'est toujours compliqué, surtout que pendant
03:07très longtemps, y compris à la veille du 13, les services pensaient qu'Abaoud était
03:12encore en Syrie, ils ne savaient pas qu'il était sur le sol européen, en Belgique puis
03:15en France.
03:16Et donc, évidemment, c'est toute la tragédie de l'antiterrorisme, c'est qu'il suffit
03:21que vous ayez deux minutes de retard pour que ça n'empêche pas l'événement d'arriver
03:25et c'est une tragédie.
03:26Et donc, cette espèce de rage et d'amertume d'être passé à traquer quelqu'un, et
03:33c'était pas que Abaoud, les services avaient déjà une vision parcellaire de la nature
03:37de l'ennemi.
03:38Et quand arrive le 13, il y a malheureusement la confirmation de quelque chose qu'ils craignaient
03:43et qu'ils n'ont pas réussi à empêcher parce que c'est le défi majeur de l'antiterrorisme.
03:46Mais par exemple, Lucie, incarnée, qui travaille à la DGSI, et donc qui est incarnée par
03:49Fleur Geffrier, elle, elle est à Florime et Rogis et on lui dit « c'est dingue,
03:54tous les prisonniers ont pris des abonnements télé, il va se passer quelque chose », c'est
03:56vrai ça ou c'est inventé ?
03:57Oui, ça c'est des petits détails qui sont vrais, c'est-à-dire que dans les semaines
04:00et les mois qui ont précédé le 13, c'est ce qu'on fait dire à un moment un des personnages,
04:03ça clignotait de partout, c'est-à-dire qu'il y avait des infos, des rumeurs, des
04:07sur l'imminence de quelque chose, mais y compris de temps en temps c'était dans un
04:13stade, de temps en temps dans une salle de concert, de temps en temps dans un aéroport,
04:16de temps en temps dans autre chose.
04:17Donc le problème c'est que tant qu'agent de l'antiterrorisme, tant que vous n'avez
04:19pas une info précise, quelque chose, une filière à remonter, ça reste des infos,
04:24tous les jours il y en a des infos.
04:25Mais dans la série de ce soir, quand les téléspectateurs vont regarder M6, tout ce
04:28qui est raconté, tout ce qui est joué, en fait, est basé sur des faits réels.
04:33Absolument, c'est d'abord basé sur le livre de Mathieu Suc, qui a enquêté, qui
04:36connaît, qui est un des plus grands spécialistes journalistes de l'antiterrorisme en France.
04:40Et donc oui, c'est à 80-90% c'est vrai.
04:43Il y a des points sur lesquels il a fallu, nous, scénaristes, rajouter un peu de fiction,
04:48combler quelques trous de connaissances, mais c'est très inspiré du réel.
04:51Mais par exemple, il y a l'interrogatoire de Salah Abdeslam, qu'on voit également intercepté.
04:57Je ne l'ai jamais vu autant.
04:59L'occas, Salah Abdeslam, sur quoi vous vous êtes basé pour filmer cette scène ?
05:02Sur des éléments de PV de ce qui s'est passé.
05:06Il parlait vraiment comme ça ?
05:08On a contracté plusieurs interrogatoires, puisqu'au départ, il a commencé un peu
05:12à parler et après, il s'est tué.
05:14Mais il a commencé un peu, mais pas beaucoup.
05:18Il n'a pas livré grand chose, mais il a vaguement commencé un peu à parler de la
05:21soirée et de ce qu'il avait fait.
05:23La plupart de ce qui est écrit provient du réel, tel qu'on a pu, nous, y accéder.
05:33Il y a des choses auxquelles on ne sait pas.
05:35Dans ces cas-là, on comble un peu les trous par de la fiction, évidemment.
05:39Il y a quelqu'un de très important, c'est un indique, il s'appelle Saïd.
05:42Est-ce que c'est vrai qu'il y a quelqu'un en France qui a inspiré ce personnage,
05:48qui est protégé par la police et qui a, par exemple, permis d'empêcher deux attentats ?
05:53Est-ce que c'est sur lui que vous vous basez pour créer le personnage de Saïd ?
05:56Le personnage de Saïd, qui va donc devenir une source sous le nom de code de Minotaure,
06:01est inspiré de plusieurs sources qui ont existé, dont une en particulier, mais quand
06:07même de plusieurs.
06:08Ce qui est assez particulier sur cette intrigue, qui est donc très inspirée du réel, mais
06:13que néanmoins, et c'est la seule fois de ma vie où en tant que scénariste ça m'est
06:16arrivé, on a dû rajouter de la fiction pour être certains qu'à aucun moment ce
06:23qu'on racontait puisse permettre de l'identifier, d'identifier aucune des sources dont c'était
06:27inspiré.
06:28Donc on a, d'une certaine manière, rajouté de la fiction au réel, qui parfois était
06:32encore plus incroyable et fort que notre fiction, parce que oui, il y a certaines de ces sources,
06:37et notamment une, qui a refait sa vie sous le niveau d'identité, protégée par l'État,
06:43basiquement.
06:44Et qui a permis, justement, l'élimination de Bobakker et Lachim ?
06:48Et qui a eu un rôle important, oui.
06:50C'est très inspiré aussi de choses réelles, mais encore une fois, là, pour le coup, on
06:53a volontairement mis des filtres.
06:56Aucun des lieux ni des faits ne sont totalement vrais, pour le protéger, parce que sinon
07:02on risquait de donner des infos qui auraient pu permettre à des gens qui voudraient lui
07:06nuire de l'identifier.
07:07Et ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, les policiers ne savent pas vraiment
07:11si ce n'est pas vraiment un double agent, si ce n'est pas un agent double, en fait.
07:15C'est tout le défi d'une gestion d'une source, c'est qu'on ne sait jamais jusqu'à
07:19quel point elle vous manipule, elle vous manipule pas, elle vous ment, elle vous ment pas, est-ce
07:22qu'elle est fiable, est-ce qu'elle n'est pas fiable ?
07:24Ça, pour le coup, c'est une intrigue sur laquelle on a vraiment beaucoup travaillé
07:30et réfléchi.
07:31On a eu la chance de bénéficier d'un accompagnement d'agents des services qui nous ont vraiment...
07:35Et puis parmi le groupe d'auteurs, il y avait un ancien policier, Laurent Guillaume, qui
07:40a géré des sources et tous racontent la même chose.
07:43C'est-à-dire que la relation étrange, à la fois, il y a une forme d'amitié, en tout
07:47cas de complicité qui se crée, d'humanité entre les gens, entre la source et son traitant.
07:51Et puis en même temps, vous devez vérifier qu'il n'est pas en train de vous manipuler
07:54et de vous déjouer un double jeu.
07:56Donc c'est le propre du « suspense ».

Recommandations