Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, était l'invité du BFM Politique ce dimanche 17 novembre
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00:00BFM TV, BFM Politique, Nella Latrousse.
00:07Bonjour Anne Rousseau.
00:09Bonjour Nella Latrousse.
00:10Merci d'avoir accepté l'invitation de BFM Politique, le rendez-vous d'actualité du week-end, en partenariat avec La Tribune Dimanche.
00:17À mes côtés d'ailleurs pour vous interroger, Jules Péquenin, journaliste politique à La Tribune Dimanche.
00:22Bonjour Jules et Amandine Attalaya, éditorialiste politique à BFM TV.
00:26Bonjour Amandine et bonjour chez vous, chers téléspectateurs, puisque je vous rappelle le principe de cette émission.
00:32Vous pouvez vous aussi poser vos questions à Arnaud Rousseau grâce au QR code qui s'affiche à l'antenne.
00:38Vous scannez avec votre téléphone, vous envoyez votre question et nous la relayons à l'antenne.
00:44Arnaud Rousseau, votre syndicat, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, appelle à des actions à partir de demain.
00:51La colère agricole est déjà présente et vous détaillerez dans quelques instants ce qui la ravive.
00:57Les mauvaises récoltes, des agriculteurs pris à la gorge financièrement et un accord de libre-échange à venir qui les inquiète.
01:03Mais d'abord, pour bien comprendre ce qui va se passer, Arnaud Rousseau, on l'a vu à l'instant, des actions sont d'ores et déjà menées.
01:10Ce soir, en région parisienne, la N118 va être bloquée par les Jeunes Agriculteurs et la FNSEA.
01:17Le trafic sera de fait perturbé. Est-ce le programme pour la semaine qui arrive ? Une France à l'arrêt.
01:23Alors d'abord, notre ambition, c'est évidemment d'attirer l'attention des pouvoirs publics français, européens,
01:30sur la situation dans laquelle se trouve l'agriculture et pour vous répondre précisément, à partir de cet après-midi et pour au moins 48 heures,
01:38l'ensemble de nos départements, près de 80 au moment où je vous parle, seront en action
01:44avec la volonté, évidemment, d'attirer cette attention, mais aussi la volonté de ne pas bloquer les Français.
01:50Nous l'avons dit, l'ambition, ce n'est pas d'empêcher les gens d'aller au travail.
01:54Et pour ce qui concerne la N118, dès cet après-midi, il n'y aura pas de blocage.
01:58Alors que ça ralentisse la circulation, c'est probable, mais encore une fois, notre objectif n'est pas d'empêcher les gens qui circulent dans cette région de le faire.
02:05Vous n'allez pas bloquer des villes, des supermarchés ou des approvisionnements, par exemple ?
02:07Non, ça n'est pas notre objectif. Encore une fois, nous avons besoin, dans le moment dans lequel nous sommes, de prendre les Français à témoin de ce qu'est la situation de l'agriculture.
02:15Et donc l'objectif, ce n'est évidemment pas de les ennuyer, c'est de leur faire passer le message que la situation que vit l'agriculture aujourd'hui est une situation d'urgence,
02:23dramatique dans certains endroits, et que si on veut conserver une assiette auquel, je crois, à cette heure-ci, avec le poulet qui est dans le four, les Français sont attachés,
02:33eh bien nous avons besoin de nous battre dans ce moment.
02:36Quand la coordination rurale, qui n'est pas votre syndicat, qui est un autre syndicat agricole, parle de révolte agricole, est-ce la bonne expression ?
02:43Une révolte, c'est contre l'ordre établi, contre une autorité. Ce n'est pas ce que vous êtes en train de nous dire, ce n'est pas une révolte, c'est prendre les Français à témoin.
02:50Oui, en tous les cas, nous...
02:52Vous ne demandez pas la tête d'un ministre, du Premier ministre, du président de la République ?
02:54Non, on est dans une situation que tout le monde connaît, qui dure depuis un an.
02:57Ça fait un an qu'on a retourné les panneaux dans les villages français pour dire qu'on marchait sur la tête.
03:02Je crois que tout le monde a vu ce qui s'était passé au printemps, puis le travail qui a été réalisé, la dissolution malheureusement,
03:09enfin en tous les cas sur le plan de l'avancée de nos travaux, et aujourd'hui une situation qui n'est pas tenable.
03:14Et donc oui, il y a un sentiment dans un certain nombre d'endroits de travail non accompli qui donne, vous savez, soit une forme de découragement,
03:22soit une forme évidemment d'envie d'action.
03:25Nous on a dit très clairement qu'on ne voulait pas d'atteinte aux biens et aux personnes,
03:28que notre objectif c'est d'atteindre les résultats sur lesquels nous nous sommes engagés,
03:32et pour ça on a besoin que l'Europe se mobilise, que les pouvoirs politiques français se mobilisent,
03:36et on a besoin évidemment de l'appui de l'opinion publique, parce qu'encore une fois, ce qui est en jeu c'est leur assiette.
03:41Nous allons revenir justement sur ces aspects politiques, vous avez fait allusion à la dissolution,
03:45mais avant, question très précise, à ce stade, combien d'actions sont prévues par la FNSEA, votre syndicat,
03:52et les jeunes agriculteurs, dans quelle ville, dans quel département en actuel ?
03:56Alors c'est près de 82 actions ce matin, qui ont été recensées,
04:01et qui prendront corps à partir de cet après-midi pour la première en Ile-de-France,
04:05et qui s'étaleront demain, mardi, lundi ou mardi, lundi et mardi,
04:11essentiellement dans les préfectures et les sous-préfectures,
04:14pour, là encore une fois, attirer l'attention des pouvoirs publics,
04:18et puis aussi sur les avenues de l'Europe, les ronds-points de l'Europe, parce que vous l'avez compris,
04:22demain s'ouvrira le G20 au Brésil, et que pour nous, évidemment, c'est un sujet majeur.
04:26C'est un point de départ, alors j'imagine que vous n'allez pas nous donner la date de la fin de cette mobilisation,
04:31mais est-ce que, dans tous les cas, ce sera stoppé avant Noël, d'après vous ?
04:35Oui, nous l'avons indiqué, pour ce qui nous concerne avec les jeunes agriculteurs,
04:38notre volonté, c'est d'étendre notre mouvement, parce que la première phase,
04:42c'est que nous ne voulons pas de cette Europe passoire, en tous les cas sur les produits agricoles,
04:47mais il y a d'autres enjeux, des enjeux nationaux, et notamment celui de la simplification,
04:51quant au moralbol, quant aux normes, quant au contrôle, et puis on aura un sujet,
04:55qui est un sujet central, qui est le sujet du prix, du revenu des agriculteurs,
04:59et donc tout ça va s'étaler jusqu'à la mi-décembre au plus tard, parce que, nous l'avons indiqué,
05:03nous ne souhaitons pas que les fêtes puissent être gâchées, d'abord parce que les fêtes,
05:08c'est pour nous un rendez-vous de nos produits sur la table et dans l'assiette des Français.
05:12Armandine ?
05:13Oui, vous avez rencontré jeudi le ministre de l'Intérieur, est-ce que vous êtes formellement engagé auprès de lui
05:18sur le fait que vous pouviez garantir qu'il n'y aurait pas de violences, de dégradations ?
05:22Au printemps, on avait pu voir des violences parfois et des dégradations parfois,
05:26notamment vis-à-vis de supermarchés.
05:28Ce que j'ai dit au ministre de l'Intérieur, M. Retailleau, c'est que, nous, notre ambition,
05:33c'était encore une fois d'obtenir des résultats et que les atteintes aux biens aux personnes
05:37n'étaient pas notre modèle d'action.
05:39Mais la réalité, c'est qu'à certains endroits, les agriculteurs n'en peuvent plus
05:43et ont l'impression qu'après les manifestations du mois de janvier,
05:46qui, disons-le, se sont tenues de manière extrêmement ferme
05:50et qui n'ont peu ou très peu ou pas du tout atteint aux biens aux personnes,
05:54il y a des gens qui ont le sentiment qu'ils ont été floués.
05:56Donc, nous, on a redit très clairement à l'ensemble de notre réseau
05:59qu'on ne souhaitait pas qu'il y ait de débordements et d'atteintes aux biens aux personnes.
06:03Maintenant, vous garantir que partout, on sera derrière chacun pour empêcher ça,
06:06ça n'est pas possible.
06:07Mais en tous les cas, le message que nous délivrons est très clair.
06:10Quand vous dites que des gens se sont sentis floués, c'est-à-dire que la colère est bien plus vive
06:14et peut s'exprimer sans que vous puissiez la contrôler de manière plus explosive ?
06:19Je voudrais vous rappeler quelle est la situation.
06:21Vous savez, il y a des gens qui se sont mobilisés massivement,
06:23syndiqués, non-syndiqués, jeunes, des gens qu'on n'avait jamais vus,
06:26pour dire finalement que la situation n'était pas tenable.
06:29Depuis, on a eu un été très difficile,
06:31très difficile sur le plan des grandes cultures,
06:33la plus faible récolte de blé depuis 40 ans,
06:35très difficile sur le plan de la viticulture,
06:37avec des vendanges en retrait en moyenne de près de 25 %.
06:41On a eu un été extrêmement difficile sur le plan sanitaire dans l'élevage.
06:45Et puis, sur le plan politique,
06:47une absence d'interlocuteurs dans cette période difficile.
06:49On a mis près de deux mois à obtenir un Premier ministre
06:51et 15 jours supplémentaires pour obtenir un gouvernement.
06:53Tout ça donne le sentiment que finalement, nous ne sommes pas entendus,
06:57même si des progrès ont été réalisés depuis.
06:59Mais vous entendez dire chez vos adhérents qu'on a été trop sages et qu'on n'a pas assez obtenu ?
07:01Oui, il y en a certains qui pensent qu'aujourd'hui,
07:03pour se faire entendre, il faut aller plus loin.
07:05Ça n'est pas ce que nous portons nous,
07:07mais nous voyons bien, parce que des situations d'urgence existent.
07:10Je voudrais le rappeler.
07:12Ce n'est pas un sentiment de la violence pour la violence.
07:14C'est que derrière le fait générateur,
07:16c'est qu'un certain nombre d'agriculteurs en France
07:18sont dans des situations intenables,
07:20dans des situations d'urgence majeures.
07:22Et que ça, ça doit trouver des solutions et des échos très rapidement.
07:25Est-ce que vous trouvez cela dit raisonnable
07:27que la coordination rurale, par exemple,
07:29qui est la plus dure,
07:31appelle à bloquer le fret,
07:33à bloquer les approvisionnements,
07:35n'exclut pas une montée en gamme des actions ?
07:38Est-ce que vous leur dites,
07:40restons calmes, on ne va pas commencer comme ça ?
07:42Écoutez, chacun prend ses responsabilités.
07:44Des tracteurs iront jusqu'à l'Élysée s'il le faut.
07:46Demain, légitimité.
07:48Il s'agit de la FNSEA,
07:50en coordination avec le président des jeunes agriculteurs
07:52et ses équipes, et que nous, nous sommes extrêmement clairs.
07:54Si d'autres ont d'autres modes d'action,
07:56veulent utiliser la violence,
07:58ou comme je l'ai entendu, veulent affamer,
08:00puisqu'il s'agissait d'affaimer Toulouse,
08:02ça n'est pas notre mode d'action.
08:04Écoutez, chacun se définira, mais interrogez-les,
08:06c'est notre nom.
08:08À ce stade, quand vous évoquez cette colère,
08:10cette déception par rapport à ce qui a pu se passer
08:12il y a quelques mois,
08:14en janvier, février, mars dernier,
08:16est-ce qu'aujourd'hui, vous voyez une mesure,
08:18un dossier qui peut apaiser la colère ?
08:20Est-ce qu'il suffirait que Michel Barnier
08:22annonce une nouvelle enveloppe budgétaire ?
08:24Est-ce qu'il suffirait qu'Emmanuel Macron
08:26dise qu'il est contre un accord de libre-échange
08:28pour que les tracteurs rentrent à la ferme ?
08:30Non, vous avez compris que c'est un ensemble de mesures.
08:32L'Europe passoire est une mesure.
08:34On parlera, j'imagine, du Mercosur.
08:36On pourrait parler de l'Ukraine, de la Chine
08:38ou de ce qui se passera aux États-Unis.
08:40On a évidemment les sujets de simplification
08:42et de contrôle, et puis les sujets des revenus.
08:44Donc il n'y a pas une mesure miracle
08:46qui serait de nature. Nous, ce qu'on avait demandé au printemps
08:48et que nous n'avons pas obtenu, en tous les cas, c'est le sentiment
08:50des électeurs, c'est le changement de logiciel.
08:52C'est-à-dire que cette approche qui consiste à dire
08:54que notre souveraineté alimentaire est en danger
08:56et qu'on a besoin de mettre les moyens
08:58politiques, économiques, sociaux
09:00pour parvenir à surmonter
09:02ce moment difficile, le sentiment
09:04c'est que nous ne sommes pas au rendez-vous. Encore une fois,
09:06un certain nombre de points ont avancé, mais beaucoup de choses
09:08restent à obtenir. Juste pour avoir peut-être un chiffre,
09:10vous dites qu'il y a des agriculteurs qui ont des situations
09:12épouvantables aujourd'hui.
09:14Vous avez un chiffre du nombre d'exploitations
09:16en difficulté qui peuvent mettre la clé
09:18sous le tapis ?
09:20Aujourd'hui, on parle de plusieurs dizaines
09:22de milliers d'exploitations. J'étais dans le Lot
09:24vendredi, où j'ai rencontré
09:26les producteurs, notamment des producteurs
09:28qui produisent de la noix, qui sont
09:30en crise depuis trois ans, dans des situations
09:32qui sont absolument intenables, et qui ont
09:34besoin du concours de l'État.
09:36Quand vous êtes un viticulteur
09:38des Pyrénées-Orientales, par exemple,
09:40où je suis allé il y a dix jours
09:42à Perpignan, et qui n'ont pas ou très peu vu d'eau
09:44depuis maintenant près de trois ans,
09:46avec de la vigne qui est en train de mourir,
09:48c'est des situations qui sont extrêmement compliquées, avec des gens
09:50qui essayent de trouver des alternatives,
09:52parce qu'encore une fois, il faut aussi évoluer,
09:54et je l'ai dit, il y a des situations très difficiles
09:56qui peuvent être aussi le fruit du climat,
09:58et ce qui compte pour nous, c'est de faire en sorte d'essayer
10:00de sauver le maximum. Mais on sait qu'aujourd'hui,
10:02plusieurs dizaines de milliers d'exploitations, si on ne fait rien,
10:04ne pourront pas passer.
10:06Non, écoutez, encore une fois,
10:08tout ça est à prendre avec les plus
10:10grandes pincettes. Vous savez, les agriculteurs et les agricultrices
10:12de ce pays sont des chefs d'entreprise,
10:14et on ne peut pas comme ça décréter sur un plateau
10:16quels seront ceux qui vont disparaître. Nous, on pense qu'il y a
10:18plusieurs dizaines de milliers d'exploitations qui sont
10:20en danger, entre
10:2215% à 20%
10:24très rapidement, si rien n'est fait,
10:26il y en a de nombreuses qui sont en difficulté chronique.
10:28Vous avez dit tout ça à Michel Barnier
10:30que vous avez rencontré début octobre.
10:32Que s'est-il passé
10:34depuis ? Est-ce que vous avez perçu un changement,
10:36une volonté d'être beaucoup plus efficace
10:38de sa part ou pas ?
10:40Alors d'abord, ce qu'on a observé de la part du Premier ministre,
10:42c'est qu'il avait l'intention de reprendre les promesses
10:44qui avaient été faites avant lui,
10:46et qu'elles se sont traduites pour un certain
10:48nombre d'entre elles dans le projet de loi de finances,
10:50dans le budget que vont voter
10:52les parlementaires. Mais encore une fois, tant
10:54qu'il n'est pas voté, en tous les cas, le signe
10:56donné par le Premier ministre
10:58de prendre en compte un moment
11:00où c'est extrêmement compliqué sur le cadre
11:02budgétaire, chacun le sait,
11:04malgré tout, il a la volonté, sur la question
11:06agricole, d'essayer d'apporter des réponses
11:08qui avaient été des promesses, je le redis,
11:10et de faciliter la vie d'exploitation.
11:12Mais que s'est-il passé depuis ?
11:14À un moment où on se parle, le budget n'est
11:16pas voté, et donc
11:18sur ce sujet-là, on attend
11:20encore une fois les choses très
11:22concrètement. Il a aussi été très clair
11:24sur le Mercosur, je pense qu'on y
11:26reviendra, il connaît bien ses sujets,
11:28voilà, donc il est aujourd'hui,
11:30me semble-t-il, à l'écoute, mais encore une fois,
11:32ce qui intéresse les agriculteurs,
11:34c'est les résultats concrets dans leurs fermes,
11:36et au moment où on se parle, ils sont encore trop modestes.
11:38D'autres, toute
11:40la classe politique s'est emparée, évidemment, du sujet.
11:42Jordan Bardella, président
11:44du Rassemblement National, a expliqué
11:46que le pronostic vital de notre
11:48agriculture était en danger. D'abord, est-ce que vous
11:50reprendriez ce terme ? Et par
11:52ailleurs, quel est le rôle du
11:54Rassemblement National là-dedans ? On sait
11:56qu'ils essayent de s'implanter de plus en plus dans la coordination
11:58rurale, donc l'autre syndicat
12:00dont nous parlions tout à l'heure.
12:02Comment évaluez-vous cette
12:04immixtion du RN dans
12:06le jeu du syndicalisme agricole ?
12:08D'abord, le constat que la situation
12:10agricole est extrêmement difficile
12:12est fait par l'ensemble des partis
12:14politiques, RN compris.
12:16Est-ce que vous trouvez que c'est trop démagogique, le pronostic vital
12:18d'engager ce langage ?
12:20Sur la sémantique et les expressions,
12:22chacun porte les punchlines qu'il veut,
12:24comme on dit aujourd'hui. Moi, ce qui m'intéresse,
12:26c'est le résultat concret
12:28qui sera apporté au monde agricole. Quant
12:30à la position du Rassemblement
12:32National sur cette question,
12:34nous, nous l'avons dit à la FNSO et
12:36avec les GIA, nous avons au sein de nos
12:38adhérents des gens qui sont sur l'ensemble
12:40de l'échiquier politique. Et donc, il ne s'agit
12:42pas pour nous de faire ou d'être
12:44le relais de tel ou tel parti politique,
12:46nous avons des revendications très
12:48claires. Si le RN reprend
12:50un certain nombre de nos revendications à son compte,
12:52nous, évidemment,
12:54nous en sommes heureux.
12:56Mais ce qui compte pour nous, ce n'est pas
12:58d'être
13:00supporter de tel ou tel parti.
13:02Ce qui compte, c'est, encore une fois, la vision
13:04de cette souveraineté alimentaire et comment elle sera
13:06partée. Par exemple, on se réjouit
13:08que 600 parlementaires
13:10aient signé une tribune
13:12pour dire qu'ils étaient de tout
13:14hostile au Mercosur, venant
13:16de tous les partis politiques. Donc, les
13:18accointances de tel ou tel syndicat avec
13:20tel ou tel parti politique, ça n'est pas,
13:22en tous les cas, notre position à la FNSEA.
13:24Nous avons besoin de l'ensemble des parlementaires
13:26et à ce titre, j'ai rencontré
13:28un certain nombre de responsables du RN
13:30comme j'en rencontre de l'ensemble
13:32des partis politiques. – Vous discutez avec tout le monde dans les partis
13:34politiques puisque la tribune que vous évoquez, par exemple, a été
13:36portée par un élu écologiste.
13:38Aujourd'hui,
13:40écologiste, insoumis, RN,
13:42vous venez de l'évoquer, s'il frappe à votre porte,
13:44vous les recevez, ce sont tous des relais d'influence.
13:46– Écoutez, vous savez, d'abord,
13:48ils ont été élus par les Français, ils sont
13:50légitimes, ils sont parlementaires, ils votent
13:52le budget et les lois,
13:54et le rôle de la FNSEA, qui est un corps intermédiaire,
13:56c'est-à-dire qui représente une partie du monde
13:58agricole, c'est d'être ce relais
14:00auprès des parlementaires. Et donc, oui,
14:02nous voyons tout le monde, ce qui ne veut pas dire qu'on est
14:04d'accord avec les idées de tout le monde, mais nous le faisons
14:06sur une plateforme d'idées,
14:08de souhaits, de volontés,
14:10d'atteindre des objectifs qui sont partagés
14:12avec tous les partis politiques, et si certains sont d'accord
14:14avec ces objectifs et qu'ils nous aident, et bien c'est tant mieux.
14:16– Vous aviez reçu beaucoup de promesses
14:18de la part d'Emmanuel Macron, on se souvient d'ailleurs
14:20des images au Salon de l'agriculture, Gabriel Attal
14:22avait voulu s'engager à leur Premier ministre,
14:24beaucoup sur le dossier, et puis,
14:26ça n'a pas beaucoup avancé, dites-vous,
14:2836% des mesures
14:30appliquées pour le moment, c'est ce que vous expliquez
14:32dans un document, est-ce que
14:34vous en voulez à Emmanuel Macron
14:36d'avoir 10 sous ? L'Assemblée nationale,
14:38est-ce que c'est ça le grand problème, est-ce que c'est pour ça
14:40que ça traîne autant ? – D'abord,
14:42on s'était mis au travail au printemps, souvenez-vous,
14:44à la fois sur des mesures qui tiennent du réglementaire,
14:46donc que l'État peut prendre,
14:48un certain nombre de décrets, ensuite
14:50nous étions mis au travail sur une loi,
14:52souvenez-vous, cette fameuse loi d'orientation agricole
14:54dont on nous parle depuis deux ans et demi maintenant,
14:56loi qui est
14:58arrivée à l'Assemblée et qui d'ailleurs a été votée
15:00en première lecture par les députés.
15:02– Et ça c'est précisément à cause de la dissolution,
15:04d'un report au mois de janvier.
15:06– La dissolution a écarté
15:08de facto deux choses, alors reporter
15:10tout le volet législatif,
15:12et donc on sait aujourd'hui que cette loi
15:14d'orientation agricole dans sa lecture
15:16au Sénat reviendra en janvier,
15:18donc on a perdu beaucoup de temps.
15:20– Mais donc est-ce que le monde politique
15:22a été respectueux vis-à-vis de vous des engagements pris ?
15:24Parce qu'il savait très bien qu'il vous sacrifiait,
15:26vous les agriculteurs notamment, en décisant de dissoudre.
15:28– Cette décision appartient au chef de l'État
15:30qui a considéré qu'au regard de ce qui était
15:32le résultat des élections
15:34européennes, il souhaitait revenir
15:36devant le peuple.
15:38– Donc vous ne lui en voulez pas particulièrement.
15:40– Mais encore une fois, c'est la prérogative
15:42du chef de l'État, il a pris cette décision.
15:44Je ne suis pour ma part pas un homme politique,
15:46et donc j'ai constaté la volonté de repasser
15:48devant les Français, dont acte.
15:50Ce qui nous a ennuyés,
15:52c'est l'absence
15:54d'interface,
15:56puisqu'avec un gouvernement qui expédiait
15:58les affaires courantes pendant tout l'été,
16:00nous n'avions quasi pas d'interlocuteur.
16:02D'ailleurs, ce qui nous a ennuyés, c'est que la question
16:04européenne a été totalement obérée.
16:06Or, depuis le fameux 9 juin au soir,
16:08ce sujet européen qui est un sujet
16:10central pour l'agriculture française,
16:12parce que nombre de décisions,
16:14notamment les aspects budgétaires, se décident à Bruxelles.
16:16Et vous voyez qu'avant le 9 juin,
16:18on ne parlait pas du Mercosur, personne ne parlait
16:20du Mercosur pendant la campagne des Européennes,
16:22ni en France, ni dans les autres États membres.
16:24– Le Mercosur, peut-être juste pour préciser
16:26à ceux qui l'ont regardé, c'est le traité de libre-échange
16:28avec un certain nombre de pays d'Amérique du Sud.
16:30On y reviendra dans quelques instants.
16:32– Absolument, c'est un traité qui a vu
16:34ses fondements se discuter
16:36il y a 25 ans,
16:38et qui a été rediscuté
16:40en 2019 et qui revient
16:42de manière éclatante. – Mais on va y revenir
16:44dans quelques instants, mais sur la dissolution,
16:46ça a quand même renvoyé au calendre grec,
16:48si j'ose dire, un certain nombre de promesses.
16:50Le débat budgétaire ne s'est pas fait
16:52dans les conditions habituelles,
16:54la loi d'orientation agricole
16:56renvoyée en janvier,
16:58un nouvel égalime pour régir
17:00les discussions avec les distributeurs
17:02qui devaient avoir lieu à l'été,
17:04ça a disparu. – Mais c'est la raison pour laquelle
17:06les agriculteurs, à partir de cet après-midi,
17:08seront à nouveau mobilisés. – Oui.
17:10C'est aussi la faute du 9 juin.
17:12– La faute, en tous les cas, ce serait un peu trop court.
17:14– La conséquence. – Me semble-t-il.
17:16Ça n'a pas facilité l'accélération
17:18et la compréhension de résultats importants.
17:20Je le redis, la situation
17:22d'urgence est telle qu'on ne peut pas
17:24attendre trop longtemps,
17:26je vois bien qu'entre le temps politique
17:28et la réalité économique de ce que vive un certain nombre
17:30d'agriculteurs, il y a aujourd'hui un fossé
17:32qui est en train de se creuser, on a besoin d'aller vite.
17:34– Arnaud Rousseau, vous dites 36% uniquement
17:36des engagements pris par le gouvernement Attal
17:38ont été mis en œuvre, les équipes de Matignon
17:40de l'époque disent mais on en a quand même fait
17:42beaucoup et on verra peut-être à l'antenne
17:44tout ce qui a pu être annoncé par
17:46Gabriel Attal au cours
17:48de ces quelques semaines,
17:50alors ça c'était uniquement entre le mois de
17:52février et le mois de juillet,
17:54depuis Michel Barnier a annoncé
17:56un train de nouvelles mesures,
17:58des allègements de charges et de fiscalité, un nouveau fonds d'urgence
18:00pour les éleveurs, des prêts garantis
18:02par l'État à des taux réduits,
18:04un contrôle administratif unique, je me mets
18:06à la place des français qui le regardent et qui se disent
18:08mais tout de même aucune autre profession
18:10n'a bénéficié d'autant d'attention
18:12en si peu de temps,
18:14quand on égrène toutes les aides
18:16qui ont été annoncées en neuf mois,
18:18est-ce que vous comprenez que certains se disent
18:20finalement les agriculteurs sont peut-être des
18:22privilégiés, et qu'est-ce que vous leur répondez ?
18:24D'abord je doute que les français considèrent
18:26que les agriculteurs sont des privilégiés parce qu'ils savent
18:28quelle est la situation de l'agriculture française
18:30et je me réjouis du soutien.
18:32Il n'y a pas un traitement différencié, ou peut-être,
18:34dites-vous, il est mérité, parce que c'est ce qu'il y a
18:36dans l'assiette des français.
18:38C'est exactement ça, c'est qu'aujourd'hui,
18:40si nous en sommes là, c'est parce que tout le monde comprend
18:42que l'agriculture française,
18:44si elle n'est pas soutenue, si elle n'est pas
18:46accompagnée dans le moment dans lequel nous sommes,
18:48risque de disparaître.
18:50Et tous les secteurs économiques ont des problématiques.
18:52En tous les cas, pour ce qui nous concerne,
18:54on a eu un certain nombre d'annonces, mais permettez-moi
18:56de prendre un exemple concret.
18:58Quand le Premier ministre, M. Attal, a dit
19:00qu'il faut des aides à la trésorerie,
19:02nous le demandions, et il a été dit
19:04à l'époque par le ministre de l'Agriculture,
19:06M. Feynaud, qu'elles feront l'objet d'un accompagnement
19:08par la BPI, et donc le ministère a dit
19:10que ce travail est fait.
19:12La réalité, au moment où on se parle,
19:14c'est que pas un seul centime de prêts
19:16n'a été opéré.
19:18La ministre de l'Agriculture, Mme Genevard...
19:20Vous nous dites, des avances de trésorerie
19:22vous ont été annoncées, et aujourd'hui,
19:24on est six mois plus tard,
19:26huit mois plus tard même,
19:28pas un centime n'est arrivé sur les pièces
19:30des agriculteurs. C'est exactement ce que je vous dis.
19:32C'est que cette promesse d'un accompagnement
19:34entre les trésoreries avec le soutien de la BPI
19:36qui avait été fait par le gouvernement Attal,
19:38confirmé par le ministre Feynaud,
19:40n'a pas vu le jour. Pas un seul prêt,
19:42pas un seul centime. Là,
19:44Mme Genevard, ministre de l'Agriculture
19:46et de la Souveraineté Alimentaire
19:48et de la Forêt, a annoncé des prêts.
19:50C'est une bonne nouvelle,
19:52qui va dans le bon sens.
19:54Pourquoi ça ne se fait pas ?
19:56Je vous demanderai au gouvernement.
19:58Je sais qu'il y a eu des discussions entre
20:00l'État et les banques. Ce qui bloquait,
20:02c'est qu'il n'y avait pas les fonds qui étaient mis en face.
20:04Aujourd'hui, ce qu'on a demandé,
20:06c'est qu'on puisse avoir des prêts bonifiés
20:08dans lesquels l'État accompagne,
20:10les banques font un effort,
20:12et je veux le souligner...
20:14Les prêts, finalement, ne sont pas alloués.
20:16Vous n'avez pas besoin de plus d'enveloppes,
20:18mais déjà que celles qui vous ont été promises soient versées.
20:20Absolument. Vous savez, ce qu'attend l'agriculteur
20:22qui a un problème de trésorerie,
20:24qui ne sait pas comment il va passer l'hiver,
20:26c'est d'obtenir ce prêt.
20:28Soit il est sur son compte et peut payer ses factures
20:30et commander ce dont il a besoin pour faire fonctionner sa ferme,
20:32soit il ne l'a pas. C'est blanc ou c'est noir.
20:34Le reste, ce sont des discussions.
20:36Puisqu'il a déjà eu des promesses au printemps
20:38qui n'ont pas été tenues,
20:40vous comprendrez qu'il a une forme de méfiance
20:42et donc, pour être honnête et objectif,
20:44nous avons regardé ce qui avait été obtenu
20:46concrètement, et nous considérons
20:48aujourd'hui que c'est de l'ordre de 35%
20:50qui avait été promis et qui est
20:52réalisé. Le reste, je ne dis pas
20:54que rien n'a été fait, je dis que c'est sur la table,
20:56mais qu'au moment où nous nous parlons,
20:58ça n'est pas encore concret.
21:00Dans quelques instants, Arnaud Rousseau,
21:02vous nous expliquerez pourquoi est-ce que
21:04l'agriculture française craint autant cet accord
21:06avec l'Amérique du Sud,
21:08avec un ensemble de pays d'Amérique du Sud,
21:10est-ce que c'est le dernier clou sur le cercueil
21:12de l'agriculture française ?
21:14Vous nous répondrez. On se retrouve dans quelques instants.
21:16Arnaud Rousseau.
21:18...
21:20...
21:22...
21:24...
21:26...
21:28...
21:30...
21:32BFM TV, BFM politique.
21:34Nella Latrousse.
21:36Avec Arnaud Rousseau,
21:38président de la FNSEA,
21:40le premier syndicat agricole.
21:42Une question de Yves qui nous regarde.
21:44Arnaud Rousseau, pourquoi les agriculteurs
21:46des autres pays ne manifestent-ils pas ?
21:48J'imagine que la question d'Yves
21:50fait référence à cet accord,
21:52le Mercosur,
21:54ce projet de traité avec le Mercosur,
21:56traité de libre-échange avec
21:58des pays d'Amérique du Sud, c'est vrai ?
22:00L'hiver dernier, on avait vu des agriculteurs
22:02manifester un peu partout en Europe. Pourquoi pas cette fois ?
22:04Alors d'abord,
22:06cette question d'Yves est une très bonne question.
22:08Ils ne manifestent pas encore.
22:10Et je le dis parce que
22:12depuis dix jours, nous sommes en contact
22:14permanent avec nos homologues
22:16des autres syndicats européens.
22:18Nous sommes réunis dans un syndicat qui s'appelle
22:20le COPPA et qui siège à Bruxelles,
22:22avec aussi les représentants
22:24des coopératives.
22:26Et je peux vous dire que la semaine dernière,
22:28nous avons pris une position commune
22:30dans tous les pays d'Europe pour dénoncer cet accord,
22:32y compris dans les pays dont les gouvernements
22:34souhaitent signer cet accord.
22:36Je pense à l'Allemagne, je pense à l'Espagne.
22:38Est-ce que ça veut dire que vous manifesterez à Bruxelles, notamment ?
22:40Non, ça n'est pas prévu à ce stade.
22:42Mais nous ne l'empêchons pas.
22:44À Bruxelles ou à Strasbourg, d'ailleurs.
22:46Mais je peux vous dire
22:48qu'il est fort probable
22:50qu'un certain nombre d'autres pays
22:52européens, en tous les cas sur le plan agricole,
22:54se mettent en action dans les semaines qui viennent
22:56ou dans les jours qui viennent. Et pourquoi les Français
22:58sont les premiers ? Parce que la France est le premier
23:00pays agricole européen.
23:02Nous sommes les premiers exposés
23:04à ce sujet de cette
23:06Europe passoire qui, sur le plan du commerce,
23:08fait preuve de naïveté. Et le Mercosur
23:10étant la cerise sur le gâteau
23:12de ce que nous ne voulons pas
23:14déguster comme dessert.
23:16Pour expliquer ce qu'est cet accord
23:18avec le Mercosur. D'abord, le Mercosur,
23:20c'est le marché commun entre plusieurs pays
23:22d'Amérique du Sud, l'Argentine, le Brésil,
23:24l'Uruguay, le Paraguay
23:26et la Bolivie.
23:28L'idée du traité qui doit être signé,
23:30c'est que l'Europe
23:32puisse,
23:34on le voit
23:36à l'antenne, exporter
23:38des voitures et exporter éventuellement
23:40du vin, des machines
23:42vers cette zone de libre-échange
23:44d'Amérique du Sud. Et qu'à l'inverse,
23:46le Mercosur puisse
23:48exporter vers l'Union Européenne
23:50des produits
23:52pas chers comme le bœuf, le sucre,
23:54la volaille notamment,
23:56avec des droits de douane préférentiels
23:58voire supprimés.
24:00Les agriculteurs français,
24:02premier pays producteur en Europe,
24:04vous venez de le rappeler, craignent
24:06tout simplement l'effacement
24:08de ce que l'on produit ici en France
24:10juste pour avoir un ordre d'idée à Arnaud Rousseau
24:12sur la viande par exemple.
24:14Si on prend un exemple d'un
24:16steak haché basique que les
24:18Français consomment, trouvent
24:20dans leur supermarché ou ailleurs.
24:22Combien coûte un kilo
24:24de steak haché aujourd'hui ? Et en face,
24:26combien ça coûterait si ce traité
24:28est signé ?
24:30Je vais d'abord vous parler de la production.
24:32Le rôle de l'agriculteur, ce n'est pas le prix de la viande
24:34au consommateur, même si on parlera tout à l'heure
24:36de la relation avec les grandes distributions.
24:38Aujourd'hui en France, pour prendre l'exemple
24:40de la viande bovine, on consomme
24:421 500 000 tonnes, les Français
24:44consomment 1 500 000 tonnes de viande bovine
24:46dont un peu plus de 400 000 tonnes
24:48fait déjà l'objet
24:50d'importation. Donc au moment où on
24:52se parle, c'est près de 25% de notre
24:54viande bovine qui est importée.
24:56Notre modèle de production de viande bovine en France,
24:58c'est un modèle qui est essentiellement produit
25:00avec de l'herbe, dans des
25:02prairies. Ça n'est pas
25:04le modèle d'autres pays
25:06qui par ailleurs peuvent avoir
25:08d'autres modèles, ce n'est pas un sujet, mais surtout
25:10qui sont produits
25:12dans des conditions qui ne sont pas autorisées en Europe.
25:14Et je voudrais être très concret.
25:16Notamment dans un certain nombre de pays du Mercosur,
25:18on produit
25:20de la viande bovine avec des hormones
25:22de croissance. C'est interdit
25:24en Europe. Et, ce n'est pas moi qui le dis,
25:26c'est une enquête de la Direction Générale
25:28de la Santé Européenne qui est parue
25:30la semaine dernière, et qui dit que des
25:32traces d'une hormone
25:34qu'on appelle l'œstradiol 17
25:36bêta, a été retrouvée dans de la viande
25:38d'importation. Vous voyez, ça,
25:40ça pose un problème. Je vais être très clair.
25:42On l'importe déjà, c'est ce que vous dites.
25:44D'abord, on n'est pas d'accord
25:46depuis le début pour importer des produits
25:48qui ne correspondent pas à nos standards
25:50européens. Ce que je veux vous expliquer,
25:52c'est que ça n'est pas un problème de
25:54commercer. Et je ne voudrais pas qu'on tombe dans
25:56la facilité de dire qu'il faut fermer les frontières,
25:58qu'on ne fait plus de commerce.
26:00D'abord, parce qu'il peut y avoir des intérêts offensifs
26:02de toutes parts. Ensuite, parce qu'aujourd'hui,
26:04par exemple, l'Europe a besoin
26:06du soja brésilien, pour
26:08peu qu'on vérifie qu'il ne soit pas déforestant
26:10et qu'il n'y a pas de traçabilité au moment où on se parle.
26:12Ce qu'on veut, c'est un commerce qui soit
26:14faire. Et nous, ce qu'on dit, c'est que...
26:16Et je veux être très clair, parce que j'entends
26:18des choses qui laisseraient à penser qu'on peut y avoir
26:20une forme de négociation. Sur le volet
26:22agricole du Mercosur,
26:24tel qu'il est proposé, pour nous,
26:26c'est non. Ce n'est pas non,
26:28mais oui, peut-être, c'est non.
26:30Il n'y a rien à améliorer, vous dites, c'est non.
26:32Cet accord agricole, tel qu'il est
26:34aujourd'hui, c'est non.
26:36Vous dites tel qu'il est aujourd'hui.
26:38C'est l'assumé. Mais tel qu'il est aujourd'hui,
26:40si demain on nous explique qu'on a un accord dans lequel
26:42il y aura à la fois le respect des accords
26:44de Paris, à la fois la traçabilité,
26:46pas de matières actives qui sont
26:48interdites en Europe, ne nous fermons pas
26:50la possibilité de faire du commerce.
26:52Avec le Brésil ou avec d'autres pays du monde.
26:54Et la France en a besoin, je le redis.
26:56Y compris parce que nous avons des intérêts
26:58offensifs quand on parle des céréales,
27:00quand on parle des produits laitiers,
27:02quand on parle des vins et des spiritueux,
27:04mais ne le faisons pas dans des conditions qui ne respectent
27:06pas le cadre qu'on impose aux Européens.
27:08Nous ne voulons pas d'une agriculture
27:10importée qui ne reste pas nos standards.
27:12N'importons pas l'agriculture dont nous ne voulons pas.
27:14Et dans le même temps, je vous écoute
27:16assidûment Arnaud Rousseau, vous dites
27:181 500 000 tonnes aujourd'hui de viande
27:20consommée en France, là on parle
27:22d'un accord qui porterait sur à peine 100 000 tonnes
27:24de viande. Non mais attendez,
27:26oui, cumulatif,
27:28à droit nul, dans des conditions
27:30de production qui ne respectent pas nos standards.
27:32Et ce qui est important c'est de regarder l'effet
27:34cumulatif. Non mais ça c'est l'argument
27:36qui nous est opposé en disant
27:38que ce soit 99 000 tonnes de viande bovine
27:40ou 180 000 tonnes de poulet,
27:42c'est une goutte d'eau plus de l'éthanol, plus du maïs.
27:44Mais le sujet, c'est la goutte d'eau
27:46plus la goutte d'eau plus la goutte d'eau qui rend
27:48les choses imbuvables.
27:50Et encore une fois, ça pourrait être même
27:5210 tonnes si c'est produit
27:54dans des conditions qui ne respectent pas le cadre.
27:56Moi je suis désolé mais
27:58au moment où nos auditeurs,
28:00les gens qui regardent cette émission
28:02sont à table le dimanche peut-être en train de
28:04manger un poulet en famille,
28:06je doute qu'ils aient envie d'un poulet aux hormones
28:08avec des antibiotiques accélérateurs
28:10de croissance. La flavomycine
28:12par exemple, interdite en Europe
28:14depuis 2006,
28:16qu'on continue à faire entrer, que l'Europe ne contrôle pas,
28:18qu'elle contrôlera peut-être à partir de 2026,
28:20je suis désolé, mais ça pour nous
28:22c'est non. Et moi j'ai cru comprendre
28:24que les Français nous soutenaient sur ce sujet.
28:26Donc oui à faire du commerce,
28:28pour peu qu'il soit loyal, non
28:30à ce type de pratique. Même le président
28:32de la République est d'accord avec vous,
28:34c'est-à-dire qu'il est très opposé à ce traité,
28:36il le dit, mais vous savez que le combat
28:38est très mal engagé néanmoins,
28:40parce que la France au niveau européen est isolée
28:42dans son combat contre le Mercosur. Il y a
28:44beaucoup de pays qui pour des raisons industrielles le souhaitent,
28:46pour expliquer à ceux qui nous écoutent,
28:48comme par exemple l'Allemagne, l'Espagne ou l'Italie.
28:50Si ce traité est malgré tout
28:52signé parce que la France est trop seule,
28:54est-ce que c'est un test
28:56pour le leadership
28:58de la France en Europe ? Est-ce que ça veut dire
29:00que nous avons perdu le poids
29:02que nous avions avant ? Il faut rappeler qu'aucune
29:04décision importante concernant
29:06le traité européen n'a été prise avant
29:08si la France s'y opposait.
29:10Au moment où nous sommes,
29:12il n'y a pas d'esprit de recul et on veut
29:14mener la bataille. Certes,
29:16ce sera sûrement très difficile,
29:18mais voyez-vous, pour nous, c'est une question
29:20de survie. Et moi, je l'entends
29:22que d'autres pays aient des intérêts offensifs.
29:24Vous parliez des voitures, de l'industrie, des machines-outils,
29:26peut-être des technologies,
29:28je l'entends. Mais pour les agriculteurs
29:30européennes, c'est pas possible.
29:32Je vous l'ai dit, tous les agriculteurs
29:34européens sont alignés.
29:36Mais la question concrète, c'est que pouvons-nous faire ?
29:38Très bien, on vous entend, mais que peut faire
29:40Emmanuel Macron pour bloquer ce texte, alors ?
29:42Écoutez, d'abord, tenter
29:44de convaincre un certain nombre d'autres États membres européens.
29:46L'Italie, à ce stade,
29:48n'a pas encore donné sa position.
29:50L'Espagne et l'Allemagne ont dit très clairement
29:52qu'ils souhaitaient que cet accord soit signé,
29:54mais l'Italie n'est pas très claire encore et peut-être
29:56pourra-t-on la ramener vers nous.
29:58Idem pour la Pologne.
30:00En tous les cas, c'est ce travail de conviction
30:02qu'il faut faire dans les semaines qui viennent.
30:04Je le dis aussi parce que
30:06en Allemagne, nous voyons bien que
30:08la coalition est en train
30:10de modifier
30:12les lignes politiques, donc ce combat,
30:14nous devons le mener. Si l'Europe
30:16décidait d'arbitrer la France,
30:18vous avez raison de dire que ce serait
30:20une première. Pour le moment, nous,
30:22nous sommes dans la bataille, donc je ne me positionne pas
30:24dans cette option, mais si
30:26au terme de la bataille, l'Europe
30:28devait s'asseoir sur la position de la France,
30:30ce serait inédit,
30:32vous l'avez dit, et je crois que ce ne serait pas
30:34une bonne nouvelle pour la construction européenne, parce que moi,
30:36je voudrais rappeler une chose. Je voudrais rappeler que
30:38la construction européenne, c'était le marché unique,
30:40c'était le marché intérieur,
30:42c'était la compétitivité, c'était
30:44l'harmonisation des conditions
30:46fiscales, sociales, environnementales
30:48en Europe. Tout ce qui est
30:50tout ce que promeut
30:52cet accord, c'est le
30:54contraire. Moi, il me semble
30:56que de détruire cette vision commune européenne,
30:58et je rappelle que la FNSA est pro-européenne,
31:00mais pas une Europe
31:02qui est d'une naïveté totale et qui ouvre ses frontières.
31:04Une Europe qui nous construit un avenir commun
31:06au moment où on voit bien que sur le plan géopolitique,
31:08l'Europe va avoir besoin de se resserrer. Et donner
31:10le signal que la France, finalement,
31:12serait arbitrée me paraît extrêmement dangereux,
31:14même si je respecte, encore une fois,
31:16la place de nos autres partenaires européens.
31:18Question complémentaire là-dessus, vous disiez,
31:20vous parliez de la construction européenne, elle s'est aussi
31:22faite par des coups d'éclat, comme
31:24le général De Gaulle avec la politique de la chaise vide.
31:26Est-ce que, dans les années 60,
31:28est-ce que le président de la République,
31:30dont on sait, en plus, la situation
31:32politique difficile au plan national,
31:34est-ce qu'il doit aller jusqu'à
31:36en faire de même, dans son bras de fer,
31:38sur le sujet du Mercosur,
31:40c'est-à-dire appliquer la politique
31:42de la chaise vide ? Écoutez, c'est sa responsabilité
31:44et, encore une fois... Est-ce que vous l'appelez à le faire ?
31:46Non, mais nous, on a mobilisé
31:48l'ensemble des
31:50pouvoirs publics français. Moi, je me réjouis de voir
31:52que le président de la République a été très clair
31:54pour dire que nous ne signerons pas
31:56cet accord en l'État. Je crois que le
31:58Premier ministre a été extrêmement clair, le gouvernement
32:00aussi, le monde agricole l'est,
32:02les parlementaires
32:04de tous bords politiques le sont,
32:06et l'opinion publique est avec nous. Écoutez,
32:08il n'y a pas tant d'occasion, en ce moment, en France,
32:10d'avoir une telle unité nationale
32:12sur un sujet. À vous entendre,
32:14s'il n'y a pas de minorité de blocage
32:16en Europe suffisante pour bloquer cet accord,
32:18on vous appelait même à ne pas
32:20appliquer cet accord, si jamais il est signé,
32:22malgré nous.
32:24Attendez, encore une fois, vous poserez
32:26la question au gouvernement français. Nous,
32:28on a dit très clairement qu'au moment, on était dans la bataille
32:30et on faisait tout pour essayer de ramener sur une position
32:32qu'on considère être la position
32:34d'avenir de la production agricole
32:36européenne, pour faire en sorte que
32:38d'autres pays aient
32:40conscience que le sujet de la souveraineté
32:42alimentaire et de la capacité à continuer à
32:44produire notre alimentation est central.
32:46Juste un chiffre,
32:4850% de notre alimentation en France aujourd'hui
32:50est déjà importée. Que se passera-t-il
32:52le jour où, pour
32:54une raison que nous ignorons aujourd'hui de géopolitique,
32:56on se retrouvera en difficulté ?
32:58Je crois que ça n'est pas responsable de jouer ça.
33:00Maintenant, je ne crois pas que la France
33:02ait envie d'être
33:04celui qui scie la branche
33:06européenne sur laquelle nous sommes collectivement assis.
33:08Mais enfin, force est de constater qu'il faudra mener
33:10bataille. Et cette bataille, pour la gagner,
33:12il faut l'engager. En France, je crois que
33:14nous sommes tous très alignés. Maintenant, faisons
33:16la bataille pour convaincre nos partenaires, pour ce qui
33:18concerne la FNSA et ses partenaires agricoles.
33:20Nous avons mené cette bataille. Nous avons une position
33:22commune qui, encore une fois, est opposée.
33:24Je le dis, le syndicat espagnol est opposé,
33:26le syndicalement est opposé. Faisons
33:28en sorte que nous soyons capables de convaincre
33:30des chefs d'État et de gouvernement de nous rejoindre sur cette position.
33:32Arnaud Rousseau, question un peu provocatrice de Thierry
33:34qui nous regarde. Si tout se passe
33:36au niveau européen et si en France
33:38tout le monde est d'accord, pourquoi prendre en otage
33:40les Français, vous dit-il, et non les institutions européennes ?
33:42Je pense que Thierry réagit au fait que
33:44vous ayez dit qu'il n'y aurait pas de manifestation à Bruxelles.
33:46Peut-être pas à ce stade.
33:48Encore une fois, je voudrais dire à Thierry
33:50et à tous ceux qui nous écoutent que notre
33:52objectif n'est pas ni de bloquer
33:54ni de nuire, ni d'ennuyer.
33:56Je viens de vous le dire, nous avons une unité nationale
33:58encore une fois peu commune
34:00sur un sujet sur lequel, je crois,
34:02nous avons envie de nous battre.
34:04Évidemment, notre cible sur ce sujet
34:06de l'Europe passoire, c'est Bruxelles.
34:08Vous avez compris que nous avions d'autres sujets.
34:10Mais ça commence par le blocage de l'AN118.
34:12Vous aviez dit pas de blocage.
34:14Non mais ils sont en droit de douter
34:16sur le fait d'être finalement très ennuyés.
34:18Je vous explique les raisons pour lesquelles
34:20la FDSA d'Île-de-France a choisi l'AN118.
34:22C'est parce qu'il se trouve qu'elle est au pied
34:24de Villacoublay et que Villacoublay, c'est l'aéroport
34:26duquel décolle le chef de l'État
34:28quand il va là-bas.
34:30Il se trouve qu'il est parti hier parce qu'il a prévu
34:32un passage en Argentine. Je redis que
34:34l'AN118 ne sera pas bloqué
34:36puisqu'il y a une voie sur le côté
34:38que je suis moi-même allé reconnaître
34:40et qui fait qu'on continue à recirculer.
34:42On a besoin de faire passer des messages
34:44à Mandi Natalaya. Et ce message, c'est qu'au moment
34:46où le chef de l'État a quitté la France
34:48pour aller au G20 au Brésil,
34:50il faut qu'il soit conscient
34:52que nous sommes derrière lui pour pas qu'il y ait
34:54d'esprit de recul et pour qu'on obtienne des résultats.
34:56Arnaud Rousseau, vous dites à plusieurs reprises
34:58depuis le début de cette émission, l'opinion publique
35:00nous soutient, les Français
35:02connaissent nos difficultés, nous soutiennent,
35:04comprennent notre combat.
35:06Au fond, si l'accord
35:08avec le Mercosur
35:10était en vigueur, il y aurait certes des productions
35:12d'Amérique du Sud sur nos étals,
35:14mais les consommateurs,
35:16vous pouvez aussi leur lancer un appel et dire
35:18consommez français. Vous ne leur faites pas confiance,
35:20vous pensez que si cet accord est signé,
35:22les consommateurs iront massivement
35:24se jeter sur les productions d'Amérique du Sud ?
35:26Alors, je ne le crois pas, non,
35:28mais il y a un sujet sous-jacent qui est
35:30l'étiquetage et l'origine des produits.
35:32Pour la viande bovine,
35:34c'est une obligation aujourd'hui,
35:36mais pour tout un tas de produits, ça n'est pas une obligation.
35:38Merci de me tendre la perche,
35:40mais nous sommes aussi très favorables
35:42à ce que, dans tous les produits,
35:44qu'ils soient bruts ou transformés,
35:46on puisse aussi travailler sur l'étiquetage
35:48pour que le consommateur puisse acheter
35:50en connaissance de cause
35:52un produit qu'il souhaite consommer.
35:54Et je le dis aussi, on peut
35:56avec volonté
35:58acheter des produits
36:00italiens, espagnols, qui sont de qualité,
36:02donc ne laissons pas penser non plus
36:04qu'il n'y a que les Français qui travailleraient correctement,
36:06mais simplement, je crois que le consommateur
36:08veut le faire en connaissance de cause,
36:10et si certains consommateurs veulent acheter
36:12du poulet brésilien, ils seront libres de le faire.
36:14Je n'avais pas compris que c'était ça
36:16leur volonté. On en a parlé,
36:18Michel Barnier, Premier ministre,
36:20est-ce que c'est un allié pour vous,
36:22compte tenu de son parcours ?
36:24Il a été ministre de l'Agriculture,
36:26ministre de l'Écologie, commissaire européen.
36:28Est-ce que vous voyez
36:30en sa personnalité, en son parcours,
36:32le fait qu'il puisse être
36:34peut-être un meilleur défenseur de vos intérêts
36:36que ses prédécesseurs ?
36:38D'abord, le constat, c'est que
36:40le Premier ministre, M. Barnier, connaît bien
36:42le fonctionnement des institutions européennes,
36:44et dans le moment dans lequel on est, avec la bataille qui s'engage,
36:46évidemment, c'est un atout d'avoir
36:48quelqu'un qui connaît bien les arcanes et le fonctionnement
36:50des institutions européennes, y compris des équilibres
36:52politiques et des endroits où il faut appuyer
36:54pour essayer de faire avancer le dossier.
36:56C'est un avantage. Il se trouve que, par ailleurs,
36:58M. Barnier a été ministre de l'Agriculture
37:00il y a maintenant une quinzaine d'années,
37:02mais qu'il connaît les grands enjeux
37:04de l'agriculture française, et ce qui
37:06ne nuit pas. Ensuite,
37:08il a eu des propos, me semblait-il, très clairs,
37:10y compris encore, il y a 48 heures,
37:12sur sa volonté d'accompagner l'agriculture.
37:14Il y a des marges de manœuvre ?
37:16Ça, c'est le sujet. Évidemment,
37:18le sujet budgétaire, le sujet européen,
37:20je ne connais pas, en tous les cas,
37:22il me semble qu'il est mieux placé
37:24que moi pour connaître ce que sont les marges de manœuvre,
37:26et surtout, comment il veut rendre ses arbitrages,
37:28ce que je constate, jusqu'à maintenant,
37:30dans la situation difficile dans laquelle se trouve
37:32la France sur le plan budgétaire, c'est que la ministre,
37:34Mme Genevard,
37:36a plutôt été accompagnée
37:38pour gagner ses arbitrages auprès du Premier ministre,
37:40et pour nous, c'est plutôt une bonne nouvelle.
37:42Un autre sujet, Arnaud Rousseau, c'est aura-t-il le temps,
37:44Michel Barnier, de mener à bien
37:46ces dossiers, parce que
37:48le Rassemblement national, par exemple,
37:50dit qu'il n'est pas
37:52complètement opposé à l'idée de faire une motion
37:54de censure après le budget,
37:56la gauche, pareil, est favorable à une motion de censure
37:58aussi vite que possible.
38:00Est-ce que vous, vous souhaitez qu'il reste
38:02pour avoir une vision pérenne
38:04de ces dossiers, et vous dites à ceux qui voudraient
38:06des motions de censure,
38:08laissez-nous travailler ?
38:10D'abord, le président de la FNSOA, que je suis modestement,
38:12n'a pas la main sur les parlementaires,
38:14sur les objets de motion de censure.
38:16Vous pouvez lancer des appels.
38:18Ne vous inquiétez pas, je vais être très clair.
38:20Nous disons que depuis le début de l'année,
38:22un certain nombre de promesses qui nous ont été faites
38:24n'ont pas été tenues, notamment
38:26cette loi d'orientation agricole,
38:28dont je rappelle qu'on nous en parle
38:30depuis deux ans,
38:32qui avait été votée, donc même si
38:34on la considérait comme incomplète,
38:36en tous les cas, elle avait un certain nombre
38:38d'éléments qu'on voulait voir validés,
38:40et qu'elle était suspendue.
38:42Là, le Premier ministre nous a dit
38:44qu'on la reprendra sans délai, c'est ce qu'il a dit,
38:46mais sans délai sur le plan législatif,
38:48ce n'est pas avant le mois de janvier.
38:50Vous voyez bien là encore le décalage
38:52entre la compréhension par l'agriculteur
38:54et la réalité du temps législatif,
38:56puisque ça arrivera rapidement
38:58après la fin du projet de loi de finances.
39:00Si M. Barnier,
39:02parce que son gouvernement
39:04serait démis après une motion de censure,
39:06voyait un autre Premier ministre
39:08qui ne reprenait pas les éléments,
39:10pour nous ce serait à nouveau des délais,
39:12une incompréhension, et vous voyez bien
39:14le degré d'urgence... – Vous avez besoin de stabilité, vous le dites clairement.
39:16– Oui, mais nous on a besoin que des décisions
39:18soient prises, encore une fois,
39:20les parlementaires décideront de ce
39:22qu'ils souhaitent faire, nous on a besoin de décisions
39:24du gouvernement, que ce soit celui
39:26de M. Attal avant, que ce soit celui de M. Barnier
39:28aujourd'hui, pour que les réalités des cours
39:30de ferme, qui sont d'une urgence absolue
39:32comme je l'ai indiqué, puissent voir
39:34des solutions apportées. Je vous ai donné l'exemple
39:36du prêt qui me semble assez parlant,
39:38il y a d'autres mesures qui sont attendues.
39:40– Je vais me permettre de vous demander d'être encore plus clair,
39:42Anne Rousseau, si Michel Barnier
39:44était renversé par une censure
39:46et que nous vivions le même scénario
39:48que celui de l'été dernier, c'est-à-dire
39:50plusieurs semaines d'un gouvernement démissionnaire,
39:52plusieurs jours
39:54pour trouver le nom de celui qui
39:56entrerait à Matignon, et plusieurs jours encore
39:58pour composer un gouvernement, pour vous,
40:00ce ne serait pas une bonne chose.
40:02– Non seulement pas une bonne chose,
40:04mais une catastrophe, et mon propos n'est pas politique,
40:06ce n'est pas un propos de soutien à M. Barnier ou quelque soit.
40:08L'été qu'on a passé avec l'absence
40:10de responsables gouvernementaux
40:12à l'action, c'est-à-dire des gens qui étaient dans leurs bureaux
40:14pour expédier les affaires courantes, a été
40:16une catastrophe. Je rappelle que si
40:18nous avions eu un gouvernement normal,
40:20les ministres de l'agriculture auraient été
40:22sur le terrain tous les deux jours.
40:24Ça n'a pas été le cas, il n'y avait personne en face.
40:26Je crois que c'est vrai pour l'agriculture, je crois que c'est vrai
40:28pour d'autres. Ce qui est attendu du gouvernement,
40:30c'est qu'ils agissent. Ce que nous attendons
40:32des parlementaires, c'est qu'ils agissent.
40:34– On parle de la pérennité de ce gouvernement,
40:36son prochain horizon, c'est l'adoption
40:38du budget. Dans le cadre
40:40des débats, il y a eu
40:42l'adoption d'une taxe
40:44sur les importations de bovins
40:46grâce à un soutien
40:48de la gauche et du RN. Est-ce que
40:50vous demandez à Michel Barnier
40:52de garder le principe
40:54de cette taxe
40:56dans le budget ? – C'est un amendement
40:58symbolique, si le maire Caussure venait
41:00à signer avec l'Union Européenne
41:02ce traité de libre-échange. – Vous approuvez.
41:04En tous les cas, tout ce qui concourt,
41:06d'abord, je le redis, parce que dans le projet initial,
41:08il y a un certain nombre de mesures qui ont été reprises
41:10par le Premier ministre et qui vont dans le bon sens
41:12et on s'en réjouit.
41:14Il n'y a peu qu'encore une fois, ce soit voté
41:16à terme. Donc ça, je le dis
41:18parce que ce sont y compris des efforts
41:20budgétaires qui sont réalisés dans un moment
41:22où j'ai compris que le Premier ministre cherchait
41:24des économies partout et donc nous sommes
41:26conscients de l'effort qui est fait
41:28au profit de l'agriculture, encore une fois,
41:30si ça va à son terme. Ensuite,
41:32les parlementaires font un certain
41:34nombre d'amendements. Tous les amendements
41:36qui permettent à l'agriculture
41:38d'être
41:40facilitée, protégée,
41:42encadrée,
41:44vis-à-vis de concurrence déloyale,
41:46nous paraissent intéressants.
41:48Maintenant, je suis
41:50un petit peu méfiant
41:52sur le fait des rétorsions
41:54qui pourraient arriver. Je le dis aussi,
41:56nous sommes inquiets de ce qui va se passer
41:58avec l'arrivée de M. Trump aux Etats-Unis.
42:00Nous avons vu que sur des sujets qui n'ont rien
42:02à voir avec l'agriculture, je pense
42:04aux mesures européennes, sur la taxation
42:06des batteries sur les véhicules électriques
42:08arrivant de Chine, les rétorsions sont
42:10pour l'agriculture. Les producteurs de cognac
42:12et d'armagnac aujourd'hui sont les victimes collatérales
42:14de ce type de décision. Donc, tout ce qui
42:16va dans le sens d'une protection
42:18de la production agricole est
42:20plutôt quelque chose qui nous convient. Attention
42:22malgré tout aux effets collatéraux
42:24et je le dis notamment en termes de commerce.
42:26Je fais un pas de côté. Il y a effectivement des allégements
42:28de charges pour les agriculteurs. Il y a de l'autre côté
42:30des réductions d'allègements de charges pour les entreprises,
42:32réduction aussi des aides à l'apprentissage.
42:34Est-ce que ça, ça a un effet sur les agriculteurs
42:36ou pas ? Est-ce qu'on vous donne d'une main ce qu'on retire de l'autre ?
42:38Bien sûr. Vous avez été
42:40très observatrice, Néla Latrousse.
42:42Un sujet, par exemple, c'est celui
42:44des aides aux travailleurs
42:46occasionnels. Vous savez, dans nos fermes,
42:48au moment de la cueillette des fruits, des légumes
42:50ou des vendanges... C'est ce qu'on appelle communément les saisonniers ?
42:52Exactement. On a besoin de
42:54travailleurs qui viennent nous aider pour
42:56les saisons, pour la récolte. Ces
42:58travailleurs font l'objet,
43:00en tous les cas sur le montant des charges sociales,
43:02d'une exonération qu'on appelle TODE.
43:04Elle a été,
43:06dans le cas du projet de loi de la finance,
43:08pérennisée. En plus, elle concernera
43:10jusqu'à 1,25 SMIC.
43:12Ça va dans le bon sens.
43:14Et ça, c'est favorable à l'agriculture.
43:16Mais dans le même temps, la baisse
43:18de deux points qui est prévue
43:20sur l'ensemble des allégements de charges,
43:22notamment les TODE,
43:24fera que l'impact sera le double du gain
43:26qu'on a enregistré. Bien évidemment,
43:28ce point spécifique ne nous convient pas.
43:30On comprend que le gouvernement
43:32est prêt à modifier, mais là encore,
43:34on attendra le vote final.
43:36J'ai deux dernières questions, Arnaud Rousseau. La première sur les négociations
43:38avec les distributeurs. On se souvient
43:40qu'elles ont été tendues
43:42l'an dernier. Comment vont se dérouler
43:44les prochaines ? Est-ce qu'avec les distributeurs,
43:46tout est pardonné ?
43:48D'abord, avec les distributeurs,
43:50et je le dis aussi
43:52avec l'industrie agroalimentaire,
43:54tout ça forme une chaîne
43:56dans laquelle, pour nous, le point
43:58essentiel sur lequel on se boit depuis des années,
44:00c'est le fait que la matière première
44:02agricole soit sanctuarisée pour
44:04qu'il n'y ait aucun producteur qui produise
44:06en dessous de ses coûts de revient.
44:08C'est assez simple à comprendre. Quand vous êtes
44:10un agriculteur et que vous
44:12vendez moins cher
44:14que ce que vous coûte votre kilo de viande
44:16ou votre litre de lait à produire,
44:18vous n'avez pas d'avenir. Ça a été trop
44:20longtemps le cas dans la relation avec l'industrie
44:22et la distribution pendant 10 ans.
44:24Écoutez, c'est notre vœu.
44:26Nous, on a dit deux choses. Un,
44:28qu'on serait extrêmement vigilants parce qu'on nous avait annoncé
44:30une loi Egalim 4 qu'on ne verra pas.
44:32Nous, on dit deux choses. Un,
44:34pas question qu'on touche à la matière
44:36première agricole et qu'on sera d'une vigilance
44:38totale. Et tous ceux qui, de près ou de loin,
44:40essaieront de contourner, nous verrons
44:42en phase 2, et je le dis notamment pour les
44:44négociations qui auront lieu dans un cadre
44:46européen qui a pour objectif
44:48de contourner l'achat
44:50en tous les cas pour les produits agricoles français.
44:52Et la deuxième chose, c'est qu'on
44:54a besoin que la négociation se construise en marche
44:56avant. Ce qu'on souhaite, nous, c'est que
44:58l'industrie agroalimentaire négocie
45:00avec les organisations producteurs pour
45:02qu'ensuite, elles puissent aller négocier
45:04avec la grande distribution et faire en sorte que
45:06cette construction du prix en marche avant permette
45:08encore une fois la garantie aux producteurs
45:10de la juste rémunération de leurs produits.
45:12J'allais vous poser une question rapidement, mais on dit que je n'ai pas le temps.
45:14Est-ce que les prix plus chers, moins chers ? Oui ou non ?
45:16Ça dépendra des formules,
45:18mais en tous les cas, pour nous, pas de
45:20baisse sur le revenu des agriculteurs.
45:22Donc, je n'aurai par ailleurs pas ma réponse. Merci, en tout cas,
45:24Arnaud Rousseau, d'avoir été l'invité de BFM
45:26Politique. Merci, Amandine et Jules,
45:28de m'avoir accompagnée et à toute la régie pour la réalisation
45:30de cette émission.