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Elle a dansé aux côtés du chanteur Lucky Love lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques en août 2024. Mais pour en arriver là, il lui a fallu danser plusieurs fois avec la mort. A 17 ans, elle est victime d’un grave accident de la route qui la laisse amputée d’un bras. Alors que son entourage plonge dans une profonde détresse, elle ressent surtout le soulagement d’être vivante. Sur le parcours sinueux de la rééducation, elle croise le hip hop. La danse sera salvatrice. Comment trouver la force de se relever lorsque la vie bascule ? En quoi la danse et le mouvement réparent ? Comment rendre notre société plus inclusive vis à vis du handicap ? Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Angelina Bruno dans l’émission « Un monde, un regard ». Année de Production :

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Transcription
00:00Musique de générique
00:22Courage, résilience, espérance, tolérance,
00:26notre invitée incarne à elle seule
00:28d'innombrables vertus qui ne sont pas représentées par les statues de ce dôme.
00:32Toute sa vie, tout son parcours, de sa naissance à aujourd'hui,
00:35toutes les épreuves, tous les drames qu'elle a traversés, et ils sont nombreux,
00:38elle les a transformés, elle les a surmontés,
00:41elle aime dire qu'elle les a sublimés.
00:44Et c'est notamment la danse qui lui a donné ce super pouvoir,
00:47la danse hip-hop, qui l'a fait renaître,
00:49alors que la vie venait de lui porter un coup violent.
00:52Un très grave accident de voiture à 17 ans
00:54lui a arraché une partie de son bras
00:56et peut-être aussi une partie de sa jeunesse et de son insouciance.
00:59Ça ne l'a pas arrêtée, ça lui a même donné une force physique et mentale
01:02suffisamment puissante pour devenir danseuse professionnelle,
01:05pour monter sur scène avec des stars,
01:07pour passer par le stand-up et pour marquer les esprits
01:10lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques de Paris 2024.
01:14Aujourd'hui, elle se met à nu dans un livre,
01:16danser pour survivre.
01:18Est-ce qu'il faut frôler la mort pour avoir une telle envie de vivre ?
01:21S'est-elle déjà demandée où elle serait,
01:23qu'est-ce qu'elle ferait aujourd'hui si cette tragédie ne l'avait pas touchée ?
01:26Posons-lui toutes ces questions.
01:27Bienvenue dans Un Monde, Un Regard.
01:29Bienvenue Angelina Bruno.
01:30Merci d'avoir accepté notre invitation.
01:32Merci beaucoup.
01:34Vous êtes danseuse, chorégraphe, sophrologue et danse-thérapeute,
01:37on en parlera.
01:38Si la vie ne vous avait pas arraché ce bras,
01:40où seriez-vous aujourd'hui ?
01:41Est-ce que vous y avez déjà réfléchi ?
01:43Oui, bien sûr, j'y ai déjà réfléchi.
01:45J'en ai aucune idée.
01:47Alors là, je ne sais absolument pas.
01:50Si vous permettez, je vais rappeler ce qui vous est arrivé à l'âge de 17 ans.
01:53Vous le racontez dans ce livre, Danser pour survivre,
01:56paru aux éditions du Rocher.
01:58C'est votre petite amie Massimo qui conduit ce jour-là.
02:00Il perd soudain le contrôle du véhicule
02:02pour une raison qui est encore un peu obscure,
02:04peut-être un animal qui traverse la route.
02:06La voiture fonce sur un poteau
02:08qui va couper le véhicule en deux et qui va couper votre bras.
02:10Vous parlez d'une vision d'horreur
02:12lorsque vous reprenez connaissance et vous dites
02:14« mon cerveau n'arrivait plus à traiter l'information,
02:17j'ai senti la folie arriver ».
02:19Donc vous avez frôlé à la fois la mort et la démence.
02:23Complètement.
02:24Le corps est vraiment une super machine
02:27et elle est bien faite.
02:29Je pense que le but est qu'on reste en vie
02:31et qu'on reste là.
02:33Et c'est la première fois où j'ai pu comprendre
02:35ce qu'était réellement la folie
02:37et comment c'était pour moi,
02:39à mon regard et à mon vécu,
02:41un énorme mécanisme aussi de défense.
02:43Si j'étais partie, alors je ne sais pas
02:45si j'aurais pu revenir dans la folie,
02:48mais c'était une des manières
02:51dont je pouvais survivre à ce que je voyais.
02:54Vous avez senti que vous pouviez basculer.
02:56Complètement, oui.
02:57Ce n'est pas moi qui ai décidé,
02:59c'était soit ça ou soit je me dissocie.
03:02La dissociation aussi est un énorme mécanisme
03:05qui est super aussi pour se couper
03:08des drames qu'on peut vivre.
03:10Tous ceux qui ont frôlé à la mort disent
03:12qu'ils ont vu défiler leur vie
03:14et c'est aussi ce qui vous est arrivé,
03:16qui ont l'air de minutes.
03:18On peut penser que c'est un mythe,
03:19mais non, vous l'avez vécu.
03:21On voit défiler sa vie.
03:22Oui, c'est surprenant, mais oui.
03:25Pourtant, j'avais l'impression
03:27que le temps était complètement étiré
03:30et que c'était long ce moment
03:32où la voiture a dérapé,
03:34où j'ai vu le poteau arriver.
03:36En fait, tout s'est passé en une fraction de seconde
03:38et j'ai eu le temps parce que j'ai perdu connaissance
03:41due à ma commotion cérébrale,
03:43je veux dire qu'il y a quelques secondes,
03:45mais j'ai vraiment eu le temps de voir ma vie.
03:49On vous interroge tout le temps sur cet accident
03:51et vous le faites volontiers.
03:53Pourquoi ?
03:54Est-ce que c'est une forme de thérapie pour vous
03:56à chaque fois de revenir sur cette histoire ?
03:57Ça vous aide à avancer, à continuer ?
03:59Ou c'est pour les autres ?
04:01Je pense que c'est les deux.
04:03Je pense qu'il y a...
04:04Aujourd'hui, c'est différent.
04:06Aujourd'hui, évidemment, j'ai passé un cap,
04:08mais je pense qu'au départ, si vous voulez,
04:10quand le traumatisme
04:13ou ce qu'on vit est l'agression
04:15ou quelque chose qui est très soudain et violent,
04:18vous avez besoin de beaucoup de temps
04:20pour remettre les choses dans les cases
04:22et pouvoir vous construire l'histoire de ce qui vous est arrivé.
04:25Donc au départ, j'avais ce besoin viscéral
04:27d'en parler beaucoup
04:29pour pouvoir comprendre un peu ce qui m'était arrivé.
04:32Ça avait été tellement vite.
04:34Ma vie avait basculé tellement vite.
04:36Donc je pense qu'au départ, c'était vraiment une manière
04:38pour moi de me restructurer,
04:41reconstruire dans ma tête ce qui m'est arrivé.
04:44Et puis très vite,
04:46après le plein de processus,
04:48évidemment, j'ai pu me rendre compte aussi
04:51du bien que ça pouvait faire aussi.
04:53Et puis, dans la douleur,
04:56je trouve qu'on se sent proche des autres aussi.
04:59On crée des liens dans la peine.
05:01Et donc transmettre mon histoire
05:04a été une manière aussi de faire du bien
05:07et pas que de s'arrêter là
05:09et d'expliquer après tout le processus.
05:11Mais vous n'en avez pas marre qu'on vous en parle,
05:13qu'on vous ramène toujours à cet accident, à ce drame ?
05:16Vous n'avez pas envie de passer à autre chose, parfois,
05:18de dire, allez, stop, c'est bon maintenant,
05:20je suis autre chose qu'une personne qui a eu cet accident.
05:22Exactement.
05:23Alors en fait, je passe par plusieurs émotions.
05:26Complètement.
05:28Si je suis totalement honnête avec vous et transparente,
05:31oui, évidemment.
05:33En fait, j'ai eu plein de moments
05:35où je ne savais pas trop comment m'en détacher.
05:38Ça veut dire qu'au départ, j'avais besoin
05:41d'exister un peu par là
05:43et puis de dire, bon, je suis handicapée,
05:46je suis en situation d'handicap,
05:48mais maintenant, c'est fini.
05:49Et en fait, on se rend compte qu'on me ramène souvent à ça
05:52et donc je ne savais plus,
05:54est-ce que j'en parle, est-ce que je n'en parle pas, etc.
05:56Et puis je me suis dit, au bout d'un moment,
05:59je ne peux pas me dissocier de mon physique.
06:02Donc forcément, il y a toujours un point culminant,
06:05qu'est-ce que je peux faire pour aller beaucoup plus loin ?
06:08Et c'est ça aussi l'écriture de ce livre,
06:10c'est le drame qui fait, je ne sais pas, un quart du livre.
06:14Mais après, il y a tout le après.
06:16Et donc, c'est après pouvoir dire,
06:18OK, on passe à autre chose.
06:20Et surtout, qu'est-ce que ça m'apporte ?
06:22Parce que je ne peux me dissocier aujourd'hui de mon histoire.
06:25D'autant plus que, j'allais dire, le monde entier l'a vu
06:28lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques
06:30à laquelle vous avez participé en tant que danseuse.
06:32Est-ce que vous avez reçu ensuite des courriers,
06:34des mots, des messages vous disant merci d'être, je ne sais pas,
06:37un exemple de résilience, par exemple ?
06:39Ça peut être ce genre de choses qu'on vous édite après ?
06:41Oui. J'ai reçu énormément de messages.
06:45Je pense que j'ai mis trois jours avant de redescendre.
06:49Je n'arrivais plus à dormir.
06:51C'était trop, j'avais vécu...
06:53Mais c'est surtout la vague d'amour que j'ai reçue.
06:57Mais mon Dieu, c'était tellement beau.
07:01Les gens ont été extrêmement touchés par ce moment avec Lucky Love
07:06parce que je pense qu'un geste vaut 10 millions de mots.
07:11C'est cette symbolique aussi que j'ai pu représenter à travers cet art
07:16qui est la danse, qui a ému énormément de personnes.
07:20Lucky Love qui a été aussi la star de cette cérémonie d'ouverture.
07:23Dans cet accident, il y a plein d'éléments surprenants
07:25que vous racontez dans ce livre.
07:27Votre mère, le matin même, vous dit
07:29qu'il va se passer quelque chose de grave aujourd'hui.
07:31Un autre élément assez dingue, c'est l'automobiliste derrière vous
07:35qui s'est avéré être un médecin
07:37et qui avait des bouteilles à oxygène dans sa voiture
07:39parce qu'il allait faire de la plongée avec sa femme.
07:42Finalement, c'est quelque chose qui vous a sauvé la vie.
07:45Est-ce que vous diriez, et pardon si la question peut vous paraître maladroite,
07:48mais est-ce qu'il y a eu un peu de chance dans cette tragédie ?
07:51Complètement. Je dirais même qu'il y en a eu...
07:55On aurait dit un film.
07:57On s'est dit, on appuyait sur un bouton,
08:00elle ne mourra pas ce jour-là,
08:02donc on lui met un petit automobiliste qui est médecin.
08:06Et qui a des bouteilles d'oxygène.
08:08Complètement.
08:10Ce monsieur, par contre, de mes souvenirs,
08:13a été extrêmement choqué.
08:16Je pense qu'il était généraliste,
08:19il n'avait plus l'habitude d'un visuel aussi traumatisant.
08:23C'est vraiment lui et Massimo
08:25qui, à deux, ont fait équipe et m'ont aidée à survivre.
08:29Et en plus, ont tenté aussi de cacher mon intimité.
08:32Effectivement, ce qui vous choque au moment de cet accident,
08:35quand vous êtes allongée, vous attendez les secours,
08:38et les gens s'arrêtent pour filmer.
08:40Vous écrivez, vous n'imaginez pas ce que ça fait d'être épiée
08:43quand on est à l'agonie, c'est un moment de grande vulnérabilité
08:46qui doit être associé à la pudeur.
08:48Et d'ailleurs, depuis, vous ne vous arrêtez jamais
08:50quand il y a un accident de la route, vous ne restez pas.
08:53Est-ce que ce voyeurisme continue un peu aujourd'hui ?
08:56Oui.
08:57Et je pense que les réseaux sociaux, maintenant,
09:01sont devenus une téléréalité géante.
09:03D'ailleurs, on le voit, il y a énormément de monde
09:06qui n'ont pas forcément de talent,
09:08mais qui partagent leur vie au quotidien
09:10et qui sont suivis par énormément de personnes.
09:12Parce qu'il y a aussi, depuis des années,
09:15depuis des décennies,
09:17je pense que l'envie de voir la vie des autres dans les villages,
09:20déjà, c'est en nous.
09:22Et d'autant plus le drame, aussi,
09:25qui génère des émotions fortes et vues.
09:29Mais c'est pour ça que c'est important, pour moi,
09:31à travers ce livre, d'écrire,
09:33parce qu'on ne se rend pas compte quand on s'arrête.
09:35Ou même, c'est parfois instinctif d'avoir envie,
09:38la curiosité donne envie de regarder.
09:40Et c'est de se dire,
09:42pensez deux minutes à la personne qui est allongée
09:44et dites-vous, si c'était votre enfant,
09:47est-ce que vous voudriez que le monde s'arrête pour les pieds
09:51sans forcément l'aider ?
09:53À la limite, il y a énormément de gens qui aident, et Dieu merci,
09:56mais il y en a plein qui n'aident pas,
09:58qui ne font que regarder sortir leur téléphone.
10:00Qui ne font pas preuve d'empathie.
10:02Moi, j'ai vu ma vie privée,
10:04j'ai vu la voiture dans le journal,
10:06deux jours après,
10:08je veux dire, c'est waouh !
10:10Je me suis dit, mais comment il y a des journalistes,
10:13l'info a passé, qui ont eu le temps de venir
10:16pour prendre en photo la voiture
10:18et mettre en grand une gilicienne,
10:20le bras arraché.
10:22Waouh, les gars !
10:24C'est vraiment...
10:26Oui, c'est vraiment...
10:28Autre fait que je trouve marquant, c'est qu'au réveil, à l'hôpital,
10:30quand vous ouvrez les yeux et que vous réalisez que vous êtes en vie,
10:33vous ressentez une joie et un soulagement infini,
10:36et vous voyez tout le monde pleurer autour de vous,
10:39parce qu'eux, ils voient ce bras perdu,
10:41et vous écrivez,
10:43il me voit comme une handicapée assistée à vie,
10:45je me vois comme une rescapée qui a surmonté la mort.
10:47Il y aura même une phrase un peu dure de votre mère,
10:49qui va vous dire,
10:51mais qui va vouloir de toi, maintenant, arranger comme ça ?
10:53Comment vous expliquez ce contraste
10:55entre votre positivité
10:57et leur négativité ?
10:59C'est l'expérience.
11:01C'est ce qui différencie leur point de vue et le mien.
11:03Ça veut dire que moi, je l'ai vécu,
11:05donc moi, j'ai failli mourir,
11:07c'était d'abord ça, avant de perdre mon bras.
11:10Donc moi, j'ai dû lutter,
11:12mais tellement lutter pour vivre,
11:14donc quand j'ouvre les yeux,
11:16bien sûr,
11:18on ne va pas se mentir, j'ai le contre-coup
11:20de voir que mon bras n'a pas pu être sauvé,
11:22parce que je m'endors, quand même,
11:24avec cet espoir, puisque l'infirmière me dit,
11:26on a récupéré ton bras,
11:28on va te le remettre.
11:30Donc c'est vrai que mes yeux, d'abord,
11:32se tournent vers mon bras,
11:34je vois que je ne l'ai plus,
11:36mais je me dis, les gars,
11:38j'ai survécu !
11:40C'est un délire !
11:42C'est trop bien !
11:44Et c'est génial, parce que c'est là
11:46où, pour la première fois de ma vie,
11:48je vais commencer à remettre en question
11:50comment les autres me perçoient
11:52et ce que moi,
11:54j'ai comme vision de moi-même.
11:56Ce décalage.
11:58Votre vie, on ne va pas me croire,
12:00quand je vais lire tout ce qui vous est arrivé,
12:02mais c'est réel, votre vie n'a pas seulement
12:04été marquée par un accident de voiture,
12:06en fait, la mort, vous la frôlez deux autres fois.
12:08À la naissance, d'abord,
12:10vous naissez prématurément un petit schtroumpf
12:12qui vous avait étranglé, affaibli,
12:14mais bel et bien en vie, écrivez-vous.
12:16Vous n'étiez plus alimenté dans le ventre de votre mère
12:18depuis trois semaines, le cordon ombilical
12:20s'était rompu, elle avait fait une chute
12:22pendant sa grossesse, un premier pied de nez
12:24à la mort, vous le vivez comme ça, ça a forgé
12:26votre caractère, déjà, vous pensez ?
12:28Ben, je ne peux pas...
12:30Oui, on ne peut pas le certifier.
12:32Non, mais je pense qu'en tout cas, ça a mis l'accent sur ma grande
12:34pulsion de vie, plutôt. Ça m'a fait
12:36me dire, déjà, dès la naissance,
12:38il a fallu que je me batte pour arriver et rester en vie.
12:40Je pense qu'il y a eu ce lien
12:42avec l'envie
12:44de vivre.
12:46C'est ça qui vous caractérise. Et alors, il y a eu ce
12:48deuxième défi à la mort, lorsque vous êtes
12:50petite fille et que vous croisez la route de
12:52Marc Dutroux, psychopathe,
12:54pédophile, criminel, qu'on connaît aussi
12:56ici très bien. Vous êtes sauvée in extremis
12:58de ses griffes par votre mère et votre grand-père
13:00qui décident de venir vous chercher alors que ça n'était pas prévu.
13:02Et vous écrivez,
13:04« Notre ville et moi avons été marquées au fer rouge
13:06par ce monstre. Est-ce qu'à force de
13:08frôler la mort,
13:10on a l'impression d'être invincible ?
13:12Est-ce qu'on a l'impression d'avoir
13:14une espèce de super-pouvoir ? » Et peut-être qu'on prend des risques
13:16que les autres ne prendraient pas tellement, on se dit. Mais de toute façon, la mort
13:18ne mourra pas. – Non. – Non.
13:20– Pas du tout. – Non. Vous continuez de...
13:22– Non, c'est tout l'inverse,
13:24en fait. C'est plutôt...
13:26Je pense que ça nous met dans une
13:28grande vulnérabilité d'avoir peur,
13:30du coup, de se dire que la vie
13:32est vraiment un danger. En tout cas,
13:34moi, je l'ai perçue comme ça, et
13:36du coup, j'ai commencé à avoir peur de tout,
13:38de tout, tout, tout. Suite à mon
13:40accident, ben, j'ai commencé
13:42à faire des crises d'angoisse, de panique,
13:44j'avais peur de même traverser pour aller
13:46à la boulangerie. Je n'osais plus
13:48sortir de chez moi parce que pour moi, tout était
13:50devenu un danger. Je ne me
13:52sentais en sécurité qu'en compagnie de mon
13:54papa, c'est tout. Donc, c'est
13:56plutôt l'inverse. Du coup, j'ai créé au départ
13:58une vie d'extrême
14:00sécurité dans laquelle je me suis
14:02étouffée,
14:04dans laquelle, au bout d'un moment, ma
14:06pulsion de vivre
14:08et d'avoir envie de vivre des émotions et de
14:10reprendre des risques est venue
14:12casser cette routine, mais
14:14j'en avais besoin pour me reconstruire.
14:16À la lueur de celle que vous êtes aujourd'hui,
14:18quel conseil donneriez-vous à la petite fille
14:20qui s'apprête à se lancer dans la vie ?
14:22Qu'est-ce que vous lui diriez avant qu'elle ne se lance ?
14:26La mienne ?
14:28Une petite fille ?
14:30Oui. Qu'est-ce que vous lui diriez si vous pouviez
14:32monter dans le temps ? Vous lui diriez quoi à cette petite
14:34fille ?
14:36Je lui dirais que
14:38sa vie va être incroyable,
14:42qu'il faut qu'elle garde espoir
14:44et que même si aujourd'hui
14:46elle n'est pas aimée
14:48comme elle le devrait,
14:50la beauté de la vie,
14:52c'est qu'on peut choisir
14:54aussi sa famille
14:56et on peut créer
14:58tellement d'amour autour de nous, donc
15:00même si on en manque parce qu'on n'a
15:02pas le total pouvoir, à ce moment-là,
15:04la vie est bien faite
15:06et elle peut tenter de nous réparer plus
15:08tard.
15:10J'ai un document à vous proposer, je vais
15:12le décrire pour les gens qui nous écoutent
15:14et pour vous aussi.
15:16Il s'agit d'une page de la revue de l'association
15:18ATD Quart Monde qui lutte contre
15:20la pauvreté. La revue s'adresse aux jeunes.
15:22Celle-ci est datée du 1er avril 1984
15:24et elle parle du hip-hop, culture naissante
15:26en France à ce moment-là.
15:28Elle définit le hip-hop ainsi
15:30« Plutôt que de se battre dans la rue, cette génération perdue,
15:32lasse de s'épuiser dans de lamentables
15:34guerres de clans, décide de se battre en
15:36dansant. Danser le hip-hop,
15:38c'est un peu une façon de dessiner avec
15:40des craies de toutes les couleurs, sur un tableau
15:42noir du malheur, le visage du
15:44bonheur. » Ça vous parle, cette définition ?
15:46C'est beau !
15:48C'est pour ça que
15:50j'aime tellement le hip-hop,
15:52mais je l'aime d'un amour !
15:54J'aime trop cette culture,
15:56j'aime trop ça.
15:58Qu'est-ce qui fait que c'est le hip-hop
16:00dans lequel vous avez trouvé un refuge ?
16:02Est-ce que c'est une danse, un univers
16:04dans lequel, je sais pas, la différence
16:06a moins d'importance ? On est plus habitués
16:08à la différence ? Vous pensez que ça peut être ça ?
16:10Oui.
16:12Complètement, déjà de base.
16:14Je pense que la culture
16:16du hip-hop est née d'une
16:18revendication et d'une
16:20envie aussi d'exister.
16:22Je pense que ça naît
16:24aux Etats-Unis
16:26et
16:28il y a cette volonté
16:30d'exister quand personne
16:32ne nous voit et de nous entendre.
16:34Pourtant, dans ma
16:36petite vie de petite blanche, on pourrait
16:38dire que
16:40parce que le hip-hop n'est pas
16:42notre danse à nous, il faut le dire,
16:44j'y retrouve,
16:46du fait de mon handicap,
16:48du coup, je retrouve
16:50des similitudes dans ce que je ressens
16:52et cette envie de
16:54me faire entendre et de ne pas être résumée
16:56qu'à ça. Donc, j'y trouve
16:58plein de
17:00choses qui me ressemblent
17:02mais aussi
17:04que dans le hip-hop,
17:06tous les corps
17:08et toutes, je veux dire, peu importe le corps,
17:10peu importe la religion, peu importe
17:12la couleur de peau,
17:14tout le monde est bienvenu
17:16parce que c'est une danse de rue
17:18et c'est ce que j'aime trop
17:20dans le hip-hop.
17:21Pourtant, quand vous entrez dans une école de danse
17:23en 2006, je vais vous reprendre le document,
17:25que le cours commence, que la musique est lancée,
17:27c'est difficile.
17:29Alors que c'est difficile, que vous ne suivez pas
17:31le rythme, que vous êtes perdue, vous vous dites
17:33il se passe un truc dans mon corps.
17:35Qu'est-ce qui s'est passé ?
17:37C'est quoi ce truc qui s'est passé dans votre corps ?
17:39C'était tellement bien !
17:41En fait,
17:43j'étais remplie
17:45de colère.
17:47Mais vraiment, genre,
17:49c'est 18 piges, donc
17:51moi je suis à l'école, je vois
17:53toutes mes copines qui
17:55sont heureuses,
17:57elles parlent toutes de leur futur,
17:59ce qu'elles vont faire, et moi je me dis
18:01mais je ne sais même plus
18:03ouvrir mon plumier, genre,
18:05je ne sais plus dormir,
18:07j'ai des douleurs, j'ai des visions
18:09d'horreur, et je trouve
18:11ça tellement injuste.
18:13Du coup, je suis remplie de colère, mais la colère
18:15n'est pas vraiment acceptée
18:17autour de nous, donc je n'ai pas d'espace
18:19où je peux la sortir
18:21et vraiment, et même,
18:23je dirais que les mots, à la limite,
18:25ne sont pas suffisants
18:27pour exprimer. Et là, je découvre
18:29le hip-hop, et même si j'en touche
18:31pas une, alors là,
18:33je suis nullos,
18:35je suis paumée,
18:37aucune psychomotricité,
18:39je suis là, le prof a
18:41il a déjà donné
18:4310 steps, je ne me souviens déjà plus du
18:45premier step, c'est un enfer.
18:47Voilà, exactement, oui.
18:49Un départ de danse, et puis j'ai l'impression qu'autour de moi,
18:51tout le monde gère, tout le monde fait sa
18:53best life et tout, et moi je suis là,
18:55je ne sais plus, bref.
18:57Et pourtant,
18:59dans cette danse, d'un coup,
19:01je vais comprendre
19:03que, si vous voulez, c'est une danse
19:05hypratonique,
19:07c'est quelque chose qui est hyper... Bon, je ne vais pas
19:09te taper dans le sol, il est bien trop beau,
19:11mais il est hyper appuyé,
19:13et je me rends compte
19:15que toute la colère que je vis,
19:17en fait, je vais pouvoir la sortir,
19:19mais d'une manière complètement
19:21détournée, sans y mettre de mots,
19:23et donc je vais pouvoir sublimer
19:25à travers cette danse
19:27tout ce que je ressens,
19:29et tout ce qui m'empêche
19:31de me sentir mieux et d'avancer.
19:33Et cette danse va vous amener
19:35jusqu'à un casting,
19:37qui va aussi être un tournant peut-être
19:39dans votre vie, un casting pour faire la tournée
19:41d'un rappeur qui s'appelle Black M.
19:43Et alors là, vous faites un truc incroyable,
19:45c'est qu'au lieu de cacher
19:47ce handicap, comme vous dites,
19:49ce bras coupé,
19:51vous le mettez en scène.
19:53Il y a un moment, peut-être que vous pouvez nous le raconter,
19:55c'est un moment très fort,
19:57et vous allez toucher les organisateurs
19:59de la tournée et Black M en personne.
20:01Oui. En fait,
20:03quand je m'entraînais dans ma petite
20:05chambre, vous savez,
20:07on ose toujours mille et une choses,
20:09et c'est quand j'ai commencé
20:11à me voir en vidéo que je me suis rendue
20:13compte que je ne bougeais pas mon bras droit.
20:15Instinctivement,
20:17je voulais tellement le cacher,
20:19tellement pas qu'on le regarde,
20:21que je me mettais à danser
20:23sans lui, le pauvre.
20:25Il était tellement rejeté, mon petit
20:27loulou. Personnalisé.
20:29Oui, inamour. Et donc,
20:31au bout d'un moment, je me suis dit, mais lui aussi,
20:33il a le droit de vivre et d'exister
20:35juste parce que, voilà, dans
20:37la pensée de certaines personnes,
20:39ça n'existe pas quelqu'un
20:41qui a un bras et demi. Je me dis,
20:43il mérite d'exister. Et donc,
20:45en m'entraînant, je me dis comment je peux jouer
20:47avec, et j'essaye des choses,
20:49évidemment. Et puis, à la maison,
20:51je teste la mitraillette.
20:53Je me dis, ouais, je peux faire grave une mitraillette et tout.
20:55Bref, je suis dans mon délire.
20:57Et donc, quelques temps avant,
20:59j'ai une conversation avec un pote à moi qui s'appelle
21:01Yacine Joker et qui me dit,
21:03tu sais, Angie, lors de ce
21:05casting, il y aura énormément
21:07de nanas. Mais qui
21:09te ressemble ? Donc,
21:11au lieu de te dire que t'as
21:13quelque chose de moins, dis-toi que, pour le coup,
21:15tu... Voilà.
21:17Exactement. C'est exactement
21:19ça. On pense au film d'Arthur. Voilà,
21:21exactement. Et donc,
21:23tu vas d'office attirer le regard. Donc, une fois
21:25que t'as le regard, t'as la chance que le regard
21:27va être capté plus vite, fais-en
21:29une force. Et
21:31là, je calcule pas, hein, juste
21:33le son. Dans le son,
21:35on entend un bruit qui
21:37ressemble à une mitraillette. Le son fait
21:39ratatatata. Et c'est
21:41là où, à la dernière épreuve, je me dis
21:43allez, je la sors. J'y vais
21:45à l'audace et au culot.
21:47Genre, je la regarde dans les yeux.
21:49Je me sens Beyoncé.
21:51Et je me fais une petite mitraillette.
21:53Et c'est là que...
21:55Au-delà des épreuves, évidemment,
21:57ce n'est pas le seul acte.
21:59Mais c'est là où je pense que je marque les esprits.
22:01– Quand on vous écoute, on repense tellement à ce que ce médecin
22:03vous a dit.
22:05À l'hôpital, il faut envisager une vie différente.
22:07Vous allez avoir un travail adapté à vos besoins
22:09pour personnes handicapées et vous ferez au mieux
22:11un mi-temps. Vous ne pourrez
22:13jamais faire un métier physique,
22:15avait-il dit, en se trompant
22:17évidemment.
22:19Est-ce qu'on les enferme, les personnes
22:21qui ont un handicap ? On les met dans une case
22:23en se disant qu'elles ne pourront jamais faire quoi que ce soit
22:25d'extraordinaire ? – Complètement.
22:27Ça change.
22:29– C'est en train d'évoluer.
22:31– Je pense que c'est en train d'évoluer.
22:33Il ne faut pas être défaitiste, mais c'est une réalité
22:35que j'ai vécue il y a 20 ans
22:37d'ici, quand même. Je pense que le système
22:39est hyper mal fait, dans le sens où
22:41rien que si on se base sur nos
22:43droits, tout le processus
22:45que j'ai vécu pour demander
22:47mes droits, c'était simple.
22:49Si vous êtes positif, que vous vous
22:51apprêtez et que vous allez voir des docteurs,
22:53si vous avez l'air d'aller bien,
22:55eh bien, on ne vous donne rien.
22:57Et ça, c'est vraiment...
22:59Donc, on vous invite
23:01à vous sentir pas bien, on vous invite
23:03à pleurer devant les médecins,
23:05etc., pour avoir des droits.
23:07– Et là, vous parlez de ce qui se passe en Belgique.
23:09– Oui, exactement, des droits
23:11belges, en tout cas. – Vous pensez que les Jeux paralympiques
23:13changent un peu ce regard-là ?
23:15Les Jeux paralympiques de Paris 2024
23:17ont pu aider à faire évoluer
23:19le regard sur les personnes porteuses
23:21de handicap, qui ont un handicap ?
23:23– Alors, de ma vision
23:25à moi,
23:27c'est sûr que ça a impacté quelque chose.
23:29Je pense que ça a aidé
23:31à normaliser des corps différents.
23:33Ça, oui. Et je pense qu'il y a plein
23:35d'enfants, du coup, qui ont vu
23:37ou que leurs parents leur ont fait voir des corps
23:39différents, et donc, maintenant, ils connaissent
23:41un peu plus notre existence, parce que
23:43pour nous, on le sait, il n'y a rien de pire
23:45que les gosses qui sont totalement
23:47spontanés et qui sortent
23:49des dingueries, quoi. Où, vraiment,
23:51on est, la plupart du temps, tellement mal à l'aise
23:53parce qu'ils crient. Voilà, c'est des enfants.
23:55« Maman ! Elle n'a pas de bras ! »
23:57Et bon, la mère qui est morte de honte,
23:59genre « Chut, chut ! ». Voilà.
24:01Et donc, ça, c'est cool, parce que c'est là
24:03que ça commence. Maintenant,
24:05au niveau de l'adaptation,
24:07je ne suis pas sûre, quoi, parce que
24:09à Paris, pour être avec des potes
24:11danseurs qui sont en chaise, waouh !
24:13C'est un défi pour eux de se déplacer ici.
24:15Donc, il faudrait que ça puisse
24:17aussi avancer en termes
24:19pratiques des choses
24:21qui sont pensées aussi pour nous
24:23parce que ça, pour le coup, il n'y en a pas
24:25beaucoup. – Angelina Bruneau,
24:27j'ai des photos à vous proposer.
24:31Première, la voici. – Je l'aime trop.
24:33– Teddy Riner, qu'on le présente. – Je l'aime trop.
24:35– En fonction de judo, 5 médailles d'or
24:37à son compteur sur différents Jeux olympiques.
24:39Lorsqu'il a dit que les para-athlètes étaient des
24:41super-héros, il s'est pris pas mal
24:43de critiques et même une vive polémique.
24:45Le fait qu'on parle de nous comme des super-héros
24:47ne nous aide pas. Nous souhaitons être considérés comme des personnes
24:49normales. C'est ce qu'on dit beaucoup de
24:51para-athlètes. Qu'est-ce que vous en avez pensé,
24:53vous ?
24:55– Alors, c'est un sujet délicat.
24:57C'est quelqu'un de profondément
24:59mature
25:01de par ce que je vois,
25:03et je pense qu'il ne voulait pas du tout mal faire
25:05et on a parfois ce côté maladroit
25:07de la part des valides
25:09qui ne pensent pas mal faire.
25:11Maintenant, moi, mon avis
25:13sur la question, et ce n'est que le mien,
25:15je possède
25:17mon handicap à moi, mon regard à moi.
25:19En fait,
25:21il y a un problème pour moi
25:23à demander d'être considéré comme quelqu'un
25:25de valide. C'est faux.
25:27On ne va pas se mentir.
25:29À partir du moment où j'ai une reconnaissance
25:31parce que physiquement,
25:33je ne peux pas accomplir
25:35les gestes du quotidien de quelqu'un qui est
25:37valide, je ne peux pas
25:39me considérer comme cette personne
25:41et ça serait même négliger
25:43cette reconnaissance que j'ai.
25:45Donc, là où j'ai un problème,
25:47c'est vrai qu'il y a un peu,
25:49et j'ai eu cette question il n'y a pas longtemps,
25:51il y a un peu cette injonction
25:53de la personne en situation d'handicap
25:55qui doit se surpasser
25:57un peu pour arriver
25:59soit au même niveau
26:01que quelqu'un de valide ou alors prouver
26:03qu'il est courageux. Et ça, par
26:05contre, c'est vrai que c'est lourd.
26:07Ça veut dire que oui, je suis devenue danseuse
26:09pour Black M, mais si juste
26:11mon dream à moi, c'était de pouvoir
26:13à un bras et demi devenir caissière.
26:15Chose qui, manuellement,
26:17n'est pas facile
26:19à faire et c'est un métier qui a été
26:21beaucoup dévalorisé.
26:23Si ça, c'était mon dream,
26:25ça devrait être aussi
26:27mis en lumière. J'ai une autre photo
26:29à vous montrer, il s'agit
26:31du groupe Ayam, dont vous dites que vous êtes
26:33fan dans votre livre.
26:35Vous avez déjà dansé pour eux, vous rêvez
26:37de danser pour eux ? Alors,
26:39je n'ai jamais dansé pour eux, je pense que
26:41quand moi j'ai commencé,
26:43c'était quelque chose
26:45qui ne m'était même pas traversée l'esprit.
26:47C'est mon expérience
26:49avec Black qui m'a fait me rendre compte que je
26:51pouvais danser pour des personnes.
26:55Je les kiffe de dingue
26:57et c'est sûr que de faire un duo
26:59serait incroyable
27:01parce qu'eux sont en lien direct
27:03avec mon enfance.
27:05On va se calmer, pas mon enfance.
27:07L'adolescence. Oui, le début de l'adolescence.
27:09Vous voulez relancer un appel ?
27:11Une tournée avec eux ?
27:13J'ai quand même fait le côté
27:15obscur que j'ai dansé
27:17à la clôture au Stade de France,
27:19donc quand même, il y avait un lien
27:21parce que ce son, c'était le son
27:23de mon adolescence. Donc l'appel est lancé.
27:25J'ai une dernière question qui est en lien
27:27avec le lieu dans lequel nous sommes. Nous sommes entourés
27:29de ces quatre statues qui représentent chacune
27:31une vertu. J'ai déjà dit que vous vous représentiez,
27:33vous incarniez beaucoup de vertus, mais il y en a
27:35quatre autres ici. Il y a la sagesse, la prudence,
27:37la justice et l'éloquence.
27:39Est-ce qu'il y a une de ces vertus qui vous parle,
27:41que vous aimeriez avoir, que vous avez déjà,
27:43que vous voulez représenter ? La sagesse.
27:45La sagesse. Oui. C'est ce,
27:47en tout cas, vers quoi je tends
27:49de plus en plus.
27:51Et c'est assez rare qu'on nous le dise. Donc voilà, la sagesse,
27:53ce sera votre vertu à vous. Merci infiniment
27:55d'avoir été notre invitée ici, dans
27:57ce Sénat et ce Dôme tournant. Merci à vous
27:59de nous avoir suivis, comme chaque semaine, émission à retrouver
28:01en podcast et en replay, publicsenat.fr.
28:03A très bientôt, merci beaucoup.

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